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 Les technologies offensives de contrôle politique : un nouveau péril social

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KING MASTER

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Les technologies offensives de contrôle politique : un nouveau péril social  Empty
MessageSujet: Re: Les technologies offensives de contrôle politique : un nouveau péril social    Les technologies offensives de contrôle politique : un nouveau péril social  I_icon_minitimeSam 20 Nov 2021 - 23:02

14
3. De la « stimulation électrique du cerveau » à l’utilisation des
rayonnements électromagnétiques (EMR) : l’exploration militaire de
l’affectation du système nerveux à distance
Les découvertes dans le domaine des effets biologiques athermiques du
rayonnement électromagnétique (EMR), vont rapidement conduire à
développer des dispositifs permettant des effets proches de la « stimulation
électrique du cerveau », mais ne nécessitant cette fois aucun dispositif
récepteur implanté.
Les principes de l’affectation du cerveau au moyen d’ondes
électromagnétiques sont les mêmes que ceux des systèmes radio. La
condition de la transformation de l'énergie électromagnétique en énergie
électrique est que le « récepteur » soit réglé à la fréquence à laquelle l'énergie
électromagnétique est émise. Le cerveau étant lui-même un système
électrochimique, cela signifie théoriquement que les ondes
électromagnétiques peuvent produire le flux du courant électrique dans le
cerveau si elles sont réglées aux fréquences auxquelles les impulsions
nerveuses sont communiquées. Certains obstacles s’y opposent à priori :
d’une part, les fréquences extrêmement basses des impulsions électriques du
cerveau17 ne pourraient être activées que par des ondes correspondantes
beaucoup trop longues – une onde de 10 Hz serait longue de 30 000 km. Ce
problème a été résolu avec l’utilisation de micro-ondes pulsées à des
fréquences extrêmement basses. Le second obstacle que les scientifiques se
sont attelés à résoudre est la question de la pénétration des tissus humains
par les micro-ondes.
Certains effets des ondes électromagnétiques sur l’être humain ont été
découverts très tôt. Dès 1893, le français D'Arsonval avait remarqué que le
champ électromagnétique peut produire chez les personnes la perception d'un
flash de lumière. Les années suivantes, de nombreux autres scientifiques ont
fait la même observation. Les premières percées dans le domaine des effets
des micro-ondes sur le cerveau ont été réalisées dans les années 1930 en
URSS. En 1937, le scientifique soviétique S. Turlygin a observé que les ondes
centimétriques induisent des sensations d’insomnie et de faiblesse chez les
personnes. A la même époque les scientifiques découvrent que les ondes
cérébrales synchronisent leur activité à la lumière pulsée : si un stroboscope,
clignotant à la fréquence de 10 fois par seconde, est concentré sur les yeux
d'un être humain, les enregistrements EEG révèleront la même fréquence
prédominante dans l'activité cérébrale. Dans les années 1950, de nouvelles
découvertes sur les effets des radiofréquences sur les êtres humains seront
réalisées en Pologne, en Tchécoslovaquie et en URSS. Les publications
17 Les ondes bêta oscillent de 14 à 40 fois par seconde (14-40 Hz), prédominent dans l'activité
cérébrale quand un homme est concentré sur une tâche. Les ondes alpha (8-13 Hz) prédominent
quand un homme est inactif avec les yeux fermés. Les ondes thêta (4 à 8 Hz) prédominent un peu
avant qu’un homme s’endorme. Les ondes delta est (0 à 4 Hz) prédominent quand un homme est
endormi.
15
Bartanski, Czerski, Marha et Presman sur ces recherches menées dans les
cliniques et les environnements industriels ont conclu que les micro-ondes
pouvaient provoquer des maux de tête, la fatigue, une faiblesse du corps, des
étourdissements, des changements d'humeur, la confusion et l'insomnie.
L’URSS profitera d’une longueur d’avance dans le domaine des armes
radiofréquences antipersonnel au début de la guerre froide. A partir de 1953,
elle utilisera des micro-ondes pulsées à basse fréquence contre le personnel
de l’ambassade américaine de Moscou, qui développa des troubles incluant
maux de tête, incapacité à se concentrer, fatigue, cancers, avortements,
leucémies, ainsi que des effets physiologiques comprenant des changements
dans les taux de globules sanguins. C’est la découverte de ce « signal de
Moscou » en 1962 qui conduira l’Armée américaine à lancer, dans le plus
grand secret (sans même informer le personnel de l’Ambassade de l’existence
du signal), le projet Pandora qui concentrera d’importants efforts financiers et
scientifiques à rattraper l’URSS dans le domaine des armes radiofréquence
antipersonnelles.
C’est à la même époque que des découvertes pionnières sur l’interaction des
EMR avec l’organisme et le cerveau humain sont réalisées aux Etats-Unis. En
1960, T. Jaski a produit, avec des signaux électromagnétiques aux fréquences
de 380-500 MHz, des hallucinations visuelles simples. En 1962, Allan H. Frey,
biophysicien travaillant pour la firme Randoline, publie dans le Journal de
Physiologie Appliquée les résultats des expériences sur la transmission de
sons au cerveau au moyen de rayonnements électromagnétiques à une
distance de plus de 300 mètres18. Les sons électromagnétiques « étaient
entendus aussi bien par les personnes sourdes que par les personnes
entendantes. Le son radiofréquence était décrit comme un bourdonnement,
un déclic, un sifflement ou un heurt, selon plusieurs paramètres de l'émetteur,
c'est-à-dire la largeur d'impulsion et le taux de répétition d'impulsion ». Dès
1962, le dispositif de Frey permettait, « avec la modulation appropriée, […]
d’induire des sons chez les personnes sourdes comme chez les personnes
normales, qu’elles se trouvent à quelques centimètres ou à plusieurs milliers
de kilomètres de l’émetteur. Avec des paramètres de transmission quelques
peu différents, vous pouvez induire la perception de coups brutaux à la tête,
sans aucun autre symptôme vestibulaire manifeste tels que les
étourdissements ou la nausée. En changeant et en diminuant encore les
paramètres de l’émetteur, il est possible d’induire la sensation de
fourmillements. ». Plus tard, en 1974, Allan Frey montra que les micro-ondes
pulsées peuvent avoir pour effet d’augmenter la perméabilité de la barrière
hématoencéphalique, dont le rôle est de filtrer le sang en direction du cerveau
et d’empêcher le passage des substances toxiques19
.
Entre 1964 et 1974, Ross Adey et ses collègues feront une percée dans ce
18 Allan H. Frey, “Human Auditory System Response to Modulated Electromagnetic Energy”, Journal
of Applied Physiology, 1962.
19 Dr. Robert Becker: Body Electric: Electromagnetism and the Foundation of Life, William Morrow and
comp., New York, 1985
16
domaine, en démontrant que des ondes électromagnétiques modulées de
manière spécifique peuvent provoquer des variations de la tension artérielle,
mais aussi la modification des flux d’ions calcium du cerveau20. La capacité à
modifier ces flux ouvre la potentialité de manipuler les informations reçues et
envoyées par le cerveau. D’après Robert Becker, deux fois nominé prix Nobel
pour son travail dans le domaine des ondes électromagnétiques, Ross Adey,
qui a admis avoir travaillé pour l’armée américaine dans le cadre du projet
Pandora, a exprimé publiquement l’attente que ces influx d’ions calcium
pourraient. « interférer avec la concentration sur des tâches complexes,
perturber les modèles de sommeil, et changer les fonctions cérébrales
d'autres façons qui ne peuvent être encore déterminées. »
21 En 1968,
l'académicien russe A.S. Presman a publié un livre intitulé « Les Champs
Electromagnétiques et la Vie » dans lequel il présentait la théorie selon
laquelle les signaux électromagnétiques ont à la matière vivante le rôle
d'informations, c'est-à-dire qu'ils exercent le contrôle sur ses processus
intrinsèques. La liste des références à la fin du livre de A.S. Presman était déjà
longue de 28 pages.22
Au début des années 1970, Joseph C. Sharp, qui travaillait dans le cadre du
projet militaire Pandora, approfondi les découvertes d’Allan Frey sur la
capacité à induire la perception de sons directement dans le cerveau. Au
cours de ses expérimentations à l’Institut Militaire de Walter Reed, il trouva le
moyen de reproduire et transmettre non plus seulement des sons, mais des
mots directement compréhensibles au cerveau. Une telle expérimentation,
couverte par le secret-défense, ne fut rendue publique que par inadvertance,
dans l’article de Don R. Justesen « Micro-ondes et comportement »
23, qui fit le
compte-rendu de l’expérimentation à la suite d’une conversation téléphonique
avec son collègue.
Le scientifique Patrick Flanagan alla plus loin encore, déposant en 1968 et
1972 les brevets d’inventions (no 3 393 279) du ‘neurophone’, un dispositif
permettant de transmettre le son directement au cerveau, avec un rendu
20 W. Ross Adey, M.D., Neurophysiologic effects of Radiofrequency and Microwave Radiation, Bulletin
of New York Academy of Medicine, vol. 55, no. 11, décembre 1979
21 Robert Becker, ibid.
22 A.S. Presman, Electroamgnetic Fields and Life, New York , Plenum Press, 1968
23 Don R. Justesen, “Microwaves and Behavior”, American Psychologist, mars 1975, pg. 391. Voici
comment cet article décrivait l’expérience : « Sharp et Grove ont découvert que moduler de l’énergie
micro-onde de façon appropriée peut permettre de communiquer de la parole sans utiliser de
« câble » ou de « récepteur ». Ils enregistrèrent oralement sur une cassette chacune des syllabes
anglaises correspondant aux chiffres entre 1 et 10. Les équivalents électriques sous forme d’ondes
sinusoïdales de chacun des mots ont ensuite été traités, afin que chaque fois qu’une onde sinusoïdale
traversait la référence zéro vers le moins, cela déclenchait l’émission d’une brève impulsion d’énergie
micro-onde. En s’irradiant eux-mêmes avec ces micro-ondes « modulées en voix », Sharp et Grove
ont facilement été capables d’entendre, d’identifier et de distinguer les 9 mots. Les sons entendus
étaient relativement similaires à ceux émis par une personne avec un larynx artificiel. La
communication de mots plus complexes et de phrases n’a pas été tentée car la densité moyenne
d’énergie nécessaire pour transmettre des messages plus longs aurait approchait les 10 milliwatt par
cm² considérés actuellement comme la limite d’exposition à ne pas dépasser. »
17
naturel et sans aucun dispositif implanté. Dès 1958 (à l’âge de 14 ans !)
Flanagan avait présenté au Bureau des Brevets d’Invention un système
permettant de faire entendre à des personnes sourdes, qui convertissait les
sons en des impulsions électriques se propageant le long de la peau dans le
cerveau, mais l’invention paraissait tellement incroyable qu’elle ne fut brevetée
dix ans plus tard. Alors que cette invention était sensée permettre d’entendre
aux personnes sourdes, à peine le premier brevet fut déposé en mars 1968
que la Defense Intelligence Agency classa l’invention comme affaire de
sécurité nationale ; l’apparition du brevet fut supprimée et Flanagan reçu
l'interdiction de mener d'avantage de recherches et même de parler de sa
technologie pendant les quatre années suivantes, avant le retrait de cette
décision. Le site de l’association Phi Science, qu’il a fondé, indique qu’il a
travaillé dès 17 ans dans un Think Tank du Pentagone et a travaillé plus tard
comme consultant à la CIA, la NSA et la NASA. 24 Le brevet de 1968
immédiatement scellé par la NSA mentionnait : « L'invention présente implique
la découverte que certaines ondes électromagnétiques induisent des
réponses dans le système nerveux des mammifères [...]. Chaque système
nerveux individuel est au moins assez sélectif en ce qui concerne les
fréquences auxquelles il est le plus répondant. […] La présente invention peut
être utilisée comme soutien auditif, comme soutien pour apprendre à parler à
une personne née sourde, comme moyen de communiquer à des personnes
dans des endroits où le niveau du son est élevé, comme dispositif par lequel
une personne peut écouter un signal audio qui ne peut être entendu par
d’autres, etc. ». Le brevet de mars 1972 du dispositif perfectionné mentionnait
aussi : « La forme d'onde discursive simplifiée peut être transmise directement
à travers la terre ou l'eau et comprise soit directement par le milieu, soit après
une amplification simple. La forme d'onde simplifiée peut facilement être
codée par un brouillage qui assure des communications vocales sécurisées. »
On imagine que les applications intéressantes pour la NSA et le Pentagone ne
consistaient pas à rendre l’ouie à des personnes sourdes…
En 1974, J. F. Schapitz réalisait une expérience dont les caractéristiques (mais
pas les résultats) ont été rendus publics volontairement dans le cadre de la Loi
sur la Liberté de l’Information : « Dans cette étude il sera démontré que les
mots prononcés par un hypnotiseur peuvent également être transmis par
énergie électromagnétique modulée directement dans les parties
subconscientes du cerveau humain - c'est-à-dire sans employer un
quelconque dispositif technique pour recevoir ni transcoder les messages et
sans que la personne exposée à une telle influence n'ait aucune chance de
contrôler consciemment l'entrée de l'information ».25 Le test était composé de
24 « à 17 ans, il faisait partie d’un Think Tank du Pentagone et a été plus tard un conseiller pour la CIA,
la NSA et la NASA… En tant que physicien et docteur médical, Patrick Flanagan a réalisé que sa
passion pour les sciences appliquées émanaient de l’amour profond et du désir de protéger
l’humanité et la vie elle-même. » Il a poursuivi ses recherches jusqu’à ce jour, crédité de plus de 300
inventions, et a été nommé en 1997 scientifique de l’année par l’International Association of New
Sciences.
25 Robert Becker: Body Electric: Electromagnetism and the Foundation of Life, William Morrow and
comp., New York, 1985.
18
quatre expériences. Dans l'une d’elles, des sujets devaient répondre à un
questionnaire comprenant une centaine de questions, après quoi ils étaient
soumis, sans en être prévenus, à des faisceaux d’informations falsifiant les
réponses correctes et suggérant les réponses à des questions laissées sans
réponse ; ils devaient deux semaine plus tard répondre de nouveau au même
questionnaire. Une autre expérience consistait à implanter la suggestion
hypnotique d’actes simples, comme quitter le laboratoire afin d’acheter un
article particulier ; il était mentionné : « on peut supposer que ces personnes
vont rationaliser leur comportement et considérer qu’elles ont agit
intentionnellement ». Les résultats des études de Schapitz, financées par le
Pentagone, n'ont jamais été publiés. Il n’est pas possible de savoir à partir des
informations ouvertes si ces capacités étaient opérationnelles dès cette
époque. On sait cependant que c’est la même année, en 1974, que l’URSS
lançait le programme qui a abouti au développement de la technologie de
« psycho-correction acoustique », fondée sur des effets similaires.
Les dernières recherches de Delgado s’orientèrent vers l’affectation du
cerveau à distance au moyen du rayonnement électromagnétique. Dans son
exposé « Radiostimulation Intracérébrale et observation des tracés sur des
Patients Entièrement Libres », Delgado a observé que « la Radio Stimulation
de différents points de l'amygdale et de l’hippocampe chez ces quatre patients
a provoqué divers effets, y compris des sensations plaisantes, de l’exaltation,
une concentration profonde, des sensations curieuses, une relaxation intense,
des visions colorées, et d’autres réponses. ».26 Delgado écrivait aussi que la
radiostimulation « devrait avoir un intérêt clinique considérable parce qu’elle
permet l’exploration du cerveau pendant des périodes illimitées chez les
patients sans perturber leurs activités spontanées normales ou restantes. »
Ces recherches étaient soutenues par le Laboratoire de Recherches
Aéromédicales de l’US Air Force, par le Service de Santé Publique des EtatsUnis, et par le Bureau de la Recherche Navale. L’immense majorité des
travaux de Delgado sur la capacité à influer les perceptions et le
comportement à distance au moyen du rayonnement électromagnétique sont
restés classifiés. Il a cependant réalisé en 1985 une démonstration au cours
de laquelle il pouvait endormir un singe, le rendre hyperactif, ou calmer
instantanément l’animal agressif, à distance et seulement au moyen des EMR.
Dans une autre expérience, qui a été reproduite par la Navy américaine, il a
montré comment l'irradiation d'embryons de poulet pouvait arrêter leur
développement, y compris celui de leurs coeurs et de leurs veines.27 Dans les
années 1970, Delgado affirmait « Pouvez-vous réaliser les possibilités
fantastiques qui s’offrent à nous si de l’extérieur vous pouvez modifier ce qui
se passe à l’intérieur ? si vous pouvez même envoyer des messages à
l’intérieur ? Et pour cela nous n’avons plus besoin d’électrodes. [...] Chaque
26 Jose Delgado, “Intracerebral Radio Stimulation and Recording in Completely Free Patients”, Journal
of Nervous and Mental Disease, Vol. 147, No. 4, 1968, in Psychotechnology: Electronic Control of
Mind and Behavior, Robert L. Schwitzgebel et Ralph K. Schwitzgebel, chapitre 15, Holt, Rinehart and
Winston, 1973.
27 Kathleen McAuliffe “The Mind Fields”, magazine OMNI, février 1985.
19
fonction dans le cerveau, que ce soit l’intellect, les émotions, la personnalité,
pourraient être modifiés sans technologie invasive (sic) ».
Les recherches qui n’étaient pas directement couvertes par le secret-défense
étaient suivies de très près par l’armée américaine. En 1975, la conférence
introductive du congrès scientifique sur les « Effets Biologiques du
Rayonnement Non-Ionisant » été tenue par le capitaine Paul Tyler, directeur
du Projet pour les Rayonnements Electromagnétiques de la Marine
américaine entre 1970 et 1977. Parmi les raisons de sa présence à la
conférence figurait l'effort de persuader les scientifiques à engager des
psychologues dans les équipes de recherche. Le congrès était résumé dans
un volume de plus de 500 pages publié dans les Annales de l'Académie des
Sciences de New York, intitulé « Les effets des ondes de basse intensité sur
les neurones isolés ».28
28 H. Achtel, R. Seaman, W, Jones, 1975, Effects of Low Intensity Microwaves on Isolated Neurons,
Annales de l’Académie des Sciences de New York, vol. 247, pg 42 – 62. Wachtel y présentait
notamment la preuve des effets des signaux électromagnétiques sur les neurones isolés. Dans son
expérience, des micro-ondes dans les fréquences de 1,5 et 2,45 Ghz, pulsées et non-pulsées,
induisaient l'activité des neurones isolées.
20
4. La course à l’armement « psychoélectronique » et la négation des
recherches scientifiques sur les EMR par les Etats-Unis
A partir de 1974, le Bureau de la Recherche Navale a rassemblé des rapports
scientifiques sur les effets biologiques des EMR. A la fin des années 1990, leur
recueil augmentait de plus de 1000 articles par an.29
Mais dans le même temps, les autorités américaines vont contester
publiquement l’existence même des effets biologiques athermiques du
rayonnement électromagnétique. Alors même que derrière le paravent du
secret-défense, l’armée américaine se lançait dans le développement massif
de programmes d’armes utilisant ces effets, l’Etat coupait les fonds des
recherches non-militaires dans ce domaine. Ross Adey, un des pionnier dans
ce domaine de la science, considérant les niveaux des subventions publiques
américaines – aujourd’hui environ 7 millions par an – comme
« désastreusement bas », commentait : « il y a des raisons de croire que la
situation a surgit en partie à travers une activité solidement organisée de la
part des grandes entités privées des industries électroniques civile et militaire
afin de discréditer toute recherche sur les effets athermiques biologiques et
biomédicaux ».30
La théorie de l’inexistence des effets athermiques des EMR va être défendue
par le gouvernement américain jusqu’à la fin de la guerre froide en dépit de
toutes les études scientifiques. En 1981, le rapport de l'Organisation Mondiale
de la Santé sur les effets des rayonnements électromagnétiques sur les
organismes vivants donnait ne nombreux exemples des effets de ces
rayonnements sur la sécrétion des glandes, la composition chimique du sang,
les yeux (par exemple la cataracte de la cornée), les molécules d'ADN et le
génome humain, le développement des organismes et le comportement des
animaux.31 Cette négation scientifique et l’assèchement des ressources de la
recherche civile dans ce domaine vont permettre à l’armée américaine
d’investir dans le plus grand secret d’importants efforts pour développer une
nouvelle génération d’armements fondée sur les effets biologiques des EMR.
29 Dr. Nick Begich, Jeanne Maning: Angels Don't Play this HAARP, , Earthpuls Press, Etats-Unis,
septembre 1995.
30Looking at the Moscow Signal, the Zapping of an Embassy 35 years later, The Mystery Lingers,
Barton Reppert Associated Press Writer, Washington AP, 22 mai 1988.
31 Critères d'hygiène de l’environnement, Fréquences radioélectriques et hyperfréquences,
Organisation Mondiale de la Santé, Genève, Suisse, 1981.
21
5. Les capacités « révolutionnaires » des armes électromagnétiques
antipersonnelles décrites par les documents militaires américains
dans les années 1980
Dans les mailles du secret-défense, certaines sources militaires vont faire état
dès le début des années 1980 des développements en matière de
psychotechnologies à usage militaire. En 1980, un article du Colonel John B.
Alexander, devenu plus tard directeur du Laboratoire National de Los Alamos
et expert américain dans le domaine des armes non-létales, écrivait un article
intitulé « Le nouveau champ de bataille mental », dans lequel il affirmait :
« quiconque fait la première percée majeure dans ce domaine aura une
avance quantique sur son adversaire, un avantage similaire à la possession
exclusive des armes nucléaires ». Il décrivait l’état des capacités existantes
des technologies de contrôle mental attribuées à l’URSS : « les techniques
[soviétiques] d’altération mentale, qui ont pour but de créer un impact sur un
adversaire, sont très avancées. Les procédés utilisés incluent la manipulation
du comportement humain via l’utilisation d’armes psychologiques affectant la
vue, les sons, les odeurs, les températures, l’énergie électromagnétique, ou la
privation sensorielle (sic). [...] Les chercheurs soviétiques, étudiant le
comportement contrôlé, ont également examiné les effets des rayonnements
électromagnétiques sur les êtres humains et ont appliqué ces techniques
contre l’ambassade américaine à Moscou [...]. Les chercheurs suggèrent que
certaines émissions basse-fréquence (ELF) possèdent des caractéristiques
psycho-actives. Ces émissions peuvent être utilisées pour induire la
dépression ou l’irritabilité au sein d’une population donnée. L’application de
modification du comportement à grande échelle par ELF pourrait avoir un
impact terrible. »
32 Il écrivait aussi qu’« il existe des systèmes d'armes qui
opèrent sur le pouvoir de la conscience et dont la capacité létale a déjà été
démontrée. [...] L'aptitude à guérir ou à provoquer des maladies peut être
générée à distance, induisant ainsi la maladie ou la mort sans cause
apparente [...] Des techniques d'induction de la pensée d'esprit à esprit sont
également en cours de considération. ». John B. Alexander indiquait comme
source d’information des rapports de la Defense Intelligence Agency rendus
publiques dans le cadre de la Loi sur la Liberté de l'Information, mais ne
soufflait mot des recherches américaines sur lesquelles il écrivait : « on
rapporte que le gouvernement américain a financé certains projets de
recherche, mais ceux-ci n'ont pas été publiés. »
En 1983, Samuel Koslov, qui avait été une personnalité directrice du projet
Pandora, déclarait dans son discours de clôture à la conférence sur
« l’Electrodynamique Nonlinéaire dans les Systèmes Biologiques » que les
champs électromagnétiques allaient « devenir une clef de la console du
contrôle cellulaire. Les implications, sociales, économiques, et même
militaires sont considérables. […] Si tout ce que nous avons entendu est
32 Lt. Col. John B. Alexander, “The New Mental Battlefield”, Military Review, U.S. Army Command and
General Staff College décembre 1980.
