C’est le printemps de la 5G : les antennes bourgeonnent et les pétitions fleurissent. Les premières contestations accompagnent les premiers réseaux, sans toutefois parvenir à faire mouche, faute d'arguments bien probants. Si les articles et les mouvements des « anti-ondes » ne manquent pas d'intérêt, ils jouent sur les peurs en ignorant la réalité de la recherche scientifique, loin de la vérité qu'ils prétendent incarner. Pour y voir plus clair, voici quelques éléments de réflexion.
La 5G est cancérogène?
La 5G est « dangereuse pour la santé », assure une pétition lancée par l’auteur d’une newsletter sur la « nutrithérapie ». La preuve ? Quatre études scientifiques parmi des milliers sur le sujet, et pas les plus pertinentes, puisque l’une s’intéresse surtout aux téléphones fixes sans fil et une autre aux rayonnements extrêmement basse fréquence qui ne sont pas utilisés dans les télécoms. Qu’importe, me direz-vous, puisque le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé les ondes électromagnétiques dans le groupe 2B des agents « peut-être cancérogènes » pour l’homme.
Oui… mais non. D’abord parce que cette classification signifie que la recherche ne peut certes pas prouver que les ondes électromagnétiques sont inoffensives, mais pas non plus qu’elles sont clairement dangereuses aux niveaux d’exposition recommandés. Après avoir passé de nombreuses études en revue, le CIRC conclut que les indications sont « limitées » pour le gliome et le neurinome de l’acoustique et « insuffisantes » pour les autres types de cancers. Malgré tout, les militants anti-ondes considèrent que les seuils recommandés sont trop élevés.
« À ce jour », dit pourtant l’OMS, « la recherche n’a apporté aucun élément de preuve significatif d’effets néfastes pour la santé provoqués par l’exposition aux champs de radiofréquences à des niveaux inférieurs à ceux qui induisent un échauffement des tissus. » L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) estime « il n’apparait pas fondé, sur une base sanitaire, de proposer de nouvelles valeurs limites d’exposition pour la population générale. »
Cela étant dit, l’OMS encourage « de nouvelles recherches », notamment sur les enfants. La recherche récente tend à montrer un risque accru de certains cancers cérébraux en cas d’exposition aux ondes électromagnétiques, mais seulement à des niveaux d’exposition très supérieurs à ceux de la population générale, notamment parmi les professionnels exposés aux radars et aux micro-ondes. À l’heure actuelle, le fait est que les preuves épidémiologiques restent ténues.
La 5G utilise des fréquences plus élevées donc plus dangereuses?
Dans un premier temps, les réseaux de cinquième génération ne vont pas utiliser des fréquences beaucoup plus élevées que les réseaux de quatrième génération (lire : La 4G n’est pas morte, vive la 5G !). Les premiers déploiements sont réalisés avec des ondes centimétriques, dans des bandes voisines de celles utilisées pour la 4G (entre 700 et 2 600 MHz) et le Wi-Fi (entre 2,4 et 5 GHz). Dans un deuxième temps, les opérateurs utiliseront des ondes millimétriques (26, 33, 45, 52, 60, ou encore 75 GHz). Bref, la 5G utilise toujours des micro-ondes.
La montée en fréquence n’est pas nécessairement synonyme d’augmentation des risques. Ainsi les rayonnements térahertz, aussi qualifiés d’ondes submillimétriques, sont peu énergétiques et donc peu nocifs. La montée en fréquence est plutôt synonyme de réduction de la portée. Les ondes millimétriques ne pourront couvrir qu’un pâté de maisons, les ondes submillimétriques sont fortement atténuées par l’atmosphère au-delà d’une dizaine de mètres, les ondes nanométriques sont sensibles aux perturbations lumineuses sur quelques mètres seulement.
spectre des rayonnements électromagnétiques en fonction de leur longueur d’onde.
Les réseaux télécoms utilisent des micro-ondes, d’une longueur d’onde entre le demi-mètre et le millimètre. Image Inductiveload (CC BY-SA 3.0).
