un petit livre où une américaine, travaillant à l'origine pour des programmes de médecine préventive et sociale, plonge dans la vie et la société des aborigènes d'Australie. Un récit initiatique plein de bon sens et de point de vue originaux sur la sagesse, où l'on retrouve le sens du sacré avec simplicité.
Extrait :
"...un des hommes me demanda s'il était vrai que des personnes peuvent vivre toute une existence sans jamais connaître leurs talents naturels. Je du admettre que j'avais des patients très déprimés qui avaient l'impression que leur vie s'écoulait malgré eux.Oui, ils me fallait admettre que les Mutants (=Occidentaux) ne pensent pas posséder un talent inné et qu'ils ne réfléchissent au but de leur vie qu'au moment où la mort approche. Des larmes lui montèrent aux yeux et il hocha la tête avec incrédulité. Une pareille chose était bien difficile à croire.
-Comment les Mutants ne voient-ils pas que, si mon chant rend une personne heureuse, je fais du bon travail ? Quand tu aides quelqu'un, tu fais du bon travail.
Je lui demandais s'il avait déjà entendu parler de Jésus.
-Bien sûr, me répondit-il.Les missionnaires enseignaient que Jésus était le fils de Dieu. Notre frère aîné. L'Unité divine sous la forme humaine. Il est l'objet de la plus profonde vénération.L'Un est venu sur Terre il y a très longtemps pour expliquer aux Mutants comment vivre, puisqu'ils l'avaient oublié.
Jésus n'est pas venu auprès du Vrai Peuple (=les aborigènes). Il aurait pu, nous étions là, mais ce n'était pas notre message.Le message ne s'adressait pas à nous parce que nous ne l'avions pas oublié, nous vivions déjà Sa vérité.
Pour nous, l'unité divine n'est pas une forme. Les Mutants sont des drogués de la forme. Ils ne peuvent accepter quelque chose d'invisible et d'impalpable.Pour nous, Dieu, Jésus, l'Un, ce n'est pas une essence qui baigne les choses ou est présente à l'intérieur des choses.C'est toute chose !
Pour les membres de la tribu, la vie est mouvement, progression, changement. Ils parlent d'un temps vivant et d'un temps non vivant.
Les gens ne sont pas vivants quand ils sont en colère, dépressifs, quand ils s'apitoient sur eux-mêmes ou sont hantés par la peur. Tous les gens qui respirent ne sont donc pas vivants : le fait de respirer avertit simplement que le corps ne doit pas être mis en terre !
C'est bien d'exprimer des émotions négatives pour vérifier ce qu'on éprouve, mais il n'est pas sage d'en rester là.
Quand l'âme habite une forme humaine , on joue- pour voir ce que c'est d'être heureux ou triste, jaloux ou reconnaissant.
Mais on est supposé retirer un enseignement de ces expériences pour finalement savoir discerner souffrance et bien-être.
Nous parlâmes ensuite de jeux et de sport. Je leur racontai qu'aux états-unis, nous nous intéressons beaucoup aux évènements sportifs et que nos joueurs de ballons sont mieux payés que nos instituteurs.
Je leur proposai un jeu : je leur demandai de se mettre en ligne, puis de partir en courant le plus vite possible.Celui qui courait le plus vite serait le vainqueur.Mes compagnons braquèrent sur moi leurs beaux yeux noirs, puis s'entre-regardèrent.
Finalement, quelqu'un dit :
-
Mais, si quelqu'un gagne, tous les autres perdent. Ce n'est pas amusant.Les jeux doivent être amusants. Comment peux-tu soumettre quelqu'un à une pareille épreuve pour, après, s'il perd, essayer de le convaincre qu'il est un battant ? C'est difficile à comprendre. Ca fonctionne, chez toi ?
Je souris et fit non de la tête."