Un magistrat compare la police à la Gestapo
Michèle Alliot-Marie menace de sanctions. Mais l’USM, premier syndicat des magistrats, dénonce un “deux poids deux mesures”, rappelant de précédentes attaques de policiers.
Le ministère de la Justice est en émoi après des propos, tenus par un magistrat et rapportés dans la presse, comparant la police française à la Gestapo. La ministre “Michèle Alliot-Marie a ordonné une enquête administrative, confiée à l’inspection générale des services judiciaires, sur les propos prêtés à un magistrat du parquet de Bobigny à l’audience du 4, et ce afin d’envisager une éventuelle saisine du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) en matière disciplinaire”, a déclaré Guillaume Didier, porte-parole du ministère de la Justice, vendredi 5 novembre.
“La police française, ça ressemble un peu à la Gestapo dans ce dossier”, a déclaré jeudi un substitut du procureur, dans ses réquisitions au procès de sept policiers poursuivis pour dénonciation calomnieuse. Ces propos ont déclenché la colère de policiers dans la salle.
Manifestement, on veut privilégier les policiers”
L’USM (Union syndicale des magistrats) a critiqué l’ouverture d’une enquête. “Je trouve un peu fort de café qu’on engage une procédure pré-disciplinaire contre un magistrat parce que des policiers ne sont pas contents, alors même qu’il y a deux mois, les policiers se sont livrés à des attaques scandaleuses contre les magistrats et que personne n’a rien dit”, a déclaré son président Christophe Régnard.
Pour lui, “c’est le deux poids deux mesures en permanence et, manifestement, on veut privilégier les policiers”. “Est-ce qu’il y a toujours un ministre de la Justice dans notre pays, qui défend les magistrats?”, s’est-il interrogé.
“Que le mot utilisé soit peu adapté, je ne sais pas, il faudrait voir comment il a été prononcé” en remettant le réquisitoire dans son contexte, a estimé Christophe Régnard. Ce procès visait des “policiers qui, pour éviter d’avoir des problèmes, ont accusé des gens innocents”, a-t-il dit.
Début septembre, certains syndicats de policiers avaient parlé de “forfaiture” à propos de la remise en liberté par un juge d’un auteur présumé du braquage du casino d’Uriage-les-Bains, dans l’Isère. “Notre ministre n’avait rien dit, elle ne voulait pas ‘envenimer la polémique’”, a rappelé Christophe Régnard. “Ca commence à bien faire”, a-t-il conclu.
Des policiers accusés de mensongesDe son côté, la procureure de la République de Bobigny, Sylvie Moisson, a réagi dans un communiqué dans la soirée de jeudi, expliquant qu’elle “(s’attacherait) à faire toute la lumière sur les propos qui auraient été tenus à l’égard de la police française par son substitut à l’audience”.
“Les propos rapportés par la presse nécessitent non seulement d’être vérifiés mais aussi de rechercher une explication sur un tel comportement qui, s’il était avéré, serait totalement inhabituel de la part des magistrats de Bobigny”, a ajouté Sylvie Moisson.
Le substitut avait requis trois à six mois de prison avec sursis à l’encontre des sept policiers, poursuivis pour avoir menti et accusé à tort un homme, afin d’expliquer une course-poursuite au cours de laquelle l’un d’eux avait été blessé. Trois sont également poursuivis pour violence.
(NouvelObs.com avec AFP)
Source : http://www.futurquantique.org/?p=13918#more-13918