22
bien exact, cela peut ne pas être moins significatif à la nation que les
perspectives rencontrées par la communauté de la physique en 1939
quand les propriétés fissiles du noyau, prévues depuis longtemps, ont
été démontrées en pratique. Vous devez vous souvenir de la fameuse lettre
d'Albert Einstein au Président Roosevelt. Alors que nous sommes en position
de faire cela au terme de nos épreuves, je proposerais qu'une lettre analogue
soit nécessaire. »
33 Selon lui, les découvertes dans le domaine de l’interaction
entre les champs électromagnétiques et l’organisme ouvraient donc la
perspective d’une « révolution » dans les domaines militaire, économique et
social, à la mesure de celle provoquée par la découverte de la fission
nucléaire, qui permit la création de l’énergie nucléaire ainsi que de la bombe
atomique.
Le « Rapport Final sur les Exigences en Recherche Biotechnologique pour les
Systèmes Aéronautiques Vers l'An 2000 »
34 publié par l'American Air Force
affirmait en 1982 : « les données actuellement disponibles permettent
d'envisager qu'un rayonnement radiofréquence (RFR) correctement
modulé pourrait poser des menaces militaires antipersonnelles
puissantes et révolutionnaires [...] La compréhension croissante du
cerveau en tant qu'organe relié électriquement a laissé envisager la
probabilité sérieuse que des champs électromagnétiques appliqués
peuvent perturber le comportement volontaire et ont la capacité de
diriger et d'interroger ce comportement. Plus loin, le passage de 100
milliampères à travers le myocarde peut conduire à la crise cardiaque et
à la mort. [...] Un système RFR avec un balayage rapide pourrait fournir
une capacité effective permettant d'assommer ou de tuer sur une large
zone. L'efficacité du système sera fonction de la forme d'onde, de
l'intensité du champ, de la largeur d'impulsion, de la fréquence de
répétition, et de la fréquence porteuse. »
Il était aussi affirmé dans ce rapport qu’ « en utilisant des RFR (rayonnements
radio-fréquence) à niveau relativement bas, il peut être possible de rendre
sensibles de larges groupes militaires à des quantités extrêmement
dispersées d'agents biologiques et chimiques auxquels la population nonirradiée serait immunisée ».
Le rapport répartissait la recherche des armes radio-fréquence en trois
domaines : « Effets RFR pulsés », recherche projetée de 1980 jusqu'à 1995 ;
« Mécanisme des RFR sur les Systèmes Vivants », mentionné comme la
« continuation des recherches en cours », recherche commencée en 1980 et
dont la fin était prévue autour de 1997 ; « Phénomènes RFR perturbateurs
forcés », recherche prévue à partir de 1986 et jusqu'en 2010. Il y est affirmé
que les recherches sur le projet progressent en accord avec le calendrier,
voire en avance. Il est aussi indiqué dans ce second volume : « Alors que
33 “Nonlinear Electrodynamics in Biological Systems”, proceedings of the conference, Ross Adey,
Plenum Press, New York, London, 1984.
34 Final Report on Biotechnology Research Requirements for Aeronautical Systems Through the Year
2000, Volume I et II, Southwest Research Institute, San Antonio, Texas, USA, 1982.
23
l'attention initiale devrait porter vers une dégradation de la performance
humaine par des effets de charge thermique et de champs
électromagnétiques, les travaux suivants devraient adresser les
possibilités de diriger et interroger le fonctionnement mental, au moyen
de champs appliqués par voie externe [...]. ».
En 1986 était publié le livre « Les Conflits de Basse Intensité et les
Technologies Modernes »
35 par l’American Air Force. Newt Gingrich, membre
de la Maison des Représentants américaine, y écrivait dans l'avant propos :
« Les Etats-Unis sont au seuil d'un changement dramatique dans leur
capacité à faire face aux conflits de faible intensité. Ce livre est un effort
sérieux pour faire réfléchir et travailler sur les conflits de basse intensité de
façon plus facile, plus compréhensible et plus effective. » Le chapitre sur le
« spectre électromagnétique dans les Conflits de Basse Intensité », écrit par le
capitaine Paul Tyler, cite du Rapport Final sur les Exigences en Recherche
Biotechnologique pour les Systèmes Aéronautiques Vers l'An 2000 toutes les
capacités mentionnées ci-dessus. Après avoir présenté des preuves
scientifiques des effets athermiques des EMR sur l’être humain, il conclu :
« Du fait des nombreux paramètres impliqués et de l'apparente
spécificité des paramètres on peut façonner une réponse spécifique. La
capacité à obtenir ce type de flexibilité apporte un champ d'action
considérable pour l'utilisateur. Cela ouvre la porte pour une réponse
appropriée dans la guerre, qu'elle soit conventionnelle ou nonconventionnelle. »
Ici comme dans les conférences scientifiques auxquelles il a participé, le
capitaine Tyler ne dit jamais mot sur ses propres recherches, classifiées,
menées dans le cadre de la Marine américaine. Les données de la recherche
non-militaire ne permettent pas de documenter une flexibilité d’emploi aussi
grande que celle mentionnées par la recherche militaire. A l’objection selon
laquelle la gamme de fréquence dans laquelle fonctionne un système nerveux
humain est trop étroite pour fournir un choix de réactions si large, le capitaine
Tyler écrit : « Il existe des rapports non confirmés selon lesquels un
changement de 0,01Hz peut faire la différence ». Cependant, les fréquences
utilisées dans les expériences scientifiques ouvertes n’ont pas un tel degré de
précision. Tyler mentionne ici des recherches militaires qui, à défaut de n’être
pas confirmés, sont couvertes par le secret défense.
Un rapport du Département de Recherche sur les Micro-ondes du Walter Reed
Army Institute, qui traite des effets des micro-ondes pulsées sur le système
nerveux, décrivait la division du programme d'essai de la Navy en quatre
parties : 1) effets rapides incapacitants, 2) effets rapides de stimulation
auditive, interférence d'ouvrage (effets de stoppage), 4) effets sur le
comportement contrôlé par stimuli. Le rapport présente cette conclusion :
« Les impulsions micro-ondes semblent se coupler au système nerveux
central et produire une stimulation similaire à la stimulation électrique
35 Low Intensity Conflict and Modern Technology, ed. Lt.Col. J. Dean, USAF, Air University Press,
Center for Aerospace Doctrine, Research and Education, Maxwell Air Force Base, Alabama, juin 1986.
24
non liée à la chaleur ».36 En clair, cela signifierait que les effets produits par
José Delgado au moyen de la Stimulation électrique du cerveau sont
réalisables, à distance et sans dispositif récepteur, par la stimulation
électromagnétique. La portée en est considérable.
Ces références éparses aux armements développés pour affecter le cerveau
et le comportement humain ne laisse qu’entrevoir qu’une petite partie des
capacités existantes, la majorité restant couverte par le secrète défense. Par
exemple, un rapport produit dans le cadre de la Nasa en juin 1980 mais qui
n’a été déclassifié que vingt ans plus tard, intitulé « Communiquer via l’effet
auditif micro-ondes »
37, établissait dès cette époque : « Un concept de
dissuasion et de tromperie présentement à l’étude consiste à générer la
perception du bruit à l’intérieur de la tête de personnels en les exposant à des
micro-ondes pulsées de faible puissance. Quand les personnes sont inondés
de micro-ondes de faible puissance correctement modulées, la sensation
rapportée est celle de bourdonnements, de claquements ou de sifflements qui
semblent prendre source (quelle que soit la position de la personne dans le
champ) à l’intérieur ou juste derrière sa tête. Le phénomène a lieu à des
densités de puissances moyennes aussi basses que quelques microwatts par
centimètre carré, avec des fréquences porteuses de 0,4 à 3,0 GHz. Par un
choix approprié des caractéristiques d’impulsion, un dialogue intelligible peut
être généré. Avant que cette technique puisse être étendue et utilisée pour
des applications militaires, une compréhension des principes fondamentaux
doit être développée. Une telle compréhension n’est pas seulement requise
pour optimiser l’emploi du concept pour les opérations de camouflage, de
dissuasion et de tromperie, mais est requise pour évaluer correctement les
facteurs de sécurité de telles expositions micro-ondes. »
36 Bioelectromagnetics Society Newsletter, janvier-février 1989, in Robert Becker: Cross Currents, The
Startling Effects of Electromagnetic Radiation on Your Health, Bloomsberry Publishing, Londres, 1991.
37 Communiquer via l’Effet Auditif Micro-onde, Numéro de Rapport d’Examen de la NASA du 1er juin
1980 : ADA090426, requête FOIA obtenue par Margo Cherney.
25
6. L’URSS, les Etats-Unis et l’utilisation des armes EMR antipersonnelles
pendant la guerre froide : une facette méconnue de la course aux
armements
A l’insu du public, une course à l’armement s’était ainsi engagée pendant la
guerre froide entre les Etats-Unis et l’URSS, en parallèle à la course à
l’armement nucléaire, pour le développement de systèmes d’armes visant à
affecter les perceptions, les émotions et le comportement des êtres humains.
Comme nous l’avons mentionné, les découvertes réalisées par les
scientifiques soviétiques dans le domaine des effets biologiques des EMR ont
été mises à profit dès les années 1950 par l’armée soviétique. A partir de
1953, l’ambassade américaine de Moscou a été irradiée de micro-ondes
pulsées à basse-fréquence. L’un des objectifs du « signal de Moscou », et
sans doute l’objectif essentiel, était de provoquer des effets biologiques sur le
personnel travaillant à l’Ambassade américaine. Après avoir détecté le signal
en 1962, les autorités américaines ont lancé le projet Pandora pour explorer
ces techniques, tout en se gardant d’informer le personnel concerné et
l’opinion publique de l’existence du signal. L’affaire ne fut rendue publique
qu’en 1976, quatorze ans plus tard, alors que les employés de l’Ambassade
intentaient des procès contre le gouvernement américain. Le signal avait
provoqué des leucémies, cancers et avortements chez la moitié des employés
ayant travaillé à l’ambassade, ainsi que « des maux de têtes, une incapacité à
se concentrer et la fatigue, aussi bien que des effets physiologiques
comprenant des changements dans les taux de différents globules
sanguins »
38. Les responsables soviétiques n’ont jamais reconnu l’existence
du signal. En 1988 le Bureau de la Sécurité Diplomatique du Département
d’Etat américain déclarait que des signaux « continuent à être détectés »
39 sur
l’ambassade.
Quand le Projet Pandora a été rendu public en 1976, un rapport déclassifié de
la DIA rapporté par la presse américaine révélait alors certaines capacités
soviétiques en matière d’armement à énergie dirigée destiné à affecter des
cibles humaines. Le rapport affirmait « que des recherches soviétiques
étendues sur les micro-ondes pourraient conduire à des méthodes permettant
de provoquer un comportement humain désorienté, des troubles nerveux et
même des attaques cardiaques. [...] Des sons et, présume-t-on, même des
mots qui apparaîtraient être de source intracrânienne peuvent être induits par
une modulation du signal à de très basses densités de puissance
moyennes. » Le rapport de la DIA exposait que les recherches soviétiques
dans ce domaine avaient d’ores et déjà établi que le rayonnement micro-onde
permet d’induire des effets tels que les « des maux de tête, la fatigue, des
sueurs, des étourdissements, des troubles menstruels, l’irritabilité, de la
tension, la somnolence, l’insomnie, la dépression, l’oubli et le manque de
38 Looking at the Moscow Signal, the Zapping of an Embassy 35 years later, The Mystery Lingers,
Barton Reppert Associated Press Writer, Washington AP, 22 mai 1988.
39 Ibid.
26
concentration », et que ces recherches « possèdent un grand potentiel de
développement en un système permettant de désorienter ou de perturber les
modèles comportementaux de personnels militaires ou diplomatiques ».40 On
ignore dans quelle mesure ce rapport révélait strictement les capacités
développées par l’URSS, ou bien s’inspirait aussi des recherches réalisées
par les Etats-Unis dans le cadre du projet Pandora. Dans l'article de l'Enquirer,
un autre chercheur du projet Pandora, Le Dr. Milton Zarret, admettait que la
Marine américaine a expérimenté sur des volontaires humains, induisant
« une étape primaire de crise cardiaque ».
Le « signal de Moscou » a servi de prototype à un signal de très grande
puissance et à large bande, diffusé sur le territoire américain à partir de 1976.
Ce signal, dit « woodpecker » (pivert), variait dans des fréquences comprises
entre 3,26 et 17,54 MHz et ses impulsions étaient modulées à des taux de
plusieurs fois par secondes. Son origine était située au niveau d’émetteurs
géant près de Kiev en URSS. C’est Robert Becker, scientifique spécialiste
dans le domaine des effets biologiques des EMR et deux fois nominé prix
nobel, qui révéla l’existence du signal à l’opinion publique en 1985.41 D’après
Robert Becker, « Les indices disponibles suggèrent que le woodpecker Russe
est un rayonnement multifonction qui combine une liaison sous-marine avec
une attaque expérimentale sur le peuple américain. ». Officiellement, le signal
woodpecker, comme le signal de Moscou, n’a jamais été décodé par l’Etat
américain.
Dans une émission de CNN sur les armes électromagnétiques Russe diffusée
en 1985, Robert Becker affirmait que « La gamme de signal dans laquelle le
Woodpecker opère est celle qui a été rapportée par de nombreux enquêteurs
comme produisant un effet tranquilisant sur les animaux. » Dans la même
émission, le capitaine Tyler commentait sur le signal Woodpecker : « il est
possible d'entraîner un certain pourcentage de la population, semble-t-il, avec
des champs magnétiques faibles. »
42 Un autre scientifique, le Dr. Robert Beck,
qui avait été employé dans le cadre du projet Pandora, a confirmé que « nous
avons découvert que le signal soviétique [woodpecker] s’insère précisément
dans la fenêtre de la psycho-activité humaine ».43
La même année, dans son livre Body Electric, Robert Becker établissait que
« le signal est maintenu pour un coût énorme à partir d’un total actuel de sept
stations – les sept plus puissants émetteurs radio du monde. » Il se faisait
écho des rumeurs persistantes selon lesquelles un signal similaire serait
diffusé par l’armée américaine sur le territoire russe. Il mentionnait un
journaliste américain, Stefan Rednip, qui affirmait en 1978 qu'il avait eu accès
40 Paul Bannister, “Russia Testing Radiation to Cause Disease, Control Minds and Kill”, Los Angeles
Times, 1976 et Los Angeles Herald Examiner, “Mind-Altering Microwaves, Soviets Studying Invisible
Ray”, 22 novembre 1976.
41 Dr. Robert Becker, Body Electric: Electromagnetism and the Foundation of Life, William Morrow and
comp., New York, 1985.
42 ," Weapons of War, Is there an RF Gap?", Chuck DeCaro, CNN news broadcast, Special
Assignment, Nov. 1985.
43 "Opening Pandora's Box", David Jones, Fulcrum Central Productions, BBC Channel 4, 1984.
27
à des documents de la CIA « prouvant l'existence d'un programme appelé
opération Pique, qui comprenait l'émission de signaux radios rebondissant sur
l'ionosphère pour affecter les fonctions mentales de populations dans des
régions choisies, comprenant les installations nucléaires de l'Europe de l'Est. »
On ne peut exclure totalement cette hypothèse, dans la mesure où on sait
aujourd’hui que le système américain HAARP, multifonctionnel, utilise
précisément cet effet de répercussion du rayonnement électromagnétique sur
l’ionosphère. Robert Becker écrivait : « nous sommes de plain pied dans la
guerre électronique visant les citoyens des deux pays ».44
44 Robert Becker, Body Electric, ibid.
28
7. L’effondrement de l’URSS et la révélation de son arsenal d’armes
« psychoélectroniques »
Les événements de 1991 en URSS vont hâter la fuite d’informations sur les
capacités soviétiques dans ce domaine. En août 1991, pendant le coup d’Etat
raté contre Gorbatchev, le général Kobets a mis en garde les défenseurs du
Kremlin contre l’utilisation possible d’armes psychoélectroniques. Peu après le
coup d'état, la Komsomolskaya Pravda45 publiait le déclaration de Victor
Sedletski, vice-président de la Ligue des Scientifiques Indépendants de
l'URSS, annonçant : « en tant qu'expert et personnalité juridique, je déclare : à
Kiev - et cela est sérieux -, la production massive [...] de biogénérateurs
psychoélectroniques a été lancée. Je ne peux pas affirmer que les
générateurs de Kiev ont été utilisés exactement pendant le coup d'Etat [...].
Mais le fait qu'ils ont été utilisés n'est pas moins évident. Que sont les
générateurs psychoélectroniques ? Il s'agit d'un équipement électronique
produisant l'effet d'un contrôle guidé dans l'organisme humain. Cela affecte
particulièrement les hémisphères gauche et droit du cortex. Il s'agit également
de la technologie du projet américain Zombie 5. Des études similaires sont
réalisées en Union Soviétique (particulièrement à Kiev, à l'Institut de la
Recherche en Matériaux. Le laboratoire de l'une de ses sections est situé
dans les quartiers d'habitation de la ville. Là sont situés des biogénérateurs
produits par l'usine Octava. Je m'appuie sur ma propre expérience et je peux
dire que je suis moi-même l'auteur du modèle d'un tel générateur. J'ai terminé
mon travail en août 1990 ».
Les enquêteurs de la Komsomolskaya Pravda, pour vérifier ces informations,
ont alors essayé de joindre Victor Sedletski après la publication de cette
déclaration. Le directeur de l'Institut pour la Recherche en Matériaux où
Sedletski travaillait, V. Trefilov, leur a affirmé que Sedletski a quitté Kiev et
qu'on ne sait pas quand il reviendra, et a démenti que son institut possédait un
générateur psychoélectronique. Toujours à la recherche d’informations, les
journalistes de la Komsomolskaya Pravda ont ensuite rendu visite à Kiev à
l'Institut Interdisciplinaire du Génie Scientifique, Centre « Ressources
Naturelles ». Son directeur, A. Krasyanienko, leur a dit qu'il connaît en URSS
au moins dix équipes capables de construire un tel équipement. La
Komsomolskaya Pravda publiait en septembre 1991 une partie du projet
gouvernemental pour le développement de ce type d’armement, comprenant
« influence médico-biologique à distance sur les troupes et la population au
moyen de rayonnements de torsion, influence psychologique à distance au
moyen de rayonnements de torsion ». L’article admettait que rayonnement
électromagnétique est synonyme de rayonnement de torsion (il s’agit en fait
d’un type d’onde particulière aussi mentionnée sous le terme d’onde scalaire).
45 Komsomolskaya Pravda, 14 novembre, 1990, "The Project Zombie is a Bluff or...?" Komsomolskaya
Pravda, 25 janvier 1991, "Zombie so far not found, but..." ; 7 septembre 1991, "The News That they
were stifling our psyche are not confirmed, yet..." ; 27 août 1991, "The Authors of the project Zombie
Discovered in Kiev" ; 27 septembre 1991, "THe Psychic weapon not Found but 500 millions Lost", in
Mojmir Babacek, “Psychoelectronic Threat to Democracy, The Secret Arms Race”.

destruction massive.
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Les technologies offensives de contrôle politique : un nouveau péril social  Empty
MessageSujet: Re: Les technologies offensives de contrôle politique : un nouveau péril social    Les technologies offensives de contrôle politique : un nouveau péril social  I_icon_minitimeSam 20 Nov 2021 - 23:03

29
Le Conseil d'Etat pour les Sciences et les Technologies a spécialement
institué pour la réalisation de ces programmes un institut, le Centre Vent,
financé par le Ministre de la Défense ainsi que par la Commission MilitaroIndustrielle du Cabinet Ministériel de l'URSS et du KGB. D’après son directeur
A. Akimov, le financement se montait à hauteur d’un demi-milliard de roubles
soviétiques. Cette somme a été confirmée plus tard par la publication de la
directive du Comité pour la Science et la Technologie de l’URSS, datée du 4
juillet 1991. Sous la direction du Centre Vent travaillaient 26 institutions
scientifiques, dont l’institut directeur était l'Institut pour la Recherche en
Matériaux à Kiev dont le directeur avait nié que l’institut soit en possession
d'un générateur psychoélectronique.
Le 11 novembre 1992, un autre quotidien russe, la Pravda, a publié un article
au sujet de ce type d’armement dans lequel le directeur du Center Vent. A.
Akimov, affirmait : « en conséquence du travail expérimental nous avons à
disposition tout ce qui est nécessaire pour produire les échantillons
industriels ». Il établissait aussi que « les champs de torsion [...] sont capables
de transmettre l'information sans barrière capable de les arrêter ».
L’information selon laquelle dès 1982 avait commencé en URSS le
développement d'un nouveau système radar qui pourrait être utilisé pour créer
un « champ psychoélectronique pour le contrôle mental » a été publié en 1992
par l'Institut Indépendant pour les Affaires Etrangères de Moscou dans
l'hebdomadaire Stolitsa46. L’information provenait à nouveau de Victor
Sedletski, vice-président de la Ligue des Scientifiques Indépendants de
l’URSS qui avait été à l’origine de la révélation publique de l’existence des
programmes psychoélectroniques russes un an plus tôt.
L’effondrement de l’URSS avait donc abouti à la déclassification partielle des
programmes d’armement de l’URSS dans ce domaine très particulier. Mais la
fin de la guerre froide était loin de marquer la fin du développement des armes
de « contrôle mental », bien au contraire.
46 Stolitsa, no. 43, MC-Ultra programme, pg. 40, 2 novembre 1992, Alexei Myasnikov, cité par le
Russian Press Digest - RusData Dialine.
