Le CSA encore plus sévère contre les dérives de l'information
Face à la dérive de certaines chaînes de télévisions dans le traitement de l'information, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) monte au créneau en exigeant, pour la première fois, la lecture systématique d'un communiqué à l'antenne rectifiant leurs erreurs.
Premiers "condamnés", TF1 et Canal+ se voient reprocher par le CSA plusieurs manquements à la rigueur de l'information. Les deux contrevenants devront donc lire un communiqué précisant les faits dans un délai de huit jours, "au cours de l'émission pour laquelle le manquement a été constaté", stipule le CSA. Un courrier a été adressé mardi 9 mars aux deux chaînes concernées.
Trois erreurs sont imputées à TF1, dont une pointée le 3 avril 2009 dans le journal télévisé de 20 heures avec la diffusion d'un reportage sur le projet de loi Hadopi accompagné d'images de l'hémicycle de l'Assemblée nationale plein, alors que seuls seize députés étaient présents. Le CSA sanctionne Canal+ pour un sujet de "Dimanche Plus" du 18 octobre 2009 sur l'élection du président de l'EPAD (établissement public d'aménagement de la Défense), diffusé avec des images provenant d'un site Internet sans rapport avec l'élection.
"NI UN COUP DE TÊTE NI UN COUP DE SANG"
Le directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer, a aussitôt qualifié la sanction d"'étonnante, choquante et disproportionnée". Pour lui, cette sanction "créée un précédent unique dans les médias". "Elle remet en cause la capacité d'un diffuseur à se comporter en média responsable et à faire de lui-même et à chaud les rectificatifs nécessaires", a-t-il déclaré.
"Nous avons déjà corrigé spontanément notre erreur très clairement auprès de nos téléspectateurs dans l'émission suivante, exactement à la même heure et au même emplacement que l'erreur a été commise", a expliqué M. Belmer. "Nous avons même produit une démonstration avec la bonne séquence et la séquence falsifiée côte à côte pour que les gens voient l'erreur", a-t-il souligné. Le texte du CSA ne pourra toutefois être lu dans les émissions des deux dimanches à venir, supprimées en raison des élections régionales.
Pour Rachid Arhab, conseiller au CSA, qui préside un groupe de travail sur la déontologie, cette sanction "n'est ni un coup de tête ni un coup de sang". "C'est une première qui a un sens", relève-t-il, elle repose sur "un constat très négatif": soixante-seize dossiers de manquement à l'obligation de rigueur ont été traités en 2009 contre trente-cinq en 2008.
Les principaux manquements concernent l'utilisation sans vérification d'images mises en ligne sur Internet, l'annonce erronée de morts, le manque de rigueur dans la présentation de certaines informations, des atteintes au droit à l'image. "On ne veut pas se contenter de distribuer des contraventions qui finissent dans le caniveau. On a rangé le carnet à souche", note encore Rachid Arhab. Le CSA propose donc à l'ensemble des responsables des chaînes de télévision et de radios "de s'asseoir autour d'une table dans les prochaines semaines et de réfléchir" à la question.
Source : http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2010/03/09/le-csa-encore-plus-severe-contre-les-derives-de-l-information_1316904_3236.html#xtor=RSS-3208