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 [Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir

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akasha

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MessageSujet: [Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir   [Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir I_icon_minitimeDim 1 Oct 2017 - 22:23

Bonsoir mes amis flower
Le référendum juger illégal Par Madrid, aura tenu "toutes ses promesses". Et a été sévèrement réprimé par les autorités étatiques et faisant état de plus de 760 blessés ! Mais les autorités catalanes ne compte pas en rester-là et vont porté plainte en haut lieu, c'est à dire à la cour de justice internationale pour les heurts reportés en Catalogne. Les flics se sont souvent montré particulièrement brutal allant jusqu'à jeter des femmes dans des escaliers avant de les brutalisée ! D'ailleurs des observateurs britanniques compte eux aussi saisir le tribunal de justice international. Il faut dire que les principes élémentaire et fondamentaux de la démocratie viennent une fois de plus d'être bafoué ! Elle est belle la liberté en Union européenne ! Les journalistes ne se sont pas non plus montré très loquasse en matière de critique, ce que d'ailleurs Maduro ne c'est pas gêné de souligner à forte raison.
Akasha.



[Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir

[Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir Carte-espagne-catalunya

Les incidents qui ont émaillé le “referendum” sur l’indépendance de la Catalogne sont de très mauvais augure. On ne peut pas, sans une émotion et une légitime colère, voir des manifestants pacifiques agressés par les forces de police, qui ont fait plusieurs dizaines de blessés. On ne peut pas, non plus, rester insensible à la vue de ces urnes confisquées, ou jetées à terre par ces mêmes forces de police. Ces incidents ne peuvent que radicaliser encore plus la revendication d’indépendance, et ils témoignent d’une perte de légitimité du gouvernement de Madrid. Car, l’histoire, et en particulier celle du XXème siècle, pèsent sur les relations entre Madrid et Barcelone. On ne peut ici faire abstraction de la Guerre Civile et des années de répression du temps du Franquisme.

De l’autonomisme à l’indépendance

On peut se demander d’où vient cette revendication à l’indépendance. Car, au début des années 2000, les partisans de l’indépendance étaient clairement minoritaires. Il ne semble plus qu’il en soit ainsi. J’avais d’ailleurs organisé, le 19 septembre dernier, un débat dans l’émission que j’anime sur Radio-Sputnik entre Gracia Dorel-Ferré, historienne spécialiste de la Catalogne et Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) sur les questions ibériques (Amérique latine et Espagne)[1]. Ce dernier insistait sur le fait que les refus répétés du gouvernement central espagnol d’accorder à la Catalogne ce que le Pays Basque, voire la région de Valence, avaient obtenus avait conduit à une radicalisation du sentiment autonomiste en un véritable sentiment indépendantiste. Les manifestations monstres de ces dernières semaines, qui ont rassemblé plus d’un million de personne sur une population totale de 7,5 millions (l’équivalent serait donc une manifestation de plus de 9 millions de personnes en France), en témoignent.

La responsabilité du gouvernement de Madrid est donc très largement engagée. Elle l’est, bien entendu, dans les violences policières de ce dimanche 1er octobre. Mais elle l’est aussi, et sinon plus, par les différentes fin de non recevoir qui ont répondu aux demandes des autorités légalement élues de Barcelone. L’indépendance de la Catalogne, si elle survient, sera largement le produit des relents de franquisme du gouvernement Rajoy, comme l’a dit Mme Gracia Dorel-Ferré. Il aura été, par sa bêtise bornée et par sa brutalité, le véritable déclencheur de ce mouvement indépendantiste.

Le poids de l’histoire

La question du régionalisme, et en particulier du régionalisme Catalan, hante l’histoire de l’Espagne moderne. La Catalogne a représenté, avec la partie industrielle du Pays Basque, le point d’entrée de la modernité industrielle en Espagne depuis le XIXème siècle. La Catalogne est, aujourd’hui encore, certainement une des régions les plus dynamiques, et les plus riches de l’Espagne. Elle représente environ 20% du PIB de l’Espagne et elle connaît, que ce soit par ses exportations ou par le développement de son industrie touristique, un véritable dynamisme qui tranche avec celui des autres régions d’Espagne. Mais, surtout, les catalans considèrent qu’ils ont été maltraités par les gouvernements espagnols, et en particuliers par les gouvernements franquistes.

Il convient ici de rappeler que la question de l’indépendance de la Catalogne s’était déjà posée à la veille de la Guerre Civile[2]. Le président de la Généralité de Catalogne, Lluis Companys, décida en 1936 de rester dans le cadre de l’Espagne, alors républicaine, car cette dernière avait reconnu les droits des catalans. Durant la Guerre Civile, la Catalogne fut à la pointe de la résistance contre le franquisme et ses alliés, l’Allemagne Hitlérienne (que l’on se souvienne de la Légion Condor) et l’Italie Mussolinienne. Exilé en France après la défaite, il fut livré au régime franquiste par la Gestapo, torturé et exécuté le 15 octobre 1940 à la forteresse de Montjuic[3]. La Catalogne a payé d’un prix terrible son opposition au franquisme et a été dévastée par une répression sanguinaire.

La reconnaissance de la spécificité catalane a été tardive et date du retour à la démocratie. Mais, cette reconnaissance est fragile. Le « Parti Populaire », qui est censé représenter la droite dite « modérée » et qui abrite, en son sein, de nombreux nostalgiques du franquisme, n’a jamais réellement accepté de reconnaître cette spécificité. D’une manière générale, l’Espagne n’a pas exactement la même histoire de pays unitaire que la France. Des provinces, la Catalogne et le Pays Basque, ont des traditions indépendantistes bien ancrées.

[Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir A-01-Drapeau
Drapeau catalan

La constitutionnalité, la légitimité et la souveraineté

Le référendum de ce 1er octobre soulève alors de nombreuses questions. Il a été déclaré « illégal » par le tribunal constitutionnel espagnol. Mais, cela signifie simplement que le gouvernement de Madrid n’avait pas d’obligation de reconnaître ses résultats. Cela ne justifiait nullement l’ampleur et la brutalité de la répression.

Au-delà, se pose la question de sa légitimité et de ses relations avec la souveraineté populaire en Espagne. La souveraineté de l’Etat espagnol découle du compromis qui a été passé lors du processus de démocratisation, après la mort de Franco. Les Catalans sont fondés à penser que l’annulation de leur statut en 2010, une mesure qui a mis littéralement le feu aux poudres, remettait en cause ce compromis. Dès lors qu’il y a ce type de débat dans l’espace politique, la seule réponse est l’élection d’une assemblée constituante. Ce n’est certainement pas la répression, qui ne peut qu’aggraver les choses. Le refus d’une assemblée constituante, ou à tout le moins d’une commission constituante, fragilise la légitimité du pouvoir espagnol. Les violences de ce dimanche 1er octobre finissent de la détruire. Les images de ces manifestants pacifiques agressés et blessés feront, et ont d’ailleurs déjà fait, le tour de la planète.

La question de l’indépendance de la Catalogne a ainsi peu de choses à voir avec le droit constitutionnel, au point où nous en sommes. Elle est devenue une question essentiellement politique, car la souveraineté c’est aussi cela : le primat du politique sur la règle de droit. Nous sommes à l’évidence dans une situation d’extremum necessitatis. Seule une action politique peut aujourd’hui dénouer cette situation. Très clairement, on ne pourra longtemps encore refuser aux Catalans la tenue de ce référendum qu’ils exigent, et que Madrid a tout fait pour perturber. Seul un vote peut trancher la question de savoir si les catalans pensent encore avoir un avenir commun avec le reste de l’Espagne ou non. Mais, ce qui est clair, c’est que le comportement de Madrid rend aujourd’hui toujours plus difficile la constitution d’un compromis acceptable.

