Le premier réacteur EPR commandé par EDF cumule les déboires depuis le début de sa construction. Des défauts de bétonnage au climat social délétère, le chantier ternit l'image de la filière nucléaire tricolore. Les quatre raisons d'un fiasco.

Ce devait être le nouvel appartement témoin du nucléaire français. Las ! Depuis le lancement du chantier, fin 2007, la construction de l'EPR de Flamanville (Manche) accumule les épreuves. Accidents mortels, malfaçons, soupçons de travail dissimulé, injonctions et mises en garde à répétition de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN)... Le budget initial du réacteur a été multiplié par deux pour atteindre 6 milliards d'euros. Sa date de mise en service a été repoussée de 2012 à... 2016. Quand au parquet de Cherbourg (Manche), il mène de front quatre enquêtes préliminaires sur les conditions de travail et d'emploi sur le chantier.

« Dans le contexte nucléaire actuel, ce chantier se devait d'être irréprochable, estime Jean-Michel Torrenti, directeur du département Matériaux à l'Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (Ifsttar). La confiance du grand public est ébranlée par de tels défauts de construction. » Chaque faux pas alimente la suspicion quant à la sûreté du futur réacteur. Scruté par l'ASN, les médias, les syndicats, les ONG, le grand public, EDF n'avait pas droit à l'erreur avec cet EPR. Pourtant, ce chantier, d'une complexité extrême, s'est transformé en bourbier pour l'électricien.



1. DES DÉLAIS DE CONSTRUCTION RIDICULES



Intenable pour les uns, ridicule pour les autres ! Dès le départ, le délai de construction, fixé à quatre ans, était jugé intenable par... les acteurs du chantier. « Le timing était trop serré. EDF s'est donné des objectifs trop ambitieux », explique Fabrice Lepotier, président du groupe Efinor, un sous-traitant chaudronnier. Chez EDF, Dominique Lagarde, directeur Nouveau Nucléaire, le reconnaît : « L'annonce du planning initial de construction était la combinaison d'enjeux techniques et d'éléments plus généraux, comme par exemple la présentation de l'EPR sur le marché mondial. » Sur le chantier de l'EPR finlandais construit par Areva, même constatation : « Nous avions annoncé cinq ans de construction et nous étions persuadés de pouvoir tenir ce délai. Nous nous devions d'être au niveau de ce qui était annoncé par la concurrence », explique Claude Jaouen, directeur Réacteurs et services d'Areva.

Ce péché originel a été dicté par des exigences commerciales... mais peut-être aussi par une raison moins avouable. « La concurrence que se mènent Areva et EDF est trop forte », assure Marie-Claire Cailletaud, responsable de l'Énergie à la fédération CGT Mines énergie. « En Finlande, Areva l'a emporté avec des délais ambitieux. En France, EDF ne pouvait pas réaliser l'EPR avec des délais plus longs », traduit le chaudronnier Fabrice Lepotier. Cette guerre franco-française, dénoncée par François Roussely dans son rapport sur l'avenir de la filière du nucléaire civil, en juin 2010, s'est achevée avec le non-renouvellement, en juin, d'Anne Lauvergeon à la tête d'Areva. Depuis, EDF a reconnu que la construction de l'EPR de Flamanville accumulait un retard de quatre ans et un surcoût de 2,7 milliards d'euros. L'EPR sera finalement construit en 80 à 90 mois (celui de Finlande en 86 mois). « Aujourd'hui, nous sommes dans des délais de construction normaux », juge Karine Herviou, ingénieur en sûreté des réacteurs à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Par le passé, la construction des têtes de série des réacteurs en France avait duré de 60 à 150 mois...



2. UNE CASCADE DE SOUS-TRAITANTS



La sous-traitance et l'intérim représentent-ils un facteur de risque sur un chantier comme celui de l'EPR ? Dans un rapport récent, l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques pointe du doigt les dangers d'un trop grand recours à la sous-traitance dans l'ensemble de la filière nucléaire. « Des sous-traitants confrontés à des difficultés de recrutement seront tentés de sous-traiter en cascade, voire de déléguer des personnels insuffisamment formés », juge l'Office dans le rapport. Les auteurs citent même le cas d'une chaîne de huit sous-traitants ! Sans en détailler le mécanisme cependant.

Ce chiffre, la direction de Bouygues le réfute dans le cas de l'EPR. Bouygues Travaux Publics travaille avec 28 sous-traitants de rang 1 et ne dépasserait pas le rang 3. « La filière génie civil s'est appauvrie dans certains métiers, notamment pour la pose d'armatures, reconnaît Philippe Amequin, directeur général délégué de Bouygues Travaux Publics. Il n'y a quasiment plus de ferrailleurs sur le territoire national. » Si Bouygues ne s'est jamais vraiment éloigné de la construction d'installations nucléaires, l'entreprise n'a pas construit de réacteur depuis le début des années 1980. La perte de compétences et de savoir-faire dans l'ensemble de la filière nucléaire explique donc en partie le recours à la sous-traitance. Mais parfois le système atteint ses limites. Illustration avec l'entreprise Atlanco : siège social en Irlande, ouvriers polonais et cotisations sociales versées à Chypre. Au début de l'été, l'ASN a fait part de soupçons de travail dissimulé à son égard. Aussitôt, Bouygues a rompu son contrat avec Atlanco. « La logique de sous-traitance atteint aussi ses limites chez EDF et Areva, estime la cégétiste Marie-Claire Cailletaud. Il y a une telle perte de compétences que la sous-traitance éloigne de l'optimum économique. » Pour minimiser ce recours, les grands acteurs de la filière pourraient réinternaliser des métiers de base, comme ceux de ferrailleurs, soudeurs, robinetiers.



