Ils sont cinq. Cinq serpents, répertoriés à ce jour, capables de s'envoyer en l'air – dans le sens littéral de l'expression – et de maîtriser à loisir leur envolée. C'est ce que suggère un chercheur américain, Jake Socha, après avoir étudié de plus près les mouvements aériens de l'un d'eux, Chrysopelea paradisi.
Ce serpent arboricole, agressif mais peu venimeux, possède la faculté de sauter d'arbre en arbre pour attraper une proie ou échapper à un prédateur. Or, les biologistes ont remarqué que lors de ses bonds spectaculaires, qui peuvent parfois atteindre jusqu'à 100 mètres, cet animal garde la tête fixe tandis que le reste du corps ondule comme pour diriger sa chute. De là, les chercheurs ont émis l'hypothèse qu'il s'agissait non pas d'un saut... mais d'un vol, d'un mouvement que le serpent peut contrôler à tout moment. Un plongeon forcé de 15 mètres Afin d'en avoir le cœur net, Jake Socha a analysé un saut de Chrysopelea paradisi. Et pas un petit saut ! Un plongeon vertigineux puisque le spécimen a dû se lancer d'une tour de 15 mètres. La chute, qui s'est prolongée sur 24 mètres a été filmée à l'aide de quatre caméras. À partir des images recueillies, le chercheur a effectué une reconstruction 3D de ce vol, puis un modèle lui permettant de décortiquer, à tout moment, les forces physiques impliquées dans ce vol de serpent.
Les résultats montrent qu'après une phase de chute, le serpent s'est mis à glisser littéralement sur l'air. Les forces produites par les ondulations du corps sont parvenues à contrecarrer l'effet du poids du serpent. Résultat : l'animal est devenu capable de se maintenir en l'air et même de virer en vol. D'après le modèle théorique, lors de cette phase de vol, la balance des forces est telle que le serpent pourrait même s'élever en l'air. Le phénomène n'est toutefois que temporaire, ce qui explique que le serpent finisse par retrouver la terre ferme, passant de volant à rampant