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| Combien de personnes les États-Unis ont-ils tuées dans les guerres qui ont suivi les attentats du 11 septembre ? Partie 2 : Afghanistan et Pakistan. Par Nicolas J.S. Davies | |
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akasha
Messages : 6839 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
| Sujet: Combien de personnes les États-Unis ont-ils tuées dans les guerres qui ont suivi les attentats du 11 septembre ? Partie 2 : Afghanistan et Pakistan. Par Nicolas J.S. Davies Sam 2 Juin 2018 - 1:11 | |
| Combien de personnes les États-Unis ont-ils tuées dans les guerres qui ont suivi les attentats du 11 septembre ? Partie 2 : Afghanistan et Pakistan. Par Nicolas J.S. Davies
Source : Consortium News, Nicolas J.S. Davies, 03-04-2018
Le nombre de victimes des guerres américaines depuis le 11 septembre 2001 n’a pratiquement pas été comptabilisé, mais faire face à l’ampleur réelle des crimes commis demeure un impératif moral, politique et juridique urgent, affirme Nicolas J.S. Davies, dans la deuxième partie de sa publication. Dans la première partie de cette publication, j’ai estimé qu’environ 2,4 millions d’Irakiens ont été tués à la suite de l’invasion illégale de leur pays par les États-Unis et le Royaume-Uni en 2003. J’en viens maintenant aux morts afghanes et pakistanaises dans le cadre de l’intervention américaine en Afghanistan en 2001. Dans la troisième partie, j’examinerai les morts causées par la guerre en Libye, en Somalie, en Syrie et au Yémen. Selon Le général américain à la retraite Tommy Franks, qui a mené la guerre contre les talibans en Afghanistan en réaction aux attentats du 11 septembre 2001, le gouvernement américain ne tient pas les comptes des pertes civiles qu’il cause. « Vous savez, on ne compte pas les cadavres », a dit Franks un jour. Il est difficile de savoir si c’est vrai ou si un décompte est caché.
Comme je l’ai expliqué dans la première partie, les États-Unis ont tenté de justifier leurs invasions en Afghanistan et dans plusieurs autres pays comme une réponse légitime aux crimes terroristes du 11 septembre. Mais les États-Unis n’ont pas été attaqués par un autre pays ce jour-là, et aucun crime, aussi horrible soit-il, ne peut justifier 16 années de guerre – et ce n’est pas fini – contre une succession de pays qui n’ont pas attaqué les États-Unis.
Comme l’ancien procureur de Nuremberg Benjamin Ferencz l’a dit à la NPR [National Public Radio], une semaine après les attentats terroristes, il s’agissait de crimes contre l’humanité, mais pas de « crimes de guerre », car les États-Unis n’étaient pas en guerre. « Ce n’est jamais une réponse légitime de punir les gens qui ne sont pas responsables du mal fait », a expliqué Ferencz. « Nous devons faire une distinction entre punir les coupables et punir les autres. Si vous vous contentez de riposter massivement en bombardant l’Afghanistan, disons, ou les talibans, vous tuerez beaucoup de gens qui ne croient pas en ce qui s’est passé, qui n’approuvent pas ce qui s’est passé ».
Comme Ferencz l’avait prédit, nous avons tué « beaucoup de gens » qui n’avaient rien à voir avec les crimes du 11 septembre. Combien de personnes ? C’est l’objet de cet article.
Afghanistan
En 2011, le journaliste d’investigation primé Gareth Porter faisait des recherches sur les raids nocturnes des forces d’opérations spéciales américaines en Afghanistan pour son article intitulé How McChrystal and Petraeus Built an Indiscriminate Killing Machine. La multiplication des raids nocturnes de 2009 à 2011 a été un élément central de l’escalade de Barack Obama dans la guerre des États-Unis en Afghanistan. Porter a documenté une augmentation graduelle de 50 fois le nombre de raids par mois, passant de 20 raids par mois en mai 2009 à plus de 1 000 raids par mois en avril 2011.
Mais curieusement, la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA) a fait état d’une diminution du nombre de civils tués par les forces américaines.
Des marines américains patrouillent dans la rue Shah Karez, dans la province de Helmand, en Afghanistan, le 10 février. (photo du Corps des Marines des États-Unis prise par le sergent d’état-major Robert Storm) Les rapports de la MANUA sur les décès de civils sont basés sur des enquêtes menées par la Commission indépendante des droits de l’homme en Afghanistan (AIHRC). Noori Shah Noori Noori, journaliste afghan travaillant avec Porter sur l’article, a interviewé Nader Nadery, un commissaire de l’AIHRC, pour savoir ce qui se passait.
Nadery a expliqué à Noori, « …que ce chiffre ne représentait que le nombre de morts civiles dans 13 incidents ayant fait l’objet d’une enquête approfondie. Il excluait les décès dans 60 autres incidents pour lesquels des plaintes avaient été reçues, mais qui n’avaient pas encore fait l’objet d’une enquête approfondie ».