30
8. Après la fin de la guerre froide, les Etats-Unis mettent à profit les
technologies russes
Les Etats-Unis ne vont pas mettre longtemps avant de mettre à profit les
capacités russes dans le domaine des armes psychoélectroniques, véritable
trésor de guerre. En janvier 1993, un article de la revue spécialisée Defense
News, intitulé « Les Etats-Unis explorent les Technologies de Contrôle Mental
Russes », annonçait : « Connue sous le nom de psycho-correction
acoustique, la capacités à contrôler les esprits et altérer le comportement des
civils et des soldats pourrait bientôt être partagée entre les responsables
militaires, médicaux et politiques américains, selon des sources américaines
et russes. […] Par conséquent, les auteurs russes ont proposé un Centre des
Psycho-Technologies bilatéral où les autorités américaines et russes
pourraient contrôler et limiter les capacités émergentes. » Les potentiels
d’armes psychoélectroniques en concurrence développés par chacune des
deux superpuissances allaient ainsi fusionner, principalement au bénéfice des
Etats-Unis, vainqueur de la guerre froide.
La « psycho-correction acoustique » dont il est fait référence est l’invention du
docteur Igor Smirnov, de l’académie de médecine de Moscou. Elle est définie
ainsi sur le site de l’Institut de Recherche en Psychotechnologie, dont I.
Smirnov est aujourd’hui le directeur : « pour influencer les décisions d’un
individu, modifier sa personnalité et diriger sa condition et son
comportement, la psychocorrection est fondée sur l’utilisation de la
persuasion, de l’explication, et d’instructions qui contournent le contrôle
volontaire et la conscience de l’individu. La psychocorrection consiste à
présenter au sujet, sans qu’il en soit conscient, des stimuli visuels,
acoustiques et autres stimuli sémantiques, préparés et formulés selon
des impératifs directeurs. » Le « psycho-sondage » y est défini comme les
« moyens permettant d’obtenir les informations de l’esprit d’un individu
indépendamment de sa volonté et de sa conscience. [Le dispositif] PsychoZond™ est fondé sur l’analyse mathématique des réponses
comportementales et/ou psychologiques d’un individu aux stimuli sémantiques
(significatifs) qui lui sont présentés, et qui contournent sa conscience. ». Le
terme générique de « psychotechnologies » est défini en tant que « systèmes
désignés à réaliser un accès direct dans le subconscient ».47
En 1993 et 1994, plusieurs articles de la presse américaine48 publieront
l’information selon laquelle Igor Smirnov à expérimenté pour les services
secrets américains et le FBI une technologie capable d’insérer de façon
subliminale des pensées dans l’esprit d’individus afin de contrôler leur action.
Le FBI a notamment envisagé l’utilisation du dispositif de Smirnov contre
47 Site de l’Institut de Recherche en Psychotechnologies (http://int.psycor.ru/). Des informations
supplémentaires, bien que limitées, figurent sur le site.
48 Defense Electronics, juillet 1993, “DOD, intel Agencies Look at Russian Mind Control Technology,
Claims FBI Concidered testing on Koresh” ; Newsweek, 7 février 1994, “Soon Phasers on Stun” ;
Village Voice, 8 mars 1994, “Mind Control in Waco”.
31
David Koresh de la secte de David pendant le siège de Waco. Smirnov
racontait : « J'ai suggéré que les voix d'enfants et de familles invitant les
personnes suicidaires à rentrer à la maison pourraient être mixées avec les
bruits de véhicules automobiles de la police (le bâtiment en était entouré) ». Il
s’agissait également d’envoyer des messages à Koresh lui faisant croire qu’il
entendait la voix de dieu directement dans sa tête. Le FBI n’aurait pas retenu
l’option pour la raison (officielle) que Smirnov ne garantissait que 70% de
chances de réussite. Un participant à une réunion avec Igor Smirnov aux
Etats-Unis était cité dans l'article de Defense Electronics : « les agences de
renseignement [...] ont cherché à dépister Smirnov pendant des années [...].
Nous savons qu'il existe des preuves que les Forces spéciales de l'Armée
Soviétique ont utilisé la technologie pendant le conflit en Afghanistan. »
Dans la foulée de ces révélations, la presse russe publiera elle aussi des
articles sur Smirnov. La Pravda écrira le 6 mars 1994 : « Village Voice a publié
les ‘nouvelles scandaleuses’ selon lesquelles les russes sont capables de
contrôler le comportement humain »
49. Deux semaines plus tard un article de
Moscou News publie un long article sur Smirnov, qui expliquait comment
Smirnov, à des fins médicales, utilisait la « psychocorrection ». Des « bruits »
contenant des questions, qui ne sont pas audibles mais perçues par le
cerveau, sont envoyés à l’intérieur des oreilles du patient. Le cerveau répond
à ces questions, et ces réponses sont enregistrées sur
l’électroencéphalographe et analysées par ordinateur, permettant à Smirnov
d’accomplir une psycho-analyse très rapide. Après quoi des « bruits »
contenant des messages guérisseurs sont à nouveau envoyés dans le
cerveau du patient, qui obéira à ces messages. Smirnov se défend d’utiliser
cette technologie à des fins autres que médicales, ou contraires à l’éthique…
Un article de Moscow News publié en octobre 1994 mentionnait la lettre
d’invitation d’une usine en Arménie qui produit pour le ministère de la
défense : « Au cours des vingt dernières années notre entreprise s'est
spécialisée dans la production des appareils psychoélectroniques pour les
systèmes de défense, la conception d'équipement de navigation pour
l'appareillage des missiles intercontinentaux et cosmiques [...] ». Cette lettre
invitait le journaliste à prendre connaissance des « renforceurs biophysiques
(metatron) Miranda consacrés à l'utilisation des découvertes fondamentales
les plus récentes dans le domaine de la psychoélectronique. »
50 Au cours de la
visite, le personnel de gestion de l'usine expliqua aux journalistes que Miranda
est l'un des produits clefs de l’armement psychoélectroniques. Le directeur
adjoint du Centre de Recherche Médicale de l'usine, Vladimir Niestierov, leur
déclara que Miranda est produit sur une licence américaine sur la base d’un
accord signé entre le KGB et la CIA le 24 septembre 1990, et qu'il pourvoit la
recherche associée dans le domaine de la psychoélectronique. Le dispositif
49 "The Art to Control the Crowd", Pravda, 6 mars 1994,
50 "Shall we Succeed to Change the Lie Detector into the Detector of Truth?" ; "The Experts from the
Defense Factory State that they Produced Psychotronic Weapons”, Moskovskie Novosti, 20-27 mars
1994.
32
Miranda émet sur le patient des impulsions électromagnétiques sonores et, au
cas où son corps ne résonne pas avec elles, procède au diagnostic de ses
éléments. Quand le journaliste de Moscou News a demandé une
démonstration de la machine, on lui a dit qu’une part importante de la machine
n’est pas fournie par l’Arménie…
33
9. La Révolution dans les Affaires Militaires (RMA) américaine et les
psychotechnologies : la clef pour mener les « conflits de faible
intensité » ?
La plupart des stratèges américains s’entendent, depuis le début des années
1990, sur le fait qu’une « révolution dans les affaires militaires » (RMA) est en
cours. Par cette appellation est désignée une transformation historique dans la
façon concevoir et de mener de la guerre, induite par des transformations
technologiques, économiques, doctrinales et/ou politiques plus générales.51
Même si aucun accord n’existe chez les stratèges sur la portée plus ou moins
importante - voire considérable - de la RMA en cours, et de sa définition
exacte, voici un exemple d’aperçu général du phénomène : « l’origine de
l’actuelle révolution dans les affaires militaires (RMA) peut être remontée
jusqu’à la seconde guerre mondiale, mais les avancées dans les capacités
militaires sur lesquelles elle repose ont commencé à s’accélérer pendant la
dernière décennie, et sont susceptibles de se poursuivre jusqu’à 2025.
Comme dans le cas de plusieurs transformations antérieures de la guerre,
cette révolution militaire encore émergente est étroitement liée à des
transformations sociétales plus larges, dans ce cas précis les révolutions
jumelles dans les technologies de l’information et des biotechnologies. Les
capacités militaires seront transformées sous l’effet des avancées dans dix
domaines principaux : conscience et connectivité, portée et endurance,
précision et miniaturisation, vitesse et furtivité, rapidité et précision,
automation et simulation »
52, dont les retombées concernent aussi bien les
champs de bataille terrestre, naval, aérien, informationnel et spatial. Il ne s’agit
donc pas ici de faire un état des lieux général des caractéristiques de la
révolution dans les affaires militaires, mais d’analyser l’une de ses
composantes que sont les systèmes d’armes psychoélectroniques, et leur
impact en particulier dans un domaine de la guerre, les « conflits de faible
intensité ».
Au carrefour entre la révolution dans les technologies de l’information, les
neurosciences et les biotechnologies, l’armement psychoélectronique est
incontestablement l’un parmi un ensemble d’éléments qui fondent l’actuelle
« révolution dans les affaires militaires ». Dès 1980, le colonel John B.
Alexander avait écrit sur les technologies de contrôle mental : « quiquonque
fait la première percée majeure dans ce domaine aura une avance quantique
51
« la dimension historique témoigne d’au moins une douzaines de cas de changements
révolutionnaires dans la conduite de la guerre. […] La période moderne en général et les deux siècles
passés en particulier ont témoigné de la plus grande rapidité de changement. Depuis le début du
18ème siècle, la conduite de la guerre a été radicalement transformée à huit reprises » (« Revolutions in
Military Affairs », Centre for Strategic and Budgetary Assesments, Etats-Unis): la révolution
napoléonienne avec l’avènement de la guerre de masse (fin du 18ème siècle) ; les transformations
militaires induits par l’essor combiné des chemins de fer, de la carabine et du télégraphe au (courant
19ème siècle), l’apparition du cuirassé et du sous-marin (début 20ème), l’avènement de la supériorité
aérienne et la guerre blindée (consacrées par la Blitzkrieg allemande en 1940), la puissance navaleaérienne (seconde guerre mondiale), et la révolution induite par l’avènement de l’arme nucléaire.
52 “The Emerging RMA”, Centre for Strategic and Budgetary Assesments, Etats-Unis, 1999.
34
sur son adversaire, un avantage similaire à la possession exclusive des armes
nucléaires ». Trois ans plus tard, Samuel Koslov, qui avait été un des
personnalités directrices du projet Pandora de la Navy Américaine, concluait
au terme d’une conférence sur « l’Electrodynamique Nonlinéaire dans les
Systèmes Biologiques » que les champs électromagnétiques allaient
« devenir une clef de la console du contrôle cellulaire. Les implications,
sociales, économiques, et même militaires sont considérables. ». Il comparait
la signification de ces découvertes à celle de la fission nucléaire en 1939 et
proposait d’envoyer une lettre au président sur le même modèle que qu’avait
envoyé Albert Einstein au président Roosevelt…
La signification stratégique des psychotechnologies est le mieux documentée
par l’ouvrage intitulé « La révolution dans les affaires militaires militaire et les
conflits à court de guerre [conflict short of war] »53, écrit en 1994 par Steven
Metz – influent stratège américain – et James Kievit du Strategic Studies
Institute. Les auteurs développaient l’analyse selon laquelle La RMA a été
largement étudiée dans ses implications sur les conflits de moyenne ou haute
intensité54 (appliquées pour la première fois pendant la guerre du Golfe), mais
ses implications dans la guerre de faible intensité (ou « conflit à court de
guerre » - conflict short of war) n’ont pas encore été précisément définies.
Selon les auteurs, « le succès ultime dans l'application de la RMA au
conflit à court de guerre dépend du développement des psychotechnologies ». Cette « révolution » dans la guerre de faible intensité est
selon eux potentiellement aussi profonde que la RMA dans la guerre de
moyenne et haute, mais sera plus difficile à accomplir : « les valeurs et
attitudes américaines forment des contraintes significatives pour la
pleine utilisation des technologies émergentes, au moins dans tout ce
qui manquerait d’être perçu comme une guerre pour la survie nationale.
Dépasser ces contraintes pour accomplir une RMA dans le conflit à
court de guerre nécessiterait des changements fondamentaux aux EtatsUnis – une révolution éthique et politique peut être nécessaire pour
accomplir une révolution militaire. »
Sont désignés par « conflits à court de guerre » les conflits d’intérêt militaire
ou stratégique dans lesquels la force militaire conventionnelle ne peut être
utilisée ou n’apporte pas un avantage décisif. Metz et Kievit y incluent
notamment « les opérations d’évacuation des non-combattants (NEO), le
53 “The Revolution in Military Affairs and Conflict Short of War”, Steven Metz, James Kievitz, Strategic
Studies Institute, US Army War College, 1994.
54 Selon ces auteurs, « La RMA émergente dans la guerre de moyenne ou de haute-intensité
est centrée sur la fusion des systèmes sophistiqués de capteurs à distance avec des
systèmes d’armes extrêmement létaux de frappe de précision de longue portée, et le
Commandement, Contrôle, Communications (C3) assisté par automation. Entraînés avec
des simulations électroniques, des dispositifs de réalité virtuelle, et des exercices de terrain,
on s’attend à ce que cette fusion permette à des forces militaires plus réduites d’atteindre
des résultats rapides et décisifs à travers des opérations synchronisées et quasisimultanées dans la largeur et la profondeur du théâtre de guerre. Le résultat final pourrait
consister en des formes radicalement nouvelles de guerre conventionnelles. Avec peu
d’exceptions, cependant, l’impact de la RMA dans le conflit à court de guerre est beaucoup
moins clair. »
35
contre-terrorisme, le contre-narcotrafic, le maintien de la paix, et la contreinsurrection ». Selon eux, « Pendant la Guerre Froide, la forme du conflit à
court de guerre – plus tard appelé « conflit de faible intensité » - la plus
significative du point de vue stratégique, était l’insurrection révolutionnaire
dans le Tiers-Monde. Le conflit de faible intensité à l’extérieur du Tiers Monde
ne nécessitait pas la force militaire américaine – les Britanniques, Italiens,
Allemands, ou Espagnols pouvaient s’occuper de leurs propres problèmes –
mais l’insurrection révolutionnaire visant nos alliées du Tiers-monde l’exigeait
souvent. ». La RMA à appliquer dans la guerre de « faible intensité » entre
dans un contexte d’après guerre froide qui n’est pas marqué, loin s’en faut, par
l’avènement d’une ère d’accalmie et de prospérité, mais plutôt par un chaos
assez général et une redéfinition des formes de la « menace ».55
55 D’après les auteurs : « Pendant la Guerre Froide, le conflit à court de guerre concernait en
premier lieu les Etats-nations. Dans l’ère de la post-guerre froide, beaucoup sinon la plupart
des Etats du Tiers-monde s’émietterons en unités plus petites. L’ingouvernabilité et
l’instabilité seront la norme. Même ceux qui restent formellement intacts vont voir le pouvoir
politique et militaire se disperser entre des seigneurs de guerre, des milices primaires, et
des organisations politico-criminelles bien organisées. La plupart de celles-ci se
caractériseront par leur cruauté, certaines d’entre elles par une sophistication dangereuse à
l’heure où les terroristes et les narcotrafiquants maîtrisent les technologies modernes. Les
communications rapides et globales permettront aussi aux insurgés, terroristes, et
narcotrafiquants d’apprendre et de s’adapter rapidement et même de former des alliances et
des coalitions. Alors que la guerre ou la quasi-guerre pourrait ne pas être moins répandue
que dans les décennies passées, une violence générale, de faible intensité, deviendra
envahissante. »
36
Pour eux, appliquer les nouvelles technologies dans le cadre des « stratégie,
doctrine, organisation, objectifs, concepts, attitudes et normes
existants » procurerait un avantage notoire, mais opérer une
« révolution complète » consistant à recentrer tout cela autour de la
mise à profit des nouvelles technologies est aussi possible. Se
demandant quelles transformations présupposent la réalisation de la
RMA dans la guerre de faible intensité, ils répondent : « deux choses
pourraient inspirer les efforts pour développer et appliquer les
technologies de pointe. L’une est l’émergence d’une coterie active et
puissante de visionnaires à l’intérieur de la communauté de la sécurité
nationale, comprenant à la fois les supérieurs militaires et les
dirigeants civils. L’autre est une défaite ou une catastrophe »
56. Pour
évaluer les prouesses et les dangers d’une telle « révolution », ils
développent un scénario possible futur. Notons que celui-ci n’a pas un
but de politique-fiction plus ou moins lointaine, mais d’évaluer grâce à
la prospective les conséquences de développements qui sont
sérieusement envisagés par l’armée américaine.
56
« Par ironie, l’issue victorieuse de la Guerre Froide, bien qu’elle ait dramatiquement
augmenté le besoin d’innovation, en complique le processus. Dans tout effort humain, le
succès tend à étouffer l’innovation. L’attitude naturelle est « tant que ça ne casse pas, on ne
touche pas ». Le fait que les Etats-Unis n’aient pas été confronté à une catastrophe militaire
ou de sécurité national récent, a entravé le développement et l’application des nouvelles
technologies au conflit à court de guerre. Pour beaucoup d’américains, l’absence de
catastrophe montre que notre stratégie de sécurité nationale « ne casse pas ». On ignore si
les conditions que les auteurs attendaient de leurs vœux sont aujourd’hui remplies, après
que les Etats-Unis ont effectivement subi une telle catastrophe (les attentats du 11
septembre 2001) et qu’ils peinent à s’en sortir en Irak.
37
Voici le scénario envisagé. Après un ensemble de défaites sur le terrain du
contre-terrorisme, de la contre-insurrection et des opérations de
« maintien de la paix », une partie de l’élite militaire et de sécurité
nationale se rallie à la perspective d’une RMA dans le conflit de faible
intensité et arrive à en convaincre le président. Une vaste
réorganisation de la structure militaire s’engage alors, suivie de la
révolution dans les mœurs : « A travers des efforts prolongés et une
« élévation de la conscience » intérieure extrêmement sophistiquée,
les notions d’autrefois de vie privée personnelle et de souveraineté
nationale ont changé […] Une fois les valeurs transformées, les
technologies ont ouvert la porte à de profondes innovations. De vastes
progrès dans les systèmes de surveillance et le traitement de
l’information ont rendu possible de surveiller un grand nombre
d’ennemis (et d’ennemis potentiels). A l’époque de la pré-RMA, les
opérations psychologiques et la guerre psychologique étaient
primitives. A mesure qu’elles progressaient dans l’aire de l’électronique
et de la bioélectronique, il a été nécessaire de repenser nos
prohibitions éthiques sur la manipulation des esprits de nos ennemis
(et ennemis potentiels) aussi bien au niveau international qu’à
l’intérieur. […] A chaque fois que cela était possible, la rentabilité a été
utilisée pour encourager des entreprises privées et quasi-privées à
développer des technologies appropriées. […] Aucune distinction –
légale ou autre – n’était opérée entre les menaces intérieures et
extérieures. Dans le monde interdépendant du 21ème siècle, une telle
différentiation était dangereusement nostalgique. […] La stratégie
concrète construite sur la RMA était divisée en trois pistes. La
première cherchait à perpétuer la révolution. Sa dimension interne
institutionnalisait les changements organisationnels et
comportementaux qui ont rendu la révolution possible […] La seconde
piste consistait en l’action offensive. Notre préférence allait à la
dissuasion. Dans un monde dangereux, il est préférable de tuer (sic)
les terroristes avant qu’ils puissent endommager l’écologie ou frapper
les Etats-Unis. Tandis que les américains avaient longtemps soutenu
cette théorie, la RMA nous permettait de l’accomplir dans les faits avec
un risque minimum […] Comme la RMA rendait la dissuasion rapide,
secrète, en général victorieuse, et politiquement acceptable, les EtatsUnis ont graduellement abandonné les efforts collectifs. Presque tous
les alliés, avec leurs armées surannées de la pré-RMA, se sont
révélées plus encombrantes que d’une quelconque aide. »
38
Le scénario envisage l’application de cette « révolution » contre une
insurrection à Cuba quelques années après la chute de Fidel
Castro vers l’an 2000 : « Les soutiens potentiels de l’insurrection dans
le monde entier étaient identifiés en utilisant la Base de Données
Complète Intégrée et Interservices. Ils étaient catégorisés comme
« potentiels » ou « actifs », avec des simulations de personnalité
informatisées utilisées pour développer, façonner, et orienter des
campagnes psychologiques contre chacun d’entre eux. Les individus
et organisations avec des prédilections actives pour soutenir
l’insurrection étaient des cibles d’une ruse globale élaborée utilisant les
réseaux de communication informatiques et des appels par un
‘dirigeant insurgé’ informatiquement généré. Les véritables dirigeants
insurgés qui étaient identifiés étaient laissés en place afin qu’une
analyse informatique sophistiquée de leurs contacts puisse être
développée. Un conflit intrinsèque au sein de l’élite insurgée était
développé à l’aide de la psychotechnologie. Les opérations
psychologiques incluaient la propagande traditionnelle aussi bien que
des avancées plus agressives tel que le conditionnement subliminal
assisté par drogue. […] A l’intérieur de Cuba même […] toutes les
réserves de nourriture contenaient un sédatif extrêmement durable.
Cela a calmé les passions locales et a conduit à un déclin immédiat de
l’activité anti-régime. Là où il n’y avait aucun effort direct de secours
américain, les sédatifs étaient dispersés en utilisant des missiles de
croisières. Dans les régions supposées avoir de plus larges zones
d’activité insurgée, le dosage était augmenté. […] tous les américains
de Cuba avaient été bioélectriquement marqués et surveillés pendant
les étapes initiales du conflit […] Les campagnes de modelage du
comportement dirigées sur le public américain, le public mondial, et le
peuple cubain ont assez bien marché. […] Des messages subliminaux
subrepticement intégrés dans les transmissions télévisées cubaines
ont aussi été d’une grande aide. […] Les forces de frappes
américaines attaquaient également des cibles neutres pour soutenir la
campagne psychologique tandis que les leaders insurgés
informatiquement générés revendiquaient les attaques. […] Finalement
tout a fonctionné : les insurgés ont été discrédités et leur guerre a
sombré dans un conflit larvé peu susceptible de menacer les EtatsUnis. »
Les contrecoups d’une telle « révolution » étaient ensuite analysés : « Avec
une décennie pour s’adapter, beaucoup d’opposants des Etats-Unis, acteurs
étatiques et non-étatiques, détournent eux-mêmes la technologie à leurs
fins. […]. Nombre des drogues et psycho-technologies difficilement
détectables développées pour être utilisées dans le conflit à court de guerre
sont apparues sur le marché noir intérieur et, de plus en plus, sur les
établissements scolaires et lieux de travail américains. Plus important peutêtre, les Américains commencent à questionner les coûts économiques,
humains, et éthiques de notre nouvelle stratégie. Un mouvement politique
39
appelé le « Nouvel Humanitarisme » se développe, particulièrement parmi les
Américains de souche non-européenne, et semble à même de jouer un rôle
majeur dans l’élection présidentielle de 2012. Il y a même des grondements
de mécontentement dans le milieu de la sécurité nationale alors que la pleine
signification de la révolution devient claire. […] nombre de ceux qui sont
théoriquement dans les services militaires doivent commencer à se sentir
extérieurs aux notions traditionnelles des relations civilo-militaires. Ce groupe
a fondé un nouveau parti politique, le Mouvement de l’Aigle (Eagle Movement)
qui commence a exercer une forte pression sur les parties politiques
traditionnels pour son inclusion dans l’élaboration de la politique nationale.