La question n’est donc plus, aujourd’hui, de savoir si l’on soutient ou pas l’idée d’une Catalogne indépendante. La question est aujourd’hui de défendre la base même de la démocratie. Et pour cela, il faut un véritable référendum en Catalogne, dont toutes les parties s’engagent à reconnaître les résultats. C’est le seul antidote à une montée vers une nouvelle guerre civile. Que le gouvernement français ne l’ait pas compris montre la dégénérescence de l’esprit public chez le Premier ministre et le Président.

Notes

[1] https://fr.sputniknews.com/radio_sapir/201709191033122190-espagne-catalogne-independance/

[2] Alquézar, R., Esquerra Republicana de Catalunya: 70 anys d’història (1931-2001). Barcelona, Columna, 2002.

[3] Benet, J., Lluís Companys, presidente de Catalunya fusilado. Barcelona, Península, 2005

Source : Les Crises (Billet invité)
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akasha

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MessageSujet: Re: [Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir   [Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir I_icon_minitimeLun 2 Oct 2017 - 23:51

Bonsoir mes amis Very Happy
Une chose est sûr le cas catalan relance bien des débats qui jusque ici semblait entériné, d'autres régions en Europe rêvent aussi d'indépendances, mais il y a aussi le grand débat des fusions de région en France qui ne semblent pas trop émouvoir grand monde ? Pourtant l'enjeu est de taille, ne dit-on pas diviser pour mieux régner ?
Pour les catalans aussi on est en droit de ce poser la question ? L'EU n'aurait-elle pas plus d'intérêt à morceler les état nation en super région (eurorégion) ? n'est-ce pas le but suprême recherché ?
Akasha.


[Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir 521922EspagneCatalogne

Référendum en Catalogne, un scrutin qui déchire (Débat)



La Catalogne peut-elle vraiment se séparer de l'Espagne?


La Catalogne peut-elle vraiment se séparer de l'Espagne? Serait-il légal que la Catalogne se sépare de l'Espagne? Selon la constitution espagnole, l'Espagne est une république indivisible, mais chaque jour la Catalogne défie Madrid plus pour gagner plus d'indépendance. une chose est certaine, la Catalogne n'abandonnera pas ses efforts pour se séparer de l'Espagne, à moins qu'un accord ne soit conclu. Mais imaginons que un jour que la Catalogne réussisse à se séparer de l'Espagne : quels seraient les effets immédiats après une éventuelle séparation? Ces changements serait-il vraiment bénéfiques à l'économie catalane, espagnole et européenne? Madrid refuserait que la Catalogne continue de faire partie de l'Union Européenne et de l'Euro si elle quitte l'Espagne, c'est logique. Si la Catalogne quitte l'Espagne, elle devra aussi dire au revoir à sa devise, l'euro. Venez voir cette analyse de la façon dont il serait possible une Catalogne indépendante



_________________________________________


Les "Eurorégions" : Allons-nous laisser détruire les Nations ? (Partis 1/4)

François ASSELINEAU s'est rendu pendant 2 jours en Belgique, à l'invitation de nos adhérents et sympathisants Belges ou Français expatriés. Il prononça à NAMUR -- le Mercredi 15 mai 2013 -- sa toute nouvelle conférence : LES ''EURO-RÉGIONS'': ALLONS-NOUS LAISSER DÉTRUIRE LES NATIONS ? Présentée pour la première fois à Strasbourg au début du mois d'avril, cette conférence avec support-vidéo sera présentée ici dans la version sensiblement enrichie qui a été présentée à Reims fin avril, et qui a passionné l'auditoire. En démontant les manipulations en cours dans d'autres pays de l'Union européenne, -- notamment le cas édifiant de la Catalogne en Espagne -- , et en présentant des faits irréfutables et inédits, le Président de l'Union Populaire Républicaine (UPR) démontrera que les vraies motivations du référendum du 7 avril en Alsace comme celles, plus généralement, de la politique dite des "Euro-régions", n'ont rien à voir avec de prétendues simplifications administratives ou des économies de gestion.


Ces projets ont un tout autre but.


Ils s'inscrivent sournoisement dans une politique de long terme, parfaitement préméditée, qui consiste à : - marginaliser toutes les langues nationales autres que l'anglo-américain, - fragmenter les espaces nationaux pour briser les solidarités héritées de l'histoire, - affaiblir les États nations jusqu'à les démanteler. Il s'agit en somme de détruire toutes les communautés politiques suffisamment puissantes pour s'opposer aux décisions de l'oligarchie financière euro-atlantiste qui dirige les institutions européennes et qui prétend diriger le monde. Mais l'histoire n'est pas écrite : les Alsaciens ont justement rejeté de façon cinglante -- le 7 avril dernier -- ce projet destructeur de la République française ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ Retrouvez l'Union Populaire Républicaine et François ASSELINEAU sur internet :

Notre site internet : http://www.u-p-r.fr

UPRdiffusion Youtube : https://www.youtube.com/user/UPRdiffus...

UPR-TV : https://www.dailymotion.com/UPR-TV

Facebook : https://www.facebook.com/upr.francois...
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MessageSujet: Re: [Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir   [Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir I_icon_minitimeMar 17 Oct 2017 - 6:20

Catalophe, catastrogne et catastrophe, par Richard Labévière

[Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir Http-_o.aolcdn.com_hss_storage_midas_375fbe0738cf269aee8fbee375d3e10c_205738644_national-flag-of-spain-left-flies-beside-the-catalan-flag-also-known-picture-id857876054-1728x800_c

Citation :
Un autre regard sur la Catalogne…

Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière, 09-10-2017

Les habitants de la région la plus riche d’Espagne (20% de son PIB) – le Pays Basque arrivant en cinquième position – ne veulent plus payer pour les régions les moins favorisées du pays : Canaries, Andalousie, Estrémadure, notamment.

La Catalogne concentre 50% des start-up du pays. « Nous représentons près du quart du produit intérieur brut, mais nous ne recevons que 9% des investissements réalisés dans le pays », peste un indépendantiste convaincu qui affirme encore : « la Catalogne se porterait beaucoup mieux si elle était indépendante ». Aucune crainte pour son économie ? « Nous ne sortirons pas de l’Europe. C’est facile : dans un premier temps, l’Espagne ne nous reconnaîtra pas, donc nous resterons dedans. Et quand elle acceptera notre départ, l’Union européenne sera toute contente de nous garder ». À l’en croire, c’est un chemin pavé de roses qui attend son futur petit pays : « nous allons devenir la Hollande du sud de l’Europe, un modèle de croissance ». A voir…

ENFANTS GÂTES

Mais ces récriminations d’enfants gâtés laissent un arrière-goût relativement amer lorsqu’on se souvient comment – dans les années 80 – les contribuables européens ont financé l’adhésion de l’Espagne au Marché commun1 et ses ajustements aux différents formats de pays développés. A l’époque, les Catalans ne faisaient pas encore la différence entre les autoroutes catalanes et les autoroutes andalouses… « Il ne faudrait pas oublier, non plus, que la Catalogne s’est modernisée grâce aux bras des estremenos (les travailleurs d’Estrémadure, l’une des régions les plus pauvres d’Espagne), des Andalous ou des Galiciens », souligne un grand diplomate français d’origine espagnole.

