Pour la première fois depuis 70 ans, la Cour suprême des Etats-Unis a commencé à examiner le droit des Américains à porter une arme à feu.
Son arrêt, attendu pour la fin du mois de juin, pourrait avoir d'importantes conséquences sur le contrôle des armes aux Etats-Unis et sur la campagne pour l'élection présidentielle du 4 novembre.
Les magistrats vont devoir se prononcer sur l'interdiction des armes dans la capitale fédérale, Washington, qui prohibe la détention de revolvers et exige que les propriétaires de fusil conservent leurs armes déchargées, démontées ou neutralisées.
Il leur faudra pour cela se pencher sur le Deuxième amendement de la Constitution, qui donne lieu à des lectures totalement divergentes.
Certains y voient la reconnaissance du droit de chaque individu à détenir une arme; les autres estiment que ce droit n'est reconnu qu'en relation avec une affectation dans une milice organisée par un Etat.
L'amendement est ainsi rédigé: "Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un Etat libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé." (traduction officielle du département d'Etat).
La Cour suprême ne s'est plus intéressée à ce Deuxième amendement depuis 1939. Elle n'avait pu alors trancher le débat constitutionnel.
L'audience de mardi intervient cette fois alors que les Etats-Unis ont vécu en 2007 une nouvelle série de fusillades, dont celle d'avril sur le campus du Virginia Tech.
Elle divise l'administration Bush, dont l'avocat général, Paul Clement, défend le droit des individus à détenir une arme mais reconnaît que ce droit peut être soumis à une règlementation gouvernementale raisonnable tandis que le vice-président, Dick Cheney, presse lui la Cour suprême d'adopter une position plus ferme en faveur du droit à détenir une arme.
"Est-il raisonnable d'interdire totalement la détention?" a lancé le magistrat conservateur John Roberts à l'avocat de la capitale Walter Dillinger, à propos des armes de poing.
Son collègue Samuel Alito, également nommé par George W. Bush, s'est interrogé sur l'efficacité des fusils désarmés ou déchargés pour se défendre chez soi.
Les quatre magistrats libéraux de la Cour ont au contraire défendu la législation en vigueur à Washington. "Est-il déraisonnable pour une ville avec un très fort taux de criminalité (...) de dire: 'pas d'armes ici'?" a déclaré le juge Stephen Breyer.
Selon des statistiques officielles, on recense chaque jour aux Etats-Unis 80 décès liés aux armes à feu, dont 34 homicides.
James Vicini, version française Henri-Pierre André
http://www.lepoint.fr/actualites-monde/la-question-des-armes-a-feu-devant-la-cour-supreme-americaine/924/0/230189