Et si l’on continue à monter en fréquence, on finit par atteindre la partie visible du spectre électromagnétique, autrement dit la lumière. Vous êtes paniqués par les bandes de fréquences utilisées par la 5G ? Attendez de découvrir les dangers de la lumière ! Plus sérieusement, la distinction la plus importante est celle entre les rayonnements non ionisants, qui n’ont pas assez d’énergie pour « arracher » des électrons à leur atome, et les rayonnements ionisants, qui sont capables de le faire et peuvent ainsi causer des dommages à l’échelle cellulaire.
Les micro-ondes sont des rayonnements non ionisants. Les rayonnements ultraviolets lointains et les rayons X sont des rayonnements ionisants, comme le sont ceux qui proviennent des substances radioactives. Les premiers sont « peut-être » nocifs après une exposition prolongée, les seconds peuvent être immédiatement dangereux après une exposition limitée. On voit pourtant des militants anti-ondes faire bronzette sans crème solaire et passer des radios après une fracture.
La 5G demande de nombreuses antennes qui vont augmenter notre exposition aux radiations?
Cet argument est plus intéressant, précisément parce qu’il s’inquiète de la durée de l’exposition et de l’intensité des champs électromagnétiques qui nous entourent. Dans l’école située à quelques pas de la rédaction d’iGeneration, à 69 mètres de l’antenne-relai la plus proche, le niveau global d’exposition est mesuré à 0,38 V/m. Dans toute l’agglomération lyonnaise, aucune mesure réalisée ces deux dernières années n’approche le tiers de la limite légale de 61 V/m. À Paris, une seule mesure a dépassé 10 V/m ces vingt-quatre derniers mois.
Pour comparaison, la force électrique du champ généré par votre fer à repasser atteint 120 V/m, et vous passez plusieurs heures dans un champ de 300 V/m lorsque vous prenez le train. Les limites d’exposition dépendent des applications et du public : pour les appareils électriques utilisant le courant européen cadencé à 50 Hz, elles sont fixées à 5 000 V/m pour le grand public, et jusqu’à 10 000 V/m pour les professionnels prenant des précautions particulières. L’OMS explique que :
Les recommandations relatives aux champs électromagnétiques ont pour but de faire en sorte qu’aucun effet indésirable sur la santé ne se produise si l’exposition reste inférieure à la limite fixée. Par mesure de précaution, on applique à l’intensité du champ supposée produire un effet nocif, un important facteur de sécurité. Dans ces conditions, même si vous étiez soumis à un champ plusieurs fois plus intense que la limite fixée, votre exposition serait encore inférieure à la limite de sécurité.
La Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (CIPRNI) a mené des expérimentations sur les animaux pour établir les seuils à partir desquels les premiers effets sur la santé commencent à se faire sentir. Ils sont divisés par dix pour établir la limite maximale recommandée d’exposition professionnelle, et par cinquante pour établir la limite recommandée pour la population générale.
Une grande étude menée en Allemagne par l’Office fédéral pour la protection contre les rayonnements montre que l’exposition réelle est mille fois inférieure aux limites, sans grande différence entre les personnes vivant en centre-ville et celles vivant à la campagne. C’est que l’effet du rayonnement diminue de manière inversement proportionnelle au carré de la distance (loi en carré inverse). Mais les anti-ondes rétorquent que les réseaux 5G auront besoin de nombreuses antennes placées dans la rue, sur les lampadaires et les poteaux électriques notamment, au plus proche des appareils.
Ce n’est pas faux, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Ce n’est pas le déploiement typique pour le moment, même si cela sera probablement le cas dans le futur, du moins dans les quartiers les plus peuplés des villes les plus connectées. Hors des zones extrêmement denses, la 4G restera indispensable, comme les opérateurs commencent à le confirmer. Surtout, la 5G est précisément conçue pour réduire la puissance d’émission et mieux exploiter les ressources spectrales, en visant très précisément les appareils avec le beamforming.
