France : Les dépenses de l'Etat gelées pour 3 ans (Fillon)
Face au déficit public, l'Etat est bien décidé à se serrer la ceinture. C'est en substance ce qu'a annoncé François Fillon dans un communiqué à l'issue d'un séminaire gouvernemental consacré à la lutte contre le déficit public. "Pour les trois années à venir, il a confirmé que les dépenses de l'Etat, hors charges d'intérêt de la dette et hors dépenses de pensions, seront gelées en valeur", indique le communiqué publié par Matignon.Précédemment, les dépenses de l'Etat n'augmentaient pas plus que l'inflation (norme "zéro volume") chaque année. Le gel "en valeur", c'est-à-dire le gel strict des dépenses, à leur montant actuel signifie donc que désormais le "pouvoir d'achat" de l'Etat ne suit plus l'inflation. Il sera au contraire réduit d'autant que l'inflation augmente chaque année.
"Les dépenses de fonctionnement courant de l'Etat diminueront de 10 % en trois ans, avec une baisse de 5 % dès 2011. Un effort de productivité de même ampleur sera demandé aux opérateurs de l'Etat", ajoute-t-il. L'objectif réaffirmé est de ramener le déficit public à un taux inférieur à 3 % du PIB en 2013, conformément au plan de redressement transmis à Bruxelles. Pour cela, la politique de non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux sera poursuivie dans la fonction publique. L'ensemble des dépenses d'intervention, qui regroupent essentiellement des aides économiques (à la construction de logements…), des aides à l'emploi (contrats aidés…) et des aides sociales (aide au logement, allocation adulte handicapé…), seront soumises à "un réexamen", avertit aussi le premier ministre. François Fillon a rappelé par ailleurs la nécessité de réduire les niches fiscales et sociales, avec l'objectif d'adopter d'ici la fin de l'année un programme de 5 milliards d'euros d'économies sur deux ans.
"IL FAUDRA FAIRE DES ÉCONOMIES DANS TOUS LES SECTEURS"
Avant de se rendre au séminaire de préparation des budgets 2011 et 2012, Philippe Marini (UMP), rapporteur général de la commission des finances au Sénat, avait estimé qu'il "faudra faire des économies dans tous les secteurs" dans le prochain budget de la France. "Chaque euro dépensé par l'Etat peut être remis en cause en fonction de son efficacité, a-t-il déclaré. […] C'est un problème global et de confiance dans les finances publiques."
"Le premier ministre prend ses responsabilités : à situation difficile, décisions difficiles", s'est-il félicité. M. Fillon "entend que les finances publiques doivent être rendues conformes à nos engagements européens, on ne peut pas dépenser l'argent qu'on n'a pas, continuer à s'endetter et risquer de perdre notre indépendance demain", a-t-il poursuivi. "C'est un langage de responsabilité et s'il ne le faisait pas, ce serait beaucoup plus anxiogène", a-t-il encore dit.
Alors que la crise grecque menace de gagner les autres pays fragiles de l'Europe, Portugal et Espagne en tête, François Fillon "a rappelé l'importance du prochain budget triennal pour assurer la crédibilité de notre stratégie de redressement des comptes publics", observée à la loupe par les agences de notation. Le chef du gouvernement adressera dans les prochains jours une lettre de cadrage à chaque ministre pour détailler les pistes évoquées jeudi lors du séminaire gouvernemental.
Source : http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/05/06/les-depenses-de-l-etat-gelees-pour-trois-ans_1347666_3234.html#ens_id=1170028&xtor=RSS-3208