En 1980, quatre témoins affirment qu'ils ont été poursuivis par un "corps sans tête" sur les bords de la Glane, à Saint-Junien. Trente ans après, l'énigme est peut-être résolue.
D'abord méfiant, l'homme se livre peu à peu. Avec une sorte de soulagement mêlé d'espoir : « Si je vous raconte tout ça, c'est parce que je voudrais comprendre ce que j'ai vu ce soir-là... »
« Je n'avais jamais eu aussi froid de ma vie ». C'est pourtant au coeur de l'été, en 1980, que le sang de Marc s'est glacé. Il a alors 19 ans, il est pompier à Paris. Il est revenu passer quelques jours dans la demeure familiale à Saint-Junien. Ce soir-là, il se promène avec un collègue soldat du feu, ainsi que le frère et le père de celui-ci, sur les bords de la Glane, au milieu de la végétation dense qui entoure le barrage du Gué Giraud.
L'énigme du fantôme du site Corot par WeblamontagneCarboniséVers 21h30, tandis que la nuit tombe, les quatre promeneurs s'apprêtent à regagner leur voiture. Soudain, l'un d'eux remarque : « Il y a quelqu'un qui nous suit ». Derrière eux se tient une silhouette massive, sombre, d'environ deux mètres. Ils croient alors à une blague : « J'ai cru reconnaître un pêcheur que je voyais souvent dans le coin ». Pour rire, ils se mettent à pourchasser l'inconnu. Celui-ci file se cacher derrière les noisetiers. Sauf qu'il ne semble pas courir mais « glisser » sur le sol. Surpris, les promeneurs font demi-tour. Mais à nouveau, la silhouette apparaît derrière eux. Cette fois, elle est éclairée par un lampadaire et Marc peut mieux la distinguer. « J'ai senti les cheveux se dresser sur mon crâne... C'était un corps sans tête ! On aurait dit qu'il était carbonisé ».
Le père de son collègue brise le silence : « Ça suffit. On ne sait pas ce que c'est, on rentre ! ». Terrifiés, ils filent à leur voiture tandis que des branches craquent derrière eux.
MalaiseAprès cette rencontre angoissante, c'est le choc. La nuit suivante, le plus jeune des témoins, âgé de 17 ans, dort d'ailleurs dans la chambre de ses parents, comme s'il était retourné à ses peurs d'enfants.
De son côté, Marc raconte son récit avec euphorie à son entourage. Mais au fil des jours, un malaise le prend à la simple évocation du spectre sans tête.
Il passera sa vie à tenter de comprendre. Des vieux du coin lui racontent qu'il n'est pas le premier à voir l'homme sans tête. Une légende affirme que le fantôme serait celui d'un brigand qui vivait dans les ruines d'un manoir, situé près du barrage. Le criminel aurait été décapité au XVIe siècle.
« Jusqu'ici, les histoires de fantômes me faisaient rire. Plus maintenant ».
D'autant qu'au cours de sa vie, il aura la sensation d'être suivi par ce spectre, à nouveau, sans jamais le revoir cependant. « Après un an passé à Paris, je suis revenu vivre à Saint-Junien dans un mobile-home. Plusieurs fois, j'ai senti que c'était autour de moi. Parfois en plein jour, parfois dans la nuit. Pendant une heure, je me sentais mal, comme paralysé ».
Des années après, il rencontre des guérisseurs venus rendre visite à ses parents. « L'un d'eux m'a laissé entendre que ça pouvait être lié à la magie noire, que ça n'était pas destiné à me faire du mal mais que ça signalait la mort de quelqu'un ». Comme une âme errante.
Un cri dans la nuitSon collègue d'alors, Robert, témoin de la scène, n'a pas oublié. Aujourd'hui, il vit dans le Nord et tous deux ne se sont jamais revus depuis. Sa version varie peu : « Quand j'ai vu ce corps sans tête, j'ai pensé que Marc avait monté une blague. Je me suis tourné vers lui mais j'ai compris que je me trompais : il avait les yeux qui sortaient de la tête ! C'est là que j'ai commencé à avoir peur »
Détail troublant : « Pour moi, ça n'était pas un corps carbonisé. Ca ressemblait à un guerrier en sang. Et j'ai entendu comme un cri de souffrance ». Un cri qui résonne encore dans sa mémoire, trente ans après, et l'interroge : qu'ont-ils vraiment vu ?
Thibaut SOLANO
lyonne.fr
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