Mais puisque l’Agence nationale des fréquences (ANFR) continuera à faire son travail, vous pourrez vérifier la puissance d’émission par vous-mêmes sur le site Cartoradio. Le cadre légal et sanitaire ne change pas : les limites d’exposition pour la 5 G sont de 39 V/m à 700 MHz et 61 V/m à 3 500 MHz, explique Orange, et donc identiques à celles de la 4G. Les antennes-relais actuelles sont loin d’atteindre ces seuils, et il n’y a aucune raison que cela change, comme le confirment les premières mesures sur les réseaux 5G naissants.
Les premiers déploiements de la 5G ont été réalisés avec des modems domestiques, et les opérateurs seront peut-être tentés de transformer les box en minicellules, au cœur de nos foyers. Outre que cette topologie devrait limiter encore la puissance d’émission en offrant une couverture homogène à l’échelle domestique, rien ne laisse à penser qu’elle sera obligatoire. Vous ne pourrez pas éteindre le relai du quartier, vous devriez pouvoir éteindre celui de votre appartement.
La 5G va nous bruler la peau?
Lisez les pétitions et les articles contre la 5G, et vous remarquerez que la même lettre revient régulièrement. Signée par Yael Stein et adressée aux sénateurs américains, elle s’inquiète de la possibilité qu’une partie des glandes sudoripares puisse faire office d’antenne hélicoïdale imparfaite, sensible aux ondes millimétriques. Certains sautent directement à la conclusion selon laquelle notre peau pourrait amplifier le signal des réseaux 5G, jusqu’à provoquer des picotements voire des brulures.
Mais ce n’est absolument pas ce que disent les études en question. Prudentes, elles lancent des hypothèses sur les interactions limitées entre la peau et certains signaux, en vue de la révision des modèles de calcul des limites d’exposition. Une étude américaine, qui s’intéresse à la bande des 60 GHz, conclut à l’adéquation des modèles électromagnétiques et recommande une légère adaptation des modèles thermiques. Stein lui-même parle surtout d’« hypersensibilité électromagnétique », tout en reconnaissant qu’il ne s’agit pas « d’un syndrome médicalement reconnu ».
Ces études sont passionnantes, mais ne constituent pas un fait scientifique avant d’avoir été vérifiées et reproduites. La plupart des travaux cités par les militants opposés à la 5G n’ont pas été confirmés, alors même qu’ils remontent parfois à des décennies, quand ils n’ont pas été discrédités par des recherches plus récentes. Surtout, les études portant sur les effets des rayonnements électromagnétiques utilisent souvent des puissances et des propriétés très différentes de celles employées dans les réseaux de télécommunication.
Certaines conclusions affirmatives, enfin, ne disent rien d’un lien de cause à effet. Prenez les études, notamment asiatiques, qui montrent une association entre l’usage nocturne du téléphone et l’altération de la santé mentale des adolescents. L’association n’est pas la causalité : comme le dit l’Anses, « l’usage du téléphone peut n’être qu’un indicateur de risque de troubles mentaux et non une cause. » Le seul lien fermement établi est celui, plutôt évident, entre l’utilisation nocturne du téléphone et la réduction du temps de sommeil.
Or justement, prenez un conseil simple, celui qui consiste à garder son téléphone loin de son lit. Les études tendent à montrer des gains sanitaires marqués. Ce n’est pas parce que vous êtes moins exposés aux ondes : garder le téléphone près de son lit, en mode avion, ne change quasiment rien. C’est parce que cela change la routine d’endormissement : moins stimulé et moins distrait, vous vous endormez plus vite et dormez plus longtemps, avec des changements majeurs sur votre santé.
