Bombardement de Yeonpyeong : décodage géostratégique
La tension est maximale entre les deux Corées. La Corée du Nord a tiré ce mardi des obus sur une île de son voisin du Sud, faisant des blessés et tuant au moins un soldat selon des médias, ce qui a déclenché une riposte armée de la part de Séoul, a indiqué le ministère sud-coréen de la Défense
Une intense activité diplomatique est en cours depuis mercredi pour tenter d’apaiser ces tensions. La Chine a notamment été priée par les Etats-Unis et le Japon d’intervenir auprès de Pyongyang pour éviter toute escalade du conflit. S’ils refusent d’évoquer une intervention militaire, les Etats-Unis ont réaffirmé leur attachement à la sécurité de la Corée du Sud.
Barack Obama a notamment réitéré le soutien “inébranlable” de Washington à Séoul et est convenu avec son homologue sud-coréen Lee Myung-Bak de lancer les manoeuvres militaires défensives conjointes, prévues de longue date, dans “les jours prochains”. Le porte-avions nucléaire USS George Washington, qui transporte 75 appareils de combat et plus de 6.000 membres d’équipage, a ainsi quitté Tokyo mercredi matin pour se rendre en Mer Jaune.
L’attaque d’une île sud-coréenne par Pyongyang intervient à un moment significatif.
Derrière le grave incident qui a opposé les deux Corée sur l’île de Yeonpyeong, la première agression territoriale depuis 1953 (la précédente, en mars 2010 était navale et avait fait 46 victimes), surgit une fois encore le spectre du régime apocalyptique de Pyongyang.
Le moment choisi pour cette attaque semble particulièrement significatif. D’abord, parce qu’il se situe quelques jours après le G20 de Séoul qui, indépendamment de ses résultats insignifiants sur l’économie mondiale, marque un beau succès pour la Corée du sud, confirme les performances économiques de ce pays et son intégration très réussie dans le système international (rappelons que Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU est également sud-coréen). Frapper un grand coup est un moyen pour Pyongyang de rappeler à Séoul son existence à travers sa capacité de nuisance hautement effective.
Ensuite, l’agression est intervenue deux jours après la révélation par un universitaire américain, Siegfried Hecker, d’une usine “incroyablement moderne” de centrifugeuses destinées à produire de l’uranium enrichi en Corée du nord. Annonce qui coïncide avec la visite de l’envoyé spécial américain pour la Corée du nord, Stephen Bosworth, à Pékin qui assume pleinement son statut d’allié indéfectible de Pyongyang.
Le choc voulu à Yeonpyeong vise à provoquer par la force une reprise des discussions sur le nucléaire nord-coréen, alors même que Pyongyang a claqué la porte des négociations l’an dernier, en 2009, pour gagner du temps et poursuivre son programme de centrifugeuses. Ici surgit une divergence fondamentale au sein du groupe des 6 (Corée du nord, Corée du sud, Chine, Russie, Japon, Etats-Unis): la Chine et la Corée du nord veulent reprendre les négociations tout de suite, sans préalable, alors que Washington et Séoul exigent au préalable des signes de bonne volonté tangibles et un arrêt total des programmes à risque militaire.
Pour preuve du caractère intentionnel et tactique de l’agression nord-coréenne, Pékin a estimé que la reprise des pourparlers était “impérative”, ce qui montre bien le sens de la manoeuvre conjointe sino-nord-coréenne. Dans des systèmes totalitaires comme ceux de Pékin et de Pyongyang, la croyance dans les vieilles règles du bloc communiste est encore très forte; notamment la certitude qu’il faut arriver à la table des négociations en position de force, c’est à dire après avoir ouvertement montré sa puissance par une démonstration militaire.
Enfin, et surtout, ce fait de guerre s’est produit dans une phase très critique pour le régime nord-coréen qui, de toute évidence, est prêt à tout pour assurer sa sauvegarde…
“Répliquer au centuple”
Le nouveau ministre de la Défense de la Corée du Sud, Kim Kwan-Jin, ancien chef d’état-major des armées, nommé vendredi pour “répondre rapidement et fermement à la situation de crise” avec la Corée du Nord, préconise de répliquer “au centuple” en cas d’agression armée de Pyongyang, a rapporté samedi un journal.
Selon Pierre Jovanovic : “à chaque fois que le dollar menace d’exploser, youpi, le dingo de Pyongniang menace de faire la guerre. Etrange, n’est-il pas ?”http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/la-coree-du-nord-un-regime-apocalyptique_940022.html
http://lci.tf1.fr/monde/asie/2010-11/coree-du-sud-nouvelles-victimes-sur-l-ile-bombardee-par-le-nord-6161628.html
http://fr.news.yahoo.com/80/20101123/twl-la-core-du-nord-bombarde-une-le-sud-554568f.html