un autre article complet (désolé pas moyen de mettre le texte en blanc)
http://sciencepourvousetmoi.blogs.sciencesetavenir.fr/archive/2011/05/12/fukushima-suite-36-accident-maximal-dans-le-reacteur-n-1.html
12.05.2011
FUKUSHIMA (suite 36) Accident maximal dans le réacteur n°1
On
s’en doutait depuis longtemps, mais voir la chose admise par
l’opérateur TEPCO de la centrale Fukushima fait un effet sidérant : le cœur fondu du réacteur n°1 a percé sa cuve en de multiples endroits ! Ou pour le dire avec les circonvolutions de l’opérateur : « des trous ont été créés par le combustible nucléaire fondu au fond de la cuve du réacteur n°1 » (1). C’est, en clair, l’accident maximal pour un réacteur de ce type.
L’enceinte ultime, autrement dit la cuve pressurisée dans laquelle est
enfermé le combustible nucléaire, cuve censée être le dernier rempart
contre l’émission de radioactivité vers l’extérieur, est rompue !
Selon l’agence de presse Kyodo news, TEPCO a déclaré « avoir trouvé de multiples trous sur plusieurs centimètres dans de la tuyauterie soudée ».
Une situation qui n’étonne pas plus que cela un spécialiste de la
soudure qui nous avait dit à quel point il redoutait le phénomène. Il
nous a expliqué, ce dont nous le remercions, pourquoi il appréhendait
depuis le début ce genre de problème majeur : « les 4 réacteurs et les appareillages environnants vont se retrouver à l'état de passoires ! » pronostiquait-il. En effet, il s’inquiétait de la réaction des métaux de la cuve – et des diverses tuyauteries-
quand ils sont soumis aux très hautes températures dues à la fonte du
réacteur, mais aussi quand - ce qui fut le cas- ils sont soumis à une
corrosion intense (due au sel qui fut injecté quand l’eau de mer a été
employée pour le refroidissement).
En
particulier, il avait attiré notre attention sur la fragilité des
aciers inoxydables utilisés à la centrale de Fukushima. Ce spécialiste
ne voyait pas comment l’inox employé à Fukushima (le 304L selon la terminologie des spécialistes (2)) allait pouvoir résister, notamment dans le « cuvelage du réacteur lui-même. Les fissures, elles sont en train de courir ! » assurait-il. C'est un problème archi-connu (et redouté !) par tous les chaudronniers du monde ». Et de préciser que « le seul inox qui tient le coup (904L (3)) n'a
connu qu'un réel essor qu'après 1995, dans l'industrie en général, avec
une petite entrée dans le nucléaire, qui ne peut pas facilement
intégrer ces nouveaux matériaux. Les études métallurgiques sont très
poussées et demandent du temps ».
Le
problème est d’autant plus inquiétant que cet inox se retrouve aussi
ailleurs dans la centrale, notamment dans les casiers des assemblages
de combustibles (dans les piscines qui ont été dramatiquement
endommagées – en particulier dans les unités 3 et 4 mais encore
ailleurs (soufflets de dilatation qui enserrent le tore de l’enceinte
de confinement, matériau des tiges de contrôle cruciformes etc.)
Comme si cela ne suffisait pas, on avait appris dès hier par une dépêche (Reuters) venant de Tokyo qu’un nouvel écoulement d’eau radioactive vers l'océan avait « peut-être été décelé », en provenance « du réacteur n°3 ».
Annonce étonnante, sachant que l’eau très contaminée qui s’était
déversée il y a plusieurs semaines dans l’océan venait alors d'un autre
réacteur, le n°2 (dont l’enceinte de confinement a manifestement été
fissurée très tôt dans la catastrophe lors d’une explosion non vue en
images).
En résumé, à l’heure qu’il est, on
se demande si tous les réacteurs (pas seulement le n°1 mais peut-être
aussi les n°2 et N°3) ne sont pas en train de « tomber en miettes »
- leurs structures métalliques étant de plus en plus défaillantes,
après que les structures en béton ont été ébranlées et fissurées lors
des explosions qui ont eu lieu dès les premiers jours de la
catastrophe. On se demande aussi comment une unité de refroidissement,
telle que celle envisagée par Areva (4) pourra bien
être raccordée à ces structures vacillantes. Il y a dix jours, en
effet, l’entreprise française, par la voix de Thierry Varet, son
directeur technique ( BU valorisation AREVA), expliquait vouloir
décontaminer l’eau (5) qui a abondamment servi à refroidir les
réacteurs et les piscines et installer un circuit fermé pour la
ré-utiliser. Comment faire un circuit fermé avec une (des) cuve(s) de
réacteur transformée(s) en passoire ? Surtout,
comment s’approcher de ces lieux extrêmement radioactifs – vu la non
étanchéité de l’ensemble - pour éventuellement « reboucher » les
trous ? Qui va s’approcher ?
Deux
mois après la catastrophe, on se demande encore autre chose : pendant
combien de mois (d’années ?) va-t-il falloir continuer à refroidir les
lieux, accumulant toujours plus d’eau contaminée. Cela signifie-t-il
qu’il va falloir rejeter à nouveau celle-ci « volontairement » dans
l’océan, comme cela a été fait pour plus de 10 000 tonnes (eau dite
alors « faiblement contaminée ») il y a quelques semaines ? C’est un
véritable cauchemar qui continue.
1) http://english.kyodonews.jp/news/2011/05/90715.html
2)
Cet inox (dit austénitique) de résiste pas aux ions chlorure du sel (le
sel a pour formule chimique Na Cl ou chlorure de sodium )
3) Le "DUPLEX" (904L) : un « austéno-ferritique », mélange de deux structures cristallines.
4) )http://www.newscastwire.com/fr/org/areva?event=175
5)
On ne sait pas exactement combien de dizaines de milliers de tonnes
(90 000 ? 100 000 ?) d’eau doivent actuellement être décontaminées, en
coagulant les particules radioactives de façon à les séparer de l’eau
ainsi « purifiée ». Eau qui ensuite pourrait être ré-utilisée