Sous prétexte d'assurer la sécurité dans l'entreprise, de contrôler le respect des horaires ou d'éviter la fuite d'informations confidentielles, de nombreuses sociétés renforcent leurs systèmes de surveillance. En plus des traditionnels badges et du stockage des données informatiques, les entreprises redoublent d'inventivité pour affiner leur contrôle. Des méthodes qui inquiètent la Cnilqui vient de sortir son rapport d'activité.
CamérasDepuis quelques années, le nombre de caméras ne cesse d'augmenter. En 2009, 3 000 nouveaux systèmes de vidéosurveillance ont été déclarés par des entreprises auprès de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), contre 1 000 environ en 2007. "Depuis janvier 2010, on relève 10% de plaintes supplémentaires de salariés à cause de la vidéosurveillance", confie Yann Padova, secrétaire général de la Cnil. En avril dernier, l'organisme a, par exemple, ordonné à une société de transport routier de supprimer son dispositif de vidéosurveillance 24h/24. Un système censé lutter contre les dégradations matérielles et protéger le personnel, mais qui contrôlait en réalité les deux secrétaires de l'entreprise. "C'est simple, le contremaître d'antan a été remplacé par la technologie", ironise Yann Padova.
Lecteurs biométriquesLes nouvelles technologies sont également mises au service de la surveillance. Les lecteurs biométriques, qui scannent l'empreinte digitale, le contour de la main ou le réseau veineux se multiplient sur le lieu de travail. En 2009, la Cnil a avalisé 800 demandes d'installation de tels systèmes, contre moins de 700 en 2008. Plébiscitées pour assurer les contrôles d'accès aux tarmacs des aéroports ou aux laboratoires de produits dangereux, ces techniques se justifient toutefois beaucoup moins lorsqu'il s'agit simplement de remplacer la célèbre pointeuse.
GPSCertaines entreprises ne se contentent pas de surveiller leurs salariés sur leur lieu de travail. Elles se servent des GPS pour localiser le véhicule de leurs commerciaux ou de leurs transporteurs routiers et surveiller leurs allées et venues.
Ecoutes et filatureLa réalité rejoint parfois la fiction. En 2008, en banlieue lyonnaise, une société a été condamnée pour avoir fait appel à des détectives privés chargés de suivre pendant deux mois les faits et gestes d'un salarié démissionnaire suspecté de concurrence déloyale. "Même sa femme était suivie. Lors du procès, les magistrats étaient très choqués", précise André Meillassoux, l'avocat du couple.
Plusieurs salariés ont aussi accusé un géant de la grande distribution de les avoir placés sur écoute. Un agent de sécurité avait révélé avoir été embauché par la chaîne pour mener des enquêtes sur les relations amoureuses ou l'alcoolisme du personnel. Jusqu'à présent, aucune plainte n'a été déposée contre l'employeur.
FichageSans aller jusqu'à l'espionnage, certaines entreprises peuvent ficher leurs salariés avant leur embauche ou même pendant leur collaboration. Acadomia a récemment été épinglé par la Cnil pour avoir constitué des dossiers sur ses professeurs. Des données privées telles que des données médicales, des jugements de valeur et des renseignements sur l'entourage familial ont été consignées aux côtés de commentaires parfois injurieux.
Mais pas de panique, ces pratiques restent encore marginales. Si la Cnil recense une recrudescence des techniques de contrôle, aucune augmentation du nombre de plaintes des salariés envers leur entreprise n'a été enregistrée. Enfin, attention toutefois à ne pas lire cet article au bureau, votre boss pourrait le savoir!
Source : http://www.lexpress.fr/emploi-carriere/au-secours-mon-patron-m-espionne_900168.html