(Conscience du peuple)
24 février 2011
La Presse
(Washington) Le prochain maximum solaire pourrait causer jusqu'à 2000 milliards de dollars de dommages, a affirmé un haut fonctionnaire britannique le week-end dernier, au congrès annuel de l'Association américaine pour l'avancement de la science (AAAS), à Washington. L'activité solaire, qui atteindra son sommet en 2013, a le potentiel d'un Katrina mondial, a renchéri le responsable américain de la météorologie spatiale.
Les tempêtes solaires suivent un cycle d'une dizaine d'années. Il s'agit d'éruptions à la surface du Soleil qui envoient vers la Terre des particules chargées, lesquelles endommagent les circuits électroniques, un peu comme une explosion nucléaire.
«Quand a eu lieu le dernier maximum, en 2003, nous n'étions pas aussi dépendants des satellites, par exemple du GPS, a dit John Beddington, conseiller scientifique du gouvernement britannique. Le potentiel de problèmes est beaucoup plus grand.»
Le Canada a déjà été touché par des tempêtes solaires. En 1989, Hydro-Québec a subi une panne nationale de neuf heures. En 1994, deux satellites de télécommunications canadiens ont été endommagés. On a pu les réparer, mais dans le cas de l'un d'eux, il a fallu 6 mois et plus de 50 millions de dollars. Les lignes électriques sont mieux protégées contre les tempêtes solaires, qui endommagent les relais électroniques des lignes de transport, mais l'activité solaire pourrait dépasser les prévisions, selon M. Beddington, économiste spécialisé en gestion. En 1859, au cours d'une tempête solaire trois fois plus forte que celle de 1989, les télégraphistes avaient pu transmettre des messages sans utiliser de courant.
Le 15 février, la tempête la plus forte en quatre ans a forcé une dizaine de vols qui devaient passer par le pôle Nord à changer d'itinéraire et des aurores boréales particulièrement fortes ont été remarquées dans le nord du Canada. Les pays nordiques sont particulièrement touchés par les tempêtes solaires.
La Commission européenne (CE) a récemment fait un sondage auprès d'entreprises à propos de l'impact qu'aurait sur leurs activités des problèmes de GPS dus au maximum solaire.
«Presque aucune n'avait réalisé qu'elle pouvait être touchée par une tempête solaire», a dit Stephan Lechner, de l'Institut pour la protection et la sécurité du citoyen de la CE. «Les industriels pensent que cela ne concerne que les sociétés aérospatiales.»
En 2003, les tempêtes ont été assez fortes pour endommager irrémédiablement un satellite de 640 millions de dollars de la NASA, qui a demandé aux astronautes de la Station spatiale de se mettre à l'abri. Une portion du système de contrôle aérien américain a été hors d'usage pendant 30 heures.
«Heureusement, les pires effets surviennent de 10 à 30 heures après une éruption solaire», a indiqué Thomas Bogdan, directeur du Centre de prévision de la météo spatiale au Colorado. «Ça nous donne un délai pour protéger les équipements et avertir la population.» Les satellites géostationnaires peuvent être touchés plus tôt par des particules plus rapides mais inoffensives pour la Terre.
Depuis l'an dernier, le satellite spatial Kepler scrute 150 000 étoiles pour détecter des exoplanètes. Jusqu'à maintenant, il n'a réussi à ajouter qu'une demi-douzaine de corps célestes à la liste des planètes situées dans d'autres systèmes solaires (en plus de 150 candidates à confirmer). Mais d'ici trois ans et demi, Kepler détectera des planètes similaires à la Terre. À l'AAAS, le week-end dernier, des astronomes ont expliqué que, déjà, Kepler révolutionne notre compréhension de la formation des planètes.
«Les planètes que nous avons observées jusqu'à maintenant sont situées très près de leur soleil, avec des orbites de moins de six mois, explique Sara Seager, du Massachusetts Institute of Technology. Certaines étoiles ont cinq, six planètes aussi proches d'elles. Nous ne pensions pas que c'était possible. Nous avons aussi observé des géantes gazeuses comme Jupiter, qui est située beaucoup plus loin de notre Soleil. Avant, nous n'avions que notre système solaire pour théoriser sur la formation des planètes.
Source: CyberPresse