«Et Zorro est arrivé...»Pour les éditorialistes, Nicolas Sarkozy est entré un peu plus en campagne avec son intervention télévisée jeudi...
Sous les habits d'un «président-protecteur» face à la crise, Nicolas Sarkozy est entré un peu plus en campagne jeudi soir à la télévision, avec ce message à destination des électeurs de la présidentielle: «c'est moi ou la crise», estiment les éditorialistes ce vendredi.
Venu expliquer les décisions du sommet tenu la veille à Bruxelles sur la crise de la dette grecque, «à six mois de l’élection présidentielle, et quoi qu’il lui en coûte, le président a choisi de ne pas déguiser la réalité aux Français», commente Paul-Henri du Limbert dans Le Figaro.
Dans La République du Centre, Jacques Camus a retenu que «le Nicolas Sarkozy qui assénait autrefois ses vérités, s’est mué hier soir en pédagogue cherchant à convaincre sans forfanterie inutile».
Homme politique en campagne
Analyse moins flatteuse de la part du directeur de L'Humanité, Patrick Le Hyaric, qui estime que «les dirigeants européens, au premier rang desquels M. Sarkozy et Mme Merkel, tentent de nous faire croire qu'ils sauvent l'Europe. En fait, ils viennent au secours des ogres de la finance».
La plupart des éditorialistes ont surtout observé un président désormais clairement lancé dans la course à sa réélection. «Dans une émission de télévision taillée sur mesure, Nicolas Sarkozy a fait face avec l’habileté d’un homme politique en campagne qui sait que l’adversité et le gros temps forgent les caractères et surtout les statures», écrit Vincent Giret dans Libération.
Pour Michel Urvoy dans Ouest-France, «le chef de l'Etat lie, sans l'avouer, son redressement personnel à celui de l'Europe» et «rappelle, avec humilité et application, qu'il tient la barre dans la tempête».
Dans La Montagne, Xavier Panon a assisté à «un quadruple numéro» élyséen, «à la fois pédagogue de la crise, procureur de ses prédécesseurs, avocat de son quinquennat et de ses réformes, et enfin candidat».
Super président ou Zorro
«En se gardant bien de le dire, il est entré, à petits pas feutrés, en campagne électorale. Répétant à l'envi qu'il n'y avait pas d'autre choix. C'est moi ou la crise», estime Jean-Claude Soulery de La Dépêche du Midi.
« Et Zorro est arrivé aurait pu dire Henri Salvador s'il avait vu hier soir Nicolas Sarkozy se peignant en Superman à côté de la Wonderwoman Merkel», ironise Jean-Marcel Bouguereau dans La République des Pyrénées.
«C'est donc en Bayard auto-proclamé ayant ferraillé pour vaincre la crise financière mondiale avant d'affronter la dette nationale, qu'est apparu hier soir le chevalier sans peur et sans reproche Sarkozy», s'amuse également Jacques Guyon dans La Charente libre.
Politique combattif
«Malgré ses dénégations, il est plus que jamais candidat à sa propre succession car il aura rarement montré autant d'acharnement à prouver qu'il était l'homme de la situation», ajoute Philippe Waucampt du Républicain lorrain.
«A six mois de la présidentielle, le chef de l’Etat a voulu donner de lui, l’image d’un politique combatif. Expérimenté. Celle d’un président protecteur, capable de mettre à l’abri la France et l’Europe», résume François Martin dans le Midi libre.
Source : http://www.wikistrike.com/article-intervention-televisuelle-de-sarkozy-et-zorro-est-arrive-87422376.html
Dix doigts, dix leçonsAnnonçant un nouveau plan d’économies et une croissance en berne (1 % en 2012, soit 6 à 8 milliards d’euros d’économies supplémentaires), il s’est placé en président au travail, faisant une précision inédite sur son entrée en campagne : « Le débat sur ma candidature sera tranché fin février, début mars. »
1. « Accepter la Grèce dans l’euro a été une erreur »Nicolas Sarkozy a d’emblée affirmé qu’il fallait soutenir la Grêce, car sinon « c’est la totalité de la zone euro qui risquait en cascade d’être emportée ». Mais il a ensuite donné des précisions importantes sur sa vision de l’Europe : « Ni Mme Merkel ni moi n’étions en fonction lorsqu’on a décidé de faire rentrer la Grèce dans l’euro (en 2001, ndlr) (…) Ce fut une erreur », a-t-il dit. Plus tard, critiquant les institutions européennes, il a plaidé pour « plus d’intégration économique au sein de la zone euro », mais moins d’intégration politique dans l’Europe des 27.
2.Les 35 heures et les retraites, « erreurs » socialistes dénoncées sans relâche NicolasSarkozy n’a eu de cesse d’imputer les difficultés actuelles de la France à des “erreurs” passées : « Quand en 1983 on a expliqué aux Français qu’on pouvait passer à la retraite à 60 ans les Allemands eux faisaient l’inverse (…) et quand en France on a fait les 35 heures, M. Schroeder, pourtant socialiste, faisait l’inverse… » a lancé le chef de l’Etat, revenant à plusieurs reprises sur ces deux points. Une réthorique qu’il emploie volontiers lors de ses déplacements en France.