En d’autres termes, ce mouvement d’irrédentisme immature est essentiellement le fait de petits bourgeois égoïstes, incultes et manipulateurs. Et que ceux qui osent aujourd’hui invoquer la Cataluna libre de George Orwell en lutte contre les Phalangistes de Franco, feraient bien de se replonger dans leurs manuels d’histoire pour se rappeler qu’à l’époque, la Barcelone de la FAI, de la CNT et du POUM, accueillait les Internationalistes des Brigades pour défendre avec leur sang… la République espagnole ! Les indépendantistes catalans d’aujourd’hui piétinent allègrement la légalité républicaine et la législation régionale espagnole sans aucune pudeur, en hurlant au fascisme et à la dictature… Il ne faut quand même pas pousser mémé dans les orties et rappeler aussi à ces braves gens ce que furent réellement le fascisme et la dictature de Franco, de Salazar et de leurs alliés italiens et allemands ! Ces enfants gâtés n’hésitent pas à prendre en otage leur propre population, celles des autres régions espagnoles et celles de leurs partenaires européens !

UNION EUROPEENNE ET OTAN SCHIZOPHRENES

La Commission européenne a tardé avant de s’exprimer clairement pour condamner ce coup de force du bout des lèvres en avertissant qu’une « Catalogne indépendante serait exclue de l’UE ! ». Ne parlons pas de l’OTAN, dont l’Espagne est l’un des 28 Etats membres. « Un territoire se séparant d’un Etat membre ne saurait rester automatiquement membre de l’Alliance », vient de déclarer un porte-parole de l’OTAN en ajoutant que « toute nouvelle adhésion devrait suivre les procédures en place (…) Les membres peuvent aussi inviter d’autres pays à les rejoindre, mais cela doit se faire par accord unanime ».

Grand marché sans frontière, sans véritables politiques communes, entre autres en matière de défense, de sécurité et de politique étrangère, l’UE est assez gênée aux entournures. Depuis des années, elle a accepté d’ouvrir des pourparlers d’adhésion avec la Turquie, qui occupe militairement la partie nord de Chypre depuis 1974, l’île étant pourtant membre à part entière de l’Union2… Sans sourciller, l’UE a accepté en 2008 la création du Kosovo – micro-Etat mafieux, financé par les contribuables européens -, après avoir manifesté toute son impuissance à se poser en médiateur dans les guerres balkaniques. Elle a aussi cautionné la partition de la Tchécoslovaquie. Incapable de gérer les crises migratoires et les autres flux criminogènes qui empruntent la Méditerranée, l’UE n’est pas – à l’évidence – l’instance la plus crédible pour défendre l’intégrité territoriale et politique de ses Etats membres.

L’OTAN fait aussi preuve de la même schizophrénie pour des raisons similaires. Créée en 1949, en pleine Guerre froide, cette alliance militaire se superpose au Plan Marshall, destiné – à la même époque – à restaurer les économies européennes sous la domination des Etats-Unis. Face à l’URSS et au « Bloc de l’Est », Washington entend alors assurer une triple tutelle – militaire, économique et culturelle – sur la vieille Europe en train de se relever. Pour ce faire, il s’agit de promouvoir des modèles d’institutions politiques fédéraux destinés à supplantés les vieux cadres stato-nationaux. Ce qui a été fait de l’Allemagne occupée par les Alliés avec ses zones d’occupation et redistribution des Länder3 doit inspirer l’Europe à venir. Fils de l’Amérique, les Pères de l’Europe Robert Schuman et Jean Monet prépareront la Déclaration du 9 mai 1950 – texte fondateur de la construction européenne – dans cet état d’esprit partagé par les milieux de la Démocratie Chrétienne alors dominante dans la plupart des pays européens.

Sur le plan culturel, la CIA met sur pied différents programmes de propagande pour transformer la culture en une véritable machine de guerre pour combattre le bloc soviétique et ses thuriféraires. De considérables moyens humains et financiers furent employés pour utiliser la littérature, la musique, l’art et la presse comme armes idéologiques privilégiées en faveur des Etats-Unis. Les instrumentalisations furent plus ou moins licites, plus ou moins apparentes : de Raymond Aron à Jackson Pollock, en passant par Arthur Koestler, Ignazio Silone et Igor Stravinski, de très nombreuses personnalités du monde littéraire et artistique ont été généreusement rémunérées, utilisées par les services secrets américains, soit directement par des officiers traitants, soit par l’intermédiaire de fondations.

Dans un livre magistral4, Frances Stonor Saunders5 retrace l’histoire des élites intellectuelles en Europe et aux Etats-Unis au sortir de la Seconde guerre mondiale. Elle explique avec une précision d’horloger comment l’écrivain suisse Denis de Rougemont – notamment – a bénéficié de l’encouragement et de l’aide des services américains pour créer le Centre européen de la culture et l’Institut universitaire d’études européennes (IUEE) de Genève.

Ayant été l’un des assistants de Denis de Rougemont durant plusieurs années, l’auteur de ces lignes se souvient de longues conversations communes et disputées sur L’Europe de régions qui devait contribuer à « détruire les Etats-nations » d’Europe. Dans L’Avenir est notre affaire6, Denis de Rougemont mêle subtilement aux bienfaits du fédéralisme helvétique les prévisions du Cercle de Rome concernant la destruction de l’environnement pour essayer de nous convaincre que l’Etat-nation est l’ennemi du genre humain…

Ces fondements idéologiques de l’UE et de l’OTAN expliquent, en partie, pourquoi ces deux institutions ne condamnent pas clairement la révolte séparatiste catalane !

L’AUTODÉTERMINATION, C’EST AUTRE CHOSE !

Certes, le gouvernement de Mariano Rajoy et le Partido Popular ont géré cette crise comme des pingouins : la marmite catalane surchauffe dangereusement depuis des mois, sinon des années. Qui déjà a dit que gouverner c’est prévoir ? Cette évolution aurait dû amener les autorités espagnoles à mobiliser les Catalans, les Basques et les autres Espagnols à remettre l’ouvrage – du statut des régions autonomes – sur le métier de l’avenir institutionnel du pays. Comme les Grands-Bretons ont osé le faire pour le Brexit, il s’agissait, peut-être alors, de consulter l’ensemble des Espagnols, voire le reste des Européens !

Comme l’explique très finement Guillaume Berlat dans nos Humeurs de cette semaine, il ne faut pas confondre autodétermination et sécessionnisme… L’indépendance ne se décrète pas et résulte, la plupart du temps, d’un long cheminement historique. Certes, celui-ci est rarement un long fleuve tranquille, mais au jour d’aujourd’hui et dans le cadre de l’Union européenne, il y avait certainement d’autre voies à explorer et voix à entendre que d’organiser ce référendum enfantin et inutile ! Le roi d’Espagne aussi s’est réveillé un peu tard et n’a pas trouvé les mots à la hauteur de la situation.

Cette situation ne met pas seulement en cause l’intégrité territoriale et politique de l’Espagne. Elle n’interpelle pas seulement les capacités de médiation et d’innovation institutionnelle de l’Union européenne. Elle met aussi en péril le multilatéralisme européen. Le processus de Barcelone (1995) et l’Union pour la Méditerranée (UPM) – dont le siège est, encore, à Barcelone – demeurent des outils pour une meilleure intégration européenne. Comme tous les organisations multilatérales, elles sont imparfaites, donc perfectibles mais ont l’absolu mérite d’exister !

Songeons aussi aux communautés des ports et des grandes villes méditerranéennes dont les réseaux oeuvrent aussi à rechercher des solutions pour gérer, sinon résoudre les différentes crises terrestres qui se déversent dans la masse d’eau du canal de Suez au détroit de Gibraltar.