3. DES MÉTHODES DE CONSTRUCTION DISCUTABLES



La photo publiée le 31 août par « Le Canard enchaîné » n'est pas passée inaperçue. On y voit un trou béant traversé de ferraillages dans un mur de béton. Le jour même, lors de la présentation des résultats semestriels de son groupe, Martin Bouygues explique que les travaux de réparation étaient imminents. Reste qu'à plusieurs reprises, l'ASN a fait état de la présence de cavités et de nids de cailloux dans les murs en béton de certaines structures. « Ces phénomènes s'inscrivent dans un processus normal de construction, rassure Philippe Amequin. Ils apparaissent sur tous les chantiers de génie civil et d'ouvrages d'art et sont systématiquement repris. »

La cause ? Un béton qui n'a pas été assez vibré et ne parvient pas à se répartir de manière homogène dans les coffrages. Ce béton doit se faufiler dans un enchevêtrement d'armatures métalliques d'une extrême densité. Une difficulté technique dont Bouygues n'avait pas prévu l'ampleur. « Nous avons tous été surpris par cette densité, admet Philippe Amequin. Nous avons signé le marché sur la base des plans guides avec des ratios indicatifs fournis par EDF qui s'élevaient à 120 kg d'acier par mètre cube de béton. » Mais au moment de se lancer dans la construction, Bouygues réalise que la densité exigée est en moyenne de... 240 kg par mètre cube. Elle atteint même 600 kg par endroits ! Des exigences, jamais vues dans la filière nucléaire, qui auraient rallongé les délais selon Bouygues.

Le groupe de BTP a choisi, par ailleurs, de recourir à des coffrages de 5 mètres de haut. « Une hauteur inhabituelle, juge Jean-Michel Torrenti, directeur du département Matériaux à l'Ifsttar, qui a dû être privilégiée pour aller plus vite mais ne facilite pas l'écoulement du béton. » L'utilisation de coffrages vibrants, ou munis de trappes pour faire vibrer le béton à des hauteurs intermédiaires, éviterait les malfaçons. « Les solutions de Bouygues permettent d'aller plus vite et sont économiquement plus intéressantes », estime Jean-Michel Torrenti. « Nous n'avons pas d'inquiétude sur la capacité d'EDF à réparer les écarts constatés, affirme Simon Huffeteau, chef de la division de Caen à l'ASN. Si de nouveaux écarts similaires étaient constatés lors des prochaines coulées de béton, l'ASN pourrait être amenée à suspendre les opérations. »

4. UN CLIMAT SOCIAL DÉLÉTÈRE ET CONTRE-PRODUCTIF



« Il y a un véritable problème avec Bouygues qui traite mal les gens », lance sans détour Marie-Claire Cailletaud, au nom de la CGT Mines énergie. Interrogé, Bouygues juge les relations sociales excellentes. Pourtant, au cours des six derniers mois, le chantier a déploré deux morts et la justice a ouvert une enquête sur de possibles sous-déclarations d'accidents du travail. À cela s'ajoutent des procédures prud'homales suite à l'exercice de leur droit de retrait d'un grutier et d'un responsable contrôle et sécurité. Le logement des salariés est également pointé du doigt. En janvier, la Ligue des droits de l'homme a dénoncé les conditions de vie des salariés étrangers « qui sont parqués plus qu'hébergés dignement ». EDF et Bouygues se montrent solidaires. Mais un cadre supérieur de l'électricien lâche, sous le sceau de l'anonymat, que « tant que Bouygues sera sur le chantier, il y aura de très importantes tensions sociales. La CGT et FO en profitent pour régler leurs comptes ». EDF ne parle pas de remettre en cause la situation actuelle mais dit « préparer une nouvelle phase du chantier. Alors que le génie civil approche de la fin, les montages électromécaniques montent en puissance. Il va donc falloir accueillir les nouveaux intervenants », explique Dominique Lagarde, directeur Nouveau Nucléaire de l'électricien. En clair, EDF espère relancer ce chantier sur de nouvelles bases grâce à l'arrivée d'Areva et d'Alstom. La mission de ce commando ? Sortir le soldat EPR du bourbier où il s'est empêtré. Il en va de la réputation du nucléaire français

et en plus des fissures inquiétantes !

Iter ne devrait pas fonctionner d'après Masatoshi Koshiba et P-G de Gennes,
ils s'en foutent, Iter est sur une faille sismique, ils s'en foutent, c'est
micro-fissuré dès le départ, ils s'en foutent... l'objet est de faire un
maximum de fric avec nos impôts pour une expérience qui va consommer de l'énergie pendant 50 ans.


voir ce lien : http://www.usinenouvelle.com/article/des-fissures-perturbent-le-chantier-d-iter.N176042

bon week -end , Laly

voilà le tracé de la ligne



voici à quoi ça ressemblera une fois la ligne achevé (quel horreur)