Je me suis rendue seule à la manifestation du 15 juin 2011 en soutien aux moines de Kirti. Voici donc mon compte rendu sur une manifestation très touchante, qui j'espère participera à la prise de conscience du peuple français et du gouvernement.

Le 15 juin 2011, à 16 heures, je me suis rendue au point de rendez-vous devant l'Assemblée Nationale. Les codes couleurs étant le rouge foncé et le jaune (en l'hommage à l'habit des moines tibétains), j'ai donc revêtu des vêtements de ces couleurs. Mon drapeau tibétain en main, j'ai rejoint un petit groupe d'environ 40 manifestants. Un chiffre très faible, c'est vrai, mais en l'absence de communication et d'information de la part des médias, c'était déjà bien que les manifestants ne se soient pas découragés. Et je peux dire que les 40 personnes qui étaient présentes étaient on-ne-peut plus motivées.

La majorité des manifestants étaient de vrais tibétains en exil, plus ou moins jeunes, d'autres étaient des français, qui comme moi sont touchés par la cause tibétaine. A côté de nous, un autre petit rassemblement en l'honneur des victimes du Sri Lanka était également formé devant l'Assemblée. J'ai tout de suite été accueillie par les membres de l'Association Etudiants pour un Tibet Libre, le mouvement parisien qui a organisé cette manifestation, ainsi que celles qui ont lieu plusieurs fois par ans dans la capitale.

Un petit papier avec les slogans en français et en anglais ont été distribués, et plusieurs personnes (françaises et tibétaines) se sont passées le mégaphone pendant 3 heures pour lancer les slogans, répétés par la foule en cœur.



Devant nous, des députés, politiciens et hommes et femmes en costumes cravate et en voitures de luxe passaient, rigolaient ou nous évitaient. C'était pour moi très touchant de voir tous ces hommes en costume gris marcher sans un regard devant un groupe aux couleurs vives, criant notamment: "300 moines disparus, citoyens dans la rue!", "Où sont les disparus? Où sont les déportés?" ou encore "Députés, députés! Des réponses! Des réponses!". Les pancartes étaient également fortes en signification, comme celles affichant les noms des moines morts et leur jeune âge, ou celles affichant "Chine, stop au pillage du sol tibétain!"

4 camions de police étaient garés devant nous et plusieurs policiers habillés en robocop étaient face à nous, armés, nous regardant d'un air moqueur. Comme si 40 tibétains pacifistes et statiques allaient poser problème. Pendant ce temps-là, aucune armée ne vient aider le Tibet... Assez contradictoire, mais bon c'est la formalité!

A un moment, François Hollande est passé devant nous. L'une des membres de l'association est allée le chercher en le tenant par le bras car il n'avait pas prévu de discuter. Nous lui avons demandé: "Monsieur Hollande, allez-vous en parler? Allez-vous faire quelque chose pour le Tibet?" Le candidat aux présidentielles de 2012 a répondu: "Je connais la situation au Tibet..." Une tibétaine lui a alors expliqué que nous ne parlions pas seulement de la situation du Tibet depuis 50 ans mais de ce qui se passe au Tibet en ce moment! Il a alors dit: "Ah bon? Allez-y!" La femme lui a expliqué que d'ici quelques jours, ce sont plusieurs centaines de moines qui vont mourir si on ne fait rien car il sont privés d'eau et de nourriture avant d'insister sur le nom du monastère et la région du Tibet où cela se passe. François Hollande a demandé qu'on lui donne un papier et est parti en disant qu'il nous avait entendu et qu'il allait en parler.




Yves Cochet est également passé mais nous a totalement snobé, comme la plupart des députés qui nous ont vu.

A la fin, en compagnie d'un moine tibétain en robe rouge, nous avons tenu 1 minute de silence en l'hommage aux victimes et aux moines. Puis, le moine a fait une prière au micro, soutenue par les tibétains bouddhistes. C'était extrêmement émouvant, du point de vue de la situation et de l'endroit où nous nous tenions. Puis, les tibétains ont chanté l'hymne tibétain.



Ces 3 heures de manifestation, qui pourtant avaient été organisées pour rompre le silence sur des faits terribles et affreux, se sont pourtant déroulées dans une ambiance conviviale et solidaire.

Quelques photos:











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