La poussée juvénile des séparatistes catalans ajoute une nouvelle crise politique aux autres convulsions anomiques qui déchirent la Méditerranée : Israël-Palestine ; Chypre ; guerre civilo-globale de Syrie ; implosion de la Libye et crises migratoires, sans parler des terrorismes de la bande sahélo-sahéliennes, de la question du Sahara occidental, qui se déversent – elles-aussi – en Méditerranée ! Cela commence à faire beaucoup et devrait amener nos amis catalans à ne pas en rajouter !

Dans tous les cas de figures, expliquent si bien Riccardo Petrella7, Henri Giordan8 et Bernard Poche9, la culture et la langue ne sauraient pas suffire à justifier – aujourd’hui – une revendication nationale quelle qu’elle soit ! Les liens d’appartenance à un territoire, un espace et une mémoire ne garantissent pas à eux-seuls la légitimité d’une autodétermination. Que ces réalités historiques et anthropologiques inspirent et orientent des réformes de déconcentration administrative, de décentralisation, voire de régionalisation est une chose, qu’elles soient instrumentalisées par de petits notables avides de pouvoir en est une autre…

FRAGMENTATION TERRITORIALE ET IMPLOSION POLITIQUE

Si l’UE, l’OTAN et les chancelleries occidentales sont si embarrassées par le dossier catalan, c’est aussi – avons-nous souligné – parce qu’elles ont, récemment cautionné la création du Kosovo. Non viable, tant économiquement que politiquement, ce micro-Etat est – aujourd’hui – tenu à bout de bras par les contribuables européens, alors que ses dirigeants – criminels de guerres – s’adonnent à tous les trafics : armes, drogues, êtres humains et organes humains ! Sur le sujet, il n’est qu’à lire ou relire la contribution définitive du colonel Jacques Hogard10 pour comprendre pourquoi et comment les Etats-Unis et leurs satellites ont mis tellement de cœur à l’ouvrage pour dépecer l’ex-Yougoslavie. On pourrait en dire tout autant de la création du Sud-Soudan, encouragée par de grandes sociétés transnationales du pétrole avec l’aval de Washington, Londres, Paris et Pékin !

Dans sa logique incompressible de détricoter les Etats au profit d’un grand marché sans foi, ni loi, ni frontière – mais avec moult directives sur les ampoules électriques, les fromages et les fleurs coupées – la Commission européenne récolte aujourd’hui ce qu’elle a semé. A force de blanchir et d’amplifier les logiques commerciales et financières d’une mondialisation néo-libérale sauvage et meurtrière, qu’on ne s’étonne pas de voir aujourd’hui les Catalans ne plus vouloir aider les pauvres gens d’Estrémadure ! La mondialisation, version anglosaxonne, c’est trois choses : la casse des Etats-nations, des services publics et des politiques de redistribution sociale. Cette machinerie s’attache d’abord à fragmenter le monde, pour reprendre la terminologie du géographe François Thual. Dans La Planète émiettée11, il explique comment les décideurs politiques d’aujourd’hui appliquent sans restriction le vieil adage de l’imperium romain – divide ut regnes -, devenu l’impératif catégorique de l’hyperpuissance américaine et de ses alliés, notamment israéliens et saoudiens ! La fragmentation territoriale à l’œuvre en Afghanistan, en Libye, au Soudan, dans les Balkans, en Irak, en Syrie, sinon en Europe, n’est ni une fatalité, ni un accident, mais correspond bien à une politique délibérée. Attention : pas de grand Mamamouchi central ni de complot planétaire, mais – répétons – une convergence de politiques économiques de dérégulations, de privatisations et d’extra-territorialité12.

Enfin, la revendication indépendantiste catalane signe aussi « l’implosion du politique » annoncée par feu Jean Baudrillard dans sa thèse L’Echange symbolique et la mort13. L’insistance à affirmer ce qu’on « est » – être ou ne pas être – au détriment du faire, du prévoir et du gouverner, à magnifier l’individualisme numérique, les selfies, fesses-book, sweet/tweets et autres narcissismes en vélo, patins à roulettes ou tatouages, finissent par réduire le monde et la politique à une dualité simpliste, autoritaire et morbide : j’aime/j’aime pas !

Non content de favoriser l’émiettement du monde et la fragmentation territoriale, le séparatisme catalan génère l’atomisation du social et l’implosion du politique qui ne se réduit plus qu’à liker ou ne pas liker. On l’aura compris, à prochetmoyen-orient.ch, nous ne likons pas l’indépendance de la Catalogne ! Bonne lecture et à la semaine prochaine.

Richard Labévière
9 octobre 2017
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akasha

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MessageSujet: Re: [Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir   [Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir I_icon_minitimeDim 22 Oct 2017 - 13:06

La Catalogne, prise en étau entre la répression et la négociation, par Robert Charvin

Source : Robert Charvin, 15-10-2017

Droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes, respect de l’intégrité territoriale des États et contradictions du système socio-économique capitaliste : le cas de la Catalogne

[Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir P-6

Parmi les diverses pathologies de la pensée occidentale médiatique, on peut relever celle qui fait de chaque événement politique (particulièrement à l’international) un cas isolé, ne pouvant se rattacher à aucun problème d’ensemble. On peut y ajouter le gommage systématique de l’Histoire, même récente.

Ce type d’approche facilite la tâche des politiciens de gouvernement qui peuvent, sans scrupule, réagir de manière contradictoire et sans aucune préoccupation de principe, à chacun des cas qui survient. A ces comportements de médiocrates au pouvoir s’ajoutent ceux de nombreux intellectuels, particulièrement les juristes, qui transforment chaque événement en phénomène de laboratoire, arguant que « comparaison n’est pas raison ».

Les mouvements de fonds qui traversent la Catalogne, exemple type de phénomène dérangeant, provoquent à la fois quasi-silence et embarras visible chez les leaders politiques occidentaux, jouant sur l’amnésie des citoyens des différents précédents de nature analogue, prudence extrême des rares juristes consultés par les médias, et discours contradictoires des hispanisants selon les options idéologiques. Le consensus ne s’établit même pas contre les violences policières, qui semblent héritées d’une nostalgie franquiste.

Il est toutefois possible de faire une analyse de la crise catalane en puisant dans les principes du droit international (qui ne peut être considéré comme un « jeu de salon » réservé aux seuls universitaires) et dans la réalité de l’impérialisme dont les contradictions sont de plus en plus insolubles.


1. Les besoins de l’impérialisme

Les puissances occidentales et les grands groupes privés économiques et financiers dont la collusion est de plus en plus étroite, tentent d’édifier un ordre mondial le plus ajusté possible à leurs besoins.

« L’œuvre » en cours est complexe et les contradictions sont multiples : c’est ainsi, par exemple, que les États sont en concurrence, comme les pouvoirs privés et ne sont pas toujours en mesure de dégager un « intérêt impérial commun » (on le constate dans le contentieux États-Unis – Europe, ainsi qu’au sein de l’Union Européenne).

Ce qu’il y a de constant dans la politique impériale (1), c’est la tentative d’élimination, par tous les moyens, y compris le recours à la force et à l’assassinat individuel avec la complicité du crime organisé, de toutes les rébellions progressistes. Est menacée toute entité politique visant à contraindre les grandes firmes privées et qui, objectivement, est à l’origine d’un « manque à gagner » pour elles.

La réalité et la « couleur » authentique de ces forces importent peu : il s’agit d’imposer et de protéger un marché sans entraves, ouvert sans limites aux grands groupes économiques et financiers. Cet objectif exige un interventionnisme systématique dans toutes les zones stratégiques soit pour soutenir des États « vassaux », soit pour détruire des forces perturbatrices (Etat, parti ou individu).