3.Il faut de nouveau encadrer les banques et « bonus » des traders »Le chef de l’Etat n’a pas hésité non plus à critiquer ouvertement les banques, affirmant qu’en 2008, elles ont « fait n’importe quoi », notamment en investissant dans les subprimes. Il a repris la rhétorique développée dans son discours de Toulon en 2008 sur l’encadrement de la finance et des banques : il a promis que « les bonus et les rémunérations des traders rentrent enfin dans des pratiques normales », d’ici l’été 2012. Nous avons demandé aux banques que la « quasi-totalité de leurs fonds propres servent à l’augmentation de leurs fonds propres plutôt qu’à la rémunération de leurs actionnaires », a-t-il dit, sans préciser comment mettre en œuvre ce volontarisme politique.
4. Il faut de la « gestion rigoureuse » mais pas de « rigueur »Il y a une « différence » entre ces deux concepts, a plaidé M. Sarkozy, en référence aux plans de rigueur avec réduction des dépenses publiques dans d’autres pays. « La preuve c’est que nous n’avons pas connu les manifestations de nos voisins… », a-t-il dit, en référence aux « indignés ». « Il ne faut pas passer de l’insouciance à la déprime totale », a-t-il plaidé, cherchant à dessiner un chemin médian, n’assumant ni la rigueur ni la poursuite des déficits.
5.L’Allemagne reste le modèle avec qui « converger »La convergence avec l’Allemagne a été évoquée plusieurs fois. M.Sarkozy jugeant par exemple : « Ça n’a pas de sens que nous ayons pas les mêmes taux d’imposition avec l’Allemagne. » Le rapprochement fiscal avec l’Allemagne a déjà fait l’objet d’une étude en 2010, mais le chef de l’Etat a détaillé les autres points de convergence : « L’impôt sur le bénéfice des sociétés, la TVA, des échanges d’informations, une fiscalité du patrimoine qui soit la même. »
6. Il faut refuser la « démondialisation » mais chercher « la réciprocité »Nicolas Sarkozy a une fois de plus cherché une voie médiane : il a jugé que « la question des bannières douanières n’a aucun sens », et critiqué la « démondialisation » mais il a aussi critiqué la mondialisation, dénoncée par Arnaud Montebourg, Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen. Il a notamment plaidé pour la « réciprocité » dans les échanges internationaux, rappelant Martine Aubry qui parlait de « juste échange ». Il a surtout évoqué, sans l’appeler ainsi, une forme de TVA pour réguler les « importations » qui ne respecteraient pas les normes européennes, un concept ressemblant à la « TVA sociale ». Un sujet qui sera « sur la table » en 2012.
7. Il faudra « 6 à 8 milliards d’économies » supplémentaires en 2012L’une des principales annonces de la soirée aura été l’officialisation par M. Sarkozy de la révision de la croissance et d’un nouveau plan d’économies. Prévue à 1,75 %, elle est révisée à 1 %, ce qui implique « 6 à 8 milliards d’euros » de moins dans le budget 2012.
Toutefois M. Sarkozy a exclu une augmentation « généralisée » de la TVA qui « pèserait sur le pouvoir d’achat », n’excluant pas une hausse ciblée. Nicolas Sarkozy a par ailleurs martelé qu’il n’avait “pas été élu pour augmenter les impôts”,ce qui pose question, la pression fiscale ayant bel et bien augmenté sous son mandat.
8. Les fonctionnaires sont plus « protégés » que les autresNicolas Sarkozy a, comme déjà récemment, distingué travailleurs du public et du privé : « Quand on est ouvrier et qu’il y a du chômage partiel, le salaire est impacté par la crise, dire ça ce n’est pas insulter les fonctionnaires (…) » Dans notre pays on a trop souvent cédé à la rue », a-t-il ajouté.
« Il faut moins de fonctionnaires mais mieux payés », a lancé le président, reprenant un axe déjà utilisé de longue date. Et il a taclé une proposition de François Hollande : « Quand j’entends dire qu’il faudra embaucher 60.000 enseignants de plus, mais où est-ce qu’on va trouver l’argent ? »
9. L’affaire Karachi, c’est de la « calomnie »Interrogé sur l’affaire Karachi, qui éclabousse plusieurs de ses proches, et sur les soupçons de financement illicite pendant la campagne présidentielle de 1995, le chef de l’Etat a répondu froidement, acceptant la « transparence » mais pas la « calomnie » : « Cela fait bientôt 17 ans, est-ce-que vous imaginez que s’il y avait quoi que ce soit à reprocher à M. Balladur, on ne l’aurait pas trouvé en 17 ans ? », a-t-il demandé, avant de répéter son « soutien » à son « ami » Nicolas Bazire, ancien premier ministre de M. Balladur et mis en examen. « Naturellement il ne sortira rien de cela et tout le monde le sait », a-t-il dit.
10. « Tous les candidats du système ont été battus »Sur les affaires puis dans sa conclusion, Nicolas Sarkozy a cherché à se poser en victime, notamment des médias. Il a lui-même cité l’affaire Clearstream, l’affaire Bettencourt et les soupçons de financement illicité de sa campagne ou les rumeurs sur son couple, comme autant d’atteintes le visant comme homme politique. Enfin, il a aussi cherché à se poser en outsider, comme s’il n’était pas sortant : « Avez-vous oublié que tous les candidats du système même quand je les ai soutenus, ont été battus ? » a-t-il demandé, avec une référence à Edouard Balladur.
Source : http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/10/27/les-10-lecons-de-l-intervention-de-nicolas-sarkozy_1595347_823448.html