Une tribu Jivaro menacée en haute Amazonie
Matthias Dulin, un lecteur National Geographic, est arrivé chez les shuar, un sous groupe jivaro, en 2003. Venu par simple goût pour l’aventure puis très vite, il tombe vite amoureux de ce peuple et de sa forêt. Ces anciens « réducteurs de têtes » vivent encore en paix à cette époque. Désormais, Matthias se bat depuis la France pour sauver les peuples d’Amazonie victimes de commerces en tout genre et de l’acculturation qui menace leur société.
Les shuar de haute Amazonie sont la dernière tribu d’Amérique du Sud à avoir repoussé les colonisateurs jusqu’au milieu du XXe siècle. Leur coutume de décapiter leurs ennemis et d’en réduire leurs têtes afin d’enfermer l’esprit vengeur de leurs victimes leur a valu une réputation de farouches guerriers. L’appellation Jivaro, donnée par les premiers envahisseurs espagnols, signifie “barbare” ou “sauvage”. 130 000 Jivaro se répartissent en cinqu sous groupe: les shuar, qui vivent dans les cordillères de Cutucu et du Condor dans le sud-est de l’Équateur; les Ashuar sur la frontière entre l’Équateur et le Pérou; les Agaruna, les shiwiar et les Huambisa, au Pérou.
La pacification des tribus intervient dans les années 1970 – 1980, doublée d’une acculturation. Les autorités les contraignent à se regrouper en communautés. Tout ceci concourt au bouleversement de leur équilibre social.
Certains shuar et ashuar se réfugient en Équateur dans les forêts de la province de Pastaza. C’est là que Matthias Dulin, parti voyager dans la cordillère de Cutucu en 2003, rencontre sa future épouse. Celle-ci vient du haut Makuma. Ils vont vivre à l’écart de toute forme de civilisation jusqu’à la construction d’une route venue traverser ces montagnes.
La route Makuma vient dénaturer le sanctuaire des cascades sacrées, or c’est ici que réside le pouvoir des shuar: l’aratum.
Elle a été construite par le gouvernement équatorien afin de favoriser une agriculture intensive, le commerce du bois et l’exploitation pétrolière, le sous-sol de la région étant très riche.
De nombreux trafics voient le jour à partir de cette route: déforestation, trafic de bois, prostitution, vente d’enfants et meurtres afin d’alimenter le commerce de « fausses têtes réduites » et le trafic d’organes.
Les shuar restés jusqu’à présent isolés, sont obligés de quitter leurs montagnes pour se réfugier chez leurs ennemis héréditaires : les ashuar. Ces derniers ne tolèrant personne sur leur territoire, de violents conflits tribaux explosent. La communauté shuar vit recluse dans la zone du Rio Orso ou “rivière des ours”, où elle décline de jour en jour.
Aujourd’hui Matthias et son épouse sont rentrés en France pour sensibiliser l’opinion et tenter de réduire l’évolution de la route Makuma. La famille de l’épouse de Matthias, elle, est restée cachée dans une zone quasiment inaccessible, à une semaine de marche du premier village, au fond de la forêt vierge.
Source : http://www.nationalgeographic.fr/actus/menaces-sur-les-shuars-de-haute-amazonie/794602/
TSR Archive :
Les Jivaros ou la fédération Shuar
Apprendre pour survivre. Le premier film que Simone Mohr a tourné en Amazonie, avec la collaboration de l'ethnologue René Fuerst, s'attachait à montrer l'héritage traditionnel qui s'est transmis, pratiquement intact, depuis la nuit des temps.
Mais aujourd'hui, la forêt ne fait plus écran. Les convoitises internationales attisées par le pétrole, l'or, l'uranium mettent les Shuars en danger. Déjà, par endroits, la jungle a cédé la place à des banlieues lépreuses. Et les Shuars passent brutalement de l'âge néolithique à celui du transistor; certains d'entre eux roulent à moto et la nourriture ne se gagne plus par la chasse et la cueillette: il faut aller au minable «supermercado» du coin, comme des touristes désargentés. Il est des images qui parlent plus que de longs discours: les Shuars filmés ici ne sourient plus…
Alors pour éviter d'être engloutis une solution: apprendre. Apprendre l'espagnol, pour comprendre ce qui se passe; apprendre à calculer, apprendre à se méfier. 87% d'entre eux sont alphabétisés et l'émetteur Tucua, qui diffuse en langue shuar, tape inlassablement sur le clou de la conscientisation. «Les Blancs ne nous aiment que pour ce qu'ils peuvent nous ravir», disent-ils. Ils se font donc arpenteurs et lâchent la sagaie pour le théodolite. Il faut à tout prix marquer un territoire sur lequel certains, déjà, spéculent. Et tandis que des médecins bénévoles distribuent des piqûres pour lutter contre les maladies importées par la pollution, l'équipe de la Télévision Suisse Romande a pu filmer une cérémonie interdite aux étrangers, cérémonie durant laquelle le guérisseur officie sous l'effet du NATEM hallucinogène.
Voici un lien vers une vidéo de 54min http://archives.tsr.ch/player/musee-jivaros
Un des dernier peuples d'Amazonie qui est maintenant de plus en plus menacé à cause de " l'homme blanc " ...