Mais les intérêts des puissances occidentales peuvent se heurter : c’est le cas, par exemple, entre la Françafrique et les États-Unis. Ces conflits n’ont rien à voir avec les valeurs démocratiques si souvent invoquées et leur règlement, qui modifie en permanence les rapports de forces entre puissances impériales, s’impose aux peuples sans qu’ils soient pris en considération.

Pour se faire accepter par leurs propres peuples, les gouvernements occidentaux vendent leur mensonge (ou leur silence) et leur manichéisme pour vaincre la critique ou le scepticisme à leur égard ; ils invoquent le droit et la légalité exclusivement lorsqu’ils y trouvent leur intérêt.

L’Empire américain se prétendant État d’exception, chargé du salut du monde, impose son unilatéralisme, souvent en violation du droit international, ne suscitant que de timides réactions : l’Europe, malgré sa puissance économique, ne tente même pas d’être européenne !

L’aristocratie du monde, quelques Occidentaux en très petit nombre, prétend détenir la clé du « bonheur », (‘est-à-dire l’accumulation des richesses) et du futur, (c’est-à-dire de l’american way of life). Seul l’Occident sur toute la planète assimile ses intérêts particuliers aux intérêts de l’Humanité toute entière !

Problème particulier, l’impérialisme préfère les États faibles, corrompus, désarmés : ils sont les plus « utilisables ». A défaut de les soumettre, il va jusqu’à les détruire : le chaos libyen, par exemple, est instrumentalisable et le pétrole qui y coule encore est récupérable par des voies indirectes ! Il est donc favorable aux petites entités et tend à favoriser la fragmentation du monde : plus de trente nouveaux États sont nés ces dernières années !

Ces petits États n’ont que peu de moyens pour exercer une réelle résistance et deviennent facilement des satellites plus ou moins dépendants des grandes puissances occidentales.

Une grande firme (dont le chiffre d’affaires peut être supérieur au budget de ces petits États) peut imposer ses conditions dans des contrats juteux avec plus de facilités que dans le cadre d’une puissance rivale (style Russie ou Chine).

L’appui impérial aux mouvements sécessionnistes est donc fréquent : c’est le cas avec le Sud-Soudan, socialement misérable mais riche en ressources énergétiques, détaché de l’État soudanais, peu favorable aux États-Unis.

La question est évidemment infiniment plus complexe lorsqu’il s’agit de mouvements se développant au sein même des États occidentaux (en Italie, en Belgique, en France et en Espagne) du fait de la gouvernance inéquitable qui y règne. C’est dans la nature du capitalisme que de produire et de creuser des inégalités, y compris dans l’espace territorial. C’est aussi dans la logique des comportements des acteurs du capitalisme que de produire des courants « débarrasistes », les privilégiés ne voulant plus être solidaires des plus défavorisés au sein d’une même nation, fut-elle anciennement constituée. La Slovénie, par exemple, ou la Croatie, se sont crues « libérées » de la Serbie, afin d’accélérer leur propre développement.

La mal gouvernance, dont les peuples ne sont pas toujours clairement conscients, provoque ainsi des conflits par-delà les réalités de classe et les exigences de solidarité nationale, mal vécues par les populations. Ce sont, évidemment, les peuples eux-mêmes qui paient essentiellement le prix de ces hostilités (pouvant aller jusqu’à la guerre civile) et de ces incompréhensions.

2. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes

Bien que la Charte des Nations Unies en ait consacré le principe, les Occidentaux ont été opposés à sa mise en œuvre durant la longue phase de la décolonisation. La doctrine dominante chez les juristes français, par exemple, consistait à faire de cette disposition de la Charte, non une obligation juridique à respecter par tous, mais une disposition de nature politique non contraignante. Les puissances occidentales se refusaient à admettre que les mouvements de libération nationale aient un droit à agir pour l’indépendance de leur pays ! Ils étaient, au contraire, assimilés à des bandes de criminels refusant l’autorité de leur métropole ! Les « départements » d’Algérie étaient français pour toujours et le FLN n’était qu’un ramassis de « Fellagas » à éliminer.

Le droit du peuple algérien à accéder à l’indépendance était refusé par les gouvernants de droite et de « gauche » qui usaient de tous les moyens, y compris la torture, allant jusqu’à nier toute compétence à l’ONU en la matière !

Aujourd’hui encore, certains peuples se voient refuser cette libération. Les peuples « autochtones », notamment amérindiens, ont dû mener une longue bataille peu médiatisée et presque solitaire, notamment au sein des Nations Unies, pour obtenir seulement un modeste droit à l’autonomie au sein de l’État qui les domine (Canada, États-Unis, etc.).

Le peuple palestinien, après avoir été successivement maintenu sous l’autorité ottomane, britannique est actuellement, de facto, placé sous l’autorité de l’État israélien qui accroît ses « colonies » dans la Cisjordanie de plus en plus occupée !

Le peuple kurde, écartelé entre différents États du Moyen Orient, n’a réalisé ni son unité politique ni son accession à la qualité d’État. Les puissances occidentales s’étaient, aux lendemains de la Première Guerre mondiale (Traité de Sèvres de 1919) engagées à leur permettre de se constituer en État national indépendant. Mais violant le traité conclu, la France et la Grande Bretagne ont exercé leur autorité sur l’Irak et la Syrie, englobant les minorités kurdes, en abandonnant certains à la Turquie et à l’Iran. Le droit a été ainsi balayé au nom d’intérêts très particuliers, pour une large part pétroliers.

Aujourd’hui les Kurdes d’Irak et de Syrie manifestent (en ordre dispersé) leur volonté de se constituer en État, en profitant du délabrement des pays détruits par les ingérences occidentales, avec un certain appui des Occidentaux pour les Kurdes de Syrie, avec des réserves pour les Kurdes d’Irak (dont le gouvernement a été choisi par les États-Unis) et avec hostilité pour ceux de Turquie, celle-ci étant l’un des pivots de l’OTAN.

Ainsi, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est pour l’impérialisme un principe à géométrie variable. Ce n’est pas le cas lorsqu’il s’agit de soutenir une sécession dans les États qu’il souhaite affaiblir.

3. La sécession chez les « autres »

Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes au sein d’un État constitué ne conduit pas mécaniquement au droit à la sécession, sauf s’il y a une ingérence extérieure la soutenant et s’il y a quelques fondements à ce processus en raison d’une mal-gouvernance.

Le démantèlement de l’URSS avec l’accession à l’indépendance des ex-Républiques soviétiques de la périphérie, ou de l’Ukraine notamment en est une illustration. L’impérialisme a tout entrepris pour soutenir les « révolutions » anti-russes qui promettaient l’abondance occidentale. Il espérait aller plus loin encore, comptant sur les faiblesses – temporaires – du Kremlin, en soutenant les rebelles islamistes tchétchènes, tout comme il s’était servi des Talibans afghans contre le gouvernement communiste de Kaboul et son allié soviétique. Le rôle de « l’islamisme radical » était jugé positif s’il se développait contre Moscou !

Presque simultanément, les micro-sécessions « pro-russes » à la frontière de la Russie et d’ex-Républiques soviétiques étaient condamnées comme l’œuvre d’un expansionnisme russe de retour !

La Crimée, par exemple, cédée par la direction khrouchtchévienne à l’Ukraine (notamment pour faciliter son accession au sommet de la direction soviétique), était restée russe et l’est redevenue à l’occasion de la crise ukrainienne, parce que la légalité à Kiev avait disparu et parce que les rapports de forces le permettaient.

