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 Le blues d'un journaliste-blogueur.

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MessageSujet: Le blues d'un journaliste-blogueur.   Le blues d'un journaliste-blogueur. I_icon_minitimeLun 13 Fév 2012 - 14:16

Citation :
La théorie du Bougnoulisme

Ah, Bougnoulie ! Pays de mes meilleurs rêves… brisés et contrée de mes pires cauchemars… matérialisés. Comment ne pas échapper à ton magnétisme maléfique que tu exerces sur moi depuis que je suis né ? Comme un trou noir tapi dans l’espace intersidéral, tu m’as attiré dans ton vortex central dans lequel je tournoie sans espoir de m’y échapper. Quand je regarde mon passeport, la couleur de sa couverture me rappelle que je suis un Bougnoule, ma photo d’identité me rappelle que je suis un Bougnoule et mon état civil me rappelle que je suis un Bougnoule. D’ailleurs mon diminutif est « Bouboune ». Laissez-moi vous présenter mon cher pays, la Bougnoulie.


Sur le plan géographique, la Bougnoulie ne se situe pas dans un continent spécifique. Elle peut se situer dans l’hémisphère nord ou l’hémisphère sud, sa superficie peut aller de quelques milliers à quelques millions de kilomètres carrés. La Bougnoulie peut être côtière, désertique ou avoir une forêt luxuriante. Sur le plan des ressources naturelles, elle peut indifféremment être pauvre et dépourvue de toute richesse naturelle ou au contraire être riche de minerais, de pétrole, de gaz, de café, de cacao, de bananes, d’oliviers, de bétail divers et varié allant du mouton au dromadaire, etc. Là n’est pas le problème, car sa géographie est l’œuvre du Bon Dieu et ne peut donc souffrir de lacune ou de vice caché.


Sur le plan démographique et comme son nom l’indique, la Bougnoulie est peuplée de Bougnoules. Ce peuple n’a pas de caractéristiques physiques propres à lui : sa peau peut être blanche, jaune, bronzée de type mauresque, rouge ou noire. Le Bougnoule peut aussi être grand ou petit, gros ou mince, flasque ou musclé. En résumé, le Bougnoule ne présente pas de défaut sur le plan physique car c’est aussi l’œuvre du Bon Dieu. C’est plutôt sur le plan du comportement que le Bougnoule se différencie de l’Homme civilisé et moderne comme nous le concevons dans notre idéal. N’ayant cure du civisme, le Bougnoule a développé une éthique comportementale de substitution : le Bougnoulisme. Par opposition à l’Homme civilisé, le Bougnoule bougnoulisé est le plus souvent impoli et manque cruellement d’éducation. Un manque qu’il s’acharne à transmettre à ses enfants en leur donnant l’exemple dans tout ce qu’un être normal ne devrait pas faire. Il gueule au lieu de parler, il impose son avis au lieu de discuter, il frappe avant d’écouter et il s’ingénie à demeurer borné et à ne pas accepter l’avis des autres Bougnoules. Durant ses études, il fait le minimum et essaie, quand c’est possible, de tricher. Armé d’un diplôme qui ne vaut rien car en Bougnoulie les diplômes s‘achètent, il pourrit pendant des années en tant que chômeur. Si le Bougnoule a un piston et arrive à décrocher un travail, il fait encore moins que pendant ses études et use de toutes les ruses pour « booster » sa carrière quitte à monter sur le dos de ses collègues. Quand le Bougnoule est fonctionnaire, il est presque payé à se tourner les pouces et n’est jamais au service du citoyen Bougnoule comme lui. Si on se penche sur le comportement du Bougnoule dans le quotidien, nous remarquons qu’il se caractérise par son égoïsme, son arrivisme et le manque total du sens de l’intérêt général chez lui. Il conduit sa voiture comme un gladiateur conduirait son char : il grille le feu rouge, refuse la priorité, multiplie les queues de poisson, use du klaxon d’une manière hystérique, enrhume les radars, double par la droite, insulte les autres Bougnoules au volant et leur fait des gestes obscènes. Si par malheur il se fait arrêter par un policier Bougnoule, il lui glisse illico presto un billet dans la carte grise et reprend sa partie de rodéo. Dans un autre registre comportemental, le Bougnoule ne fait jamais la queue et n’attend jamais son tour. Il adore court-circuiter tout ce qui est d’usage pour se targuer du fait qu’il est plus rusé que les autres Bougnoules. De plus, le Bougnoule n’a pas de respect pour ses voisins et vivre en communauté avec lui est un calvaire sauf pour les Bougnoules comme lui. Pour ce qui est des services payants, le Bougnoule essaie toujours de trouver un moyen pour ne pas payer : ce qui est normal pour lui c’est de resquiller dans le bus ou dans le train et de pirater les chaînes télévisées au lieu de souscrire un abonnement en bonne et due forme. En outre, le Bougnoule se croit tout permis et drague les Bougnoulettes avec peu de tact et beaucoup de goujaterie. Quand il est jeune, il considère la Bougnoulette comme un trophée de chasse et multiplie les conquêtes sans lendemain et une fois qu’il se marie il devient le plus jaloux des maris Bougnoules frôlant même la psychopathie. Enfin, le Bougnoule est très excessif dans tout ce qu’il entreprend: s’il boit de l’alcool c’est jusqu’à en vomir, s’il mange c’est jusqu’à en chier, s’il baise c’est jusqu’à en attraper la syphilis, s’il prie c’est jusqu’à en emmerder les autres avec sa piété ostentatoire, s’il mendie c’est jusqu’à en perdre tout amour-propre et s’il s’enrichit c’est jusqu’à en arriver à vouloir acheter la Tour Eiffel.


