Selon un rapport parlementaire, le Royaume-Uni a autorisé des exportations de matériel militaire à plusieurs pays sensibles dont l'Iran, la Syrie et la Chine.
Alors que David Cameron vient d'abandonner sa proposition d'armer les rebelles syriens, le Royaume-Uni a-t-il livré des composants permettant de fabriquer des armes chimiques au régime de Bachar el-Assad? Un rapport parlementaire révèle l'exportation par le pays de 12,3 milliards de livres (14 milliards d'euros) d'armement à 25 nations figurant sur sa propre liste de régimes sensibles.
Selon le comité de contrôle des exportations d'armes de la Chambre des communes, du fluorure de sodium, qui peut servir à la fabrication d'armes chimiques, a été exporté vers la Syrie ces deux dernières années. Des véhicules tout-terrain et des pièces de sonars ont également été vendus à Damas. Londres vient par ailleurs d'annoncer l'envoi de tenues de protection contre les armes chimiques aux insurgés syriens. Le gouvernement assure qu'aucun équipement «de nature à être utilisé pour faciliter la répression interne», «provoquer ou prolonger des conflits régionaux ou internationaux» n'est concerné. Mais la logique commerciale semble l'emporter sur les droits de l'homme: sur les 27 régimes à caractère sensible désignés par le Foreign Office, seuls la Corée du Nord et le Soudan Sud n'ont pas de contrat d'armement avec la Grande-Bretagne.
Fusils d'assaut au Sri Lanka
Plus de 3000 licences d'exportations de «produits stratégiques sous contrôle», qui peuvent avoir un double usage civil ou militaire, ont été signées ou renouvelées. L'Iran a bénéficié de 62 contrats, essentiellement pour du matériel cryptographique. La Russie reçoit du matériel biotechnologique, des fusils, des systèmes d'armes guidés par laser et des drones. La Chine a acheté pour 1,4 milliard de livres d'équipements, alors qu'il existe un embargo européen sur les livraisons d'armes à Pékin. Des fusils d'assaut ont été exportés au Sri Lanka, malgré les rapports sur la répression. Israël représente plus de la moitié des montants vendus à l'étranger.
Président de la commission parlementaire, l'ancien ministre de la Défense, John Stanley, s'est dit «stupéfait» par cette «somme gigantesque» - il a d'abord cru que «quelqu'un avait ajouté des zéros»! Il demande au gouvernement des «clarifications» sur l'utilisation possible des produits autorisés à la vente par les fournisseurs britanniques dans certains régimes douteux. «Le gouvernement doit reconnaître le conflit inhérent entre la promotion soutenue des exportations d'armes à des régimes autoritaires tout en critiquant en même temps leur non-respect des droits de l'homme», souligne le député.
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