Les protestations occidentales, au nom du droit à l’intégrité de l’Ukraine, se sont faites violentes, avant de s’effacer faute d’appuis dans la population russe de Crimée pour soutenir une nouvelle ingérence.

Une autre illustration d’importance est celle de la Yougoslavie dont l’implosion a été suscitée et appuyée par le recours de l’OTAN à la guerre. Certes le fédéralisme s’était dégradé avec la fin de l’expérience socialiste. Les inégalités de développement ont favorisé le « débarrasisme » de la part des plus riches et des plus « occidentalisés ».

Mais il est remarquable que la seule Serbie ait été considérée comme criminelle et que l’Allemagne et le Saint-Siège aient précipité leur reconnaissance de la Slovénie et de la Croatie indépendantes ! La légitimation des bombardements de l’OTAN et de l’assistance militaire et politique aux sécessionnistes était alors les « droits de l’Homme » : l’Humanitaire était à l’époque à la mode et son instrumentalisation était la règle ! Les diverses manipulations imposant l’émergence d’un État kosovar, sans la moindre préoccupation de respect de la légalité, devaient couronner ce démantèlement de la Yougoslavie.

L’impérialisme, après avoir détruit l’Irak, la Libye et la Syrie au nom du « sauvetage » des peuples concernés et de la « responsabilité de protéger », nouvelle mouture de « l’ingérence humanitaire » dévalorisée et inventée par les juristes occidentaux, s’interroge aujourd’hui sur l’opportunité de démanteler ces pays ou de préserver leur intégrité, par référence à des intérêts purement occidentaux.

La Syrie qui a échappé à l’impérialisme en raison de l’intervention russe à l’appel du gouvernement de Damas est menacée : une enclave kurde sous contrôle occidental serait « bienvenue » pour l’OTAN.

L’Irak, sous tutelle globale des Occidentaux, mais sous la menace d’une implosion, peut conserver, à condition de rester soumise, son intégrité, malgré les 93% de la populaire kurde irakienne en faveur de l’indépendance.

Quant à la Libye, les Occidentaux recherchent l’autorité adéquate pour répondre à leurs besoins (externalisation du contrôle des migrants et pétrole) ; à défaut, le dépeçage en plusieurs unités pourrait être une option !

4. Et la Catalogne ?

Toutes les forces conservatrices en Europe et les instances de l’Union Européenne, en mauvaise posture en raison de ses carences multiples (problème des « réfugiés », absence d’harmonisation sociale et fiscale, etc.) sont dans l’embarras. Vis-à-vis de la Catalogne, elles s’aligneront sur ce que décideront les milieux d’affaires (notamment les banques) et le gouvernement néoconservateur de Madrid.

Il en sera de même pour les autorités françaises et plus généralement des différents États membres : leurs médias se signalent déjà par leur mauvaise foi qui, par exemple, rappellent les phénomènes de corruption touchant certaines personnalités indépendantistes comme s’il s’agissait d’une spécificité catalane, alors qu’il en est de même dans toutes les provinces espagnoles et même au sein du gouvernement madrilène (2) !

C’est l’Europe des affaires qui déterminera quelle est la solution la moins mauvaise vis-à-vis du mouvement sécessionniste catalan ou basque et de tous ceux qui se profilent en Italie du Nord (la Padanie), en Belgique (avec les Flamands), en Grande Bretagne (avec l’Ecosse et l’Irlande), en France (avec la Corse et la Bretagne).

Le complexe politico-affairiste qui exerce son hégémonie est partagé entre d’une part l’intérêt que représente pour lui le morcellement politique et d’autre part l’apparition de nouveaux obstacles à une « bonne » gouvernance de l’Europe des affaires.

La fragmentation des pays d’Europe de l’Est avait été jugée « rentable » (Yougoslavie, Tchécoslovaquie, etc.) ; elle est source de préoccupation pour l’Europe de l’Ouest beaucoup plus économiquement et financièrement « intégrée ». Ce « complexe » politico-affairiste, qui prétend être respectueux de la démocratie et de la légalité s’interroge sur le risque d’une « gauchisation » du mouvement sécessionniste catalan, stimulée par la brutalité de Madrid et du parti « Populaire » néoconservateur au pouvoir venant éventuellement renforcer les forces émergentes dans les autres pays européens : Podemos, les Insoumis, le parti travailliste de J. Corbyn, s’ajoutant aux divers partis communistes.

Faut-il que Madrid négocie (au risque de trop reculer) ou faut-il réprimer (au risque de renforcer les forces contestataires) ?

Quant aux questions juridiques, certains pseudo-experts soulignent l’illégalité du mouvement catalan, comme d’autres hier en France arguaient que les « départements » algériens, c’était la France et qu’elle était « une et indivisible » !

Ils osent invoquer la Constitution de 1978, inspirée d’un néo-franquisme, « replié » sur un État centraliste, n’ayant cédé que sur des « autonomies » provinciales limitées malgré des revendications populaires très vivantes. Cette Constitution est dotée de dispositions permettant en représailles de placer la Catalogne sous contrôle direct et total du gouvernement central.

Ces mêmes « experts » invités sur les diverses chaînes radio et télé (3) n’ont pas un mot pour la répression frappant des personnalités catalanes, des fonctionnaires, accusés, notamment, de « sédition » passible de 15 ans de prison !

Les leaders des organisations qui ont été favorables au référendum sont aussi menacés. Le refus de tout dialogue depuis de nombreuses années est passé sous silence, y compris de la part du Parti « Socialiste » espagnol particulièrement droitier, conformément à cette approche « courtermiste » qui néglige les racines des problèmes qui surviennent ! Pas un mot non plus sur un Roi dont la fonction constitutionnelle est d’être un arbitre, alors qu’il est ouvertement acquis à la seule répression.

Les juristes de cour n’ont guère manifesté de réprobation à l’égard du scandale juridique que représente la naissance du Kosovo, par exemple ! Ils n’invoquent le droit international que lorsqu’il offre des solutions politiquement favorables aux intérêts qu’ils représentent !

Dans le cas de la Catalogne, ils « oublient » d’évoquer la contradiction (déjà survenue dans de nombreux cas) entre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes (inscrit dans la Charte des Nations Unies, qui ne semble avoir aucune valeur contraignante pour eux) et le principe de l’intégrité territoriale des États (dont ils ne tiennent pas compte pour la Syrie ou pour la Libye), sans parler hier de la Tchétchènie dont ils soutenaient la révolte contre Moscou !

Ces « juristes » ignorent les analyses du professeur Chaumont qui fut de son temps responsable de l’Académie de La Haye de droit international et qui eut la qualité exceptionnelle dans le milieu du droit d’être progressiste, limitant la part du droit dans la marche des sociétés parce qu’il est indissociable des faits à l’origine précisément des normes et de leur mise en œuvre concrète. Selon le professeur Chaumont, et il a raison, pour que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes s’applique, il faut que le peuple « témoigne de lui-même », c’est-à-dire qu’il en paie le prix par sa mobilisation de masse et parfois par le martyr accepté, comme ce fut le cas pour le peuple algérien face à l’armée coloniale française.

Le mouvement catalan peut se fonder sur le droit des peuples, contre l’intégrité du territoire espagnol, à condition de « témoigner » toujours davantage de lui-même. Le premier principe l’emportera alors sur l’autre et les juristes, démunis, ne pourront que constater. Il a besoin de plus d’unité, de plus d’intensité dans son mouvement qu’il développe avec persévérance, y compris d’accepter des sacrifices, même s’il est compréhensible de vouloir éviter de provoquer une situation insurrectionnelle face à des néo-franquistes sans scrupules.

