Le 11 juillet 2007: William RODRIGUEZ à PARISLe témoignage complet de William Rodriguez, concierge au WTC
07 novembre, 2009 by GeantVert
Même si le témoignage de W.Rodriguez a déjà été publié dans nos pages, il nous semble intéressant de le remettre sur la table au moment où les médias français continuent de qualifier d’"absurdités" les questions que se posent non seulement Bigard et Kassovitz, mais tous ceux que la "version officielle du complot" sur le 11-Septembre laisse perplexe. Ce texte incroyable a d’ailleurs été repris par Éric Raynaud dans son livre "11 Septembre : Les Vérités Cachées" [1] . William Rodriguez fut le dernier à sortir vivant de la Tour Nord, il a sauvé de nombreuses vies ce jour-là grâce aux clefs qu’il détenait et qui ont permis aux pompiers d’évacuer des gens restés bloqués. Mr Rodriguez a été fait "Héros national" par George W. Bush, mais ça, c’était avant qu’il ne commence à parler des explosions dont il a été témoin dans les sous-sols de la Tour Nord, avant même l’impact du premier avion (!). Voici son témoignage pratiquement exhaustif, dont nous rappelons qu’il n’a pas été mentionné dans le Rapport final de la Commission d’enquête sur le 11/9.
William Rodriguez décoré par G.W.Bush pour son héroïsme le 11/09/2001
Témoignage recueilli lors du Symposium des scientifiques américains en juin 2006
Je m’appelle William Rodriguez. J’ai travaillé dans le building pendant 20 ans. Pendant 20 ans j’ai été le concierge, j’étais chargé du nettoyage des escaliers de la Tour Nord.
(….) Je suis arrivé en retard, et à nouveau je pense que j’avais une mission ce jour-là, car si j’étais arrivé à l’heure, à 8 heures, je me serais trouvé au sommet de la Tour, au restaurant "Windows on the World", et je serais mort.
Donc, je suis arrivé en retard, à 8 h 30, au sous-sol. Le building avait 6 niveaux de sous-sol : B1, B2, B3… jusqu’à B6. Six sous-niveaux. Au niveau B1 il y avait les entreprises qui sous-traitaient la maintenance du World Trade Center, la mienne s’appelait ABM (American Building Maintenance). Cette entreprise s’occupait de la structure : la peinture, la mécanique, etc. Notre bureau était au niveau B1. Je parlais avec mon chef, à 8 h 46, on discutait, quand soudain on a entendu PAN !
Un très gros BOUM !
Une explosion si forte qu’elle nous a soulevés. Soulevés ! 20 ans dans le building, souvenez-vous.
Et ça venait du sous-sol, entre les niveaux B2 et B3. A ce moment j’ai pensé que c’était la salle des machines, où se trouvent les pompes et les générateurs pour le building, que peut-être un générateur venait d’exploser au sous-sol. Après 20 ans dans le building, vous faites la différence entre ce qui vient d’en bas… et ce qui vient d’en haut !
Tout le monde s’est mis à crier. L’explosion a été si forte que les murs se sont craquelés, le plafond est tombé sur nous, le système anti-incendie s’est déclenché, et alors que j’allais dire que c’était un générateur, on a entendu BOUM !
Tout là-haut, l’impact de l’avion là-haut. Deux événements différents, deux moments différents. Plus tard j’ai pensé : "Ils n’ont pas bien synchronisé tout ça". L’explosion devait sans doute affaiblir la base du building, et être synchronisée avec l’impact sur le sommet, et le building devait s’effondrer tout de suite. Mais ça n’a pas marché.
Quand c’est arrivé, il y a eu des cris, quelqu’un s’est précipité dans le bureau en criant : "Une explosion, une explosion !" Il avait les bras tendus, et la peau lui pendait aux aisselles, le long de ses bras jusqu’au bout de ses doigts. La peau pendait de ses mains. Je croyais que c’était un morceau du tissu. Et puis j’ai réalisé que c’était sa peau, et j’ai dit "Que s’est-il passé ?"
J’ai regardé son visage, la peau était en lambeaux. Il s’appelle Felipe David, il est du Honduras.
Je ne le connaissais pas. Il travaillait pour Alamark, la société qui s’occupait des distributeurs de friandises, tout ça. Il était au niveau B2 quand l’explosion s’est produite et il s’est protégé le visage avec ses bras. C’est comme ça qu’il a été brûlé. Voici Felipe David.
Vous voyez, toute la peau pendait… Pareil de l’autre côté.