Face à des études individuelles, donc, gardez votre calme et ne sautez pas trop vite aux conclusions. Le fait est que les chercheurs ne découvrent pas les ondes millimétriques avec la 5G. L’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) a montré que dans le cadre de l’imagerie médicale, les « ondes millimétriques ne pénètrent a priori pas au-delà de 1,12 mm (sur une peau humide), ce qui, pour une personne moyenne, se situe avant les tissus adipeux sous-cutanés de la peau. »
L’Anses confirme : en raison de leurs propriétés physiques, les ondes millimétriques « ne pénètrent pratiquement pas dans l’organisme ». La recherche a montré et confirmé que dans la gamme de fréquences utilisées par les réseaux 5G, l’absorption est très superficielle, entre 0,1 et 2 mm. Bien sûr, de nouvelles études devront être menées pour observer les effets dans les conditions réelles du déploiement des réseaux, notamment chez les personnes fortement exposées (professionnels) ou plus particulièrement vulnérables (enfants).
La 5G
En ignorant la méthode scientifique, vous pouvez faire dire n’importe quoi à n’importe quel article. C’est ainsi qu’une étude bidonnée, démentie par deux décennies de recherches intensives et extensives, justifie un mouvement contre la vaccination responsable du retour de la rougeole. Ces sujets sont incroyablement complexes, ont souvent des causes multifactorielles, et sont rarement éteints par une étude seule. Il ne s’agit pas d’abandonner son esprit critique, mais au contraire de le renforcer, en analysant correctement les données de la recherche.
C’est d’autant plus important que la 5G pose de nombreuses questions. Prenons seulement un exemple, celui de la prévision météorologique, qui repose grandement sur l’observation des rayonnements micro-ondes. Entre autres bandes de fréquences, celles de 23,8 GHz et 30 à 35 GHz sont indispensables pour suivre les masses de vapeur d’eau, qui contribuent fortement à la fiabilité des modèles. Or elles seront utilisées par les réseaux 5G, avec de possibles interférences.
Plus largement, on pourrait poser la question de la sécurité des réseaux, que la 5G ne résout absolument pas (et donc empire, puisque l’on va connecter encore plus d’objets). Ou encore celle de la fracture numérique, puisque les réseaux 5G seront essentiellement déployés dans des zones denses. C’est moins spectaculaire que la possibilité que la 5G puisse causer une légère augmentation du risque de développer un certain type de cancer bien particulier. Mais c’est infiniment plus important à l’échelle de la société.
Mais alors on fait quoi ?
La conclusion est simple : en l’état de la recherche, il est impossible de dire que les réseaux 5G posent un risque sanitaire majeur. Cela ne veut pas dire qu’il faille relâcher les limites d’exposition : puisque les réseaux actuels ne les approchent pas, et que certaines datent des années 1990, il faut probablement les abaisser pour guider le développement des futures normes. Cela ne veut pas dire qu’il faille arrêter les recherches : il faut décrire très précisément les effets des rayonnements électromagnétiques, aussi faibles soient-ils, pour les prévenir.
Cela veut seulement dire que vous n’avez aucune bonne raison de transformer votre logement en cage de Faraday. Sans verser dans la panique, nous vous conseillons toujours d’adopter quelques mesures de précaution, destinées à limiter votre exposition :
limitez au maximum l’usage des téléphones par les jeunes enfants ;
évitez d’utiliser votre téléphone lorsque le signal est faible (et donc la puissance d’émission est forte) ;
augmentez, dans la mesure du possible, la distance entre votre téléphone et votre corps. Il vaut mieux le ranger dans un sac que dans la poche d’une veste, et dans la poche d’une veste que dans la poche d’un pantalon ;
utilisez un kit mains libres lors des appels téléphoniques ;
mettez votre téléphone en mode avion la nuit ;
n’utilisez pas de produits qui assurent bloquer des fréquences ou réduire l’exposition aux ondes, qui en interférant avec le fonctionnement normal des antennes, ont souvent l’effet inverse.
free et le pire des opérateur
sources https://larashare.net/threads/quelle-est-la-dangerosite-de-la-5g.71080/
en bref priere ne serre a RIEN
FAITE LE TESTE PRIERE DEVANT UNE ANTENNE 2.3.4.5.6 G ne servira a rien