Dans le domaine économique, plusieurs traits caractérisent la Bougnoulie. Primo, ce pays ne fabrique aucun produit à fort contenu technologique et n’invente rien. Généralement, les usines bougnoules fabriquent des biscuits, des yaourts, du papier hygiénique, des textiles, etc. Quelques unes fabriquent des produits sous licence mais toujours en copiant ce qui a été déjà inventé et fabriqué ailleurs. Secundo, quand la Bougnoulie est riche de ses ressources naturelles comme le pétrole par exemple, on n’y fabrique alors rien du tout et on se contente de tout importer. On n’y travaille même pas puisque les Bougnoules riches font venir des Bougnoules pauvres d’autres Bougnoulies pour faire le sale boulot. Les Bougnoules riches passent alors leur temps à déambuler dans des centres commerciaux et à claquer leur argent dans de grosses voitures allemandes, des bijoux, des montres suisses et des yachts. Tertio, l’économie de la Bougnoulie est très souvent gangrenée par une corruption généralisée où les pots de vin et autres dessous de table circulent à tous les niveaux de la pyramide hiérarchique. La concurrence déloyale y fait fureur et le népotisme tue dans l’œuf toute tentative de réussite individuelle en dehors du cercle restreint des grands caïds qui tiennent les rennes de l’activité économique. Quarto, les banques bougnoules ne sont pas du tout fiables et octroient les crédits à la tête du client. Il arrive très souvent qu’elles participent activement à des opérations de blanchiment d’argent sale. De mèche avec la Banque Centrale bougnoule, celles-ci contribuent à l’appauvrissement de la Bougnoulie en autorisant des transferts de devises vers l’extérieur pour permettre aux potentats bougnoules de faire des affaires juteuses dans les pays industrialisés. Quinto, le fisc bougnoule ne joue absolument pas son rôle de renfloueur des caisses de l’Etat en ponctionnant d’une manière juste et modérée tous les acteurs de l’Economie qu’ils soient sociétés ou personnes. En Bougnoulie, le fisc est une épée de Damoclès au-dessus de la tête de tout Bougnoule récalcitrant ce qui incite les Bougnoules à ne pas trop investir ralentissant ainsi l’activité économique et favorisant un chômage déjà galopant. Sexto, les ménages bougnoules sont surendettés et continuellement poussés à la consommation car aguichés par des publicités sans fin à la télévision et sur les panneaux publicitaires qui trônent sur les bords des routes.