« Nadery a depuis estimé que le nombre total de civils tués lors des 73 raids nocturnes qui ont fait l’objet de plaintes était de 420 », a poursuivi M. Porter. « Mais la Commission admet qu’elle n’a pas accès à la plupart des districts dominés par les talibans et que les habitants de ces districts ne sont pas au courant de la possibilité de se plaindre à la Commission des raids nocturnes. Ainsi, ni l’AIHRC ni les Nations Unies n’ont connaissance d’une proportion importante – et très probablement la majorité – des raids nocturnes qui se soldent par la mort de civils ».
Depuis, la MANUA a mis à jour le nombre de civils tués lors de raids nocturnes des États-Unis en 2010, qui est passé de 80 à 103, ce qui est encore loin de l’estimation de Nadery (420). Mais comme l’a expliqué Nadery, même cette estimation a dû représenter une petite fraction du nombre de civils tués lors d’environ 5 000 raids nocturnes cette année-là, dont la plupart ont probablement eu lieu dans des zones où les gens n’ont aucun contact avec la MANUA ou la Commission indépendante des droits de l’homme.
Commeles officiers supérieurs de l’armée américaine l’ont admis à Dana Priest et William Arkin du Washington Post, plus de la moitié des raids menés par les forces d’opérations spéciales américaines ciblent la mauvaise personne ou la mauvaise maison, de sorte qu’une forte augmentation des décès de civils était un résultat prévisible et attendu d’une telle augmentation massive de ces raids meurtriers « tuer ou capturer ».
L’escalade massive des raids nocturnes américains en 2010 en a probablement fait une année exceptionnelle, de sorte qu’il est peu probable que les rapports de la MANUA excluent régulièrement autant de rapports non instruits sur les décès de civils qu’en 2010. Mais d’un autre côté, les rapports annuels de la MANUA ne mentionnent jamais que leurs chiffres concernant les décès de civils sont basés uniquement sur les enquêtes menées par la Commission indépendante des droits de l’homme ; il n’est donc pas clair à quel point il était inhabituel d’omettre 82 pour cent des incidents signalés de décès de civils lors de raids nocturnes des États-Unis dans le rapport de cette année-là.
Nous ne pouvons que deviner combien d’incidents signalés ont été omis dans les autres rapports annuels de la MANUA depuis 2007 et, en tout état de cause, cela ne nous dirait toujours rien au sujet des civils tués dans des zones qui n’ont aucun contact avec la MANUA ou la Commission indépendante des droits de l’homme.
En fait, pour l’AIHRC le dénombrement des morts n’est qu’un sous-produit de sa fonction principale, qui est d’enquêter sur les rapports de violations des droits de l’homme en Afghanistan. Mais les recherches de Porter et Noori ont révélé que le fait que la MANUA s’appuie sur les enquêtes menées par l’AIHRC pour faire des déclarations définitives sur le nombre de civils tués en Afghanistan dans ses rapports a pour effet de balayer un nombre inconnu d’enquêtes incomplètes et de morts civiles non signalées dans une sorte de « trou de mémoire », les écartant de pratiquement tous les comptes rendus publiés sur le coût humain de la guerre en Afghanistan.
Les rapports annuels de la MANUA comprennent même des diagrammes en camembert pour renforcer l’impression erronée qu’il s’agit d’estimations réalistes du nombre de civils tués au cours d’une année donnée, et que les forces pro-gouvernementales et les forces d’occupation étrangères ne sont responsables que d’une petite partie d’entre elles.
Les sous-dénombrements systématiques de la MANUA et les diagrammes en camembert dénués de sens deviennent la base des manchettes et des reportages dans le monde entier. Mais ils sont tous basés sur des chiffres dont la MANUA et la Commission indépendante des droits de l’homme savent très bien qu’il s’agit d’une petite fraction des décès de civils en Afghanistan. Ce n’est qu’un rare article comme celui de Porter en 2011 qui donne un soupçon de cette réalité choquante.
En fait, les rapports de la MANUA ne reflètent que le nombre de décès sur lesquels le personnel de la Commission indépendante des droits de l’homme a enquêté au cours d’une année donnée, et peuvent n’avoir que peu ou pas de rapport avec le nombre de personnes tuées. Vu sous cet angle, les fluctuations relativement faibles dans les rapports de la MANUA sur les décès de civils d’année en année en Afghanistan semblent tout aussi susceptibles de représenter des fluctuations dans les ressources et le personnel de la Commission indépendante des droits de l’homme que les augmentations ou diminutions réelles du nombre de personnes tuées.
Si une seule chose est claire au sujet des rapports de la MANUA sur les décès de civils, c’est que personne ne devrait jamais les citer en tant qu’estimations du nombre total de civils tués en Afghanistan – et encore moins les fonctionnaires de l’ONU et du gouvernement et des journalistes qui, sciemment ou non, induisent en erreur des millions de personnes lorsqu’ils les répètent.
