Le XXI ième siècle continuera t-il d'être caractérisé comme le siècle précédent par la notion de démocratie et d'obéissance à la loi que cela suppose?
La sacralisation de la loi dans le monde occidental rend les hommes prisonniers d'un système qui les conditionne. Socrate boit la ciguë librement pour obéir à la loi. Attitude juste d'un sage qui place la loi au dessus des hommes, au dessus de lui même. Car pour Socrate qui savait de quoi il parlait, le recours à la loi était un progrès considérable par rapport au tout arbitraire du despotisme.
Si nous voulons faire évoluer la démocratie aujourd'hui, si nous voulons petit à petit, nous affranchir de contraintes juridiques lourdes, il faudra bien passer d'abord, par un progrès des mentalités des citoyens. La liberté et le progrès sont directement liés à notre capacité d'évolution. Il n'est pas du tout certain, qu'une libéralisation trop rapide et sans préparation, ne conduise pas au chaos et à plus d'arbitraire. Les pays qui sont livrés à eux mêmes ne découvrent pas spontanément la vertu. Par contre ceux qui par un lent apprentissage sont arrivés à plus de maturité citoyenne, s'en sortent en général mieux.
A cet égard, je pense toujours à cette aventure socialiste du XIX ième siècle où les Marxistes se sont opposés aux Anarchistes : les uns voulant imposer tout de suite, la dictature du prolétariat, espérant que par la suite le peuple progressivement acquérerait les vertus de solidarité et d'abnégation nécessaires, les autres, plus prudent, voulant créer des unités fédéralistes autonomes, véritables creusets expérimentaux des nouvelles communautés socialistes. Quand on veut dépasser les mentalités et les contraindre, le résultat est inverse de ce que l'on attend.
Beaucoup d'entre nous ne voit pas comment aujourd'hui on pourrait se passer de lois. Laquelle garantit des rapports plus équitable entre les forts et les faibles, entre les généreux et les égoïstes, entre les excès des pouvoirs des systèmes et les individus...
Mais chacun d'entre nous voit bien aussi que le recours à la loi a atteint les limites du possible et du supportable.
D'autre part, les dysfonctionnements de la loi, son asservissement aux pouvoirs rendent souvent la protection du faible illusoire.
Prendre conscience de cela devrait nous rendre prudent par rapport à la multiplication des lois et des règlements et nous inciter fortement à inventer d'urgence d'autres types de rapport entre nous.
En effet, plutôt que de concentrer nos efforts à imaginer de nouvelle lois pour codifier davantage notre façon de vivre ensemble, nous pourrions au contraire réfléchir à ce qui pourrait rendre le recours à la loi exceptionnelle. Plutôt que de conditionner nos esprits au recours impératif à la loi en cas de litige, ne pourrions-nous pas développer au contraire une sorte d'instinct à la nécessité de la conciliation? Pour cela, il faudrait accepter de développer aussi plus d'autonomie, plus de conscience de nos responsabilités. Sommes nous vraiment prêts à ce grand changement?
Si nous voulons introduire l'idée d'une démocratie avec moins de réglementation, il faudra parler en terme concret de démocratie participative, de démocratie évolutive, ou l'éducation du citoyen est une priorité : une éducation à devenir responsable. Comment peut-on espérer une participation sans responsabilité? Comment peut-on parler de responsabilité sans une éducation de l'esprit critique? Sommes nous tellement obtus qu'il soit in-envisageable qu'un citoyen puisse devenir un jour son propre juge ? Ne pouvons nous pas penser un temps où le citoyen coupable serait amené avec l'aide d'un conciliateur à fixer lui même les réparations de la faute commise en harmonie avec la demande de celui qu'il a lésé..
Notre comportement changé doit précéder la nécessité de changer les institutions et peut devenir du même coup de fait cette institution.
Pat
Sujet: Démocratie et lois 
Sam 13 Fév 2010 - 16:42
