La France enquête sur les avions de la CIA
Par Le Figaro
Publié le 02/03/2006 à 06:00, Mis à jour le 15/10/2007 à 21:17
UNE ENQUÊTE judiciaire a été ouverte sur les vols suspects des avions de la CIA sur le territoire français. Dans la plus grande discrétion, le procureur de la République de Bobigny (Seine-Saint-Denis)...
UNE ENQUÊTE judiciaire a été ouverte sur les vols suspects des avions de la CIA sur le territoire français. Dans la plus grande discrétion, le procureur de la République de Bobigny (Seine-Saint-Denis), après avis de la Chancel lerie, a décidé d'engager une enquête préliminaire confiée à la compagnie de gendarmerie des transports aériens de Roissy. Ces investigations écrit le procureur, dans une note du 20 janvier ont pour objet de «vérifier la présence à l'aéroport du Bourget le 20 juillet 2005, de l'avion n° N50BH. Et dans l'affirmative d'identifier la société qui lui aurait prêté assistance». Cette initiative du parquet de Bobigny fait suite une plainte déposée fin décembre par la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) et la Ligue des droits de l'homme (LDH) pour «détentions arbitraires», «crimes de tortures» et «atteinte aux droits des prisonniers de guerre».
L'existence de deux avions affrétés par la CIA ayant fait escale en France avait été révélée par Le Figaro (nos éditions du 2 décembre 2005), mais pour l'heure la justice française s'intéresse à un seul des deux jets. Il s'agit d'un Gulfstream III, qui se serait posé au Bourget le 20 juillet dernier en provenance d'Oslo, en Norvège. Ce vol aurait été traité selon une procédure inhabituelle : au lieu d'atterrir, comme les avions américains d'ordinaire, près du Musée de l'air et de l'espace, le Gulfstream aurait été «traité par une autre entreprise, située sur une zone plus discrète de l'aéroport». L'enquête devra donc déterminer si ce jet mystérieux a été utilisé par la CIA pour transporter des détenus suspectés de terrorisme vers le camp de détention américain de Guan ta namo, sur l'île de Cuba, et si les autorités françaises avaient connaissance de cette escale parisienne.
«Tout à fait possible»
Le 2 décembre, suite aux révélations du Figaro, Jean-Baptiste Mattei, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, avait dé claré : «Il est tout à fait possible qu'il y ait eu des vols qui auraient été affrétés par la CIA. Nous sommes en train de vérifier ces informations avec les services concernés, principalement les services de l'aviation civile (...) La question est de savoir ce que transportaient ces avions.» Alors que le Quai d'Orsay est demeuré silencieux depuis deux mois, il appartient maintenant à la justice d'apporter une réponse à cette question.
Un autre avion suspect aurait fait escale en France, à l'aéroport de Brest, le 31 mars 2002. Ce vol qui fait l'objet d'investigations des auto rités canadiennes serait arrivé de Saint-Jean de Terre-Neuve au Ca nada, via Keflavik en Islande pour se rendre en Turquie. Mais aucune enquête n'a encore été diligentée en France.
Prenant acte de l'ouverture, le 20 janvier, d'une enquête préli minaire sur le vol du Bourget, Me Emmanuel Daoud, avocat de la Ligue des droits de l'homme s'est toutefois déclaré «surpris que compte tenu de la gravité des faits sus pectés, les premières vérifications n'aient pas encore été effectuées».
Éric Decouty sur le territoire français. Dans la plus grande discrétion, le procureur de la République de Bobigny (Seine-Saint-Denis)...
UNE ENQUÊTE judiciaire a été ouverte sur les vols suspects des avions de la CIA sur le territoire français. Dans la plus grande discrétion, le procureur de la République de Bobigny (Seine-Saint-Denis), après avis de la Chancel lerie, a décidé d'engager une enquête préliminaire confiée à la compagnie de gendarmerie des transports aériens de Roissy. Ces investigations écrit le procureur, dans une note du 20 janvier ont pour objet de «vérifier la présence à l'aéroport du Bourget le 20 juillet 2005, de l'avion n° N50BH. Et dans l'affirmative d'identifier la société qui lui aurait prêté assistance». Cette initiative du parquet de Bobigny fait suite une plainte déposée fin décembre par la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) et la Ligue des droits de l'homme (LDH) pour «détentions arbitraires», «crimes de tortures» et «atteinte aux droits des prisonniers de guerre».
L'existence de deux avions affrétés par la CIA ayant fait escale en France avait été révélée par Le Figaro (nos éditions du 2 décembre 2005), mais pour l'heure la justice française s'intéresse à un seul des deux jets. Il s'agit d'un Gulfstream III, qui se serait posé au Bourget le 20 juillet dernier en provenance d'Oslo, en Norvège. Ce vol aurait été traité selon une procédure inhabituelle : au lieu d'atterrir, comme les avions américains d'ordinaire, près du Musée de l'air et de l'espace, le Gulfstream aurait été «traité par une autre entreprise, située sur une zone plus discrète de l'aéroport». L'enquête devra donc déterminer si ce jet mystérieux a été utilisé par la CIA pour transporter des détenus suspectés de terrorisme vers le camp de détention américain de Guan ta namo, sur l'île de Cuba, et si les autorités françaises avaient connaissance de cette escale parisienne.
«Tout à fait possible»
Le 2 décembre, suite aux révélations du Figaro, Jean-Baptiste Mattei, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, avait dé claré : «Il est tout à fait possible qu'il y ait eu des vols qui auraient été affrétés par la CIA. Nous sommes en train de vérifier ces informations avec les services concernés, principalement les services de l'aviation civile (...) La question est de savoir ce que transportaient ces avions.» Alors que le Quai d'Orsay est demeuré silencieux depuis deux mois, il appartient maintenant à la justice d'apporter une réponse à cette question.
Un autre avion suspect aurait fait escale en France, à l'aéroport de Brest, le 31 mars 2002. Ce vol qui fait l'objet d'investigations des auto rités canadiennes serait arrivé de Saint-Jean de Terre-Neuve au Ca nada, via Keflavik en Islande pour se rendre en Turquie. Mais aucune enquête n'a encore été diligentée en France.
Prenant acte de l'ouverture, le 20 janvier, d'une enquête préli minaire sur le vol du Bourget, Me Emmanuel Daoud, avocat de la Ligue des droits de l'homme s'est toutefois déclaré «surpris que compte tenu de la gravité des faits sus pectés, les premières vérifications n'aient pas encore été effectuées».
Éric Decouty
https://www.lefigaro.fr/actualite/2006/03/02/01001-20060302ARTFIG90200-la_france_enquete_sur_les_avions_de_la_cia.php