Estimation du nombre de morts afghanes au travers du brouillard de la tromperie officielle
Les chiffres les plus souvent cités pour les décès de civils en Afghanistan sont donc basés non seulement sur des « rapports passifs », mais aussi sur des rapports trompeurs qui ignorent sciemment beaucoup ou la plupart des décès signalés par les familles endeuillées et les responsables locaux, alors que beaucoup ou la plupart des décès de civils ne sont jamais signalés à la MANUA ou à l’AIHCR en premier lieu. Alors, comment pouvons-nous obtenir une estimation intelligente ou un tant soit peu précise du nombre de civils qui ont réellement été tués en Afghanistan ?
Body Count : Casualty Figures After 10 Years of the “War On Terror” [dénombrement des victimes après 10 ans de guerre contre le terrorisme NdT], publié en 2015 par Physicians for Social Responsibility (PSR), colauréat du prix Nobel de la paix 1985, a estimé le nombre de morts combattants et civils en Afghanistan sur la base des rapports de la MANUA et d’autres sources. Les chiffres de Body Count pour le nombre de combattants afghans tués semblent plus fiables que le sous-dénombrement des décès de civils par la MANUA.
Le gouvernement afghan a signalé que 15 000 de ses soldats et policiers ont été tués jusqu’en 2013. Les auteurs de Body Count ont pris les estimations des talibans et autres forces antigouvernementales tuées en 2001, 2007 et 2010 à partir d’autres sources et les ont extrapolées à des années pour lesquelles aucune estimation n’était disponible, sur la base d’autres mesures de l’intensité du conflit (nombre de frappes aériennes, raids nocturnes, etc.). Ils estiment que 55 000 « insurgés » ont été tués à la fin de 2013.
En Afghanistan, le soldat de première classe de l’armée américaine Sean Serritelli assure la sécurité à l’extérieur de l’avant-poste de combat Charkh le 23 août 2012. (Crédit photo : Spc. Alexandra Campo) Les années qui ont suivi 2013 ont été de plus en plus violentes pour le peuple afghan. Avec la réduction des forces d’occupation des États-Unis et de l’OTAN, les forces pro-gouvernementales afghanes supportent maintenant le gros du combat contre leurs compatriotes farouchement indépendants, et 25 000 autres soldats et policiers ont été tués depuis 2013, selon mes propres calculs à partir de reportages et de cette étude de l’Institut Watson de l’Université Brown.
Si le même nombre de combattants antigouvernementaux a été tué, cela signifierait qu’au moins 120 000 combattants afghans ont été tués depuis 2001. Mais, comme les forces pro-gouvernementales sont armées d’armes plus lourdes et sont toujours soutenues par l’appui aérien des États-Unis, les pertes anti-gouvernementales risquent d’être plus importantes que celles des troupes gouvernementales. Il serait donc plus réaliste d’estimer qu’entre 130 000 et 150 000 combattants afghans ont été tués.
La tâche la plus difficile est d’estimer combien de civils ont été tués en Afghanistan à travers le brouillard d’informations erronées de la MANUA. Les rapports passifs de la MANUA ont été profondément faussés, sur la base d’enquêtes effectuées sur 18 % seulement des incidents signalés, comme dans le cas des raids nocturnes en 2010, sans qu’aucune information ne parvienne des nombreux secteurs du pays où les talibans sont les plus actifs et où la plupart des frappes aériennes et des raids nocturnes des États-Unis ont lieu. Les talibans ne semblent pas avoir publié le nombre de morts civiles dans les zones qu’ils contrôlent, mais ils ont contesté les chiffres de la MANUA.
Il n’y a pas eu de tentative de mener une étude sérieuse sur la mortalité en Afghanistan semblable à l’étude de 2006 du Lancet en Irak. Le monde doit aux Afghans ce genre de comptes sérieux pour le coût humain de la guerre qu’il a laissé les submerger. Mais il semble peu probable que cela se produise avant que le monde n’accomplisse la tâche plus urgente de mettre fin à la guerre qui dure maintenant depuis 16 ans.
Body Count a pris les estimations de Neta Crawford et le projet Costs of War de l’Université de Boston pour 2001-6, plus le décompte erroné de l’ONU depuis 2007, et les a multipliés par un minimum de 5 et un maximum de 8, pour produire une gamme de 106 000 à 170 000 civils tués de 2001 à 2013. Les auteurs semblent avoir ignoré les failles des rapports de la MANUA révélés à Porter et Noori par Nadery en 2011.
Mais Body Count a reconnu la nature très prudente de son estimation, notant que « par rapport à l’Irak, où l’urbanisation est plus prononcée, et où la couverture par la presse locale et étrangère est plus importante qu’en Afghanistan, l’enregistrement des décès de civils a été beaucoup plus fragmentaire ».
Dans mon article de 2016, Playing Games With War Deaths,, j’ai suggéré que le ratio entre les rapports passifs et les morts civiles réelles en Afghanistan était donc plus susceptible de se situer entre les ratios trouvés en Irak en 2006 (12:1) et au Guatemala à la fin de la guerre civile en 1996 (20:1).
Mortalité au Guatemala et en Afghanistan
En fait, la situation géographique et militaire en Afghanistan est plus analogue à celle du Guatemala, avec de nombreuses années de guerre dans des régions montagneuses isolées contre une population civile indigène qui a pris les armes contre un gouvernement central corrompu, soutenu par l’étranger.