Les partis traditionnels sont, pour le dire doucement, intimidés par le
Mouvement de l’Aigle, et semblent à même d’accepter ses demandes. Pour
finir, seuls les historiens et philosophes du futur peuvent évaluer de façon
ultime les conséquences de l’application de la RMA dans le conflit à court de
guerre. »
On s’attend à ce que ces terribles perspectives conduisent les auteurs à
rejeter l’idée d’une RMA dans les conflits de faible intensité… Mais non, ils en
viennent à conclure : « il y a un intérêt à appliquer les technologies
émergentes et des concepts innovants au conflit à court de guerre. […]
La plus grande question est de savoir si nous cherchons une vraie
révolution plutôt que de simples améliorations marginales. L’accomplir
demande des changements fondamentaux dans les attitudes et valeurs
aussi bien que dans l'organisation, la structure des forces, la doctrine, et
les techniques. Après un débat sérieux, la population et les dirigeants des
Etats-Unis pourraient décider que les coûts et risques de l'application de la
RMA au conflit à court de guerre ne valent pas les bénéfices attendus. »
En dehors de tout scénario prospectif cette fois, les auteurs citaient quelques
dimensions des psychotechnologies : « Dans le futur proche tous les
américains à risque pourraient être équipés d’un dispositif électronique
localisateur de position individuelle (IPLD). Le dispositif, dérivé du
bracelet électronique utilisé pour contrôler certains criminels
récidivistes ou en liberté conditionnelle, pourrait continuellement
informer une banque centrale de données des localisations
individuelles. Finalement un tel dispositif pourrait être implanté de façon
permanente sous la peau, avec une activation automatique à distance
soit sur le départ du territoire américain (quand on passe dans le
système sécuritaire de dépistage, par exemple), ou par transmission
d’un code d’alerte NEO aux régions de conflit. L’implantation aiderait à
empêcher le retrait du dispositif (même si, bien sûr, certains terroristes
pourraient être prêts à enlever une partie du corps de l’otage si ils
savent où le dispositif est implanté). Le IPLD pourrait aussi agir comme
forme d’IFFN (identification ami, ennemi, ou neutre) si le personnel
militaire américain était équipé des dispositifs appropriés de
sommation/réponse. Enfin, un tel dispositif pourrait servir finalement […]
comme une chaîne de communication à double voix permettant à
l’annonce NEO d’être réalisée secrètement. » Plus loin, les auteurs
40
interrogent : « est-ce que les américains à l’étranger seront obligés de
porter (ou pire d’avoir implanté) un tel dispositif ou est ce que son
utilisation sera volontaire ? Si ce port est obligé, est-ce qu’il s’appliquera
également à ceux qui sont employé à l’étranger et aux touristes ? Est-ce
que les américains accepterons le fait que le gouvernement pourrait, par
l’accès à la base de donnée des localisateurs NEO, connaître chaque
mouvement qu’ils font ? ». Sur les armes à énergie dirigée, sans doute compte
tenu du secret défense, ils se font moins loquaces et plus allusifs : « Les
valeurs américaines rendent aussi l’utilisation des armes à énergie dirigée
contre l’aviation (sic) suspectée de narcotrafic technologiquement réalisable
mais moralement difficile, peut-être inacceptable. L’avantage des armes à
énergie dirigée sur les conventionnelles est la déniabilité. […] la
déniabilité doit être dirigée sur le peuple américain, qui ne sanctionne pas
l’emprisonnement, encore moins l’exécution, d’individus sans procès. […] ». Ils
mentionnent aussi la perspective de « l’utilisation militaire de la télévision
contre des adversaires étrangers soulève le spectre d’applications intérieures.
[Cette] possibilité pourrait provoquer un scepticisme publique plus grand à
l’égard de l’image de la télévision, réduisant l’impact de l’un des outils de
communication les plus puissants des politiciens américains. » Dans
l’ensemble, ils considèrent que « la puissante amélioration du
rassemblement et de la fusion du renseignement est une composante de
première importance de la RMA, et les capacités de guerre de
l’information proposées pourraient convenir de façon idéale pour aider à
développer les émotions, attitudes, et comportements souhaités. »
Les auteurs théorisent ainsi la portée du phénomène d’ensemble de la RMA
en cours : « Par le passé, les RMAs prenaient des années, souvent des
décennies pour se développer. Aujourd'hui, deux RMAs peuvent être en
cours simultanément. La première (et la plus mûre) est électronique. Ses
manifestations ont amélioré le C4I et les systèmes de précision de
frappe. La seconde (et potentiellement plus profonde) RMA est
biotechnologique, comprenant l'ingénierie génétique et les drogues de
modification du comportement. A cause de la compression de temps et
du raccourcissement des modèles historiques, la révolution
biotechnologique est totalement imbriquée avec l'électronique. Il se
pourrait de façon ultime que ce soit la combinaison des deux qui se
révèle véritablement révolutionnaire. » Ils concluaient ainsi leur ouvrage :
« Les changements qui ont mené à la AirLand Battle, à la victoire dans la
guerre du Golfe, et à l'actuelle RMA ont été suprêmement créatifs. Cependant,
ils n'étaient que des premiers pas. Accomplir une révolution dans le conflit
à court de guerre sera plus difficile. Mais accepter que les technologies
se développent sans créativité concomitante serait, au final, mettre en
péril la sécurité de la Nation. »
En 1995, dans un article intitulé « La Stratégie et la Révolution dans les
Affaires Militaires », le même Steven Metz réaffirmait : « Le monde est
potentiellement au seuil d’une révolution ‘majeure’ dans les affaires militaires
résultant de l’interaction de changements économiques, sociaux, et culturels
41
portés par la technologie des puces de silicone, la robotique, les psycho- et
bio-technologies. »
57 Selon lui l’usage des psychotechnologies offensives
participe de la solution aussi bien en terme de capacité à conduire la guerre
contre les « ennemis subnationaux ou non-militaires » que contre des
« adversaires symétriques » (peer competitors). S’agissant de ces derniers, il
écrivait « Du fait que l’issue d’une guerre contre un adversaire symétrique ne
serait probablement pas déterminée par les systèmes traditionnels tel que les
forces armées terrestres et les avions pilotés, les Etats-Unis devraient, pour
s’y préparer, passer à la seconde étape des technologies telles que la
robotique, la psychotechnologie, la domination de l’espace, et les capacités de
« feu de fourmi ». Et, comme la projection des forces conventionnelles contre
un concurrent symétrique serait dangereuse ou impossible, les Etats-Unis
devraient dans une confrontation contre un tel ennemi se concentrer sur la
projection d’effets plutôt que d’objets. […] la démarcation entre la
compétition et les hostilités, entre la paix et la guerre, pourrait être
extrêmement difficile à déterminer – particulièrement dans le domaine de
l’information. ». Pour être menée, la guerre contre un adversaire de
dimension égale nécessiterait ainsi une conduite discrète, voire imperceptible,
que permet assez bien le caractère de « déniabilité » des psychotechnologies.
Quant au combat contre les ennemis de l’intérieur et/ou civils, Metz affirmait :
« Une armée américaine configurée pour une utilisation contre des
ennemis subnationaux ou non-militaires serait composée d’unités
réduites et très flexibles (mais leur force d’ensemble ne serait pas
réduite). […] Les policiers et scientifiques high-tech, qu’il s’agisse des
spécialistes en informatique, d’écologistes ou quelque chose de similaire,
seraient les éléments les plus vitaux de la force de sécurité, avec les soldats
en adjonction. Une technologie de protection personnelle comprenant une
armure individuelle, ainsi qu’une technologie de contre-terreur, seraient
essentielles. La psychotechnologie pour manipuler les perceptions, les
croyances et les attitudes serait également centrale. ». Metz estimait sur
ce type de guerre : « Bien plus que la guerre symétrique, ce qu’on avait
l’habitude d’appeler le conflit de basse intensité pourrait devenir la menace
dominante au 21ème siècle. »
Plus loin, il écrivait : « La RMA pourrait aussi avoir des effets de second ordre,
non intentionnels et non souhaités, sur la société américaine. L’un des
objectifs premiers de la RMA est la quasi-omniscience pour les
commandants militaires. Les technologies de senseurs et de traitement
57Steven Metz, « Strategy and the Revolution in Military Affairs », Strategic Studies Institute, US Army
War College, 27 juin 1995. Metz distinguait deux types de RMA, « majeure » et « mineure » : « les
révolutions ‘mineures’ dans les affaires militaires tendent à être initiées par des changements sociaux
ou technologiques individuels, s’opèrent dans des périodes relativement courtes (moins d’une
décennie), et leur impact direct le plus fort est sur le champ de bataille. Les révolutions ‘majeures’
dans les affaires militaires sont le produit de multiples changements combinés au niveau
technologique, économique, social, culturel et/ou militaire, ont lieu généralement sur de longues
périodes (plus d’une décennie), et ont un impact direct sur la stratégie. » Il écrivait aussi qu’« une
révolution ‘mineure’ dans les affaires militaires, portée par les applications militaires de la technologie
des puces de silicone, est en cours, et la prochaine révolution ‘mineure’ sera portée par la robotique et
les psychotechnologies. »
42
de l’information pourraient leur donner un accès complet et instantané
aux informations aussi bien sur leurs propres soldats que sur ceux de
l’ennemi. Les commandants ne connaîtront pas seulement
l’emplacement de leurs forces et de celles de l’ennemi, mais aussi leur
condition physique et mentale. Et les psychotechnologies permettront
aux commandants de manipuler les perceptions et croyances de leurs
propres soldats, des ennemis, et des non-combattants. De telles
capacités pourraient être utilisées aussi bien pour les problèmes
intérieurs que pour les internationaux, défiant de ce fait les croyances
américaines fondamentales sur la vie privée personnelle et l’intrusion de
l’Etat dans la vie des individus. Est-ce que la nation est disposée à accepter
le risque d’une boîte de pandore RMA ? Dans le cas contraire, comment peutelle éviter un débordement de la RMA sur la société intérieure ? »
Visiblement, Steven Metz en avait trop dit. Cinq ans plus tard, dans un écrit
didactique, qui s’apparente à une opération de communication au grand
public, Steven Metz mentionne plusieurs fois les psychotechnologies en
accompagnant partout ce terme de guillemets, futurs, conditionnels, et mises
en garde au nom de l’éthique. Il en dit notamment : « Il se pourrait que les
futurs commandants militaires aient une technologie permettant d’altérer les
croyances, perceptions, et sentiments de l’ennemi. Cela pourrait aller de
choses comme le ‘morphing’ d’un leader ennemi pour créer un programme de
télévision dans lequel il se rend, à des idées beaucoup plus effrayantes
comme des implants pour modifier la perception, des produits chimiques, ou
des rayons de quelque sorte. De telles technologies seraient particulièrement
menaçantes d’un point de vue éthique. Aujourd’hui, une psychotechnologie
effective et contrôlable relève de la science fiction. Tout développement dans
ce domaine exige un examen minutieux. Excepté un certain changement
fondamental dans l’environnement de sécurité global, elles devraient être
évitées. »
58 Dans d’autres écrits, Steven Metz ne s’embarrasse pourtant pas
de ces couches d’atermoiements et d’éthique. Il déclarait par exemple dans
une publication de 2004 intitulée « Insurrection et Contre-Insurrection au 21ème
siècle : reconceptualiser la menace et les réponses » (cosignée avec
Raymond Millen) : « Spécifiquement, l’armée américaine et d’autres
agences gouvernementales devraient développer une approche conçue
pour fracturer, désunir, démoraliser, et priver de ressources les insurgés.
Faire fonctionner cela nécessite une organisation d’évaluation
stratégique indépendante composée de responsables gouvernementaux
expérimentés, d’officiers militaires, de policiers, d’officiers de
renseignement, de stratèges, et de spécialistes régionaux pour évaluer
une opération de contre-insurrection et permettre aux principaux
dirigeants d’accomplir des adaptations. »
59 La stratégie ne semble donc
58 Steven Metz, “Information in the 21st century : the information revolution and post modern warfare”,
Strategic Studies Institute, avril 2000.
59 Steven Metz, Raymond Millen, “Insurgency and Counterinsurgency in the 21st Century :
Reconceptualizing Threat and Response”, Strategic Studies Institute, US Army War College,
novembre 2004. Voir aussi Steven Metz, “The Future of Insurgency”, Strategic Sudies Institute, 10
décembre 1993. Il expliquait dans cette dernière publication : « Il y aura de nombreuses formes de
43
pas fondamentalement différer dans son fond de celle mise en œuvre au
Vietnam ou par la France en Algérie, si ce n’est les puissants outils que lui
offrent les progrès technologiques. Soit les stratèges américains sont
effectivement terrassés par les « idées effrayantes » que représentent de
telles technologies (comprenant des « produits chimiques » et des « rayons
de quelque sorte ») et se refusent à les employer parce qu’elles sont
menaçantes « du point de vue éthique », et relèvent d’ailleurs aujourd’hui de la
« science-fiction ». Soit le discours de Steven Metz s’inscrit ici dans la lignée
de la politique de sécurité nationale qui consiste à couvrir, depuis plusieurs
décennies, les développements dans ce domaine sensible, pour garantir la
surprise ou l’imperceptibilité de leur utilisation présente et/ou future.
Les perspective décrites par Steven Metz et Kievitz pour l’Institut des Etudes
Stratégiques américain permettent de saisir l’importance stratégique que va
revêtir – et revêt déjà – l’armement psychoélectronique dans la stratégie
globale. Il ne s’agirait que de rêves lointains domination, si ces technologies
n’étaient pas déjà en grande partie opérationnelles et ne connaissaient pas un
développement fulgurant.
Le document de source ouverte qui développait peut-être le plus radicalement
l’analyse des capacités de l’armement psychoélectronique est sans doute à ce
jour l’article du Lieutenant-Colonel américain Timothy L. Thomas intitulé
« L’esprit n’a pas de logiciel anti-intrusion »
60 (1998). Compte tenu des
informations importantes qu’il contient à ce sujet il mérite ici d’être largement
cité. Nous devons prendre en compte que ce document travaille à partir des
sources libres et que les potentiels d’armes mentionnés, aussi puissants
soient-ils, ne représentent qu’une partie des capacités déjà existantes des
armes psychoélectroniques.
Au fondement de l’approche de ce domaine de la guerre, réside la redéfinition
du corps humain en tant que système d’information dont les données, comme
celles de tout autre système, peuvent être manipulées :
« Le corps humain, un peu comme un ordinateur, contient une
myriade de processeurs de données. Parmi lesquels, mais la liste
n’est pas exhaustive, l’activité chimique-électrique du cerveau, du
cœur et du système nerveux périphérique, les signaux envoyés de
la région du cortex dans le cerveau vers les autres parties du
corps, les minuscules cils sensitifs reliés à des cellules réceptrices
dans l’oreille interne qui traitent les signaux auditifs, ainsi que la
violence prolongée de faible intensité alors que le système de sécurité globale de la post-guerre froide
se coalise. Parmi celles-ci, l’insurrection – l’utilisation de la violence prolongée de faible intensité pour
renverser un système politique ou obliger quelque changement fondamental dans le statu quo
économique et politique – persistera certainement. Après tout, il s’agit de l’un des types de conflits les
plus envahissants dans l’histoire, et il est aujourd’hui épidémique. Pour beaucoup de pays du monde,
une guerre interne en ébullition est une condition permanente. Aussi longtemps qu’il y aura des
populations frustrées au point d’utiliser la violence, mais trop faibles pour défier un régime par des
moyens militaires conventionnels, l’insurrection persistera. »
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KING MASTER

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Les technologies offensives de contrôle politique : un nouveau péril social  Empty
MessageSujet: Re: Les technologies offensives de contrôle politique : un nouveau péril social    Les technologies offensives de contrôle politique : un nouveau péril social  I_icon_minitimeSam 20 Nov 2021 - 23:04

60Lieutenant-colonel américain Timothy L. Thomas, analyste au bureau d'études des affaires militaires
étrangères de Fort Leavenworth au Kansas, L'esprit n'a pas de logiciel anti-intrusions », Timothy L.
Thomas, in Parameters, printemps 1998, pp. 84-92
44
rétine et la cornée sensibles à la lumière dans l’œil qui traitent
l’activité visuelle. »
« Un arsenal d’armes entièrement nouvelles, fondé sur des
dispositifs conçus pour projeter des messages subliminaux ou
pour changer les capacités psychologiques du corps et son
aptitude à traiter les données, pourrait être utilisé pour neutraliser
des individus. Ces armes visent à contrôler ou modifier le
psychisme, ou encore à attaquer les différents systèmes
sensoriels et systèmes processeurs de données de l’organisme
humain. Dans les deux cas, le but est de fausser ou de détruire les
signaux qui maintiennent le corps en équilibre en temps normal. »
« [...] le corps n’est pas seulement capable d’être trompé,
manipulé, ou désinformé mais aussi paralysé ou détruit –
exactement comme n’importe quel autre système de traitement de
données. Les « données » que reçoit le corps à partir de sources
extérieures – comme les ondes d'énergie électromagnétique,
vortex, ou acoustique – ou qu’il crée à travers ses propres stimuli
chimiques ou électriques peuvent être manipulées ou changées
exactement comme les données (l’information) de n’importe quel
système électronique peuvent être modifiées. »
« En réalité, les règles du jeu [de la guerre de l’information]
comprennent la protection et l’accession aux signaux, ondes et
impulsions capables d’influer les éléments de traitement de
données des systèmes, ordinateurs et personnes. »
Le document décrivait les capacités russes de guerre psychoélectronique
telles qu’elles sont connues à partir des sources d’information ouvertes :
« Le Dr Victor Solntsev de l’Institut Technique Baumann à Moscou, de
nationalité russe est l’un des principaux chercheurs, travaillant à partir
de sources librement accessibles, concernant la relation entre la guerre
de l’information et les capacités de traitement de données du
corps. [...] Il insiste sur le fait que l’homme doit être conçu comme un
système ouvert au lieu d’un simple organisme ou système fermé. En
tant que système ouvert, l’homme communique avec son
environnement par l’intermédiaire de flux d’informations et de canaux de
communications. Selon Solntsev, l’environnement physique d’une
personne par le moyen d’un effet quelconque, électromagnétique,
gravitationnel, acoustique, ou autre, peut provoquer un changement
dans la condition psycho-physiologique de l’organisme. Des
changements de ce type pourraient affecter directement l’état mental et
la conscience d’un opérateur de systèmes informatiques. [...] Solntsev a
aussi étudié le problème de « l’information faite bruit », qui forme un
solide barrage entre une personne et la réalité extérieure. Ce bruit peut
se manifester sous la forme de signaux, messages, images, ou autres
types d’informations. La cible principale de ce bruit peut être la
45
conscience d’une personne ou d’un groupe de gens. La modification du
comportement pourrait être l’un des objectifs de l’information faite bruit;
un autre objectif pourrait être de perturber les capacités mentales d’un
individu au point d’empêcher toute réaction à quelque stimulus que ce
soit. Solntsev conclut que tous les niveaux du psychisme d’une
personne (le subconscient, le conscient, et le « supra-conscient ») sont
des cibles potentielles de déstabilisation. »
« D’après Anisimov [du Centre Anti-Psychoélectronique de Moscou], les
armes psychoélectroniques sont celles qui agissent pour « recueillir une
partie de l’information entreposée dans l’esprit d’une personne. Elle est
envoyée à un ordinateur, qui la retravaille au niveau souhaité par ceux
qui contrôlent la personne, et l’information modifiée est ensuite
réintroduite dans le cerveau ». Ces armes sont utilisées contre l’esprit
pour induire des hallucinations, rendre malade, provoquer des
mutations des cellules humaines, la « zombification », voire la mort.
L’arsenal comprend les générateurs VHF, les rayons X, les ultrasons, et
les ondes radio. »
T. Thomas poursuivait en dressant un catalogue, saisissant, de certaines
capacités d’armes psychoélectroniques :
« Le Commandant I. Chernishev de l’armée russe, dans le journal
militaire Orienteer de Février 1997, affirmait que les armes « psy »
sont en développement partout dans le monde. Les différents
types d’armes relevés par Chernishev (tous n’ayant pas encore de
prototypes) sont :
- Un générateur psychoélectronique, qui produit une puissante
émanation électromagnétique capable d’être envoyée à travers les
lignes téléphone, la télévision et les réseaux radio, les conduites
d’approvisionnement et les lampes incandescentes.
- Un générateur autonome, un dispositif opérant sur la bande des 10-
150 Hertz qui donne lieu, sur la bande de 10 à 20 Hertz, à une
oscillation infrasonore destructive pour toute créature vivante.
- Un générateur pour système nerveux, conçu pour paralyser le
système nerveux central des insectes, qui pourrait avoir la même
applicabilité chez les personnes.
- Des émanations ultrasonores, qu’un institut affirme avoir développées.
Les dispositifs utilisant les émanations ultrasonores sont supposées
capable de réaliser des opérations internes sans faire couler de sang et
sans laisser de trace sur la peau. Elles peuvent aussi, d’après
Chernishev, être utilisées pour tuer.
- Des cassettes silencieuses. Chernishev affirme que les Japonais ont
développé la capacité à insérer des séquences de voix à des
fréquences infra basses sur de la musique, séquences qui sont
détectées par le subconscient. Les Russes affirment utiliser de
46
semblables « bombardements » associés à des programmes
ordinateurs pour traiter l’alcoolisme ou le tabagisme.
- L’effet de la 25ème image, auquel il est fait allusion plus haut, une
technique où chaque 25ème image d’une bobine de film ou d’un long
métrage contient un message capté par l’inconscient. Cette technique,
si elle fonctionne, pourrait peut être utilisée pour limiter l’abus de tabac
et d’alcool, mais peut s’appliquer aussi à d’autres domaines plus
menaçants si elle est utilisée sur un public télévisuel ou un opérateur de
systèmes informatiques.
- Les psychotropes, définis comme des préparations médicales utilisées
pour induire transe, euphorie, ou dépression. Mentionnés sous le terme
de "mines à action lente", ils peuvent être glissés dans la nourriture d’un
homme politique ou dans l’approvisionnement en eau d’une ville entière.
