Messages : 1103 Date d'inscription : 28/12/2012 Age : 43
Sujet: L'Orchestre Noir - Fabrizio Calvi et Frédéric Laurent. ( 1997 ) Jeu 24 Oct 2013 - 2:57
Ce film tourné en 1997 représente une somme d'investigations sur vingt ans (entre 1974 et 1977, puis entre 1992 et 1996) sur les attentats qui eurent lieu en Italie à la fin des années 60, et plus particulièrement sur celui du 12 décembre 1969, Piazza Fontana, à Milan. C'est l'époque où, en Italie, un changement social paraît possible. Les manifestations sont quotidiennes, 1968 ne semble pas s'être arrêté. Cet attentat à Milan, qui fait de très nombreuses victimes, choque l'opinion publique. L'enquête de la police s'oriente presque immédiatement vers les anarchistes, selon les directives des services secrets italiens. C'est l'histoire d'une machination incroyable qu'un scénariste de fiction n'aurait jamais pu imaginer, qui a été patiemment et méticuleusement reconstitué. En fait, des agents de la CIA, ceux-là mêmes qui recrutèrent Klaus Barbie enAmérique du Sud, ont créé en Italie un réseau occulte paramilitaire, Gladio, pour prévenir la montée du communisme et assurer la sécurité du monde « libre »... Ce réseau est constitué de hauts gradés militaires italiens formés à l'époque de Mussolini, de politiciens de droite, de membres des services secrets, de la loge P2, de l'OTAN, du groupe fasciste Ordine Nuovo ; ils collaborent avec des anciens officiers français de l'OAS et sont conseillés par les colonels grecs inspirés par le coup d'État de 1967.Un documentaire plus que salutaire qui démontre que ceux-là même qui dénonçaient l'insécurité et étaient chargés de la protection de la population commettaient des attentats et organisaient des massacres...
Film documentaire de Fabrizio Calvi et Frédéric Laurent réalisé par Jean-Michel Meurice --1997. Le pouvoir d'état n'est-il pas le premier instigateur du terrorisme qu'il est censé combattre ? C'est la question que pose ce classique du cinéma d'investigation. Sans jamais verser dans la théorie du complot, « L'orchestre noir » mène patiemment son enquête sur les attentats qui ont frappé l'Italie à la fin des années 60 et plus particulièrement sur le massacre de Piazza Fontana, provoqué par l'explosion d'une bombe au siège de la banque de l'agriculture à Milan, qui tue 17 personnes et en blesse 88. A cette époque, la contestation sociale est à son apogée et l'attentat de Piazza Fontana marque un tournant : en choquant l'opinion publique, il inaugure les « années de plomb » et substitue à la perspective du changement social, la crainte de la violence politique aveugle. L'enquête de police, manipulée par les services secrets italiens, s'oriente rapidement et à tort sur une piste « anarchiste ». Pourtant, dès le début, les services de renseignements savent que des activistes d'extrême droite sont impliqués dans l'attentat. Et pour cause, depuis plusieurs années déjà, les américains, via la CIA et l'OTAN, s'appuient sur les fascistes italiens pour prévenir la montée du communisme. Ils entretiennent de multiples réseaux occultes, dont le plus célèbre est le réseau paramilitaire « Gladio » qui regroupe des militaires italiens, des politiciens, des membres des services secrets, de la loge P2, de l'OTAN, et du groupe fasciste Ordine Nuovo. Ces réseaux, qui nouent des relations étroites avec les anciens officiers français de l'OAS, infiltrent les groupes gauchistes, mènent des actions violentes et sont tentés par un coup d'état militaire qui porterait à la tête de l'Italie une dictature semblable à celle instaurée avec l'assentiment des Etats-Unis par les colonels grecs en 1967. Cette tentation se révèle notamment en 1970 dans le coup d'état avorté du « prince noir », Valerio Borghèse, fondateur du « Fronte nazionale ». Mais ces manœuvres secrètes sont compliquées par le trouble jeu de la démocratie chrétienne italienne, qui dans le cadre de la « stratégie de la tension », instrumentalise dangereusement les groupes d'extrême droite pour raffermir son pouvoir, discréditer la gauche et apparaître comme la seule force capable de rétablir l'ordre. La partition de cet abominable orchestre n'est pas encore totalement déchiffrée, mais son thème principal est aisé à identifier : tuer des innocents pour distiller la peur et anéantir la lutte contre l'exploitation.
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