La guerre civile guatémaltèque a duré de 1960 à 1996. La phase la plus meurtrière de la guerre a été déclenchée lorsque l’administration Reagan a rétabli l’aide militaire américaine au Guatemala en 1981, après une rencontre entre l’ancien directeur adjoint de la CIA Vernon Walters et le président Romeo Lucas García, au Guatemala.
Le lieutenant-colonel George Maynes, conseiller militaire des États-Unis, et le frère du président Lucas, le général Benedicto Lucas, ont planifié une campagne appelée Operation Ash, au cours de laquelle 15 000 soldats guatémaltèques ont balayé la région d’Ixil, massacrant des communautés indigènes et brûlant des centaines de villages.
Le président Ronald Reagan rencontre le dictateur guatémaltèque Efrain Rios Montt. Les documents de la CIA que Robert Parry a déterrés à la bibliothèque Reagan et dans d’autres archives américaines ont spécifiquement défini les cibles de cette campagne pour inclure « le mécanisme de soutien civil» de la guérilla, c’est-à-dire l’ensemble de la population indigène rurale. Un rapport de la CIA de février 1982 décrivait comment cela fonctionnait dans la pratique à Ixil :
« Les commandants des unités concernées ont reçu l’ordre de détruire toutes les villes et villages qui coopèrent avec l’Armée de guérilla des pauvres, [EGP, Ejército Guerrillero de los Pobres, NdT]] et d’éliminer toutes les sources de résistance », selon le rapport. « Depuis le début de l’opération, plusieurs villages ont été réduits en cendres et un grand nombre de guérilleros et de collaborateurs ont été tués. »
Le président guatémaltèque Rios Montt, décédé dimanche, s’est emparé du pouvoir lors d’un coup d’État en 1983 et a poursuivi la campagne à Ixil. Il a été poursuivi pour génocide, mais ni Walters, ni Mayne, ni aucun autre reponsable des États-Unis n’ont été accusés d’avoir aidé à planifier et à soutenir les massacres au Guatemala.
A l’époque, de nombreux villages d’Ixil n’étaient même pas marqués sur les cartes officielles et il n’y avait pas de routes pavées dans cette région reculée (il y en a encore très peu aujourd’hui). Comme en Afghanistan, le monde extérieur n’a eu aucune idée de l’ampleur et de la brutalité des meurtres et des destructions.
L’une des revendications de l’Armée de guérilla des pauvres (EGP), de l’Organisation révolutionnaire des peuples armés (ORPA) et d’autres groupes révolutionnaires dans les négociations qui ont mené à l’accord de paix de 1996 au Guatemala, était d’obtenir une véritable évaluation de la réalité de la guerre, y compris combien de personnes ont été tuées et qui les ont tuées.
La Commission de clarification historique, parrainée par l’ONU, a répertorié 626 massacres et a conclu qu’environ 200 000 personnes avaient été tuées lors de la guerre civile au Guatemala. Au moins 93 pour cent ont été tués par les forces militaires et les escadrons de la mort soutenus par les États-Unis et seulement 3 pour cent par la guérilla, dont 4 pour cent étaient inconnus. Le nombre total de personnes tuées était 20 fois plus élevé que les estimations précédentes, fondées sur des rapports passifs.
Les études de mortalité dans d’autres pays (comme l’Angola, la Bosnie, la République démocratique du Congo, l’Irak, le Kosovo, le Rwanda, le Soudan et l’Ouganda) n’ont jamais trouvé un écart plus grand entre les rapports passifs et les études de mortalité qu’au Guatemala.
Compte tenu de l’écart entre les rapports passifs au Guatemala et ce que l’ONU y a finalement trouvé, la MANUA semble avoir signalé moins de 5 % des décès réels de civils en Afghanistan, ce qui serait sans précédent.
Costs of War et la MANUA ont compté 36 754 décès de civils jusqu’à la fin de 2017. Si ces rapports (extrêmement) passifs représentent 5 % du total des morts civiles, comme au Guatemala, le nombre réel de morts s’élèverait à environ 735 000. Si la MANUA a en fait éclipsé le bilan inégalé du Guatemala en matière de sous-dénombrement des décès de civils et n’a compté que 3 ou 4 % des décès réels, alors le total réel pourrait atteindre 1,23 million. Si le ratio n’était que le même qu’en Irak en 2006 (14:1 – avant que Body Count en Irak ne révise ses chiffres), il ne serait que de 515 000.
Si l’on ajoute ces chiffres à mon estimation du nombre de combattants afghans tués des deux côtés, on peut estimer qu’environ 875 000 Afghans ont été tués depuis 2001, avec un minimum de 640 000 et un maximum de 1,4 million.