Les symptômes comprennent des maux de tête, des bruits, voix ou
ordres dans le cerveau, des étourdissements, une douleur au niveau de
l’abdomen, une arythmie cardiaque, ou même la destruction du système
cardiovasculaire. »
« Le Dr. Janet Morris, coauteur de The Warrior’s Edge (La Suprématie
du Guerrier), s’est rendue plusieurs fois à l’Institut de Psychocorrélation
de Moscou en 1991. On lui a présenté une technique développée à
l’origine par le Département Russe de Psycho-Correction de l’Académie
Médicale de Moscou, qui permet aux chercheurs d’analyser
électroniquement l’esprit humain afin de l’influencer. Ils entrent des
ordres subliminaux, utilisant des mots clés transmis avec du « bruit
blanc » ou de la musique. Utilisant des infrasons, une transmission à
fréquences très basses, le message psycho-correcteur acoustique est
transmis par conduction osseuse. »
L’état des recherches russes non classifiées, en 1998, était évoqué comme il
suit : « Solntsev est d’avantage intéressé par les capacités de l’électronique,
et plus spécifiquement l’étude de la source d’énergie/information associée à
l’interface homme / ordinateur. Il insiste sur le fait que si ces sources
d’énergies peuvent être capturées et intégrées à l’ordinateur moderne, le
résultat sera un réseau d’une valeur bien supérieure à « la simple somme de
ses composants ». D’autres chercheurs étudient : les générateurs hautefréquence (conçus pour assommer le psychisme au moyen d’ondes à hautefréquence tel que les ondes électromagnétiques, acoustiques, et
gravitationnelles) ; la manipulation ou la reconstruction des pensées d’une
personne à travers des programmes préparés comme les procédés de
contrôle réfléchis; l’utilisation de la psychoélectronique, de la parapsychologie,
de la bioénergie, des champs bio et de la psychoénergie ; et les « opérations
spéciales » non spécifiées ou l’entraînement anti-ESP. »
Le Lieutenant-Colonel Timothy L. Thomas s’inquiète-t-il alors, par exemple, de
la menace que représentent ces technologies à la démocratie et les droits de
l’homme ? Bien au contraire, il en vient à juger que la théorie américaine de la
47
guerre de l’information est excessivement focalisée sur les systèmes et n’a
pas intégré la dimension selon laquelle l’être humain est lui aussi un système
d’information. Il ignore dans ce cas – ou plutôt peut-être feint d’ignorer – les
recherches étendues que les Etats-Unis mènent sous le paravent du secret
défense. T. Thomas mentionne tout de même la « Publication conjointe 3-
13.1 » de l’armée américaine selon laquelle : « l’ultime cible [de la guerre de
l’information] est le processus dépendant de l’information, qu’il soit
humain ou automatisé [...]. La guerre de Commandement et de Contrôle
[Command and Control warfare] (C2W) est l’usage intégré des PSYOP
(opérations psychologiques), de la tromperie militaire, de la guerre
électronique et de la destruction physique ».
L’auteur poursuit, sur l’arsenal des technologies officiellement disponibles par
les Etats-Unis :
« quelles sont les technologies ayant le potentiel de perturber les capacités de
traitement de données de l’organisme humain qui ont été étudiées par les
Etats-Unis ? Le numéro de US News and World Report du 7 juillet 1997
décrivait plusieurs d’entre elles conçues, entre autre, pour faire résonner les
organes internes des êtres humains, les assommer ou leur donner la
nausée, les endormir, élever leur température, ou les renverser avec une
onde de choc. Ces technologies comprennent les lasers éblouissants
qui peuvent forcer les pupilles à se fermer ; les fréquences acoustiques
ou sonores qui provoquent des vibrations des minuscules cils sensitifs
reliés à des cellules réceptrices dans l’oreille interne et entraînent des
troubles de l’équilibre, des vertiges, et des nausées, ou encore les
fréquences qui entrent en résonance avec les organes internes,
déclenchant des douleurs et des spasmes ; et des ondes de choc ayant
le potentiel de renverser des êtres humains ou des avions et pouvant être
mélangées à des gaz lacrymogènes ou des produits chimiques. Avec des
modifications, ces applications technologiques peuvent avoir de
nombreuses utilisations. [...] [Les ondes acoustiques], qui ont la
capacité de pénétrer les bâtiments, offrent une foule d’opportunités pour
les militaires et les forces de l’ordre. Les armes micro-ondes, en
stimulant le système nerveux périphérique, peuvent élever la
température du corps, induire des crises semblables à des crises
d’épilepsie, et provoquer un arrêt cardiaque. Les radiations basses
fréquences affectent l’activité électrique du cerveau et peuvent
provoquer des symptômes similaire à la grippe et des nausées. D’autres
projets cherchent à endormir ou à empêcher de dormir, ou encore à
affecter le signal venant de la partie du cerveau qui correspond au cortex
moteur, annulant les mouvements musculaires volontaires. ».
L’auteur ignore-t-il réellement les développements américains dans ce
domaine ? La plupart des technologies mentionnées dans ce dernier
paragraphe sont opérationnelles du côté des Etats-Unis comme de l’URSS
depuis les années 1980. La déclassification de ce document laisse penser que
les Etats-Unis sont très en retard sur les technologies russes, et que des
48
éléments individuels les prônent indépendamment d’un effort central. Nous
avons vu qu’il n’en est rien.
En 1996, Le Bureau Scientifique Consultatif de l’US Air Force annonçait, dans
un document de source spécialisée (ouverte) : « Dans la première la moitié
du 21ème siècle, il y aura une explosion littérale des connaissances
dans le champ des neurosciences. Nous serons parvenus à un
entendement clair de comment fonctionne le cerveau humain, comment
il commande réellement diverses fonctions du corps, et comment il peut
être manipulé (à la fois en positif et en négatif). On peut envisager le
développement de sources d’énergie électromagnétique, dont la
production peut être pulsée, façonnée, et concentrée, qui peuvent
s’accoupler au corps humain de telle façon qu’elle permettrait
d’empêcher les mouvements musculaires volontaires, de contrôler les
émotions (et donc les actions), de provoquer le sommeil, de transmettre
des suggestions, d’interférer aussi bien avec la mémoire de court terme
et long terme, de produire un jeu d’expériences, et de supprimer un jeu
d’expériences. Cela ouvrira la porte au développement de nouvelles
capacités qui peuvent être employées dans les conflits armés, dans des
situations de terrorisme ou de prise d’otage, et en situation
d’entraînement. »
61 Plus loin, le document décrit au conditionnel des
technologies dont ont sait aujourd’hui qu’elles sont opérationnelles depuis le
milieu des années 1970 (voir précédemment les découvertes de P. Flanagan
et le document déclassifié de la Nasa) : « Lorsqu’une impulsion micro-onde
haute puissance, de l’ordre du gigahertz, atteint le corps humain, une très
petite élévation de température apparaît. Celle-ci est associée à une soudaine
expansion des tissus légèrement échauffés. Cette expansion est
suffisamment rapide pour provoquer une onde acoustique. Si un courant pulsé
est utilisé, il devrait être possible de créer un champ acoustique interne dans
la gamme des 5 à 15 kilohertz, qui est audible. Donc, il peut être possible de «
parler » à des adversaires choisis […].» Utiliser des formules au futur ou au
conditionnel semble devenir la norme pour préserver les informations relevant
de la « sécurité nationale » tout en publicisant auprès d’un public un peu plus
large les développements en cours.62 Il est permis d’envisager que la plupart
sinon toutes les capacités décrites ci-dessus par la Air Force sont déjà
opérationnelles.
61 USAF Scientific Advisory Board, New World Vistas Air and Space Power for the 21st Century,
Ancillary Volume, 1996, p89.
62 L’hypothèse selon laquelle il pourrait s’agir des capacités présentes ou à court terme, est suggérée
par le « Rapport Final sur les Exigences en Recherche Biotechnologique pour les Systèmes
Aéronautiques Vers l'An 2000 » cité précédemment. Dès 1982, il prévoyait le terme de ses différents
développements sur les « Effets RFR pulsés », « Mécanismes des RFR sur les systèmes vivants » et
« phénomènes RFR perturbateurs forcés » respectivement en 1995, 1997 et 2010, et annonçait déjà:
« Alors que l'attention initiale devrait porter vers une dégradation de la performance humaine par des
effets de charge thermique et de champs électromagnétiques, les travaux suivants devraient
adresser les possibilités de diriger et interroger le fonctionnement mental, au moyen de champs
appliqués par voie externe [...]. ».
49
10. Des recherches sur le « contrôle mental » aux programmes d’armes
« non-létales »
Les programmes d’armes non-létales lancés dans les années 1990 consistent
essentiellement à mettre à profit les nouvelles technologies pour développer
des armements capables d’effets sélectifs et maîtrisés, élargissant
considérablement le champ d’application de la guerre – en particulier dans les
conflits de faible intensité et le maintien de l’ordre – tout en gagnant une
acceptabilité accrue dans l’opinion publique. L’axe « non-létal » vient
également à propos pour reconstruire la légitimité perdue des budgets
d’armements colossaux de la guerre froide. Le concept d’armes non-létales
recoupent une palette technique et fonctionnelle très large, comprenant entre
autre des équipements biologiques, chimiques, acoustiques, optiques, à
impulsion électromagnétiques, mécaniques, électriques. On y compte aussi
bien des dispositifs antipersonnel (qui visent à frapper d’incapacité un individu
isolé sans affecter ceux qui l’entourent, à interdire l’accès du personnel à une
zone ou encore à forcer l’évacuation du personnel d’une zone) que des
dispositifs antimatériel (parmi lesquels on compte des dispositifs destinés à
interdire l’accès d’une zone à des véhicules, à mettre hors d’état ou neutraliser
certains types d’équipements, d’installations, de produits ou de matières).
La filiation entre les recherches classifiées de la guerre froide sur le « contrôle
mental », et au moins toute une composante du nouvel arsenal des armes non
létales fondée sur les effets de l’énergie dirigée, ne fait guère de doute.
Un rapport de l’U.S. Air Force de 1998 décrivait comme il suit l'arsenal d’armes
non-létales antipersonnelles officiellement développées : - « Infrasons / VLF »
ou sons à très basses fréquences « qui désorientent et effrayent » « gênant le
fonctionnement des organes en provoquant nausées et spasmes du système
digestif » ; - « Inhibiteurs neuraux : frappent les personnes d'incapacité,
paralysant les connexions synaptiques » ; - « hallucinogènes » ou
« narcotiques qui désorientent, rendent confus et frappent d’incapacité » ; -
« calmants » ou « sédatifs transmis par les poumons ou la peau » ; -
« Bêtabloquants » ou « fléchettes tranquillisantes et balles anesthésiques » ; -
« Fusils électroniques » ou « pistolets qui assomment » « et affaiblissent le
système nerveux central » ; - « Impulsions micro-ondes puissantes (HPM,
High Power Microwave) » qui « induisent confusion, stupeur et coma chez les
personnes et les animaux » ; - « projectiles non-pénétrants » ou « systèmes
qui écrasent, déforment, délitent, dont des grenades à fléchettes » ; - « balles
en cire, bois, et plastique » dont « les effets varient selon la forme, les
matériaux, et la vitesse » « lasers à faible énergie » y compris des « fusils
laser » ; - « munitions optiques » ou « grenades éblouissantes. »
63
Le rapport du Groupe de Recherche sur la Paix et la Sécurité (GRIP) sur
« Les armes non-létales – Une nouvelle course aux armements »
64, écrit par
Luc Mampey, intégrait parmi les potentiels d’armes non létales, en tant que
63 Extrait de Non Lethal Armament : a Structural Study of a Future Integration, USAF, 1998.
64 « Les armes non-létales : une nouvelle course aux armaments », Luc Mampaey, GRIP, 1999.
50
catégorie d’arme spécifique, les « dispositifs altérant le comportement » dont il
proposait la définition suivante : « l’objectif de ces systèmes d’armes est
d’interférer avec les processus biologiques et/ou psychologiques de
l’organisme humain, en le soumettant à des stimuli physiques, chimiques,
électromagnétiques ou des techniques de morphing, sans intention de donner
la mort, mais dans le but d’induire un comportement déterminé, d’altérer les
facultés mentales ou d’influencer la mémoire ». Il citait également comme
armes non-létales antipersonnelles : les dispositifs acoustiques à infrasons et
à ultrasons - inaudibles à l’oreille humaine - qui permettent de provoquer des
nausées, une désorientation, des troubles de la vision, et des lésions internes,
« dont l’effet peut varier de l’inconfort temporaire jusqu’à la mort dans les cas
extrêmes » ; - les dispositifs optiques, dont les munitions optiques utilisant la
sensibilité du cerveau à la lumière stroboscopique à basse fréquence (« effet
Bucha »), capables de provoquer des vertiges, nausées et désorientations ;
les radiateurs isotropes omnidirectionnels ou unidirectionnels dégageant un
puissant éclair lumineux capable d’éblouir ou d’aveugler temporairement
l’adversaire qui existent sous forme de grenades, bombes ou obus d’artillerie ;
les hologrammes pour provoquer des illusions visuelles par l’interférence de
sources lumineuses, notamment en exploitant les sensibilités psychologiques
de l’adversaire ; les lasers dont les applications militaires varient de quelques
centièmes à plusieurs millions de watts, dont les lasers aveuglants ; - les
dispositifs à impulsions électromagnétiques, utilisés à des fins antipersonnel
ou antimatériel, utilisant les très basses fréquences (VLF) ou les très hautes
fréquences (UHF). - les agents tranquillisants ou incommodants (comprenant
sédatifs, odeurs insupportables, hydrogène sulfureux, gaz lacrymogènes, gaz
poivrés, agents CS et CN), les agents immobilisants, ou encore les
« marqueurs », permettant d’identifier un individu et sa position.
Dans le Bulletin of Atomic Scientist, Steven Aftergood écrivait en 1994 : « Le
concept d’armes non-létales n’est pas nouveau ; le terme est apparu dans des
documents de la CIA hautement censurés datant des années 1960 »,65 c’està-dire à l’époque des recherches sur le contrôle mental et du lancement du
projet Pandora. Dans le même article il citait Barbara Hacht Rosenberg :
« beaucoup des armes non-létales en considération utilisent les infrasons ou
l’énergie électromagnétique (comprenant les lasers, les micro-ondes, ou les
rayonnements micro-ondes ou radiofréquences, ou la lumière visible pulsée à
la fréquence des ondes cérébrales) pour leurs effets. On suppose que ces
armes peuvent provoquer un aveuglement temporaire ou permanent, une
interférence avec les processus mentaux, la modification du comportement et
des réponses émotionnelles, des crises, des douleurs sérieuses, des
étourdissements, des nausées et des diarrhées, ou une perturbation des
fonctions des organes internes de nombreuses autres façons. »
Un article du US News and World Report66 exposait, spécifiquement au sujet
des armes électromagnétiques non-létales, que « pendant bien 40 ans
l’armée américaine a exploré en silence des armes de ce genre. La majeure
65 Steven Aftergood, The Soft-Kill Fallacy, Bulletin of Atomic Scientists, sept-oct 1994.
66 “Wonder Weapons”, Douglas Pasternak, US News and World Report, 7 juillet 1997.
51
partie de ces recherches demeure secrète ». Il citait également Louis Slesin,
directeur commercial pour l’industrie électromagnétique, affirmant que « Les
gens [dans l’armée] gardent le silence à ce sujet plus qu’à n’importe quel
autre sujet. Ils ne veulent tout simplement pas en parler. » Dans le cadre d’un
Congrès sur les armes non-létales tenu en 1993 et financé par le Laboratoire
National de Los Alamos, une conférence sur « l’Application des Champs
Electromagnétiques à Fréquences Extrêmement Basses aux Armes NonLétales », tenue par le Dr. Clay Easterly, a ensuite été classifiée et interdite
d’accès à toute personne n’ayant pas d’autorisation spéciale, et l’intervenant
lui-même fut défendu d’évoquer son contenu. C. Easterly a admit qu’elle avait
trait au développement de mesures destinées à affecter les personnes.67
Le développement des armes non-létales a été l’objet d’une vaste campagne
de communication instillée par le Pentagone, présentée comme une avancée
décisive vers la « civilisation » de la guerre et la préservation des vies
humaines. Mais en même temps que la déferlante médiatique, la plupart des
développements menés dans ce cadre sont restés étroitement classifiés,
scrupuleusement couverts par le secret-défense. Comme l’observait Luc
Mampey du Groupe de Recherche et d’Information sur la Paix et la Sécurité
(GRIP) : « L’abondance des publications disponibles, des articles dans la
presse spécialisée, des sites Internet maintenus par les diverses institutions
du département de la défense, pourraient donner l’illusion que la transparence
est parfaite, que l’information est complète et objective. Or, il n’en est rien. Les
informations non classifiées restent très superficielles et ne concernent que
certains aspects politiques, la définition des doctrines, ou des informations
techniques de base, tandis que l’essentiel des programmes relatifs aux
armes non létales reste en réalité toujours couvert par le secret des «
black programs » bénéficiant d’importantes enveloppes budgétaires qui
échappent à tout contrôle. […] Les tromperies et les couvertures
utilisées par le département de la défense et ses contractants pour
dissimuler la nature véritable de certains programmes ont pris une telle
ampleur qu’elles échappent parfois au contrôle des autorités militaires
elles-mêmes. En mars 1994, une commission chargée par le secrétaire à la
Défense de dénoncer les excès a conclu que « l’usage d’une couverture pour
dissimuler l’existence d’une installation du gouvernement, ou dissimuler la
réalité de l’intérêt du gouvernement pour la recherche et développement dans
une technologie particulière est plus étendue que nécessaire et augmente
significativement les coûts ». »
68
Les capacités d’armes non-létales qui sont ici mentionnées ne concernent
ainsi que la partie émergée de l’iceberg. Il apparaît que l’un des domaines clef
de cette recherche classée secret-défense concerne l’armement
psychoélectronique avancé. L’axe « non-létal » a vraisemblablement permis la
poursuite et le financement massif des « blacks programs » dans le domaine
67 Microwave News, November/December, 1993, "Military on Nonlethal Weapons: "A Very Attractive
Option"
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Les technologies offensives de contrôle politique : un nouveau péril social  Empty
MessageSujet: Re: Les technologies offensives de contrôle politique : un nouveau péril social    Les technologies offensives de contrôle politique : un nouveau péril social  I_icon_minitimeSam 20 Nov 2021 - 23:05

68 Luc Maempey, Les armes non-létales – La nouvelle course aux armements, Groupe de Recherche
et d’Information sur la Paix et la Sécurité, 1999.
52
des psychotechnologies. De même, la médiatisation de certaines capacités de
ces armes aurait pu avoir pour objectif subsidiaire d’entamer la « révolution
éthique » que les stratèges considèrent indispensable à l’avènement des
psychotechnologies, en commençant à publiciser et banaliser l’usage de
certaines de leurs capacités tout en les parant de propriétés attrayantes.
A en croire les stratèges, les armes non-létales ont vraisemblablement une
portée stratégique de premier ordre. D’après le colonel John A. Warden III, de
l’U.S. Air Force, « les technologies non létales ne se présentent pas
simplement comme des instruments tactiques d’une utilité limitée ; elles
apparaissent plutôt comme des technologies de niveau stratégique et
opérationnel qui donnent de puissants et nouveaux concepts
d’opération permettant d’accomplir des objectifs politiques et militaires
par des moyens jusqu’à présent impossibles. »
69
Un rapport publié en février 2004 par le Bureau Scientifique de la Défense
conseillait une utilisation stratégique des armes non-létales de la manière
suivante : « Effets non-létaux dirigés aux fonctions physiologiques et
psychologiques d’individus spécifiques ou de la population. Les
applications des effets des rayonnements électromagnétiques,
biologiques ou chimiques sur les êtres humains devraient être
poursuivies. La R&D en matière d’opérations psychologiques
sophistiquées destinées à changer les esprits d’individus de la
population est nécessaire. Les techniques pourraient inclurent la
projection de sons et d’images à des points spécifiques de l’espace. Le
Directoire Interarmées des Programmes d’Armes Non-Létales devrait
élargir ses attentions tactiques et opérationnelles pour considérer les
applications stratégiques et les questions qui leurs sont associées en
matière de traités sur les armes non-létales. »
70
L’utilisation des armes non-létales, à l’antipode de « civiliser » la guerre,
pourrait étendre considérablement le champ d’intervention des armées à
l’échelle internationale et au sein des sociétés. Lord Lyell, dans le rapport de la
Commission des Sciences et des Technologies de l'Assemblée de l'Atlantique
Nord, affirmait sans détour que certaines « utilisations d'armes non létales
permettraient de mener des opérations non guerrières qui seraient
politiquement plus acceptables, ce qui explique l'intérêt que présentent ces
armes. »
71 Dès 1994, dans le programme intitulé « Opérations Autres que la
Guerre », le Département de la Justice et le Département de la Défense
américains prévoyaient un développement commun des technologies et
systèmes avancés qui pourraient avoir une application à la fois dans les
opérations militaires et les opérations de maintien de l’ordre.
69 In Luc Mampaey, ibid.
70 73 Defense Science Board Task Force on Future Strategic Strike Forces, Defense Science Board,
Office of the Under Secretary of Defense For Acquisition, Technology and Logistics, 2004.
71 Cité par Luc Mampaey, attaché de recherche au GRIP, dans son exposé au Parlement Européen du
5 février 1998 sur les « armes non létales ».
53
Cette introduction des technologies militaires dans le maintien de l’ordre ‘civil’
était déjà constatée en 2000 dans un rapport de la commission d’Evaluation
des Choix Techniques et Scientifiques (STOA) pour le Parlement Européen
sur les « Technologies dans les prisons », qui déclarait que « l'analyse de la
situation américaine démontre une forte militarisation des méthodes de
maintien de l'ordre et de gestion pénitentiaire. Cette militarisation conduit à
l'introduction en milieu carcéral de l'armement ou de dispositifs qui sont des
produits directement dérivés des recherches militaires les plus récentes pour
le développement de nouvelles générations d'armes « non létales ».72
De sérieuses questions se posent sur les menaces que pourraient poser une
utilisation des technologies non-létales (dont la majeure partie reste couverte
par le secret-défense) à des fins de contrôle politique. Une Directive du
Département de la Défense de janvier 1995 sur la Politique des Armes NonLétales, dans le chapitre « Emploi, ou cas spécifique d’utilisation des armes
non-létales », exposait : « Le terme ‘adversaire’ est employé ci-dessus
dans son sens le plus large, comprenant ceux qui ne sont pas des
ennemis déclarés mais sont engagés dans des activités que nous
souhaitons arrêter ».73 Les penseurs de la RMA et de la « guerre de
l’information » ont souligné l’implication croissante de l’armée dans les
opérations de « maintien de l’ordre » de façon permanente, ainsi que
l’effacement des frontières traditionnelles entre le temps de paix et le temps de
guerre, le secteur civil et militaire, les affaires intérieures et internationales.
Cette mutation stratégique ouvre la porte à tous les dangers pour la « société
civile », compte tenu de l’arsenal des nouvelles capacités d’armement (et
peut-être tout particulièrement des psychotechnologies) capable d’être
utilisées à des fins répressives dans la plus grande discrétion.
72 « Technologies dans les prisons (une évaluation des technologies de contrôle politique) », rapport
final de la STOA pour le parlement européen, juillet 2000.
73 Ébauche de Directive du Département de la Défense, 1er Janvier 1995, Politique des Armes NonLétales par le Dr. Christopher Lamb, sur les Opérations Spéciales/Conflits de Faible Intensité du
Pentagone.