J’ai dit : "ne bougez pas !" et je suis allé appeler l’unité de secours, qui se trouvait dans le second building, la Tour Sud. Les Tours 1 et 2 étaient connectées par le sous-sol. J’allais décrocher le téléphone quand j’ai entendu une autre explosion. Elle était si puissante, le building a oscillé si fortement, que les murs se sont encore craquelés. Et les gens croyaient que c’était un tremblement de terre, et ils se sont massés sous les portes. J’ai dit : "Non, je pense que c’est une bombe !"
Parce que j’ai survécu à l’attentat de 1993. Je suis resté coincé dans un ascenseur pendant quatre heures, en 1993. Ils ont dû démolir un mur pour nous sortir de là. Alors forcément j’ai pensé à une bombe ! J’ai dit "Nous devons sortir d’ici !" J’ai guidé ces 15 personnes hors du bureau, par le quai de chargement, vers l’extérieur du building, avec Felipe David sur mon dos. J’ai arrêté une ambulance, on a mis Felipe David dedans. Il est tombé dans le coma. C’est là que j’ai entendu : "Un avion a percuté le building !" Il y avait un garde de la sécurité, et sa radio répétait : un avion a percuté le building ! J’étais à la base de la Tour, quand vous étiez à la base de la Tour vous ne pouviez voir le sommet. J’ai vu le trou, l’incendie, la fumée, mais je ne pouvais pas voir l’antenne au sommet du building.
Et c’est là que j’ai pensé aux employés de "Windows on the World", le restaurant au sommet de la Tour, au 106e étage. Je prenais mon petit déjeuner avec eux tous les matins. Je commençais à nettoyer les escaliers depuis le haut. J’allais dans la cuisine des employés et discutais très souvent avec eux. Je connaissais chacune des 76 personnes qui sont mortes là-haut. Quand j’ai vu ça, j’ai crié : nous devons y retourner !" Personne ne voulait y retourner. Mon chef m’a dit : "Non, Rodriguez, tu restes ici !" Un type qui faisait 3 fois ma taille, un haltérophile. Il a dit : "Reste ici !" J’ai dit : "Non ! Nous devons y retourner, nous devons aider ces gens !" Il a dit "Non, non, tu restes ici !"
J’ai pris la radio du garde et j’ai couru dans le building, par le sous-sol, vers la Tour Nord ! Il y avait de l’eau partout, à cause du système anti-incendie. Pourquoi le système anti-incendie s’est-il déclenché au sous-sol, alors que l’avion a frappé là-haut ? Cela n’a pas de sens ! De l’eau partout. J’ai couru vers la Tour Sud, où il y a le Centre de Contrôle Opérationnel, qui a été créé après 1993.
Ils ont dépensé 155 millions de dollars pour améliorer le building, après l’attentat et mettre en place un système de sécurité complet, dont le Centre de Contrôle. Eh bien, quand je suis allé frapper à la vitre il n’y avait personne ! Il n’y avait personne !
Au Centre de Contrôle, où ils ont les caméras, les enregistrements. J’ai trouvé un gars qui s’appelait Jimmy Barrett. Il était dans l’autre Tour, il ne savait pas ce qui se passait. Je lui ai crié : "Vous devez sortir, vous devez sortir !" Cela vous donne une idée, il était au sous-sol de la Tour Sud…combien de personnes sont mortes sans savoir ce qui était arrivé ?
Au sous-sol. Il arrivait du sous-sol. Puis j’ai trouvé une femme qui travaillait pour l’hôtel Marriott, à un podium comme celui-ci, à l’entrée des employés du Marriott.
Elle avait tout entendu. J’ai dit : "Qu’est-ce que vous faites là ? Sortez !" Vous savez ce qu’elle a dit ? Je ne peux pas. Je suis nouvelle, je ne veux pas me faire virer ! Voyez leur ignorance.
Elle ne savait pas. Alors, je l’ai fichue dehors. J’ai couru vers l’autre Tour, la Tour Nord à nouveau. Il y avait de l’eau partout. J’ai trouvé un gars qui travaillait pour la société de recyclage. Il disait : "J’entends des cris !" Le WTC comptait 150 ascenseurs. J’ai collé l’oreille à l’un des ascenseurs et j’ai entendu deux personnes coincées dans l’ascenseur qui criaient : "On va se noyer !" Cela n’avait pas de sens.
J’essayais de comprendre ce qui se passait. Et toute cette eau du système anti-incendie se déversait dans la cage d’ascenseur, et ils étaient coincés dans l’ascenseur entre les niveaux B2 et B3. Et ils avaient de l’eau jusque-là.