Pakistan
Les États-Unis ont étendu leur guerre en Afghanistan au Pakistan en 2004. La CIA a commencé à lancer des frappes de drones, et l’armée pakistanaise, sous la pression des États-Unis, a lancé une campagne militaire contre les militants du Sud-Waziristan soupçonnés d’avoir des liens avec Al-Qaïda et les talibans afghans. Depuis lors, les États-Unis ont mené au moins 430 frappes de drones au Pakistan, selon le Bureau du journalisme d’investigation, et l’armée pakistanaise a mené plusieurs opérations dans les zones frontalières de l’Afghanistan.
Carte du Pakistan et de l’Afghanistan (Wikipedia)
La belle vallée de Swat (autrefois appelée « la Suisse de l’Orient » par la reine Elizabeth du Royaume-Uni en visite) et trois districts voisins ont été conquis par les talibans pakistanais entre 2007 et 2009. Ils ont été repris par l’armée pakistanaise en 2009 dans le cadre d’une campagne militaire dévastatrice qui a fait 3,4 millions de réfugiés.
Le Bureau du journalisme d’investigation rapporte que 2 515 à 4 026 personnes ont été tuées lors de frappes de drones américaines au Pakistan, mais cela ne représente qu’une petite fraction du nombre total de morts de guerre au Pakistan. Crawford et le programme Costs of War de l’Université de Boston ont estimé le nombre de Pakistanais tués à environ 61 300 jusqu’en août 2016, en se basant principalement sur les rapports du Pak Institute for Peace Studies (PIPS) à Islamabad et du South Asia Terrorism Portal (SATP) à New Delhi. Cela comprenait 8 200 soldats et policiers, 31 000 combattants rebelles et 22 100 civils.
Si nous acceptons le plus élevé de ces chiffres rapportés passivement pour le nombre de combattants tués des deux côtés et si nous utilisons des rapports historiques typiques de 5:1 à 20:1 par rapport aux rapports passifs pour générer un nombre minimum et maximum de morts civiles, cela signifierait qu’entre 150 000 et 500 000 Pakistanais ont été tués.
Une estimation raisonnable à mi-parcours serait qu’environ 325 000 personnes ont été tuées au Pakistan à la suite de la guerre des États-Unis en Afghanistan, qui a débordé de part et d’autre de ses frontières.
En combinant mes estimations pour l’Afghanistan et le Pakistan, j’estime qu’environ 1,2 million d’Afghans et de Pakistanais ont été tués à la suite de l’invasion de l’Afghanistan par les États-Unis en 2001.
Nicolas J.S. Davies est l’auteur de Blood On Our Hands : the American Invasion and Destruction of Iraq. Il a également écrit le chapitre sur « Obama à la guerre » dans Grading the 44th President : a Report Card on Barack Obama’s First Term as a Progressive Leader.
Source : Consortium News, Nicolas J.S. Davies, 03-04-2018
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source. |
| | | akasha
Messages : 6839 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
| Sujet: Re: Combien de personnes les États-Unis ont-ils tuées dans les guerres qui ont suivi les attentats du 11 septembre ? Partie 2 : Afghanistan et Pakistan. Par Nicolas J.S. Davies Mer 11 Juil 2018 - 23:29 | |
| Combien de personnes les États-Unis ont-ils tuées dans les guerres qui ont suivi les attentats du 11 septembre ? Partie 2 : Afghanistan et Pakistan. Par Nicolas J.S. Davies
Source : Consortium News, Nicolas J.S. Davies, 03-04-2018
Le nombre de victimes des guerres américaines depuis le 11 septembre 2001 n’a pratiquement pas été comptabilisé, mais faire face à l’ampleur réelle des crimes commis demeure un impératif moral, politique et juridique urgent, affirme Nicolas J.S. Davies, dans la deuxième partie de sa publication. Dans la première partie de cette publication, j’ai estimé qu’environ 2,4 millions d’Irakiens ont été tués à la suite de l’invasion illégale de leur pays par les États-Unis et le Royaume-Uni en 2003. J’en viens maintenant aux morts afghanes et pakistanaises dans le cadre de l’intervention américaine en Afghanistan en 2001. Dans la troisième partie, j’examinerai les morts causées par la guerre en Libye, en Somalie, en Syrie et au Yémen. Selon Le général américain à la retraite Tommy Franks, qui a mené la guerre contre les talibans en Afghanistan en réaction aux attentats du 11 septembre 2001, le gouvernement américain ne tient pas les comptes des pertes civiles qu’il cause. « Vous savez, on ne compte pas les cadavres », a dit Franks un jour. Il est difficile de savoir si c’est vrai ou si un décompte est caché.
Comme je l’ai expliqué dans la première partie, les États-Unis ont tenté de justifier leurs invasions en Afghanistan et dans plusieurs autres pays comme une réponse légitime aux crimes terroristes du 11 septembre. Mais les États-Unis n’ont pas été attaqués par un autre pays ce jour-là, et aucun crime, aussi horrible soit-il, ne peut justifier 16 années de guerre – et ce n’est pas fini – contre une succession de pays qui n’ont pas attaqué les États-Unis.