54
11. Des scientifiques soulignent les dangers de l’utilisation militaire des
avancées dans le domaine des neurosciences et des
psychotechnologies
Nous nous contenterons ici de citer trois exemples de mises en garde des
abus potentiels des psychotechnologies par la communauté scientifique de
Russie, des Etats-Unis et d’Europe.
En Russie, la découverte des programmes de recherche soviétiques en
matière d’armement psychoélectronique en 1991 avait révélé qu’un ensemble
d’institutions scientifiques nationales étaient impliqués dans ce type de
recherches. Un appel signé par plusieurs directeurs d’instituts, universités et
institutions médicales russe en 1992, publié par le quotidien russe
Komsomolskaya Pravda, déclarait : « Il y a 20 ans, quand nous avons
commencé à travailler sur la thérapie par micro-ondes, nous avons passé un
accord selon lequel les découvertes dans ce domaine ne seront jamais
utilisées au détriment des gens. La mise en garde du général Kobets, selon
laquelle OMON (la police antiterroriste russe) possède des armes
psychoélectroniques, vient certifier que des armes psychoélectroniques ont
déjà été produites. Si elles tombent entre les mains de gens mal
intentionnés, elles pourraient être plus dangereuses que la bombe
nucléaire, du fait qu’elles sont capables d’étouffer le libre arbitre d’un être
humain. Nous nous adressons au président Ieltsine et aux organisations
démocratiques à travers le monde pour demander que l’utilisation de
générateurs psychoélectroniques en tant qu’armes soit prohibée. »
74
En juin 1995, le Dr. Michael Persinger, du Laboratoire de Neurosciences
Comportementales de l’Université de Laurentian au Canada, écrivait un article
intitulé « Sur la Possibilité d’Accéder Directement à Chaque Cerveau Humain
par l'Induction Electromagnétique d'Algorithmes Fondamentaux », dans lequel
il écrivait : « Au cours des deux dernières décennies [...] a émergé un
potentiel qui était improbable mais est désormais techniquement
réalisable. Ce potentiel est la capacité technique d'influencer
directement la majeure partie des six milliards d'êtres humains de
l'espèce humaine sans la médiation d’équipements de capteurs
classiques en générant des informations neurales par un milieu
physique à l'intérieur duquel tous les membres des espèces sont
immergés. [...] La réduction du risque des applications inappropriées de
ces technologies exige le débat ouverte et continuel sur leur faisabilité
réelle et leurs implications dans le domaine scientifique et publique. »
75
Le Dr. Michael Persinger était mentionné par le capitaine Paul Tyler de l’US
Navy, chef de file des projets d’armement EMR antipersonnel de l’US Navy,
dans son intervention à une conférence sur la Médecine Electromagnétique
74 Komsomolskaya Pravda, « Kupite Ustroistvo dlia Slezki za sosediami », 6 juin 1992, V. Umnov ; in
Mojmir Babacek, “Is that feasible to manipulate human brain at distance ?”, International Movement for
the Ban of Manipulation of Human Nervous System by Technical Means, 2004.
75 “On the Possibility of Directly Accessing Every Human brain by Electromagnetic Induction of
Fundamental Algorythms”, M.A. Persinger, Perception and Motor Skills, nurméro 80, juin 1995.
55
Emergente en 1989.76 Selon le rapport de David Guyatt au symposium du
Comité International de la Croix Rouge en 199677, Michael Persinger aurait été
employé dans le cadre du projet « Sleeping Beauty » de l’Armée Américaine,
orienté vers l’utilisation sur le champs de bataille des armes
électromagnétiques visant à affecter la conscience, et dirigé par Jack Verona
de la Defense Intelligence Agency.
Le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) français a lui aussi mis en
garde contre les abus potentiels des progrès dans les neurosciences. JeanPierre Changeux, président du CCNE (CCNE) et neurologue à l’Institut
Pasteur à Paris, « a annoncé [en 1998] lors de la réunion publique annuelle
du Comité National Consultatif d’Ethique que comprendre le fonctionnement
du cerveau humain est susceptible de devenir l’une des disciplines les plus
riches et prometteuses du futur. Mais les neurosciences posent également
certains risques, dit-il, en soutenant que les progrès en imagerie mentale
ouvrent le champ à de très grandes capacités d’invasion de l'intimité.
Bien que le matériel nécessaire soit encore fortement spécialisé, il
deviendra courant et pourra être utilisé à distance, prévoit-il. Cela ouvrira
la voie à des abus tels que l'invasion des libertés personnelles, la
manipulation du comportement et le lavage de cerveau. Ces dangers
sont loin d’être du ressort de la science fiction, a indiqué Changeux, et
constituent « un risque sérieux pour la société ». Denis Le Bihan, un
chercheur au Commissariat à l'énergie atomique (CEA), a dit lors de la
réunion que l'utilisation des techniques d’imagerie a atteint le stade où
« nous pouvons presque lire les pensées d’une personne » »
78
76 Emerging Electromagnetic Medicine Conference Proceedings, Springer-Verlag, New York, 1990.
77 Some Aspects of Electromagnetic Weapons », David Guyatt, synopsis prepared for the ICRC
Symposium The Medical Profession and the Effects of Weapons, février 1996)
78 « Advances in Neurosciences ‘may threaten human rights’”, Declan Butler, Nature, vol. 391, n°6665,
page 316, 22 janvier 1998.
56
12. Dans quelle mesure les armes et systèmes d’armes
psychoélectroniques ont déjà été utilisés ?
Comme nous l’avons vu plus haut, l’URSS, dès 1953 et jusqu’à la fin des
années 1980, a diffusé contre le personnel de l’ambassade américaine de
Moscou un signal aux caractéristiques psycho-actives utilisant des microondes pulsées à basse fréquence. Le signal de Moscou a servi de prototype
au signal micro-onde à large bande et de très grande puissance, dit signal
Woodpecker, émis sur le territoire américain à partir de 1976 (voir chapitre
L’URSS et les armes EMR pendant la guerre froide). Les conséquences
sanitaires n’ont jamais été clairement établies, la politique officielle américaine
s’efforçant de dissimuler l’existence de tels effets tout en développant des
armes électromagnétiques du même type.
Au début des années 1980, des militantes d’un mouvement pacifiste féminin
qui manifestaient contre le placement de missiles croisières à la base de l’US
Air Force de Greenham Common, dans le sud de l’Angleterre, ont porté
plainte contre l’utilisation d’armement électromagnétique visant à dissoudre la
manifestation. Kim Besley, partie prenante de ce mouvement, a dressé un
catalogue des effets provoqués par les signaux à basse fréquence diffusés de
la base américaine, comprenant : vertige, saignement oculaire, visage brûlé
(même la nuit), nausée, troubles du sommeil, palpitations, pertes de
concentration, perte de mémoire, désorientation, importants maux de tête,
paralysies temporaires, mauvaises coordination du langage, irritabilité,
sensation de panique lors d’une situation normale. Des signaux atteignant plus
de cent fois le niveau de fond normal, et dix fois plus puissants que ceux
sensés être émis par les systèmes d’une base de transmission classique, ont
été détectés par différentes expertises.79
Nous avons cité plus haut Victor Sedletski, vice-président de la Ligue des
Scientifiques Indépendants de l'URSS, qui estimait que l’armement
psychoélectronique avait été utilisé en Russie dans la période de
déliquescence du régime soviétique. Il révélait pour la première fois en août
1991 : « en tant qu'expert et personnalité juridique, je déclare : à Kiev - et cela
est sérieux -, la production massive [...] de biogénérateurs
psychoélectroniques a été lancée. Je ne peux pas affirmer que les
générateurs de Kiev ont été utilisés exactement pendant le coup d'Etat [d’août
1991 contre Gorbatchev [...]. Mais le fait qu'ils ont été utilisés n'est pas moins
évident ». C’est suite à cette révélation que les programmes militaroscientifiques menés par l’URSS dans le domaine des armes
psychoélectroniques ont été découverts et médiatisés par la presse russe.
En 1991, des articles de la presse américaine ont relaté, pour la première fois,
l’utilisation par l’armée américaine d’un armement avancé utilisant la diffusion
de « sons subliminaux silencieux » émis sur les fréquences des dernières
lignes de communication militaires irakiennes. Selon l’agence de presse
79 “Peace women fear electronic zapping at base”, Gareth Parry, The Guardian, 10 mars 1986 ; Mojmir
Babacek, ibid.
57
américaine News Bureau Ltd. : « Afin de contrer [la] ligne de communication
militaire iraquienne [improvisée après la destruction du système de
commandement et de contrôle irakien], l’organisation américaine en charge
des PSYOPS (opérations psychologiques) rattachée au Commandement
central américain à Dahran a installé un émetteur FM portatif, un générateur
électrique à essence et un dispositif avec lecteur de cassettes fonctionnant en
boucle sur le bâtiment le plus élevé de la ville abandonnée d’Al-Khafji. La
station transmettait sur 100 Mhz et sa puissance émettrice a été ajustée afin
de couvrir les émissions de la station iraquienne fonctionnant sur la même
fréquence. L’émission clandestine de cette station était composée de
morceaux de musique patriotiques et religieux ainsi que d’informations et
d’ordres militaires intentionnellement vagues, confus et contradictoires à
destination des soldats iraquiens dans le théâtre de Commandement
Koweïtien […]. Cependant, d’après des déclarations faites par des soldats
iraquiens capturés et des déserteurs, l’émission la plus dévastatrice et
démoralisante concernait la première utilisation militaire connue de cette
nouvelle sorte de messages subliminaux ‘high tech désignés sous le
nom de « ultra-hautes fréquences », « sons silencieux » ou « messages
subliminaux silencieux » (cf. Newsweek, 30 juillet 1990 page 61.). Bien que
complètement inaudibles à l’oreille humaine, les messages à caractère
négatifs enregistrés sur des cassettes par des psychologues en charge
des opérations psychologiques, et diffusées en même temps que
l’émission audible, ont été clairement perçus par le subconscient des
soldats iraquiens ; les messages silencieux les ont complètement
démoralisés et ont instillé dans leurs esprits un sentiment perpétuel de
crainte et de désespoir. Les commandants de tanks iraquiens ou un membre
différent de l’équipage devaient obligatoirement écouter la station FM 24
heures par jour afin d’entendre les ordres souvent modifiés de redéploiement.
Ils étaient exposés aux sons silencieux pendant les mêmes périodes
d’écoute.80 » Le dispositif était si efficace que les forces irakiennes se sont
lancées dans un raid périlleux pour détruire la station émettrice, qui aurait
ensuite été réinstallée par la division des opérations psychologiques
américaine. Il s’agissait sans doute de l’une des facettes les plus méconnues
de la « guerre de l’information » qui a fait son baptême pendant la guerre du
Golfe en 1991.
D’autres utilisations possibles ont été mentionnées. Le journal Defense News
citait un participant à une conférence sur
« Nous savons qu'il existe des preuves que les Forces spéciales de l'Armée
Soviétique ont utilisé la technologie pendant le conflit en Afghanistan »
81 dans
80
« High-Tech Psychological Warfare Arrives in the Middle East », ITV News Bureau Ltd., 23 mars
1991.
81 Defense Electronics, juillet 1993, “DOD, intel Agencies Look at Russian Mind Control Technology,
Claims FBI Concidered testing on Koresh”
58
la guerre de 1979. Le projet de loi russe sur les armes psychoélectroniques
affirmait « Il y a également des faits disponibles sur l’application des armes
électromagnétiques contre des personnes en Yougoslavie en 1999. ». Selon
un article de la revue spécialisée Defense News en 2001, le directeur de la
recherche-développement pour le Ministère Israélien de la Défense « a
affirmé que son directorat a exploré différents champs scientifiques et
phénoménologiques – y compris le contrôle mental – dans la tentative de
contenir et de dissuader l’activité terroriste. » et qu’Israël utilisait contre les
palestiniens « des méthodes de contrôle mental, nombre d’entre elles ayant
été développées par les agences militaires et de sécurité de l’ancienne Union
Soviétique ».82 Enfin, bien qu’elles ne soit pas confirmées ni infirmées, il existe
les plaintes de milliers de citoyens en Russie, aux Etats-Unis et dans d’autres
pays avancés contre l’utilisation arbitraire d’armes de ce type, à des fins
expérimentales ou politiques (voir chapitre suivant).
Mais il est extrêmement difficile de juger de l’étendue exacte de l’utilisation de
cette nouvelle génération d’armes, précisément pour la même raison de ce qui
fonde leur puissance inégalée : leur caractère de « déniabilité » (deniability)
combiné à l’absence totale d’information sur l’existence de ces technologies.
Dans le contexte où ces armes seraient véritablement utilisées, par exemple,
pour l’induction à distance d’une crise cardiaque, comment cela pourrait
passer pour autre chose qu’une mort naturelle ? Comment les symptômes de
la manipulation des perceptions, des émotions et des fonctions vitales d’une
personne ou d’un groupe de personnes pourraient être reconnus et traités
comme autre chose qu’une simple pathologie ? Toute la force du concept de
« déniabilité » réside dans la capacité d’affecter l’organisme, l’esprit et le
comportement de cibles humaines sans même que leur entourage – ou pire,
les cibles elles-mêmes – puisse l’identifier. Ce sont ces propriétés qui, d’après
les stratèges, donnent aux psychotechnologies un avenir si prometteur du
point de vue militaire dans les « conflits de faible intensité ». Dans la mesure
où des capacités opérationnelles existent d’ores et déjà dans le contexte de
l’absence quasi-totale d’information publique à ce sujet, il est extrêmement
difficile de considérer la portée de l’utilisation présente de ce qui était décrit il y
a déjà 25 ans comme une « nouvelle génération d’armes de destruction
massive ».
82 “Israel Fields Means to suppress Palestinian Violence”, Barbara Opall-Rome, Defense News, 17-23
décembre 2001.
59
13. Les recherches sur le « contrôle mental » et les expérimentations
militaires sur sujets non consentants : de l’histoire ancienne ?
Comme nous l’avons vu, dès l’origine, les recherches sur la modification du
comportement ont été marquées par des expérimentations militaires utilisant
des personnes humaines comme cobayes. Ce fut le cas comme on le sait
dans les camps de concentration de l’Allemagne nazie pendant la seconde
guerre mondiale, mais aussi dans une démocratie politique de la nature des
Etats-Unis dans les années 1950 et 1960, de même qu’en URSS. Lorsque
que les programmes d’expérimentations secrètes de la CIA sur les techniques
de contrôle mental ont été découvertes dans les années 1970, la
consternation dans l’opinion publique américaine s’est accompagné d’un mea
culpa général des autorités : « plus jamais ça ». Néanmoins, comme nous
l’avons vu, des programmes destinés à explorer les techniques de « contrôle
mental », réorientés vers l’utilisation des EMR et d’autres types d’énergie
dirigée, ont continué tout au long de la guerre froide et se poursuivent
vraisemblablement aujourd’hui. Cela est illustré aussi bien par la mise en
lumière du projet Pandora aux Etats-Unis dans les années 1970, que par la
révélation des vastes programmes soviétiques dans ce domaine à la fin de la
guerre froide et par l’avidité avec laquelle les Etats-Unis ont alors mis la main
sur les technologies développées par son ancien rival.
Si ces programmes ont effectivement continués, leurs méthodes ont-elles
disparues ? Les techniques destiner à influencer et contrôler l’esprit et le
comportement humain, grâce aux systèmes de simulation avancés, ne
nécessitent plus les terribles expériences d’autrefois en « temps réel » ?
L’étroit secret-défense qui protège ce domaine ne peut dissimuler, de nos
jours, les horreurs d’antan ? Ces questions ne se poseraient peut-être pas, ou
pas avec autant d’acuité, si plusieurs milliers de personnes, principalement en
URSS et aux Etats-Unis, mais aussi dans un certain nombre d’autres pays, ne
revendiquaient aujourd’hui être la cible d’expérimentations de ce type, fondées
sur l’utilisation de systèmes d’armes à l’énergie dirigée. Dans la mesure où
l’armement psychoélectronique se fonde précisément sur le principe de
« déniabilité » (deniability) et peut « imiter » un ensemble d’effets
pathologiques, il est extrêmement difficile de vérifier ces plaintes qui, compte
tenu de l’absence totale d’information sur l’existence et les capacités de ce
type d’armes, risquent d’être systématiquement et sans examen spécifique
identifiées et traitées comme des pathologies. Comme nous allons le voir, le
développement d’expérimentations sur des personnes non consentantes dans
le cadre de programmes militaires, dans la lignée de ceux des années 1950 et
1960, n’est nullement de l’ordre de l’impossible.
La Russie a été le pays pionnier dans le domaine des développements en
matière d’armement psychoélectronique, et la fin de la guerre froide a eu pour
conséquence de révéler l’ampleur des programmes russes dans ce domaine.
La loi russe « sur les armes » de 1998 fait référence à ces technologies, et
des personnalités politiques importantes de l’appareil d’Etat russe, comme
60
Vladimir Lopatin, ont porté la cause de la prohibition de cette nouvelle
génération d’armes à la Douma russe ainsi qu’à l’échelle internationale. C’est
aussi le pays où se profile le plus clairement le spectre d’expérimentations
massives de ce type d’armement sur des personnes non consentantes. Une
association à Moscou, le Comité pour l’Ecologie de l’Habitat, dirigée par une
ancienne député du Conseil de Zélénograd, Emilia Cherkova, regroupe plus
de 500 personnes qui revendiquent être les cibles de tortures et/ou
d’expérimentations au moyen d’armes de ce type. Le projet de loi présenté par
Vladimir Lopatin et le scientifique V. Tsygankov semble reconnaître
indirectement la forte probabilité de l’existence effective d’expérimentations
sur des personnes en Russie, en demandant, entre autre, la vérification des
plaintes des citoyens qui prétendent être victimes d’expériences utilisant des
armes psychoélectroniques ou informationnelles, et mentionnant l’attribution
de réparations et d’indemnisations dans le cadre de procédures judiciaires.
Des députés et des journalistes russes ont reçu des milliers de lettres de
plaintes de ce type83, amenant certains responsables politiques à se pencher
sérieusement sur la question. Dans le livre où ils décrivent les caractéristiques
des « armes de l’information » et prônent leur interdiction, Lopatin et
Tsygankov relatent le fait suivant : « Aux appels répétés du Comité pour
l’Ecologie de l’Habitat de Moscou aux organes du procureur au sujet des
expérimentations d’armes de type psychoélectronique sur des habitants, la
réponse du procureur de Moscou […] du 4-7-1997 affirmait qu’ils s’inquiétaient
du problème et qu’ils enverraient cette « information pertinente » au Procureur
Général de la Fédération Russe. Ils sont obligés de reconnaître que « Les
documents fournis sont la preuve que les principales conditions requises sont
réunies pour contrôler les droits de recherche dans ce domaine d’étude.
Cependant, il n’existe pas de législation à ce sujet. Par conséquent, le bureau
du procureur de la ville n’est pas en capacité de protéger par un quelconque
moyen les droits des citoyens qui sont soumis à l’influence de technologies
psychoélectroniques. » En juin 1992, le quotidien russe Komsomolskaya
Pravda a publié les résultats des mesures de densités de radiofréquences
dans dix appartements de Moscou dont les familles portaient plainte contre
des manipulation psychiques et physiques au moyen du rayonnement
électromagnétique : dans les dix appartements, un niveau intensif d’énergie
électromagnétique dirigée a été décelé.84 Il se pourrait peut-être que la Russie
soit au seuil d’un « scandale » semblable à celui qui avait eu lieu aux EtatsUnis lors de la découverte par le public, dans les années 1970, des
programmes d’expérimentations qu’avait mené la CIA sur le « contrôle
mental ».
Qu’en est-il aux Etats-Unis ? Une association nommée Cahra (Citoyens
Contre les Abus des Droits de l’Homme) regroupe plusieurs centaines de
83 Après avoir publié en 1991 le témoignage d’un ancien lieutenant colonel du KGB soviétique
affirmant être visé par ces armes, la Komsomoskaya Pravda a reçu plus de 400 lettres de personnes
ayant des expériences similaires. Selon le journal Russe Express-Megapolis, le député Russe Juri
Vlasov a reçu quelques 2000 plaintes de ce type.
84 Komsomolskaya Pravda, « Kupite Ustroistvo dlia Slezki za sosediami », 6 juin 1992, V. Umnov, in
Mojmir Babacek, “Is that feasible to manipulate human brain at distance ?”, 2004.
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Les technologies offensives de contrôle politique : un nouveau péril social  Empty
MessageSujet: Re: Les technologies offensives de contrôle politique : un nouveau péril social    Les technologies offensives de contrôle politique : un nouveau péril social  I_icon_minitimeSam 20 Nov 2021 - 23:05

61
personnes qui revendiquent être victimes d’expérimentations impliquant
l’utilisation d’armes à énergie dirigée affectant le cerveau et le comportement.
Cheryl Welsh, présidente de l’association, a reçu plus de deux mille plaintes
de personnes supposées victimes de ces technologies sur le territoire
américain, et des centaines d’autres provenant de pays avancés comme le
Japon, la Grande-Bretagne, l’Australie, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas
et le Canada. Cheryl Welsh a déjà été citée en tant que spécialiste des armes
non létales par l’Institut des Nations-Unies pour la Recherche sur le
Désarmement (UNIDIR), dans le cadre du Forum pour le Désarmement tenu à
Genève en 2002. L’association a également reçu un soutien symbolique et
technique et d’Eldon Byrd (avant son décès en 2002), expert américain dans
le domaine des effets biologiques des EMR qui a travaillé notamment pour la
Marine américaine et la Nasa. Là encore, par définition, rien ne prouve que
ces personnes seraient effectivement visées par ces technologies, et leurs
témoignages sont le plus souvent instantanément rejetés. Un certain nombre
d’indices laissent néanmoins penser que le pire n’est pas impossible. Bon
nombre de ces personnes ont obtenu, par des demandes dans le cadre de la
Loi sur la Liberté de l’Information (FOIA), la preuve que des informations
relevant de la sécurité nationale les concernaient, sans toutefois y avoir accès.
Cheryl Welsh, par exemple, en faisant une requête de ce type en 1995, a reçu
deux ans plus tard la réponse de la Defense Intelligence Agency qui
contenait ces lignes: « L’information est classifiée parce qu’on peut
raisonnablement s’attendre à ce que sa révélation provoque des dégâts
exceptionnellement graves à la sécurité nationale. » Autre exemple, en
réponse à une lettre de Eleanor White, conseillère technique de Cahra
habitant au Canada, Joan K. Christensen de l'Assemblée de l'Etat de NewYork écrivait : « Merci de m'avoir contacté au sujet de vos préoccupations
concernant l'armement électronique neuro-perturbateur que vous détaillez
dans votre correspondance. Malheureusement, les informations concernant
ce dont vous faisiez mention dans votre lettre sont extrêmement classifiées, et
je n'ai pas la liberté de divulguer de telles informations au grand public ».