Pour ce qui est du registre ayant trait à la culture et au divertissement, la Bougnoulie se caractérise par un vide intersidéral. Les cinémas y périclitent à cause du téléchargement massif et aveugle sur internet et le théâtre y est muselé et souvent trop compliqué pour être compris d’un public bougnoule très limité intellectuellement parlant. Les auteurs bougnoules ont arrêté d’écrire des livres depuis fort longtemps faute de clients car incultes et ne lisant pas plus que l’horoscope et les journaux bougnoules sont uniformes avec la même une, les mêmes articles et la même politique de léchage de bottes et d’autocensure. Pour se divertir, les Bougnoules arpentent les festivals estivaux et sont prêts à danser même sur une musique de fanfare. Quand on les voit se déhancher sourire aux lèvres, on se dit qu’il ne faut pas se fouler les neurones pour divertir un public bougnoule. Quant à la télévision bougnoule, elle ne produit que des stupidités et des émissions superficielles et pour le reste elle achète des feuilletons à l’eau de rose doublés en langue bougnoule qui ne correspond pas du tout aux mouvements des lèvres des vrais acteurs. Côté sport, les Bougnoules adorent le football même si le niveau de leur championnat est à en gerber : les joueurs sont mauvais, les arbitres sont achetés et les présidents de clubs sont pratiquement tous des hommes d’affaires pourris jusqu’à la moelle. Les supporters bougnoules ne ratent pas une occasion pour déverser des flots de mots grossiers et d’insultes et finissent souvent par envahir le terrain ou se bastonner à peine sortis du stade.


La société bougnoule, de son côté, est généralement liberticide. Elle vit depuis des siècles dans un carcan soit religieux soit de coutumes d’un autre âge soit les deux combinées. Chez les Bougnoules, on n’est pas très large d’esprit et on n’aime pas celui qui dénote et qui sort de la norme. Le Bougnoule adore imposer ses convictions aux autres et ne rate pas une occasion pour dénoncer le racisme contre les Bougnoules alors qu’au fond il est lui-même profondément raciste. Souvent, le Bougnoule est très fier de ce qu’il est, de sa religion, de son niveau culturel et intellectuel, de son pays qu’il trouve le plus beau de la Planète et de son Histoire. Ce qui est frappant est que même si le Bougnoule est conscient de la décadence dans laquelle végète sa Bougnoulie, il trouvera toujours le moyen de dire que son pays a vécu un passé glorieux et qu’il a rayonné pendant des siècles sur l’Humanité toute entière. En outre, si la Bougnoulie est peuplée de plusieurs ethnies, ces dernières trouvent plus simple de se faire la guerre et de s’entretuer que de s’entendre et de vivre en paix. Le but étant de s’imposer en tant qu’ethnie supérieure à toutes les autres et de pomper ainsi toutes les richesses disponibles.


La cerise sur le gâteau est l’arène politique bougnoule. En Bougnoulie, la dictature est de mise qu’elle soit l’œuvre d’un tyran ou d’une junte militaire. Président, monarque ou généralissime, l’homme fort bougnoule a souvent les cheveux teints et est issu de la filière militaire. Sa légitimité vient d’un passé de résistant souvent fabriqué, d’une descendance royale ou d’un coup d’état. Il gouverne en potentat absolu et confond l’argent public avec ses deniers propres. Entouré d’une meute de lèche-culs et de courtisans qui ne pensent qu’à s’enrichir et vider les caisses de l’Etat, il devient au bout de quelques années autiste et complètement déconnecté de la réalité que vit son peuple. S’il n’est pas roi, il joue les apprentis-sorciers avec la pseudo-constitution bougnoule qui n’est respectée de personne afin de rester à vie cloué à son poste et se faire succéder ensuite par un membre de sa famille proche. Selon le cas, son Excellence Bougnoule Suprême s’appuie sur une armée aux ordres ou une police pourrie pour assoir son autorité et museler toute voix discordante. Dans le cas d’une Bougnoulie policière, le Ministère de l’Intérieur devient le point névralgique du pouvoir : il héberge pêle-mêle police politique, renseignements généraux, organe de surveillance et de censure d’internet, police anti-émeute, maréchaussée, etc. Les agents sont dans leur majorité dénués de toute humanité et c’est pour cela qu’on les recrute. Ils font du zèle pour racketter, frapper, arrêter sans discernement, torturer, faire avouer à quiconque n’importe quel crime et accessoirement servir le citoyen bougnoule quand il sait allonger le billet qu’il faut. Dans tous les cas, le Bougnoule Suprême est à la botte d’une puissance étrangère qui l’a aidé à prendre le pouvoir et devient son toutou adoré prêt à tout faire pour se faire bien voir et pérenniser ainsi son règne. En Bougnoulie, les Ministres sont des fantoches corrompus à leur tour et souvent nommés et débarqués par la Première Dame bougnoule. Il arrive que les Bougnoules en aient ras-le-bol et se soulèvent. Très vite les sbires du régime entrent alors en action et tirent sur la foule à balles réelles. Beaucoup tombent alors comme des mouches mais finissent par faire fuir leur tortionnaire en chef. Malheureusement, les Bougnoules profitent rarement de cette occasion unique pour sortir leur Bougnoulie du bougnoulisme et se mettre dans le sillage des nations développées, paisibles et civilisées. En fait, dès que le champ de liberté du Bougnoule s’élargit d’un coup, ce dernier est frappé d’une hystérie faite de chaos et de gabegie et commence à faire n’importe quoi tout en ne perdant jamais de vue son intérêt propre. Il ne travaille plus, il ne respecte plus rien et se croit tout permis. Pendant ce temps, des partis opprimés et interdits de se manifester à l’époque de l’absolutisme du Bougnoule Suprême débarqué, sortent de l’ombre et entament une propagande tous azimuts pour rallier à leur cause le plus de Bougnoules en vue d’élections anticipées. De son côté, la police déserte les rues et laisse des Bougnoules malfrats terroriser les gentils Bougnoules qui ne demandent qu’à vivre. Dans d’autres Bougnoulies, le Bougnoule Suprême qu’on veut virer s’acharne à rester et décime sans aucun remord tout son peuple bougnoule utilisant toutes sortes d’armes et de bombes. Enfin, les révolutions dans certaines Bougnoulies se font mater par la police d’une Bougnoulie plus puissante craignant une contagion chez elle.