Comme l’ancien procureur de Nuremberg Benjamin Ferencz l’a dit à la NPR [National Public Radio], une semaine après les attentats terroristes, il s’agissait de crimes contre l’humanité, mais pas de « crimes de guerre », car les États-Unis n’étaient pas en guerre. « Ce n’est jamais une réponse légitime de punir les gens qui ne sont pas responsables du mal fait », a expliqué Ferencz. « Nous devons faire une distinction entre punir les coupables et punir les autres. Si vous vous contentez de riposter massivement en bombardant l’Afghanistan, disons, ou les talibans, vous tuerez beaucoup de gens qui ne croient pas en ce qui s’est passé, qui n’approuvent pas ce qui s’est passé ».
Comme Ferencz l’avait prédit, nous avons tué « beaucoup de gens » qui n’avaient rien à voir avec les crimes du 11 septembre. Combien de personnes ? C’est l’objet de cet article.
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Combien de millions de personnes ont été tuées dans les guerres américaines qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001 ? Partie 3 : Libye, Syrie, Somalie et Yémen, par Nicolas J.S. DaviesSource : Nicolas J.S. Davies, Consortium News, 25-04-2018 Dans la troisième et dernière partie de sa publication, Nicolas J.S. Davies examine le bilan des guerres secrètes et par procuration aux États-Unis en Libye, en Syrie, en Somalie et au Yémen, et souligne l’importance d’études exhaustives sur la mortalité due à la guerre.
Dans les deux premières parties du présent article, j’ai estimé qu’environ 2,4 millions de personnes ont été tuées à la suite de l’invasion de l’Irak par les États-Unis, tandis qu’environ 1,2 million de personnes ont été tuées en Afghanistan et au Pakistan à la suite de la guerre menée par les États-Unis en Afghanistan. Dans la troisième et dernière partie de ce compte rendu, j’estimerai le nombre de personnes tuées à la suite des interventions de l’armée américaine et de la CIA en Libye, en Syrie, en Somalie et au Yémen.
Parmi les pays que les États-Unis ont attaqués et déstabilisés depuis 2001, seul l’Irak a fait l’objet d’études exhaustives de mortalité « active » qui peuvent révéler des décès par ailleurs non déclarés. Une étude de mortalité « active » est une étude qui interroge « activement » les ménages pour trouver des décès qui n’ont pas été signalés auparavant par des bulletins d’information ou d’autres sources publiées.
Ces études sont souvent menées par des personnes qui travaillent dans le domaine de la santé publique, comme Les Roberts à l’Université Columbia, Gilbert Burnham à Johns Hopkins et Riyadh Lafta à l’Université Mustansiriya de Bagdad, coauteur de l’étude de 2006 du Lancet sur la mortalité due à la guerre en Irak. En présentant leurs études en Irak et leurs résultats, ils ont souligné que leurs équipes d’enquêteurs irakiens étaient indépendantes du gouvernement d’occupation et que c’était un facteur important pour l’objectivité de leurs études et la volonté des Irakiens de parler honnêtement avec eux.
Des études exhaustives sur la mortalité dans d’autres pays déchirés par la guerre (comme l’Angola, la Bosnie, la République démocratique du Congo, le Guatemala, l’Irak, le Kosovo, le Rwanda, le Soudan et l’Ouganda) ont révélé un nombre total de décès de 5 à 20 fois supérieur à celui révélé précédemment par des rapports « passifs » basés sur des bulletins d’actualités, des dossiers d’hôpitaux et/ou des enquêtes sur les droits de l’homme.
En l’absence de telles études complètes en Afghanistan, au Pakistan, en Libye, en Syrie, en Somalie et au Yémen, j’ai évalué les rapports passifs sur les décès dus à la guerre et essayé d’évaluer la proportion de morts réelles que ces rapports passifs sont susceptibles d’avoir comptées selon les méthodes qu’ils ont utilisées, sur la base des rapports entre les morts réels et les morts passivement déclarées, trouvées dans d’autres zones de guerre.
J’ai seulement estimé les morts violentes. Aucune de mes estimations n’inclut les décès dus aux effets indirects de ces guerres, tels que la destruction des hôpitaux et des systèmes de santé, la propagation de maladies par ailleurs évitables et les effets de la malnutrition et de la pollution de l’environnement, qui ont également été considérables dans tous ces pays.
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| | | akasha
Messages : 6839 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
| Sujet: Re: Combien de personnes les États-Unis ont-ils tuées dans les guerres qui ont suivi les attentats du 11 septembre ? Partie 2 : Afghanistan et Pakistan. Par Nicolas J.S. Davies Sam 14 Juil 2018 - 23:51 | |
| L’armée étasunienne lâche une bombe toutes les 12 minutes et personne n’en parle.
Par Lee Camp – Le 22 juin 2018 – Source Zero hedge
Nous vivons dans un état de guerre perpétuelle, et pourtant nous ne la ressentons jamais. Pendant que vous léchez votre glace dans un endroit branché où ils mettent ces jolies petites feuilles de menthe sur le côté, quelqu’un est bombardé en votre nom. Pendant que vous discutez avec l’adolescent de 17 ans au cinéma qui vous a donné un petit pop-corn alors que vous avez payé pour un grand, quelqu’un est en train d’être oblitéré en votre nom. Pendant que nous dormons, mangeons, faisons l’amour et protégeons nos yeux par une journée ensoleillée, la maison, la famille, la vie et le corps de quelqu’un sont soufflés en mille morceaux, en nos noms. Et cela, toutes les 12 minutes.
