UNGERSHEIM - (AFP) - Chaufferie à bois, panneaux solaires, cantine "100% bio" et espaces verts sans pesticides: le village d'Ungersheim (Haut-Rhin), "en transition" vers l'autonomie énergétique et alimentaire, fonctionne au quotidien comme un laboratoire de l'après-pétrole.
Lassé par "l'inertie et les beaux discours" des politiques, le maire de cette commune de 2.000 âmes proche de Mulhouse multiplie les projets écologiques.
"Un maire peut avoir beaucoup de leviers dans la contribution pratique", relève Jean-Claude Mensch, qui dirige sa commune depuis 1989. "Le fait de passer à la transition, ça évite de trop parler d'écologie".
Sous l'impulsion de ce mineur retraité de 66 ans, fidèle compagnon de route des Verts mais élu sans étiquette, Ungersheim a entamé sa "reconversion" au début des années 2000 en faisant la chasse aux énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon).
Désormais, l'éclairage public est moins énergivore, la piscine municipale est chauffée par des panneaux solaires et plusieurs bâtiments municipaux sont alimentés par une chaufferie à bois.
Le recours à la biomasse ayant fait ses preuves, la mairie envisage maintenant de relier cette chaudière à un futur lotissement voisin, pour avancer un peu plus vers l'autonomie.
Autre mesure forte, le désherbage des espaces verts, du cimetière ou encore du terrain de foot se fait sans pesticides. "On fait tout à la main!", s'amuse David, un des employés communaux.
En plus des espaces verts, le jeune homme est affecté à une mission bien spéciale: c'est lui qui, tous les midis, assure une partie du ramassage scolaire... en calèche.
En 2008, le conseil municipal s'est offert un cheval, "Richelieu", et du matériel d'attelage, pour quelque 20.000 euros. L'objectif: assurer la desserte du midi pour une vingtaine d'enfants vivant loin du centre-ville, dont les parents sont les plus susceptibles de prendre leur voiture.
"On change de trajet tous les jours pour faire plaisir à tout le monde, les enfants sont ravis", raconte David, tandis que les écoliers viennent caresser Richelieu.
Devenu la coqueluche du voisinage, l'étalon assiste également les employés communaux pour l'élagage et les travaux d'arrosage. Parfois, la commune le prête aussi aux "Jardins du Trèfle Rouge", une exploitation maraîchère "bio" à la sortie du village.
L'autre cheval de bataille d'Ungersheim est en effet d'offrir une "alimentation saine pour tous", via l'agriculture biologique.
Pour y parvenir, la mairie a racheté un terrain de 8 hectares et l'a mis à disposition d'une association employant une trentaine d'ouvriers maraîchers en réinsertion.
Les légumes sortis du Trèfle Rouge atterrissent tout droit dans les assiettes de la cantine, offrant aux enfants une alimentation 100% bio. "Goûter inclus!", précise le maire avec fierté.
Une bonne partie de la population reste cependant circonspecte face à un tel dynamisme. "Leur soutien n'est pas toujours évident, ils sont parfois un peu récalcitrants", admet le président d'une association locale, Serge Heckmann. "Mais si on ne prend pas d'initiatives, personne ne le fera".
Ce volontarisme politique s'est traduit par l'implantation à Ungersheim de la plus grande centrale solaire d'Alsace (40.000 m2), dont la mise en service est prévue le 31 décembre.
Après avoir racheté une friche industrielle de 6 ha, la ville a lancé un appel d'offres pour y attirer un entrepreneur spécialisé dans le photovoltaïque.
Une société basée à Mulhouse va transférer son siège social à Ungersheim, payer un loyer à la ville et vendra au réseau ERDF "une production équivalant à la consommation énergétique de 800 foyers", selon M. Mensch.
Ce maire hyperactif a encore des projets plein la tête. Tandis qu'il réfléchit à la création d'une unité de méthanisation, pour assurer une réelle autonomie énergétique, il tente d'attirer de futurs habitants avec la mise en place d'un éco-hameau constitué de "maisons passives" (qui ne consomment que l'énergie produite localement).
© AFP
Le changement est en marche, je croise les doigts pour que cela se repende comme une trainé de poudre