La proclamation d’une République catalane indépendante est un nouveau pas ; la suspension temporaire de ses effets pour permettre un dialogue jusque-là refusé est un recul.

Les médiateurs ne se bousculent pas. Certes la Commission Européenne est déjà intervenue, à propos des droits des Roms, en vertu de l’article 11 du Traité sur l’Union, auprès des autorités hongroises, polonaises et françaises, mais il ne s’agissait que de calmer une répression contre une petite minorité. Mais, dans le cas de la Catalogne, la peur d’une contagion dans différents Etats-membres l’emporte et la Charte des Nations Unies n’a absolument aucune portée sur l’Europe et les forces qui la dominent.

Les partis progressistes dans pays voisins sont dans l’embarras : ils semblent se limiter à manifester leur préférence « raisonnable » pour la négociation et leur compassion pour les victimes de la répression des autorités espagnoles.

En définitive, on assiste à un conflit qui est avant tout le fruit de l’économicisme délirant, qui l’emporte sur tout, au sein des grands groupes économiques et financiers et des carences magistrales de la médiocratie au pouvoir dans les États membres de l’Union Européenne, à Madrid comme ailleurs ainsi qu’à Bruxelles !

Le « système » ne veut pas payer le prix de sa logique de fonctionnement : pérennisation du profit au mépris (affiché) des populations qu’il s’agisse des travailleurs européens, des Kurdes d’Irak ou de Turquie, des Syriens ou des Libyens, victimes des Islamistes que les États-Unis ont cru pouvoir instrumentaliser, où qu’il s’agisse des aspirations catalanes, négligées par le régime espagnol.

Il « oublie » le fait que l’Union Européenne a valorisé en d’autres circonstances le régionalisme au sein des États membres, avec la plus
parfaite inconséquence !

La véritable question soulevée par la question catalane est celle posée par un système économique, privé de tout esprit de négociation, quel que soit le problème en cause, dont la logique conduit à des situations de plus en plus inextricables, coûteuses pour le plus grand nombre : jusqu’où peut-il aller, profitant d’ une lucidité populaire encore limitée, dans le processus de plus en plus chaotique et violent, qui n’est rentable que pour une très petite minorité ultra-privilégiée en Espagne comme dans toute l’Europe et dans le monde ?

Une fois de plus, l’absence d’une grande force politique rassembleuse, compétente et capable de se saisir des possibilités réelles (la coalition catalane est politiquement hétéroclite) (4) risque de laisser les milieux d’affaires décider, en définitive, de l’avenir immédiat d’une Catalogne, sans pour autant répondre à la question posée par la grande masse des Catalans !



Le 15 octobre 2017

Robert CHARVIN



Notes:


1) Voir M. Parenti. Le visage de l’impérialisme. Éditions Delga. 2015.

2) Certains vont jusqu’à s’indigner du contrôle que les nationalistes catalans exercent sur leur télévision locale où les « anti-indépendantistes sont toujours minoritaires » (sic), comme s’il s’agissait d’un cas unique en Espagne ou en Europe !

3) On a pu entendre sur certaines chaînes de télévision que la Russie serait pour quelque chose dans le mouvement catalan

4 ) Podemos semble très embarrassée et le Parti « Socialiste » n’est plus, comme dans la plupart des pays européens, qu’un parti droitier, jouant plus que jamais un rôle d’appoint aux forces les plus conservatrices.
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MessageSujet: Re: [Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir   [Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir I_icon_minitimeSam 28 Oct 2017 - 2:55

Espagne : la Catalogne déclare l’indépendance, Madrid la met sous tutelle

Espagne : le président catalan destitué, des élections anticipées convoquées

[Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir Catalogne-independance
Les gens célèbrent l'annonce de la proclamation d'une République catalane, à Barcelone, le 27 octobre 2017. Pau Barrena - AFP

Le parlement de Catalogne a adopté vendredi une résolution déclarant que la région devient un «Etat indépendant prenant la forme d’une République». En réaction, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a annoncé la destitution du président indépendantiste catalan Carles Puigdemont et de son gouvernement et dissout le parlement catalan. Il a convoqué des élections anticipées pour le 21 décembre prochain.

Alire aussi : notre dossier «Catalogne : vers l'indépendance ?»


«Nous constituons la République catalane, comme Etat indépendant et souverain, de droit, démocratique et social», lit-on dans le préambule de cette résolution, approuvée par 70 députés sur un total de 135 à l’issue d’un vote à bulletins secrets. Ont été comptabilisés 70 «oui», 10 «non» et deux abstentions. Auparavant, une majorité des députés de l’opposition avait quitté l’hémicycle en signe de protestation.

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants indépendantistes à Barcelone, massés à l’extérieur du parc abritant le parlement catalan, ont salué par des clameurs de joie l’annonce de la proclamation d’une République catalane. Des hourras, des applaudissements et le cri «indépendance» en catalan sont montés de la foule des électeurs indépendantistes - de l’extrême gauche au centre droit - qui ont ensuite entonné avec ferveur l’hymne de la Catalogne, la plupart le poing levé.

Cette proclamation solennelle entre en vigueur vendredi, après avoir déjà été signée (mais pas votée) par les députés indépendantistes le 10 octobre. Elle avait alors été invalidée par le Tribunal constitutionnel, tout comme le référendum organisé par le gouvernement catalan le 1er octobre et toutes les mesures complémentaires.

Mise sous tutelle

Dans la foulée, le chef du gouvernement espagnol, le conservateur Mariano Rajoy, a annoncé via Twitter que «l'Etat de droit restaurera la légalité en Catalogne».




Le dirigeant conservateur a demandé à tous les Espagnols de «garder leur calme», dans un message signé de ses initiales, tandis que le Sénat espagnol a voté la mise en oeuvre de l’article 155 de la Constitution afin d’accorder au gouvernement central la possibilité de mettre la Catalogne sous tutelle.

Mariano Rajoy a ensuite annoncé la destitution du président catalan Carles Puigdemont et de son exécutif, et la convocation d’élections le 21 décembre en Catalogne. «Ce sont les premières mesures que nous mettons en marche pour éviter que ceux qui étaient jusqu’à maintenant responsables de (l’exécutif catalan) puissent poursuivre leur escalade de désobéissance», a-t-il déclaré à l’issue d’un Conseil des ministres.

Le parquet général d’Espagne engagera la semaine prochaine une procédure judiciaire contre le président catalan Carles Puigdemont pour «rébellion», a en outre indiqué un porte-parole du ministère public. Ce délit est puni d’une peine de prison allant jusqu’à 30 ans.

Dans la foulée du vote du parlement catalan, plusieurs dirigeants ont réagi. L’Allemagne a déclaré ne pas reconnaître la déclaration d’indépendance de la Catalogne, tout comme l'Angleterre. Emmanuel Macron, lui, a déclaré que le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy avait son «plein soutien» pour «faire respecter» l’Etat de droit en Espagne.

Côté américain, la porte-parole du département d’Etat a déclaré : «La Catalogne fait partie intégrante de l’Espagne, et les Etats-Unis soutiennent les mesures constitutionnelles du gouvernement espagnol visant à maintenir l’Espagne forte et unie».

La dernière tentative de la Catalogne pour déclarer son indépendance remonte à 1934, lorsque le président de l’époque Lluis Companys avait proclamé une «République catalane» au sein d’une «République fédérale espagnole».