Autant d’éléments qui, s’ils ne constituent en rien des « preuves », sont
suffisants pour considérer une enquête approfondie à ce sujet comme
indispensable.
Des associations similaires, destinées à informer sur les capacités militaires
des psychotechnologies, à prôner leur prohibition et à protéger les personnes
supposées ciblées par de telles expérimentations ou utilisations, ont été
formées dans un certain nombre de pays comme l’Allemagne, la République
Tchèque, le Japon, la France. L’association Cahra et l’association de Moscou
pour l’Ecologie de l’Habitat ont formé une coalition internationale en 1998. Un
mouvement international, l’International Movement for the Ban of Manipulation
of Human Nervous System by Technical Means, présidé par Mojmir Babacek,
prône la prohibition internationale de cette nouvelle génération d’armements
ainsi qu’une investigation internationale sur la possibilité d’une nouvelle vague
d’expérimentations illégales sur personnes non-consentantes impliquant ce
type d’armement.
62
En 1998, une autre association, l’International Committee on Offensive
Microwave Weapons (ICOMW, présidée par Harlan Girard), dont le but est de
promouvoir une prohibition internationale des armes à énergie dirigée
antipersonnelles, a engagé un procès contre le Département Américain de la
Défense et la CIA, au sujet du développement présumé d’expérimentations
illégales sur des personnes non-consentantes menées par dans le cadre de
leurs recherches sur les systèmes d’armes utilisant les EMR, lasers, microondes et ondes acoustiques. Le tribunal américain du district de Washington a
rejeté la requête, estimant d’abord que l’association n’était pas compétente
pour intenter ce procès parce qu’elle ne regroupait pas les personnes
supposées victimes ; puis, reconnaissant finalement que son président, Harlan
Girard (également membre de Cahra), faisait partie de ces personnes, elle a
considéré que la requête était « trop générale et non-spécifique pour porter
plainte ».
De son côté, l’Organisation Mondiale Contre la Torture, coalition de plus de
deux cent associations pour les droits de l’homme, prenait ces plaintes plus au
sérieux. Dans son rapport sur « la Torture aux Etats-Unis », dans le chapitre
sur les « expérimentations scientifiques sur des êtres humains nonconsentants », elle écrivait : « Des inquiétudes similaires sont aussi soulevées
au sujet des expériences sur personnes humaines non volontaires impliquant
de nouvelles formes de recherche classifiée et de mise à l’essai de
l’armement militaire de haute technologie, y compris les équipements microondes et laser. Les associations qui travaillent sur ces questions citent, parmi
autres indices de l’existence de ces procédures d’expérimentation non
autorisées, un mémorandum intergouvernemental de la Maison Blanche daté
du 27 mars 1997, établissant des directives renforcées prohibant
l’expérimentation sur sujets non consentants à des fins de recherche
classifiée, mais suggérant, en conséquence, que ce type de recherche sur
sujets humains peut, de fait, avoir lieu. En raison de la nature classifiée de ces
activités, il est très difficile de confirmer ou d’infirmer qu’elles ont lieu. Etant
donné les importants impacts négatifs sur les sujets humains non-consentants
que la recherche classifiée de ce type est capable de produire, et étant donné
l’histoire antérieure des expérimentations secrètes menées par le
gouvernement américain, les allégations sur la poursuite d’expérimentations
gouvernementales sur des êtres humains ne devraient pas être rejetées sans
une enquête minutieuse et impartiale. »
85
L’hypothèse d’une nouvelle vague d’expérimentations de ce type est à
replacer dans le contexte plus général de l’histoire, souvent méconnue, des
expérimentations illégales sur personnes non-consentantes. Si le nazisme et
le fascisme ont sans aucun doute marqué l’apogée dans l’horreur de ce type
d’expérimentations, il faut savoir que de nombreux cas d’expérimentations de
ce type ont été découvert dans la période de l’après seconde guerre mondiale
85 “Torture in the United States”, chapitre 11 : “involuntary human scientific experimentation”, Morton
Sklar, président de l’Organisation Mondiale contre la Torture.
63
et jusqu’à nos jours86. Nous citerons parmi les cas connus les plus notables : -
L’étude Tuskegee menée de 1932 à 1972 par le Service de Santé Publique
des Etats-Unis, dans le cadre de laquelle quatre cent ouvriers agricoles noirs
ont été infectés de la syphilis au stade primaire, et écartés volontairement de
tout traitement pendant quarante ans, dans le but de « documenter » l’histoire
de la progression naturelle de la maladie ; vingt-huit des cobayes humains
sont morts de la syphilis et 100 autres de complications liées à la maladie. –
L’expérimentation des effets sanitaires du plutonium sur quelques milliers de
patients d’hôpitaux psychiatriques américains planifiée par les autorités
militaires dans le cadre du Manhattan Project en 1944 visant à développer la
bombe atomique, comprenant des « expériences terminales » avec l’injection
volontaire de doses mortelles ; en 1973, trois des quatre derniers rescapés
furent réexaminés sans leur consentement par des services médicaux
américains dans le but d’exploiter les données disponibles sur les
conséquences à long terme du plutonium ; - l’expérimentation sur des
centaines de citoyens américains de techniques de « contrôle mental » dans
le cadre des programmes consacrés à cet effet entre 1953 et 1963 (voir le
chapitre La guerre froide et les programmes d’expérimentation sur le
« contrôle mental ») - La stérilisation forcée de soixante trois mille personnes
par les services de santé suédois de 1935 à 1975, dans le cadre d’un
programme d’ « hygiène sociale » directement inspiré des théories eugénistes,
dont les critères de sélections concernaient les « dégénérés », « mères seules
avec plusieurs enfants », « Tziganes » et « gens de race mixte » ; des
pratiques similaires ont été appliquées dans les pays voisins sur quelques
onze mille finlandais, deux mille norvégiens et des centaines de Danois ; dans
la même période, entre deux et quatre mille cinq cent suédois internés dans
des hôpitaux psychiatriques ont subi une lobotomie sans leur consentement ni
celui de leur famille. – A partir de 1944 et jusqu’en 1994, en Norvège, la mise
en œuvre par les hôpitaux norvégiens, avec le financement des autorités
américaines, de milliers d’expérimentation de stérilisation sur des patients
psychiatriques au moyen de radiations.87 – Enfin, plus récemment, au Pérou,
entre 1995 et 2000, la stérilisation forcée massive d’environ trois cent trente
mille femmes et vingt-cinq mille hommes, principalement amérindiens des
zones déshérités, sous couvert d’un plan de planification familiale des
autorités péruviennes visant à réduire les naissances dans les régions les plus
pauvres du pays ; le plan de planification des naissances avait été financé
majoritairement par l’Agence Américaine pour le Développement International
(Usaid), à hauteur de 36 millions de dollars88 En outre, pour ce qui est des cas
86 Voir « Resources on Nonconsensual Human Experimentation », Dr. Steven Hale (Associate
Professor, Humanities Division, Georgia Perimeter College), 1998 (www.gpc.edu/~shale/)
87 Selon Fredrik Mellbye, ancien collègue de l’ex-directeur des services de santé de Norvège, « aussi
bien les autorités des services de santé, les psychiatres et d’autres docteurs savaient ce qui se
passait », et les expérimentations norvégiennes ont été réalisées avec la coopération d’Américains
« au plus haut niveau » ; plus de 4000 expérimentations ont été financées par des autorités
américaines entre 1944 et 1994. (« Experiments on patients alleged », Andrew Glasse, London
Tomes, 29 avril 1998.)
88 Voir « Stérilisation forcée des indiennes au Pérou », Françoise Barthélémy, Le Monde Dipomatique,
mai 2004. Les responsabilités internationales dans cette affaire restent à tirer au clair. Selon le
64
connus, un grand nombre d’autres expériences plus circonscrites menées à
des fin scientifiques ou militaires, le plus souvent sur des internés
psychiatriques ou des prisonniers, ont été perpétrés dans de nombreux pays.
Dans chacun des cas mentionnés (si ce n’est dans le cas récent du Pérou, où
le programme s’est réalisé à grand renfort médiatiques sous couvert de
l’accès général à la contraception), ces expérimentations, réalisées dans le
plus grand secret, ont été révélées publiquement des décennies après leur
commencement, et souvent par hasard. Les personnes qui revendiquaient
avoir été victimes d’expérimentation étatiques étaient considérées tout
simplement comme malades ; des décennies plus tard, leurs familles
obtenaient « réparations ». Rien ne garanti qu’il en serait autrement en cas
d’une nouvelle vague d’expérimentations sur des personnes non
consentantes. Malgré des exemples récents de tels abus (comme l’illustrent
les cas de la Norvège et du Pérou), parfois à des échelles massives, on
considère de façon écrasante la possibilité d’expérimentations étatiques
comme en dehors du champ du possible. A chaque époque, l’idée dominante
est que ces choses appartiennent au passé et ne peuvent plus arriver
« aujourd’hui ».
Mentionnons encore qu’une nouvelle vague d’abus de ce type se reproduise à
l’avenir a été maintes fois soulignée. Dans un livre consacré à l’histoire des
expérimentations illégales sur des personnes non-consentantes, W. H.
Freeman concluait sur les perspectives à venir que « pendant le prochain
siècle, comme dans le passé, les recherches militaro-médicales impliquant
des sujets humains seront dictées par les limites de l’information disponible à
partir d’autres sources. ».89 Jack Geiger, président national des Physiciens
pour les Droits de l’Homme, qui dirigeait l’enquête gouvernementale de 1994
sur les expériences illégales de radiations réalisées dans le cadre du
Manhattan Project en 1947 (soit près de cinquante ans plus tôt), mettait en
garde contre « la vraisemblance, la possibilité, qu’il advienne une nouvelle
urgence intense de sécurité nationale du type de celle que nous avons eu
dans les années 1940 et 1950 ; qu’il advienne de nouveau le développement
d’une nouvelle catégorie d’armes ou d’armes potentielles, qu’elles soient
chimiques, biologiques, radiologiques, électroniques, ou autre, et qu’il
advienne la même urgence désespérée, invoquant la sécurité nationale et le
président péruvien ultérieur M. Alejandro Toledo, « Il existe à mes yeux une relation étroite entre la
politique néolibérale imposée au Pérou par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, et
le plan de planification familiale manigancé par Fujimori. En échange de crédits et d’une renégociation
de la dette, le FMI a exigé les privatisations – y compris dans le secteur de la santé – et l’ouverture au
capital étranger, mais aussi un contrôle de la croissance démographique. Les secteurs pauvres, voire
très pauvres, potentiellement “dangereux”, sont visés. Cela a violé les droits individuels, les droits des
familles, et plus largement les principes éthiques sur lesquels devrait reposer la société. ». Le
président de la république de l’époque, Alberto Fugimori, comme trois ministres de la santé
successifs, qui suivaient mois par mois la progression des « quotas » de stérilisation, ont été accusés
en juillet 2002 par le Congrès Péruvien de « génocide » et de « crimes contre l’humanité », mais le
débat s’est enlisé de commissions en commissions et l’affaire a finalement été plus ou moins étouffée.
89
« Undue Risk Secret State Experiments on Humans », John Moreno, Ed. W.H. Freeman and Co,
1999.
65
secret, à découvrir les paramètres de cette menace, les paramètres de l’utilité
potentielle de cet agent, et par conséquent à conduire des expérimentations
indépendamment ou à l’exclusion de la connaissance publique et du type
d’examen minutieux qui a attiré notre attention à celles-ci ». L’éventualité
qu’une nouvelle vague d’expérimentations illégales sur des êtres humains en
lien avec l’apparition d’une nouvelle génération d’armes, qui vise le cerveau et
le comportement humain, est à prendre au sérieux.
Dans le domaine de la guerre en particulier, rien ne garanti, au contraire,
contre une mise à profit abusive des puissants remparts de « secret-défense »
et de « sécurité nationale » qui couvrent un pan entier des activités militaires.
Plus que tout autre champ de recherche militaire, les programmes de
recherches sur la « modification du comportement » semblent avoir été,
presque organiquement, associés à des expérimentations « en temps réel »
sur des personnes non consentantes. Difficile en effet de se contenter de
simples systèmes de simulation, quand la question est de perfectionner des
technologies et méthodes visant à affecter ou de contrôler l’esprit et le
comportement d’êtres humains. Comme l’a montré l’histoire, ces systèmes
peuvent être expérimentés dans le cadre des opérations militaires, mais aussi
indépendamment d’elles (ce qui permet une expertise permanente), y compris
sur le territoire national. Cela semble particulièrement vrai pour la « guerre de
l’information » qui se traduit par un effacement des frontières traditionnelles
entre paix et guerre, secteur civil et militaire, questions intérieures et
internationales.
Aussi, compte tenu des précédents historiques des programmes de
recherches sur la « modification du comportement » ; du développement
soutenu et discret de systèmes d’armes stratégiques fondés sur l’utilisation de
technologies visant à affecter l’organisme et le cerveau humain ; de l’histoire
des expérimentations illégales sur personnes non-consentantes ; du grand
nombre de personnes dans les principaux pays qui développement
effectivement ces systèmes d’armes qui revendiquent aujourd’hui être la cible
d’expérimentations impliquant l’utilisation ces nouvelles technologies ; d’un
ensemble d’indices qui ont pu aller dans le sens de confirmer certains
témoignages, il apparaît indispensable, comme le demandent un certain
nombre d’associations et l’a déjà mentionné la Coalition contre la Torture et la
Discrimination Raciale américaine, d’engager une enquête approfondie et
impartiale pour déterminer si ces suppositions sont justifiées.
66
14. La législation sur les armes à énergie dirigée antipersonnelles :
trente ans de débat et toujours rien
Depuis la fin des années 1970 a émergé un débat sur le contrôle législatif des
armes à énergie dirigée destinées à influer sur l’organisme et le comportement
humains. Néanmoins, ce débat s’est tenu dans les hautes sphères
internationales largement à l’écart du débat public, et toutes les tentatives de
législation ont été avortées, laissant libre court à la puissance de feu de ces
nouvelles armes de destruction massive.
Dans les années 1970, des personnalités scientifiques, des associations
internationales et des journalistes commençaient à mentionner certaines
capacités des nouvelles armes à énergie dirigée visant l’organisme et le
cerveau humain. La Conférence des Experts Gouvernementaux à Lucerne et
Lugano en 1974 et 1976 évoquait déjà le danger des « armes à énergie
dirigée tel que les dispositifs à infrasons et à micro-ondes de haute
puissance » ainsi que « l’utilisation des lasers en tant qu’armes anti-personnel
afin d’endommager la vue »
90
.
L’URSS, qui avait été pionnière dans le développement des armes
électroniques de modification du comportement mais n’était
vraisemblablement plus en mesure de soutenir la course à l’armement, à fait
campagne dès 1979 dans les instances internationales de l’ONU pour interdire
le développements des « nouvelles classes et systèmes d’armes de
destruction massive », parmi lesquelles elles classait : « 1. Les moyens
radiologiques agissant à l’aide de matériaux radioactifs. 2. Les moyens
techniques permettant d’infliger des lésions radiatives fondés sur l’utilisation
de particules chargées ou neutres pour affecter les cibles biologiques ;
3. Les moyens infrasonores employant le rayonnement acoustique pour
affecter les cibles biologiques ; 4. Les moyens employant le
rayonnement électromagnétique pour affecter des cibles biologiques. »
91
Le rapport décrivait, dès cette époque, des capacités
opérationnelles progressant à une vitesse impressionnante :
« Au résultat des recherches sur les effets des rayonnements
électromagnétique sur les cibles biologiques, l’existence d’effets
nocifs des rayonnements radio-fréquence dans une large gamme
de fréquences sur des organes de l’être humain aussi vitaux que le
cœur, le cerveau et le système nerveux central peut maintenant
être considérée comme un fait solidement établi. […] les effets
appelés « athermiques » des rayonnements électromagnétiques
sur les cibles biologiques […] peuvent prendre la forme
90 Rapport du Comité International de la Croix Rouge, Conférence d’examen de la Convention, page
158.
91
« Négociations sur la question de la prohibition de nouvelles classes et systèmes d’armes de
destruction massive », Commission des Nations-Unies sur le Désarmement, document CD/35, , V.L.
Issraelyan, Représentant de l’URSS à la Commission des Nations-Unies sur le Désarmement, 10
juillet 1979.
67
d’endommagement ou de dislocation du fonctionnement des
organes et des systèmes internes de l’organisme humain ou de
modifications dans son fonctionnement. […] de nombreux pays ont
déjà une base technique hautement développée dans le domaine
de l’ingénierie radio et de l’électronique radio. Les puissants
générateurs haute-fréquence, les dispositifs radars et autres
installations d’ingénierie radio servant à des fins diverses ont été
développés et mis en service. […] Les données disponibles dans la
littérature scientifique montrent que la capacité maximale des
générateurs de rayonnements électromagnétiques a augmenté de
près de cent fois pendant les quatre dernières années uniquement.
On s’attend à ce que, dans les cinq ou six prochaines années, des
moyens capables de transmission directionnelle d’une densité de
rayonnement électromagnétique excédant les normes de sécurité
connues sera atteignable dans des zones s’étendant sur des
dizaines de kilomètre carrés. »
« Les données qu’on peut trouver dans la littérature scientifique
démontrent de façon convaincante l’existence d’un spectre large
d’effets nuisibles des oscillations infrasonores sur l’organisme
humain et d’autres cibles biologiques.[…] Une préoccupation
particulière est suscitée par les données disponibles concernant
les effets nocifs des oscillations infrasonores à faible puissance
sur les bio-courants du cerveau et du système nerveux dans son
ensemble et, de ce fait, sur la condition psychique et l’intellect des
êtres humains. Considérant le danger potentiel de l’utilisation des
infrasons comme arme de destruction massive, une grande
importance se rattache à ses propriétés physiques fondamentales,
celle de la propagation pratiquement sans entrave sur de longues
distances et sans atténuation perceptible. Le développement de
puissantes machines en lien aux progrès en matière de technologies
des fusées, d’avions supersoniques et d’autres domaines de
technologies offrent un fondement technique à la création de
puissantes installations de longue portée dont les caractéristiques
pourraient en faire des installations adaptées à une utilisation en
tant qu’armes infrasonores. »
« Le danger concernant le développement de moyens techniques
permettant d’infliger des lésions radiatives fondés sur l’utilisation de
particules chargées ou neutres repose sur l’existence de la possibilité
théorique d’ utiliser des lots de particules chargées ou neutres
(électrons, protons, atomes neutres, etc.) pour provoquer des
lésions chez une cible biologique, et sur l’existence –aujourd’hui
même – des fondements scientifiques et technologiques du
possible développement futur (sic) de sources de particules qui
pourraient être employées à ces fins. […] Plusieurs pays opèrent
ou installent déjà des accélérateurs de protons dont l’énergie des
particules atteint des centaines de millions de volts-électrons, des
68
accélérateurs à haute-tension d’installations de type méson et des
accélérateurs à électrons haute-tension pulsés ou continus.
Plusieurs pays accomplissent des travaux intensifs sur le
développement de méthodes fondamentalement nouvelles
d’accélération des particules chargées qui, combinées aux succès
accomplis dans le développement des matériaux supraconducteurs,
ouvrent de véritables possibilités de réduire la taille et le poids des
systèmes accélérateurs et des sources d’énergie utilisées dans leur
fonctionnement et, théoriquement, fraye la voie dans un avenir
prévisible au développement de puissants dispositifs accélérateurs –
dont le poids et les dimensions pourraient permettre leur utilisation en
tant qu’armes. »
L’exposé du projet de loi concluait :
« Au cours de la discussion de la Commission sur le Désarmement au
sujet de la prohibition des nouvelles classes et systèmes d’armes de
destruction massive, les spécialistes soviétiques aussi bien que les
experts d’un certain nombre d’autres pays ont apporté des données et
des faits scientifiques concrets qui ont démontré de manière
convaincante que, en égard au niveau actuel des sciences et des
technologies dans certain domaines, il est scientifiquement justifié de
parler de la possibilité de développer de nouvelles classes d’armes de
destruction massive correspondantes […]. Il n’est en pratique plus
possible aujourd’hui de contester le fait que la possibilité de
développer de nouvelles classes et systèmes d’armes de
destruction massive – dont les conséquences de l’émergence sont
encore difficiles à prévoir – existe, et que la question de la
prohibition générale du développement, de la production et du
stockage des nouvelles classes et systèmes d’armes de ce type
est par conséquent un problème urgent. ».
Qu’en est-il, un quart de siècle plus tard, de ce problème « urgent » à la fin
des années 1970 ?
L’URSS et les pays de l’Est ont fait campagne jusqu’à la fin des années 1980
pour l’interdiction de cette nouvelle génération d’armes de destruction
massive. Ces négociations n’ont pas abouti, opposant l’URSS, les pays de
l’Est et les non-alignés en faveur de la prohibition, aux Etats-Unis et les autres
pays de l’Ouest s’y opposant au nom de motifs techniques. Vingt-six ans plus
tard, dans un contexte profondément modifié, toujours aucune législation
internationale ne prohibe, ne régule ni même n’évoque cette nouvelle
génération d’armes qui a eu tout le temps nécessaire, en un quart de siècle,
de connaître de profonds développements.
L’opposition de pays de l’Ouest au projet d’accord de 1979, réitérée plusieurs
fois jusqu’en 1985 dans le cadre de la Commission des Nations-Unies sur le
Désarmement, était invoquée comme il suit :
69
« Tout en s’entendant sur le fait que le sujet doit être gardé sous
examen, [les pays de l’Ouest] ont adopté une approche différente, à
savoir que les nouveaux développements scientifiques devraient être
traités individuellement au moment où ils surviennent et apparaissent
présenter un potentiel d’armement. Ils ont aussi maintenu que les divers
développements désignés par les États Européens de l’Est comme
nouvelles armes potentielles de destruction massive se répartissent en
catégories qui ont déjà été identifiées et devraient être comprises selon
ce contexte, plutôt que comme des nouvelles armes de destruction
massive. […] les Etats-Unis et d’autres pays de l’Ouest, tout exprimant
une bonne volonté à mener à bien des accords sur les classes
spécifiques d’armes qui pourraient être identifiées, ont adopté la
position selon laquelle un traité unique au sujet de l’ensemble des
nouvelles armes de destruction massive potentielles devrait être si
général dans son champ d’application et si vague dans ses définitions
qu’il ne serait pas efficace. […] Chaque année depuis 1979,
l’Assemblée Générale, à l’initiative des États Européens de l’Est et des
Non-Alignés, a adopté des résolutions sur le problème qui, à la lumière
des différentes positions avancées, n’ont pas reçu le soutien des États
de l’Ouest pour les votes. […] [Les États de l’Ouest] ont de nouveau fait
remarqué qu’aucune arme de la sorte n’avait été identifiée jusqu’ici et
que la dite bombe nucléaire à neutron [NDLR dont il n’était nulle part
question dans la proposition de projet d’accord !], par exemple, au sujet
de laquelle des inquiétudes avaient été exprimées, ne pourrait pas être
considérée comme une nouvelle arme, étant clairement une arme
nucléaire et n’étant pas fondée sur de nouveaux principes
scientifiques.»
