Opération Barbarossa II – Mise à jour : La bataille aura lieu partout

Les ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur du G7 qui se sont rencontrés à Toronto le week-end dernier, lorsque le président français Macron, à Washington, essayait de se rendre important en s’adressant au président Trump et à la menace de celui-ci de rompre l’accord nucléaire avec l’Iran, ont conclu leur événement en ajoutant de l’huile sur le feu destiné à rôtir la Russie. Les ministres des Affaires étrangères ont émis une déclaration après l’autre accusant la Russie d’« agression » et de « comportement malveillant » en Ukraine, tandis que le ministre des Affaires étrangères du régime de Kiev mis en place par l’OTAN, Pavlo Klimkine, invité à attiser le feu, a déclaré, à la demande de ses patrons, que « combattre aux côtés de l’Ukraine conférerait un immense atout pour toute la communauté démocratique dans le sens où elle comprendrait les efforts russes pour déstabiliser le monde occidental. »

Que Klimkine représente un régime arrivé au pouvoir en renversant un gouvernement démocratiquement élu par un coup d’État organisé et réalisé avec l’aide des forces de l’OTAN dans le but de déstabiliser la Russie et de ressusciter la menace nazie pour le monde n’a pas été mentionné. Il n’a pas été mentionné non plus que des éléments nazis du régime de Kiev ont arrêté et assassiné des communistes, des gitans et des citoyens pro-russes. Aucune mention non plus du fait qu’ils ont assiégé les populations des républiques du Donbass depuis quatre ans, en assassinant des milliers de gens qui refusent de reconnaître un gouvernement qui est la marionnette de puissances étrangères et qui leur est hostile. Le mot « démocratique » ne peut pas être utilisé pour décrire la junte qui détruit l’Ukraine.

La presse de propagande canadienne et étrangère a répété le mensonge de Klimkine sur la Russie. Elle a répété l’affirmation du ministre canadien des Affaires étrangères que « le choc des forces de la démocratie et de l’autoritarisme est une caractéristique déterminante de notre époque » et que le président Poutine est un « perturbateur majeur » de l’ordre mondial.

Klimkine a appelé au boycott de la Coupe du monde pour refuser à la Russie le prestige d’organiser cet événement très apprécié, consternant les amateurs de football dans le monde, qui espèrent voir Ronaldo et Messi marquer des buts dans les stades russes. Simultanément, l’ancienne cheffe du parti des Verts allemand, Rebecca Harms, a ajouté sa voix à une pétition des membres du Parlement de l’UE appelant au boycott de la Coupe du monde, consacrant ainsi les Verts comme n’étant qu’un autre parti bourgeois de l’impérialisme. Sur les 60 députés européens signataires de la pétition, 19 viennent de Pologne, 6 de France, 5 de Grande-Bretagne, 3 de Lituanie, 2 de Lettonie, 6 de Suède, et une poignée viennent d’Estonie, d’Allemagne, de Roumanie, de la République tchèque, de Belgique et des Pays-Bas. Beaucoup sont membres du Parti populaire européen, de droite, ou des partis régionalistes de l’Alliance libre européenne. Harms, qui a déjà occupé un poste élevé chez les Verts allemands, et s’est proclamée de gauche, a été active dans les événements du coup d’État du Maïdan en Ukraine, elle est frénétiquement hostile à la Russie et interdite d’y entrer en tant que persona non grata.

L’hostilité exprimée à l’égard de la Russie à Toronto correspond à la déclaration du chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg, qui, en mars de cette année, a réclamé que le sommet de l’OTAN à Bruxelles en juillet prenne des décisions pour « améliorer ses capacités défensives », c’est-à-dire des capacités offensives, et la « préparation » de l’OTAN contre la Russie.

La propagande croissante contre la Russie dans tous les médias occidentaux, intense depuis 2014, s’intensifie chaque jour parallèlement au renforcement militaire aux frontières occidentales de la Russie. De l’incident Skripal en Grande-Bretagne à la Syrie, des allégations d’« atteinte à la démocratie en Occident » au dopage d’athlètes aux Jeux olympiques, la propagande fait partie de la guerre hybride menée contre la Russie, qui inclut la guerre économique, sous le nom de « sanctions » et des provocations militaires de Kaliningrad à la mer Noire jusqu’à la Syrie. Le renforcement militaire, que j’avais appelé il y a quelques années Opération Barbarossa II, se poursuit.

La guerre hybride, que les États-Unis accusent la Russie de mener, mais qui en fait est conduite par les État-Unis contre la Russie, la Chine, l’Iran, la Syrie, l’Afghanistan, l’Irak, la RPDC et le Venezuela, est une guerre qui utilise toutes les techniques dans toutes les sphères de la société pour affaiblir et détruire un ennemi. Dans un article fameux de 1999, intitulé « Unrestricted Warfare » (Guerre hors limite), des colonels de l’armée chinoise, Qiao Liang et Wang Xiansui, analysaient la multitude de moyens qui peuvent être mis en œuvre pour attaquer un pays, militaires et non militaires, incluant le piratage de sites web, le ciblage d’institutions financières, le terrorisme, l’utilisation des médias et de l’information et la guerre urbaine.