Voilà donc une petite étude sur les Bougnoulies à travers le Monde en espérant avoir été clair dans mes explications. Cela étant dit, je n’oublie pas que je suis moi-même un Bougnoule et que mon destin est fait de telle sorte que je le resterai toute ma vie.


Bouboune le Bougnoule


Source: http://corrado-libertymove.blogspot.com/2011/04/la-theorie-du-bougnoulisme.html

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MessageSujet: Re: Le blues d'un journaliste-blogueur.   Le blues d'un journaliste-blogueur. I_icon_minitimeLun 17 Sep 2012 - 16:52

Après l'introspection de Boudoune, changement de ton avec un article signé Raphaël CONFIANT:



Citation :
DANS LA PEAU D’UN ARABE…


Il y a une dizaine de jours, un article intitulé « Moi, Mustapha Kessous, journaliste au « Monde » et victime du racisme » a fait sensation dans le landernau politico-médiatique germanopratin qui semblait soudainement découvrir la lune. J’ignore quel âge à M. Kessous mais son témoignage, certes édifiant, m’a fait sourire. Car enfin, j’ai souvenir, dans les années 70 du siècle dernier, il y a donc bien une quarantaine d’années de cela, d’avoir vécu exactement ce que raconte le journaliste du prestigieux quotidien. Cela s’est d’abord passé à Aix-en-Provence, petite ville ensoleillée et friquée, située à une trentaine de kilomètres de Marseille, où une dizaine de petits-bourgeois antillais (dont je faisais partie) avait décidé d’y aller « faire Sciences Po ».

Pur snobisme car à l’époque, les étudiants antillais se dirigeaient massivement vers Bordeaux et ensuite Toulouse et Paris. Nous ignorions au moins deux choses : que le Sud-est de la France regorgeait d’immigrés venus du Maghreb d’une part et que d’autre part, les Français confondent souvent les mulâtres ou les chabins antillais avec les Maghrébins.

Je me suis donc, à mon corps défendant retrouvé dans la peau d’un Arabe. Chacun se souvient de l’ouvrage intitulé « Dans la peau d’un Noir » écrit par J. H. Grifin, journaliste blanc étasunien qui s’était fait friser les cheveux et brunir la peau à l’aide de médicaments et avait voyagé en autobus à travers le Sud profond des Etats-Unis, y donnant une vision terrifiante du racisme qui y régnait à la fin des années 50. Pour ma part, je n’avais pas besoin de me grimer. Pour l’épicier du coin, pour le facteur, pour le flic, pour le garçon de café, pour le chauffeur de bus, j’étais sans aucun doute possible un bougnoule. On disait aussi : raton, crouille, melon, bicot, Nord’Af et j’en passe. Les Africains et les Antillais à peau noire étaient plus chanceux. Pour eux, il y avait juste un seul et unique qualificatif dépréciatif : négro. Mais assez rarement employé en fait, pour autant que je pouvais en juger. Les Noirs étaient tolérés dans la bonne ville du Roy René, Aix donc, mais pas les Arabes. Qu’on en juge :