92
Pourquoi, en dépit de toute cette « bonne volonté », les armes à énergie
dirigée antipersonnelles ne font toujours l’objet d’aucune prohibition, ni
générale, ni spécifique93, plus de vingt ans après ? Le seul point de la
92Les Nations-Unies et le Désarmement : 1945-1985, Département des Nations-Unies sur les Affaires
du Désarmement, UN Publication, New York, 1985.
93 On peut cependant appréhender l’approche « spécifique » a la lumière du « Protocole relatif aux
armes à laser aveuglantes », passé le 13 octobre 1995, interdisant un type spécifique d’armes à laser
aveuglantes : « Il est interdit d'employer des armes à laser spécifiquement conçues de telle façon que
leur seule fonction de combat ou une de leurs fonctions de combat soit de provoquer la cécité
permanente chez des personnes dont la vision est non améliorée, c'est-à-dire qui regardent à l'oeil nu
ou qui portent des verres correcteurs […] L'aveuglement en tant qu'effet fortuit ou collatéral de l'emploi
militaire légitime de systèmes à laser, y compris les systèmes à laser utilisés contre les dispositifs
optiques, n'est pas visé par l'interdiction […] on entend par «cécité permanente» une perte de la vue
irréversible et non corrigeable, qui est gravement invalidante sans aucune perspective de
recouvrement. Une invalidité grave équivaut à une acuité visuelle inférieure à 20/200, mesurée aux
deux yeux à l'aide du test de Snellen. » (Protocole relatif aux armes à laser aveuglantes - Protocole IV
à la Convention de 1980)- 13 octobre 1995). On en conclu donc qu’il est autorisé d’employer des
armes à laser pour dégrader la vue jusqu’à un certain degré, mais pas jusqu’à la cécité permanente ;
à utiliser les armes aveuglantes dans le cadre de dommages « collatéraux », et contre des personnes
dont la vue est « améliorée ». Yves Sandoz, l’un des directeurs du CICR (Comité international de la
Croix Rouge, initiateur de la Convention), a déclaré lors de la dernière séance plénière de Vienne, le
Protocole IV représente un « succès de la civilisation sur la barbarie ». Hélas, de grandes ‘victoires’
peuvent passer inaperçues…
70
proposition soviétique de 1979 qui a fait accord concernait les armes
radiologiques : « le danger de l’apparition d’armes radiologiques est amplifié
par le développement rapide de l’industrie et des technologies nucléaires dans
de nombreux pays du monde ; cela crée les conditions objectives nécessaires
à la dissémination générale de matériaux radioactifs et accroît le danger de
l’utilisation effective de tels matériaux pour développer des armes
radiologiques. - Il existe un large accord international au sujet de la nécessité
d’empêcher la possible émergence d’armes radiologiques. Les négociations
conjointes URSS–États-Unis sur les éléments essentiels d’un traité prohibant
le développement, la production, le stockage et l’utilisation d’armes
radiologiques ont désormais été achevées avec succès et les propositions
convenues à ce sujet ont été soumises à l’examen de la Commission sur le
Désarmement. »
Il n’est pas très difficile de comprendre pourquoi les pays de l’Ouest se sont
entendus avec l’URSS pour entraver le développement des armes
radiologiques, mais ont fait obstacle à toute limitation des armes à énergie
dirigées. Là où l’essor des armes radiologiques bénéficie aux États
nouvellement industrialisés et transforme le rapport de force international au
détriment des superpuissances, les nouvelles classes et systèmes d’armes à
énergie dirigée pèsent sur l’équilibre international au profit des seules
puissances qui possèdent une base économique, scientifique et technologique
suffisante pour les développer. Les États-Unis et les autres pays de l’Ouest
étaient les seuls, avec l’URSS, à pouvoir développer des systèmes assez
puissants pour rendre opérationnelle cette nouvelle génération d’armes de
destruction massive qui leur confèrerait un avantage stratégique majeur.
Quant à l’URSS, on doute qu’elle ait tout fait pour interdire ces armes si elle
s’apprêtait à acquérir une longueur d’avance décisive en la matière ; elle ne
pouvait vraisemblablement pas soutenir une telle course à l’armement.
L’effondrement de l’URSS a eu dans ce domaine des répercussions
paradoxales : comme nous l’avons vu précédemment, l’événement a précipité
la révélation d’une partie des capacités de l’armement psychoélectronique.
Mais dans le même temps, elle a eu pour conséquence la disparition des
débats sur la prohibition de cette nouvelle génération d’armes dans le cadre
des instances internationales. Alors même que ces nouveaux systèmes
d’armes étaient institués comme l’une des composante majeure de la
« Révolution dans les Affaires Militaires » américaine, et connaissaient un
développement soutenu dans le cadre des programmes d’armes « nonlétales » et de la « guerre de l’information », la question de leur prohibition,
comme par amnésie, s’éclipsait des débats officiels.
Elle ne va pas tarder à refaire surface. En Russie, la révélation publique des
programmes d’armes soviétiques dans ce domaine, ainsi que la médiatisation
croissante d’allégations concernant l’expérimentation étendue de ces
technologies sur des citoyens de l’ex-URSS, vont conduire certains
responsables importants du gouvernement comme Vladimir Lopatin à faire
71
pression pour la législation des armes psychoélectroniques à l’échelle
nationale et sur la scène internationale.
En décembre 1997, neuf pays de la Communauté des Etats Indépendants ont
saisi l’ONU, l’OSCE et les Etats membres de l’Union Interparlementaire ont
proposé de mettre à l’ordre du jour de l’Assemblée Générale des Nations
Unies la préparation et la conclusion d’une convention internationale « visant
à prévenir les guerres de l’information et à limiter la circulation des armes de
l’information», incluant dans cette définition les psychotechnologies. Le projet
n’a toujours pas donné lieu à une législation internationale.
C’est la Russie le premier pays à faire mention de cette nouvelle génération
d’armes dans ses textes de loi. En 1999, la loi fédérale russe « Sur les
armes » établissant « la législation sur les armes civiles et militaires », cite
parmi les armes dont la circulation est prohibée sur le territoire russe
« l’utilisation de facteurs biologiques et de radiations radioactives ; - les
armes et autres instruments dont l’opération est fondée sur l’utilisation
de rayonnements électromagnétiques, lumineux, thermiques,
infrasonores ou ultrasonores et qui possèdent des paramètres excédant
le plafond des normes gouvernementales établies de la Fédération
Russe et les normes correspondantes des organes gouvernementaux
fédéraux dans le champ du département à la santé »
94. La Doctrine de la
Sécurité de l’Information, signée par le président russe Vladimir Poutine en
septembre 2000, citait également parmi les dangers menaçant la sécurité de
l’information de la Fédération Russe « l’utilisation illégale de moyens
spécifiques pour affecter la conscience individuelle, collective ou sociale » et
prônait la coopération internationale entre autre pour « l’interdiction de la
production, de la dissémination et de l’utilisation d’« armes
informationnelles » ».
En outre, plusieurs projets de loi, en Union Européenne, aux Etats-Unis et en
Russie ont fait état de ces capacités, sans que les mesures législatives ne
soient finalement effectivement appliquées :
- Pour ce qui est de l’Union Européenne, la proposition de résolution du 14
janvier 1999 prévoyait que le parlement européen « demande en particulier
que soit établi un accord international visant à interdire au niveau global
tout projet de recherche et de développement, tant militaire que civil, qui
cherche à appliquer la connaissance des processus du fonctionnement
du cerveau humain dans les domaines chimique, électrique, des ondes
sonores ou autres au développement d'armes, ce qui pourrait ouvrir la
porte à toute forme de manipulation de l'homme ; un tel accord devrait
également interdire toute possibilité d'utilisation réelle ou potentielle de
tels systèmes »
95. Cependant, la résolution finalement adoptée supprimera
les références aux psychotechnologies, se contentant de demander « que soit
94 Loi fédérale « Sur les Armes » citée dans l’édition des Lois Fédérales R.F. No. 117-F3 du 21 juillet
1998, No. 156-F3.
95 Rapport au Parlement Européen « sur l’environnement, la sécurité et la politique étrangère », 14
janvier 1999, Commission des affaires étrangères, de la sécurité et de la politique de défense. (réf.
A4-0005/99)
72
établi un accord international visant à interdire à l'échelle mondiale tout
développement et déploiement d"armes qui pourraient ouvrir la porte à toute
forme de manipulation de l'homme ».96 La résolution se préoccupe en
particulier du programme américain HAARP, dont elle évalue les risques de
manipulation de l’environnement à des fins militaires. La résolution demande
également « a` l’Union européenne de faire en sorte que les nouvelles
techniques d’armes dites non-létales et le développement de nouvelles
stratégies d’armements soient également couverts et régis par des
conventions internationales ».
- En Russie, en novembre 2000, la Commission de la Douma
gouvernementale pour la Sécurité proposait à la Douma d’adopter en première
lecture un supplément à la loi « Sur les armes », introduit par le représentant
de l’Assemblée de la région de Krasnojarsk97. Ce projet n’a pas été adopté par
la Douma. Voici quel en était le contenu :
« La loi-cadre propose un suppléments à l’Article 6 de la loi Fédérale
« Sur les Armes », conformément à laquelle est prohibé, sur le territoire
de la Fédération Russe, la circulation de moyens civils et militaires
d’armes et autres objets, dont les opérations offensives sont fondées
sur l’utilisation des rayonnements électromagnétiques, des
rayonnements infrasonores et des rayonnements ultrasonores.
Les accomplissements de la science contemporaine et des technologies
informationnelles et psychologiques techniquement prédéterminées
permettent la création de moyens et de méthodes permettant
d’influencer secrètement et à distance le psychisme et la physiologie
d’une personne ou d’un groupe de personnes.
Il existe une large gamme d’équipements ayant la capacité de garantir
l’altération des capacités mentales d’une personne, de programmer son
comportement, de perturber les réactions adéquates et de déclencher
artificiellement des symptômes de dépendance.
L’influence par moyen audio-visuels est réalisée à travers des chaînes
audibles ou optiques, quand des seuils d’irritation très faibles, n’étant
pas consciemment perçus, sont instillés profondément à l’intérieur du
subconscient et orientent imperceptiblement la pensée et le
comportement d’une personne d’une façon déterminée.
A l’aide d’équipements ultrasonores de fréquences expansives plus
élevées que 100 Hz, qui ne sont pas remarquées par une personne, il
est possible d’exercer des influences sur les structures mentales et le
système nerveux, aboutissant à des douleurs cérébrales, des
étourdissements, une détérioration des fonctions visuelles et
96 Résolution « sur l’environnement, la sécurité et la politique étrangère », Parlement Européen, 28
janvier 1999.
97 Projet de loi en addendum à l’article 6 de la loi « sur les Armes », représentant de la Commission de
Sécurité : A.I. Gurov, 30 novembre 2000.
73
respiratoires, et des convulsions pouvant conduire à la perte de
conscience.
L’utilisation de fréquences infrasonores - très basses, inférieures à 16
Hz - de basse intensité – environ 120 décibels – provoque la nausée, le
bourdonnement des oreilles, une détérioration de la vue, et une
souffrance généralisée. Les effets sonores d’intensité moyenne (plus de
130 décibels) détruisent les organes de la digestion et le cerveau, ayant
pour conséquence la paralysie et parfois l’aveuglement. Les effets
infrasonores d’une intensité de 130 décibels et plus peuvent provoquer
l’arrêt cardiaque du sujet.
Sous l’influence des rayonnements de fréquence extrêmement haute,
se manifestent une rupture de l’interprétation de la réalité, une lassitude,
des étourdissements et des douleurs crâniennes ; le cœur, le cerveau et
le système nerveux central peuvent également être endommagés. Au
moyen d’une antenne émettrice, peuvent être utilisés pour leur
transmission les équipements téléphoniques, les canalisations de
chauffage et d’écoulement des eaux, les télévisions, et les systèmes
anti-incendies de fourniture d’eau.
Dans presque le monde entier, les travaux sur « les méthodes
permettant d’influencer secrètement le psychisme des êtres humains »
sont considérées comme une haute priorité et entrent dans la liste des
technologies les plus stratégiques du XXIème siècle. Les services
gouvernementaux introduisent dans leur doctrine militaire des articles
sur la priorité de l’application sur les lignes de front – dans les conflits
régionaux – d’armes non-létales qui permettent la victoire avec le
moindre de pertes, pas seulement parmi ses propres troupes, mais
également parmi les troupes de l’opposition.
A l’initiative des Etats-Unis, dans le cadre de l’OTAN, un groupe de
travail spécial à été créé dans la perspective d’utilisation de ces
équipements à effets non-létaux pour la coordination des
développements menés dans ce domaines par la Grande-Bretagne, la
France, l’Allemagne et le Danemark. Des générateurs ont été créés à
l’Institut de Francfort pour les Technologies Chimiques (Allemagne),
destinés à la gestion de vastes foules en condition de désordres de
masse. Les transmissions des derniers équipements français sont
capables non seulement de pénétrer à travers le béton et le blindage,
mais peuvent également les briser très rapidement. D’après les rapports
sur les moyens d’information de masse, l’armée britannique, en 1995, a
mené en Irlande du Nord des expériences de terrain en temps réel
d’armes non létales pour la dispersion des foules. Il y a également des
faits disponibles concernant l’application des armes électromagnétiques
contre des personnes en Yougoslavie en 1999.
La création de dispositifs infrasonores offensifs a été affirmée comme
priorité aux Etats-Unis parmi tous les développements dans le domaine
74
des armes non létales. D’après l’évaluation des experts militaires,
l’armée américaine, à l’aide de dispositifs sans équipages et létaux, est
capable – à l’aide d’un générateur UHF (ultra haute fréquence) –
d’arrêter à une distance de plusieurs centaines de mètres du rivage un
navire ennemi d’une force de débarquement. Selon les évaluations de
l’Institut International de Stockholm pour la Recherche sur la Paix
(SIPRI), au cours des deux prochaines années, les dépenses aux EtatsUnis pour le développement et la recherche des armes non-létales
dépasseront un milliard de dollars.
Pour l’heure, la loi Fédérale « Sur les Armes » prohibe sur le territoire
de la Fédération Russe la circulation d’armes et autres instruments dont
les opérations offensives sont fondées seulement sur l’utilisation des
radiations radioactives et des facteurs biologiques, mais elles ne
tiennent pas en compte du développement des technologies
informationnelles et psychologiques dont l’application permet
d’influencer de façon dissimulée le psychisme et la physiologie des
personnes. Cela a conduit à la présentation devant le Congrès Russe
du supplément à la loi fédérale « Sur les Armes », qui comporte les
caractéristiques mentionnées ci-dessus. Il n’affaiblit pas la structure des
lois existantes et entre pleinement dans le cadre de sa direction
fondamentale – la préservation des vies et de la santé des citoyens et la
garantie de la sécurité publique.
Sur la base de ce qui est ci-inclus, il est proposé que le projet de loi
Fédérale « Au sujet de la soumission d’un supplément à l’article 6 de la
Loi Fédérale « Sur les armes », introduit par l’Assemblée de la région
de Krasnojarsk, soit adopté en première lecture. »
- Aux Etats-Unis, un projet de loi présenté au Congrès par le représentant
Démocrate de l’Ohio Dennis J. Kucinich, qui demandait en particulier
l’interdiction au niveau mondial des armes basées dans l’espace,
demandait entre autre la prohibition des armes et systèmes d’armes
destinés à affecter les personnes. Le projet, bien que jugé conforme par la
Commission Scientifique, la Commission sur les Services Armés et la
Commission sur les Relations Internationales du Congrès américain, a été
révisé de fond en comble avant d’être revoté un an plus tard (c’est à peu
près toute la « révolution dans les affaires militaires » que ce premier projet
remettait en cause). Voici les capacités antipersonnelles que mentionnait
le premier projet :
« […] (2) (A) Le terme armes et systèmes d’armes signifie un dispositif
capable d’au moins une des possibilités [suivantes] : (i) [dispositifs
antimatériel] (ii) Infliger la mort ou une blessure, anéantir ou porter
atteinte à une personne (ou bien à la vie biologique, la santé
physique, la santé mentale, ou au bien-être physique ou
économique d’une personne) : (I) en utilisant l’un des moyens décrit
dans la clause (i) ou l’alinéa (B) ; (II) en utilisant des systèmes basés
au sol, en mer, ou dans l’espace utilisant des rayonnements,
75
électromagnétiques, psychoélectroniques, acoustiques, lasers, ou
toute autre énergie dirigée contre des sujets individuels ou des
populations ciblées à des fins de guerre de l’information, de
manipulation des émotions, ou de contrôle mental de ces
personnes ou populations ; (III) en émettant des agents biologiques
ou chimiques à proximité d’une personne.
(B) Ces termes comprennent les systèmes d’armes exotiques tels
que : (i) armes électroniques, psychoélectroniques, ou
informationnelles ; (ii) épandages chimiques par avion [chemtrails] ;
(iii) systèmes d’armes de haute altitude à fréquences ultra basses ;
(iv) armes à plasma, électromagnétiques, acoustiques ou à
ultrasons ; (v) systèmes d’armes laser ; (vi) armes stratégiques,
théâtrales, tactiques, ou spatiales, et (vii) armes chimiques, biologiques,
environnementales, climatiques, ou tectoniques. (C) Le terme systèmes
d’armes exotiques comprend des armes conçues pour faire des dégâts
dans l’espace ou les écosystèmes (telles que l’ionosphère ou les
couches supérieures de l’atmosphère) ou systèmes climatiques,
météorologiques, et tectoniques avec pour objectif de provoquer dégâts
ou destruction d’une population ciblée ou d’une région sur terre ou dans
l’espace. »
98
Ces définitions étaient jugée beaucoup trop précises et détaillées, et la « Loi
de Préservation de l’Espace 2002 »
99 largement évidée de son contenu, se
contentait de mentionner : « Les termes « arme basées dans l’espace » et
« système basé dans l’espace » signifient un dispositif capable d’endommager
ou de détruire un objet ou une personne […] en (A) tirant un projectile ou plus
pour entrer en collision avec cet objet ou personne ; (B) détonant un dispositif
explosif ou plus en proximité étroite de cet objet ou personne ; (C) dirigeant
une source d’énergie contre cet objet ou personne ; ou (D) tout autre moyen
encore non développé ». Ont été supprimées toute référence aux épandages
chimiques par avion (chemtrails), faisceaux à particules, rayonnements
électromagnétiques, plasmas, rayonnements à fréquence extrêmement basse
(ELF) et à ultra haute fréquence (ULF), les technologies de contrôle mental et
psychoélectroniques, ainsi que la référence aux armes climatiques et
systèmes d’armes dits ‘exotiques’.
On ne peut donc pas dire que la principale raison de l’absence de législation
nationales et internationale sur les armes à énergie dirigée antipersonnelles
soit le manque d’information des députés. A chaque fois que ces capacités
d’armes ont été mentionnées dans des projets de loi, ces projets n’ont pas été
adoptés, ou ont supprimé les mentions spécifiques à ce type d’armement.
Comment le comprendre ?
98
« Loi de la Préservation de l’Espace 2001 », Projet de loi HR 2977 IH, introduit devant la chambre
des représentants du Congrès Américain le 2 octobre 2001 par Dennis J. Kucinich, représentant de
l’Ohio.
99 « Loi de la Préservation de l’Espace 2002 », Projet de loi HR 3616 IH, Dennis J. Kucinich, 23
janvier 2002.
76
Les négociations internationales initiées par l’URSS des années 1980 sur la
prohibition des armes à énergie dirigées antipersonnelles ont échoué très
probablement parce que les Etats-Unis, avec d’autres pays occidentaux,
voulaient profiter de l’avantage que le développement ces capacités leur
procureraient dans la course à la domination globale. De même, la loi
proposée en 2001 devant le Congrès américain n’est même pas envisageable
pour la majorité de l’élite économique, politique et militaire américaine, parce
qu’elle dévoile et remet en cause les fondements même de la « révolution
dans les affaires militaires » par laquelle les Etats-nis (et dans leur sillon
d’autres pays) entendent mettre à profit leur avantage technologique pour
dominer la scène stratégique internationale.
C’est en Russie que la question de la législation de cette nouvelle génération
d’armements s’est posée le plus profondément, en raison de multiples
facteurs : le fait que l’URSS a été pendant la guerre froide à la fois un état
pionnier et en ligne de mire de ces technologies ; la révélation et la
médiatisation des programmes d’armes psychoélectroniques depuis la chute
de l’URSS ; la dimension que semble commencer à prendre le phénomène de
l’utilisation des armes psychoélectroniques à des fins expérimentales ou de
contrôle politique sur le territoire russe et la pression croissante de certaines
franges de l’opinion publique pour l’interdiction de ce type d’armement ; ou
encore la crainte chez certains responsables politiques russes que ces armes
ne tombent entre les mains de groupes non-étatiques (tel que les mafias). Une
partie réduite de la classe politique en est venue à soutenir l’interdiction, le
noyau dur de l’appareil d’Etat (dont bon nombre d’anciens du KGB) évaluant
qu’il n’en vaut pas la peine, d’autre encore ne prenant pas au sérieux la
possibilité de l’utilisation d’armes pour manipuler les perceptions, émotions et
comportement de cibles définies.
En Europe, la question a été moins médiatisée encore qu’aux Etats-Unis,
l’information publique est quasiment inexistante en la matière, et les
parlementaires ne semblent pas prendre au sérieux cette menace. On arrive
encore à concevoir l’existence d’armes permettant de manipuler
l’environnement à des fins militaires, mais l’éventualité même de la
manipulation des perceptions, émotions et comportement de personnes ou de
groupes de personnes définies semble largement dépasser l’entendement.
Par ailleurs, un certain nombre d’armées de l’Union Européenne se sont
lancées – certains depuis plusieurs décennies – dans le développement de
cette nouvelle génération d’armes sur le modèle des Etats-Unis et de l’URSS,
et certains Etats espèrent mettre à profit dans ce domaine leur niveau
technologique avancé. Aucun progrès dans la prohibition de ces nouvelles
générations d’armes de destruction massive ne semble envisageable tant que
le grand public ignore l’existence même de ces capacités.
L’absence de débat public et de législation est infiniment dangereuse, dans la
mesure où un certain nombre d’Etats ont développé et développent des
capacités opérationnelles de systèmes d’armes de ce type. La pénurie
d’information dans ce domaine laisse une marge de manœuvre
77
impressionnante à l’utilisation effective de cet armement, dont l’un des atouts
est précisément la discrétion d’usage et le caractère de « déniabilité »
(deniabiity). Il est particulièrement indispensable d’informer le public et
d’engager le débat sur la prohibition de cette nouvelle génération d’armes de
destruction massive.
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Les technologies offensives de contrôle politique : un nouveau péril social

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