Source : Lifération
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MessageSujet: Re: [Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir   [Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir I_icon_minitimeDim 5 Nov 2017 - 8:56

Catalogne : Rajoy joue avec le feu, par Jacques Sapir

La crise entre la Catalogne et le gouvernement de Madrid a connu de nouveaux rebondissements. Le Président de l’exécutif régional, M. Carles Puigdemont s’est enfui à Bruxelles avec Quatre de ses ministres. Dans le même temps, le gouvernement de Madrid a fait arrêter huit autres membres de son cabinet, dont le vice-président, M. Oriol Junqueras, tout en déposant un mandat d’arrêt européen contre Puigdemont. Par ailleurs, le gouvernement de Madrid a décidé de dissoudre le Parlement catalan et de convoquer de nouvelles élections pour le 21 décembre. Par ailleurs, de nombreuses arrestations ont aussi eu lieu dans le milieu associatif. Le gouvernement de Madrid semble donc convaincu que la répression lui donnera la victoire dans cette crise.

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Ce que la justice peut faire

Le parquet fédéral de Belgique a donc reçu le vendredi 3 novembre cinq mandats d’arrêt européens (MAE) en provenance d’Espagne. Ces mandats concernent Carles Puigdemont, mais aussi Maria Serret Aleu, Clara Ponsati Obiols et MM. Antoni Comin Oliveres et Luis Puig Gordi, qui avaient accompagné Puigdemont dans sa fuite, a précisé le parquet dans un communiqué le samedi 4 novembre. Selon la procédure du MAE, une fois que les personnes recherchées ont été retrouvées, et que le juge d’instruction s’est prononcé, il revient à la Chambre du conseil de prendre une décision sur l’exécution du MAE, dans les 15 jours. Cependant, le parquet tout comme la personne visée par le MAE peuvent faire appel de cette décision devant la Chambre des mises en accusation, ce qui ouvre un nouveau délai de 15 jours aussi. En cas de rejet de la procédure d’appel, cela ne signifie pas l’exécution immédiate de la décision. En effet, il existe encore la possibilité d’un pourvoi en Cassation, et la Chambre a là encore 15 jours pour rendre sa décision.

Selon la directive de l’Union Européenne, qui fixe les règles du MAE, la décision finale doit être prise sous 60 jours, un délai qui peut être porté à 90 jours “en cas de circonstances exceptionnelles”. Si la décision a été prise d’exécuter le MAE, la personne doit être remise à l’Etat émetteur du mandat sous 10 jours.

Il est donc possible que cette décision ne puisse pas être exécutée avant la date fixée pour les élections, ce qui n’est pas sans importance…


Le rapport des forces au sein du bloc indépendantiste

Ces élections, Carles Puigdemont les a acceptées. Mais, le résultat pourrait en être paradoxal. En effet, il ne fait guère de doutes que le comportement du gouvernement de Madrid a abouti à durcir la position des indépendantistes. La répressions du « référendum » du 1er octobre, mais aussi de multiples maladresses et provocations, comme le fait de nommer « gouverneur » de la Catalogne, dont le statut d’autonomie est suspendu par Madrid, la fille d’un ancien général franquiste, ont certainement accrues la popularités des partis indépendantistes.

Néanmoins, en leur sein, on assiste à un basculement dont les conservateurs indépendantistes pourraient bien faire les frais au profit d’un parti de gauche indépendantiste. M. Puigdemont, qui continue de se présenter comme le président “légitime” de la Catalogne en exil, appartient en effet au PDeCAT (Parti démocrate européen catalan, conservateur indépendantiste). Ce parti a gouverné la Catalogne pendant une large partie de l’ère démocratique moderne sous le nom de CiU (Convergencia y Unión). Il en théorie lié au Parti Populaire du Premier-ministre espagnol, M. Rajoy. Mais, l’opposition entre les deux hommes, et leurs partis respectifs, est désormais irrévocable. Les sondages cependant ne placent aujourd’hui le PDeCAT qu’en 4ème ou 5ème position pour les élections du 21 décembre. Le grand bénéficiaire de ces élections pourrait donc être la gauche indépendantiste (ERC, Gauche républicaine de Catalogne). Ce parti pourrait bien être le grand vainqueur de ces élections.

Les élections du 21 décembre

Ces deux partis, PDeCAT et ERC, se sont réunis au sein de la coalition “Ensemble pour le oui”, une coalition explicitement constituée pour mener la Catalogne à l’indépendance, et qui avait obtenu la majorité aux élections régionales de 2015. Ils ont donc gouverné ensemble entre 2015 et leur destitution le 27 octobre. La possibilité de voir les électeurs catalans reconduire cette coalition est donc bien réelle, d’autant plus que, dans le camp indépendantiste, il faut encore inclure la CUP (ou Candidatura d’Unitat Popular) un parti de la gauche radicale, qui avait obtenu 10 sièges sur 135 et plus de 8% des suffrages aux élections de 2015. Ce parti soutenait la coalition entre l’ERC et le PDeCAT, mais sans participer à l’exécutif régional.

Face à elle, il y aura les partis considérés comme « unionistes », essentiellement le PSOE/PSC, le PP et Ciudadanos. Mais ces partis ne semblent pas en mesure de l’emporter. En fait, la décision se fera en fonction du nombre de voix qu’obtiendra Podemos, un parti de la gauche radicale qui ne soutient pas l’indépendance, mais qui a dénoncé dans termes sans appel le comportement du gouvernement de Madrid et l’action de son Premier-ministre M. Rajoy. Le dirigeant de Podemos, Pablo Iglesias, a cependant reconnu la légitimité des élections du 21 décembre, et ce faisant ouvert une crise avec son aile catalane qui n’est pas sans compter des indépendantistes, qui auraient préféré s’allier avec la CUP.

[Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir Captur10

Un enjeu démocratique majeur

Ces élections, si elles peuvent se dérouler dans un cadre véritablement démocratique, seront un point important dans cette crise. Si les indépendantistes triomphaient, ou si simplement ils retrouvaient la majorité qu’ils avaient en 2015, cela constituerait une défaite majeure pour Rajoy. Ce dernier, désavoué par les urnes, ne pourrait s’enfermer dans son refus de négocier avec le mouvement indépendantiste. Il se verrait alors probablement contraint d’accepter la tenue d’un référendum. Mais, on ne peut pas exclure que le gouvernement de Madrid, et l’alliance entre le PP et le PSOE, décide d’interdire ou de « suspendre » les partis indépendantistes (PDeCAT, ERC et CUP), leur interdisant de fait de se présenter aux élections. Cet acte, que l’on ne peut exclure tant le gouvernement de Madrid et le Parti Populaire semblent dominés par une hubrys néo-franquiste, constituerait alors une rupture définitive entre catalans et espagnols. Il signerait aussi, pour les partenaires de l’Espagne comme pour les catalans, que ce pays est sorti du cadre démocratique. Le silence de l’Union européenne sur ce point pourrait bien être le dernier clou de son cercueil.

La responsabilité de M. Rajoy

Si le mouvement indépendantiste catalan a été jusqu’à présent pacifique, rien ne prouve qu’il le restera dans le futur. Ce coup de force de Madrid pourrait bien être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Il pourrait pousser des franges du mouvement indépendantiste vers la lutte armée.

Mariano Rajoy et le gouvernement de Madrid doivent cesser de penser qu’il peut y avoir une solution judiciaire à un mouvement politique. Ils doivent laisser les catalans s’exprimer, et s’exprimer librement, sans pressions ni menaces. Sinon, eux et leurs alliés du PSOE/PSC et de Ciudadanos, prendront la responsabilité d’une nouvelle guerre civile en Catalogne.

Jacques Sapir

Source : Les Crises
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[Russeurope en Exil] La Catalogne ensanglantée, par Jacques Sapir

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