. je m’assieds à la terrasse d’un café sur le magnifique Cours Mirabeau, artère centrale de la ville ombragée de platanes centenaires où, l’été, chantent des grillons. Ce café a pour nom « Les Deux garçons » et est très stylé vu l’uniforme des serveurs. J’attends dix minutes, vingt minutes, une demi-heure, une heure. Je fais signe aux garçons qui passent près de ma table et qui servent avec diligence les autres clients. En vain ! Ils ne me voient pas. Je suis invisible. Comme le héros d’ « Invisible man » du romancier noir étasunien Ralph Ellison. Finalement, par charité chrétienne, je suppose, un serveur se penche à mon oreille et me fait : « Le café pour les gens comme vous, c’est tout au bas du Cours Mirabeau. « Le Mondial » qu’il s’appelle… ». Effectivement, « Le Mondial » est peuplé de travailleurs immigrés maghrébins.

. c’est l’été qui, en Provence, est absolument sublime. Je me promène un après-midi avec des amis non loin de la cité universitaire lorsque nous passons devant un immeuble bordé de haies de petites fleurs jaunes dont j’ignore le nom. J’en cueille une par réflexe. Plus bas, il y a un groupe d’hommes, ils sont trois, je ne vois pas qu’ils nous observent méchamment. Arrivé à leur hauteur, l’un d’eux me balance un violent coup de poing sur la tempe, ce qui fait mes lunettes s’envoler et traverser la rue. Soudain, une femme surgit avec un berger allemand, hurlant : « Il a frappé mon mari ! Ce bougnoule l’a frappé ! ». Mes amis et mois battons en retraite devant les crocs du fauve. J’apprendrai plus tard que l’homme qui m’a frappé était le gardien de l’immeuble. Au commissariat d’Aix, les deux flics hilares qui me reçoivent mettront deux heures à enregistrer ma plainte. Toutes les cinq minutes, ils prétextaient un coup de fil à passer ou autre chose pour pouvoir me laisser en plan. A la nuit tombée, je suis retourné sur les lieux de l’altercation. Par miracle, mes lunettes avaient glissé sous une voiture en stationnement qui n’avait pas roulé de la journée.

. un déséquilibré mental algérien poignarde un chauffeur de bus français sur la ligne Aix-Marseille. Aussitôt, c’est un déchaînement inouï de ratonnades dans toute la région : un jeune cyclomotoriste arabe se fait exploser la tête par une Winchester, deux ouvriers rentrant du travail sont écrasés par un véhicule qui ne s’arrête pas, bref 17 Arabes sont massacrés dans la semaine qui suit. Le journal d’extrême-droite, « Le Provençal », publie un éditorial écrit par un certain Domenech dont je n’ai pas oublié un mot : « Dehors les sauvages arabes ! Dehors les criminels arabes ! Dehors les assassins arabes ! Dehors les syphilitiques arabes ! … », le reste à l’avenant sur une demi-page ! Une bombe est déposée par le groupe « Occident », ancêtre du Front National, au consulat algérien de Marseille. Bilan : 3 morts et douze blessés. Le directeur de la cité universitaire où je loge, « Les Gazelles », fait apposer une affiche : « Nous demandons à tous les étudiants arabes ou de type arabe de ne pas sortir après dix-sept heures ». Les ratonnades se produisaient, en effet, le plus souvent entre chien et loup : tôt le matin ou au crépuscule. Je suis resté quinze jours enfermé dans cette cité avec les étudiants de mon « type » !

. j’achète « Le Monde », bible des étudiants de Sciences Po, toujours au même kiosque à journaux. La dame, des mois durant, me balance la monnaie sur le comptoir au lieu de me la tendre. Jusqu’au jour où je suis accompagné d’un Antillais noir de peau avec lequel je parle créole. Etonnement de la dame qui écarquille les yeux et me fait : « Vous n’êtes pas Arabe ? ». Mon ami lui fait signe que non. De ce jour, elle me rend gentiment la monnaie et toujours avec un « Alors, les Antilles, ça va ? Il doit faire beau là-bas en ce moment ? ».

J’aurais pu écrire un livre entier d’anecdotes du même type si j’avais du temps à perdre. Toujours est-il que je me souviens avoir adopté l’attitude inverse de mes compatriotes antillais qui, à 99%, lorsqu’ils sont confondus avec des Arabes, s’empressent de démentir et de jouer au gentil Antillais bon sportif-bon musicien-bon baiseur. D’ailleurs, certains étudiants d’Aix, dès le printemps venu, arboraient de grands tee-shirts marqués « Antilles », « Martinique » ou « Guadeloupe » pour éviter toute confusion. J’avais honte de leur attitude. Mon attitude à moi a toujours été : vous me prenez pour un Arabe, eh bien, oui, je suis un Arabe ! Si bien que régulièrement, je m’entendais dire par quelque Gaulois, confus de sa méprise : « Mais vous auriez pu le dire plus tôt que vous êtes Antillais ! ».