L’armée américaine laisse tomber des explosifs avec une intensité difficile à comprendre, une toutes les 12 minutes. Et c’est étrange, parce que techniquement, nous sommes en guerre – laissez-moi y réfléchir – avec aucun pays. Cela devrait donc signifier qu’aucune bombe n’est larguée, n’est-ce pas ?
Pourtant, non ! Vous faite l’erreur classique de confondre notre monde avec une sorte de monde rationnel et cohérent dans lequel notre complexe militaro-industriel est sous contrôle, l’industrie de la musique est basée sur le mérite et le talent, les Legos ont des bords doucement arrondis (donc quand vous marchez dessus pieds nus, cela ne ressemble pas à une balle perforante et blindée tirée directement dans votre sphincter), et les humains font face aux changements climatiques comme des adultes plutôt que d’enterrer leurs têtes dans le sable tout en essayant de se convaincre que le sable n’est pas vraiment plus chaud.
Vous pensez à un monde rationnel. Mais nous ne vivons pas dans un tel monde.
Nous vivons plutôt dans un monde où le Pentagone est complètement hors de contrôle. Il y a quelques semaines, j’écrivais au sujet des 21 mille milliards de dollars (ce n’est pas une coquille) qui ont disparu du Pentagone. Mais je ne suis pas entré dans le nombre de bombes que cette somme d’argent ridicule permet de nous acheter. Les militaires du président George W. Bush ont largué 70 000 bombes sur cinq pays. Mais de ce nombre scandaleux, seulement 57 de ces bombes ont vraiment bouleversé la communauté internationale.
Parce qu’il y a eu 57 frappes au Pakistan, en Somalie et au Yémen, pays avec lesquels les États-Unis n’étaient ni en guerre ni en conflit permanent. Et le monde a été horrifié. On a beaucoup parlé de cette manière : « Attendez une seconde. Nous bombardons des pays qui ne sont pas des zones de guerre ? Est-il possible que ce soit une pente glissante qui se terminerait par le fait de bombarder en permanence ? (Pause gênante.) …. Nah. Quel que soit le président qui suivra Bush, ce sera un adulte normal (avec un cerveau fonctionnel) et il arrêtera donc cette folie. »
Nous étions si mignons et si naïfs à l’époque, comme un chaton qui se réveille le matin.
Le Bureau du journalisme d’investigation a rapporté que sous le président Barack Obama, il y a eu « 563 frappes, en grande partie par des drones, qui ont touché le Pakistan, la Somalie et le Yémen. … ».
Ce n’est pas seulement le fait que bombarder à l’extérieur d’une zone de guerre est une horrible violation du droit international et des normes mondiales. C’est aussi le ciblage moralement répréhensible de personnes pour suspicion de crime, ce que nous faisons, et ce contre quoi le film Minority Report de Tom Cruise nous avait mis en garde. (Les humains sont très mauvais pour suivre les conseils des livres de science-fiction. Si nous avions écouté 1984, nous n’aurions pas permis l’existence de l’Agence de sécurité nationale. Si nous avions écouté The Terminator, nous n’aurions pas permis l’existence d’une guerre de drones. Et si nous avions écouté The Matrix, nous n’aurions pas permis à la grande majorité des humains de se perdre dans une réalité virtuelle de spectacle et de non-sens insipides alors que les océans se meurent dans un marécage de déchets plastiques. … Mais tu sais, qui s’en occupe ?)
Il y a eu un black-out médiatique pendant qu’Obama était président. On peut compter sur les doigts d’une main le nombre de reportages dans les médias grand public sur les campagnes quotidiennes de bombardement du Pentagone sous Obama. Et même lorsque les médias en ont parlé, le sentiment sous-jacent était « Oui, mais regardez comme Obama est cool quand il donne son accord pour une destruction sans fin. C’est le Steve McQueen de la mort par le ciel. »
Et prenons un moment pour en terminer avec cette idée que notre « armement technologique » ne touche que les méchants. Comme l’a dit David DeGraw, « Selon les documents de la C.I.A., les personnes figurant sur la liste des personnes à tuer, celles qui étaient ciblées pour une ‘mort par drone’, ne représentent que 2% des décès causés par les frappes de drone ».
Deux pour cent. Vraiment, le Pentagone ? Tu n’as qu’un 2 au test ? Alors qu’on obtient cinq points rien qu’en épelant son nom.
Mais ces 70 000 bombes larguées par Bush, c’était qu’un jeu d’enfant. DeGraw à nouveau : « Obama a largué 100 000 bombes, sur sept pays. Il a dépassé Bush de 30 000 bombes et 2 pays. »
Vous devez admettre que c’est une horreur impressionnante. Cela place Obama dans le groupe très élitiste des lauréats du prix Nobel de la paix qui ont tué plein de civils innocents. Ce groupe n’est formé que par lui et Henry Kissinger, portant de petits badges écrits à la main et grignotant des œufs à la diable.