Qiao déclarait :

« La première règle de la guerre illimitée est qu’il n’y pas de règles. Rien n’est interdit. C’est une guerre qui transcende toutes les frontières et toutes les limites, bref : la guerre hors limite. Ce genre de guerre signifie que tous les moyens seront prêts, que l’information sera omniprésente et que le champ de bataille sera partout. Cela signifie que toutes les armes et la technologie peuvent être superposés à volonté, cela signifie que toutes les frontières entre les deux mondes, celui de la guerre et de la non-guerre, du militaire et du non-militaire, seront complètement éffacées, et cela signifie aussi que nombre de principes actuels du combat seront modifiés et même que les règles de la guerre devront peut-être être réécrites. »

Il semble que les stratèges américains aient étudié à fond l’article chinois. Ils s’engagent dans la plupart de ces formes de guerre contre la Russie et projettent d’utiliser également d’autres formes, y compris des moyens légaux, sociaux, psychologiques et culturels, ainsi qu’économiques et militaires. Les diverses lois sur les « sanctions » contre la Russie sont des exemples du recours à des méthodes quasi-légales comme forme de guerre. Le scandale concocté à partir d’un tissu de mensonges sur la Russie affaiblissant la « démocratie » occidentale et les relations du président Trump avec les Russes sont un autre aspect de cette guerre.

Le 18 avril, les États-Unis ont annoncé qu’ils remplaçaient la 1ère Brigade de cavalerie par la 4e Brigade aéroportée pour participer aux immenses exercices militaires prévus en Europe de l’Est ce printemps et cet été dans le cadre de ce que les Américains aiment appeler Operation Atlantic Resolve, et affirment être « les efforts permanents du Pentagone pour dissuader l’agression russe ». Cette unité a été utilisée au Vietnam, en Irak et en Afghanistan et ce n’est pas une unité défensive. Elle a toujours été utilisée dans des opérations offensives et se compose principalement d’hélicoptères d’attaque Apache. Les éléments de l’US Air Force en place se composent principalement d’avions antichars A10 et de F-15 pour couvrir les A10. Entretemps, les groupes de parachutistes de l’OTAN s’exercent à des assauts de jour et de nuit en Italie depuis janvier tandis que d’autres exercices se déroulent de l’Estonie jusqu’à l’Allemagne, en passant la Roumanie.

Parallèlement à ces exercices permanents, les pays de l’OTAN et leurs alliés en Europe de l’Est prennent des mesures pour rendre les routes et les ponts capables de supporter les mouvements d’équipement lourd, c’est-à-dire des chars et des véhicules d’assaut, et ils pré-positionnent de plus en plus de fournitures logistiques, équipement, munitions, matériel pour des opérations aériennes, la guerre sous-marine et réaménagent les aérodromes. Pendant trois mois, à partir d’avril, les forces de l’OTAN participeront à d’autres exercices militaires comprenant des exercices de tir réels le long de tout le front russe, de la Baltique à la Roumanie et menacent, avec l’Ukraine, d’accroître la pression sur la Russie par des attaques sur les Républiques du Donbass, tout en maintenant la pression sur elle en Syrie.

Et pour nous, civils, la guerre continue sur nos esprits avec des menaces croissantes de censure des médias et des journalistes indépendants, en particulier les dissidents qui s’opposent à l’agression de l’OTAN et appellent à la paix et à la primauté du droit international. Les médias sociaux, qui s’alignent pourtant déjà sur l’agenda propagandiste de l’OTAN, sont encore plus menacés par les pouvoirs en place qui prétendent nous protéger contre une perte de notre « vie privée » alors qu’ils essayent en fait de nous empêcher totalement d’exprimer nos opinions et notre savoir, d’échanger nos informations. Il est stupéfiant que quiconque puisse prendre au sérieux les affirmations de ces gouvernements sur leur volonté de protéger notre vie privée alors que ces mêmes gouvernements ont mis en place d’immenses organisations et un appareil complexe pour surveiller et contrôler les actes et les pensées des citoyens ; c’est pourtant ce qu’ils affirment.

Les attaques contre la démocratie, la liberté de pensée et d’expression par ces forces fascistes sont devenues si graves que des agressions directes contre des individus sont perpétrées dans les médias de masse. Le journaliste Robert Fisk, qui a révélé le mensonge sur la prétendue attaque au gaz en Syrie, a été victime d’attaques sordides dans plusieurs journaux, y compris dans le journal canadien de droite The National Post, par Terry Glavin, un ex-trotskyste, qui devrait remporter le prix Goebbels pour diffamation et mensonge au peuple. Des attaques similaires ont été portées contre des dissidents britanniques, le professeur Tim Hayward à l’université d’Édimbourg, directeur de l’Institut pour un monde juste, le professeur Piers Robinson à l’université de Sheffield et la blogueuse et journaliste d’investigation Vanessa Beeley, pour leurs travaux visant à révéler les liens des Casques blancs syriens avec les services de renseignement britanniques et d’autres faits importants.

Ce genre d’attaques a déjà eu lieu auparavant. Des journalistes et des citoyens ont été discrédités dans toutes les guerres lorsqu’ils essayaient de dire la vérité, mais l’intensité et le niveau des menaces sont devenus presque physiques aujourd’hui et peuvent en effet être vues comme des avertissements des services secrets. « Nous avons votre nom. Nous savons où vous vivez. Les Skripal ont disparu. cela peut aussi être votre cas. » Ces attaques visent à intimider non seulement les cibles, les Hayward, les Fisk, les Robinson, les Beeley, mais à tous nous intimider. L’extrême-droite qui contrôle nos gouvernements – car qui peut douter qu’aujourd’hui même les socio-démocrates ne soient de connivence avec ces forces – se livrent à une stratégie de la tension à l’état d’urgence. Ils nous préparent à la guerre et comme l’a dit le colonel Qiao, la bataille sera partout et inclura tout le monde.

Christopher Black

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