Les années passant, Aix oublié, je reviens souvent à Paris, dans les années 90, pour la promotion de mes livres. Rien n’a changé. A la station de métro où je sors, Place de la Nation, le même CRS pendant quinze jours, me contrôle tous les jours, d’un air soupçonneux, tournant et retournant mon passeport pour voir s’il n’est pas faux. Il ne comprend pas pourquoi je n’ai pas de carte d’identité. Il devient encore plus soupçonneux quand je lui apprends que je n’ai jamais eu ni carte d’identité ni chéquier de toute ma vie. Chaque matin, il m’accueille en haut des marches de la bouche de métro en rigolant : « Alors, Mohammed, cette fois, on avoue ? ».

Dernière anecdote : un soir, de 1996 ou 97, je sors d’un colloque en province et n’ai pas pensé à acheter de quoi manger. Je n’ai absolument rien chez moi, même pas de quoi grignoter. Il est minuit moins le quart. J’avise une pizzéria au bas de mon immeuble qui est miraculeusement ouverte à cette heure. Le patron, tablier blanc autour des reins, fume une cigarette sur le pas de la porte. A l’intérieur, je vois un couple de Français en train d’achever de dîner. Je m’approche et demande respectueusement au patron :

« Bonsoir, vous auriez encore des pizzas à emporter ? »

Il me dévisage, me regarde de haut en bas et de bas en haut. Je sais ce que signifie ce regard. J’en ai fait cent fois l’expérience : « Encore un bougnoule de merde ! ». Il me tourne alors le dos et lance à son pizzaiolo qui s’affaire près du four :

« Une pizza ! Une ! A EXPORTER ! »

J’entends le couple de Français et le pizzaiolo éclater de rire à l’intérieur. Je tourne alors les talons et vais me coucher sans manger.


Source: http://www.montraykreyol.org/spip.php?article3113
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MessageSujet: Re: Le blues d'un journaliste-blogueur.   Le blues d'un journaliste-blogueur. I_icon_minitimeLun 17 Sep 2012 - 20:12

Sale temps pour les "Bicos" (oui je peux me permettre ce terme en tant que Français supérieur de souche).. donc, disais-je, sale temps pour les Bicos, heureusement Dieu dans son infinie miséricorde à fait de moi un bon Français pur souche, jamais je n'ai eu à montrer quelques papiers que se soit, jamais de critiques insidieuses sur mon faciès (en plus je suis plutôt gâté par la nature), jamais refoulé de nulle part, jamais arrêté par les forces du désordre, jamais refusé à un entretien, ect.... (heureusement que dieu est Français), bref jouissant pleinement de la supériorité raciale qui coule dans mes veines, et bénéficiant de cette couleur blanche qui irradie mon visage, je peux aujourd'hui légitimement prétendre au titre de "fuhrer" de la France, je conduirais mon peuple de souche (enfin lavé de la souillure magrébine) vers un âge d'or qui durera mille ans !!!!


Heil uru_anna, heil uru_anna, heil uru_anna !!!!



PS : (pour ceux qui craignent le second degrés, là on est passé directement au 10ème...)


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MessageSujet: Re: Le blues d'un journaliste-blogueur.   Le blues d'un journaliste-blogueur. I_icon_minitimeMar 18 Sep 2012 - 22:21

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MessageSujet: Re: Le blues d'un journaliste-blogueur.   Le blues d'un journaliste-blogueur. I_icon_minitimeLun 2 Juin 2014 - 20:46

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MessageSujet: Re: Le blues d'un journaliste-blogueur.   Le blues d'un journaliste-blogueur. I_icon_minitimeLun 2 Juin 2014 - 21:34

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MessageSujet: Re: Le blues d'un journaliste-blogueur.   Le blues d'un journaliste-blogueur. I_icon_minitimeDim 8 Juin 2014 - 10:43

Nouvelle vidéo de Scady. Il adresse un message au site fdesouche.com, bien connu à l'extrême droite, et bien connu aussi des journalistes qui le présentent comme un site qui prépare la guerre civile en France, et dont les protagonistes (webmaster...) sont planqués quelque part au Texas, dit-on sur le net...


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