Et puis, nous savons maintenant que le gouvernement de Donald Trump fait honte à tous ces précédents présidents. Les chiffres du Pentagone montrent qu’au cours des huit années de son mandat, George W. Bush a largué en moyenne 24 bombes par jour, soit 8 750 par an. Au cours du mandat de B. Obama, ses militaires ont largué 34 bombes par jour, soit 12 500 par an. Au cours de la première année de mandat de Trump, les militaires ont largué en moyenne 121 bombes par jour, soit un total annuel de 44 096 bombes.
On va vous libérer de votre merde Les militaires de Trump ont largué 44 000 bombes au cours de sa première année au pouvoir.
Il a essentiellement laissé faire le Pentagone, enlevé la laisse d’un chien déjà enragé. Le résultat final est une armée qui se comporte comme Lil Wayne croisé avec Conor McGregor. Vous regardez ailleurs pendant une minute, regardez en arrière et vous dites : « Qu’est-ce que vous venez de faire, bordel ? J’étais parti juste une seconde ! »
Sous Trump, cinq bombes sont larguées par heure – chaque heure de chaque jour. Ça fait en moyenne une bombe toutes les 12 minutes.
Et qu’est-ce qui est le plus scandaleux, la quantité folle de morts et de destruction que nous créons dans le monde entier ou le fait que nos médias grand public n’enquêtent JAMAIS sur le sujet ? Ils parlent des défauts de Trump. Ils disent que c’est un idiot raciste, une grosse tête égocentrique (ce qui est tout à fait exact) – mais ils ne critiquent pas le perpétuel massacre d’Amityville que nos militaires perpétuent en larguant une bombe toutes les 12 minutes, la plupart d’entre elles tuant 98% de personnes qui ne sont pas des cibles.
Quand on a un ministère de la guerre dont le budget n’a aucun compte à rendre – comme nous l’avons vu avec les 21 mille milliards de dollars – et qu’on a un président qui n’a aucun intérêt à superviser le nombre de morts dont le ministère de la guerre est responsable, alors on finit par larguer tellement de bombes que le Pentagone vient de signaler que nous sommes à court de bombes.
Oh, mon Dieu, mon Dieu. Si nous n’avons plus de bombes, comment pouvons-nous empêcher tous ces civils innocents de…. cultiver leurs champs ? Pensez à toutes ces chèvres qui seront autorisées à continuer à vivre.
Et, comme pour les 21 mille milliards de dollars, le sujet semble être « en dehors de tous comptes à rendre ».
Le journaliste Witney Webb écrivait en février : « Chose choquante, plus de 80 pour cent des personnes tuées n’ont jamais été identifiées et les documents de la C.I.A. ont montré qu’ils ne savent même pas qui ils tuent – évitant ainsi la question du signalement des morts civiles en considérant tous ceux qui se trouvent dans la zone de frappe comme des combattants ennemis. »
C’est exact. Nous ne tuons que des combattants ennemis. Comment savoir si ce sont des combattants ennemis ? Parce qu’ils étaient dans notre zone de frappe. Comment savions-nous que c’était une zone de frappe ? Parce qu’il y avait des combattants ennemis. Comment avons-nous découvert qu’il s’agissait de combattants ennemis ? Parce qu’ils étaient dans la zone de frappe. …. Tu veux que je continue, ou t’as déjà compris ? J’ai toute la journée.
Il ne s’agit pas de Trump, même si c’est un maniaque. Il ne s’agit pas d’Obama, même si c’est un criminel de guerre. Il ne s’agit pas de Bush, même s’il a l’intelligence d’un chou bouilli. (Je n’ai pas raconté une blague sur Bush depuis environ huit ans. Je me sens mieux. Peut-être que je devrais y revenir.)
Il s’agit d’un complexe militaro-industriel en délire que notre élite dirigeante est plus qu’heureuse de laisser faire. Presque personne au Congrès ou à la présidence n’essaie de restreindre nos 121 bombes par jour. Presque personne travaillant pour un média grand public n’essaie d’amener les gens à s’en préoccuper.
Une toutes les 12 minutes.
Tu sais où ils frappent ? Qui ils tuent ? Pourquoi ? Cent vingt-et-une bombes par jour déchirent la vie des familles à l’autre bout du monde – en votre nom, en mon nom et au nom de l’ado qui distribue du pop-corn de la mauvaise taille au cinéma.
Nous sommes une nation voyou avec des militaires voyous et une élite dirigeante qui ne rend aucun compte. Le gouvernement et les militaires que vous et moi appuyons en faisant partie de cette société assassinent des gens toutes les 12 minutes et, en réponse, il n’y a rien d’autre qu’un silence fantomatique. C’est indigne de nous, en tant que peuple et espèce, de n’accorder à ce sujet que le silence. C’est un crime contre l’humanité.
Lee Camp
Traduit par Wayan, relu par Cat, vérifié par Diane pour le Saker Francophone. |
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