A cet instant…Je n’ai jamais été croyant. J’étais agnostique. Je ne croyais en rien du tout.
A cet instant j’ai dit : "Dieu, viens-moi en aide !" J’ai cherché et j’ai trouvé un tuyau en métal, dans un endroit supposé débarrassé des débris de construction. J’ai pris le tuyau, je l’ai placé contre la porte de l’ascenseur, et avec Barrett nous avons ouvert les portes. Les portes s’ouvraient de cette façon, car c’était un monte-charge. Quand la porte inférieure est tombée, toute l’eau de notre côté s’est engouffrée de plus belle.
Et les cris ont redoublé. J’ai regardé en bas, c’était trop profond. Et j’ai dit encore : "Dieu, viens-moi en aide !" Puis je me suis souvenu d’un endroit où les électriciens avaient des échelles dont ils se servaient pour changer les ampoules, faire le câblage. Ils les attachaient avec des chaînes pour ne pas qu’on leur vole.
Et j’ai dit : "Faites que j’en trouve une, juste une !" (…) La seule qui n’était pas attachée était la plus longue ! Un vrai miracle. Elle était là pour ça. J’ai pris l’échelle, je suis retourné vers la cage d’ascenseur. Je suis descendu, j’ai ouvert la grille, et j’ai fait sortir ces deux personnes. L’une d’elles, Salvatore Giambanco, un peintre, que je ne connaissais pas non plus m’a dit qu’il y avait eu une énorme explosion au sous-sol, qu’ils avaient essayé de se protéger de l’incendie en entrant dans l’ascenseur, que les portes s’étaient refermées, que l’ascenseur avait commencé à descendre, et qu’il s’était bloqué. Ce sont ses propres mots.
Je les ai aidés à sortir du building, à monter dans une ambulance, et je suis retourné dans le building. J’ai entendu : "N’y retourne pas, tu es fou !" J’ai dit : "No entiendo, no entiendo !" Mais je priais en anglais ! Et j’ai dit : "Adios mio !" Je suis retourné au sous-sol et j’ai trouvé une personne, l’officier de police David Lim. Il était responsable de l’Unité canine, et responsable des secours pour l’Autorité du Port. Il a dit : "Willy, est-ce que tu as la clé ?" J’ai dit : "Oui !" Il demandait si j’avais le pass. Il y avait seulement cinq pass pour tout le complexe. L’Autorité du Port avait les quatre autres. Ils étaient entraînés au secourisme, aux premiers soins, au sauvetage. Ils ont été les premiers à s’échapper ! Voici le pass (…). On l’appelle la Clé de l’Espoir, car elle en a donné à beaucoup de gens. J’ai dit : "On y va !" Nous sommes montés vers le hall. Quand nous sommes arrivés dans le hall, les pompiers étaient là. Ils attendaient avec ce qu’ils appellent la clé d’accès incendie. Elle leur permet de forcer n’importe quel ascenseur. J’ai dit : "Inutile d’attendre, il n’y a plus d’ascenseur. Suivez-moi !" Nous sommes montés par les escaliers. C’était très difficile pour ces pauvres pompiers à cause de tout l’équipement qu’ils avaient sur le dos, entre 30 et 50 kilos d’équipement sur le dos ! En montant, on se heurtait aux gens qui descendaient. Parce que les escaliers n’étaient pas assez larges ! Regardez…Je pensais qu’on voyait les escaliers ici. Pas grave. Je trouverai la photo plus tard.
Donc on a commencé à monter, et on a entendu de petites explosions. Pan ! Pan ! De différents endroits.
J’ai demandé aux pompiers : "C’est quoi ça ?" Et l’un d’eux m’a dit : je pense que ce sont les bonbonnes de gaz des cuisines . Mais ça n’avait pas de sens, parce que c’était un building de classe A : toutes les cuisines étaient électriques. Toutes les cuisines étaient électriques !
Donc ça n’avait pas de sens.
D’où venaient ces explosions ? Bien, pourquoi ce pass était-il si important ? Parce que dans les buildings de classe A, à New York, la norme est la suivante : dans chaque escalier, 3 portes sur 4 sont verrouillées. Nous devions donc ouvrir toutes ces portes verrouillées. En 1993, les pompiers avaient perdu beaucoup de temps à enfoncer les portes pour parvenir aux étages. C’est pourquoi le pass était si important. Il permettait d’accéder au complexe entier. Et j’avais ce pass parce qu’en 1996, j’étais tombé dans les escaliers, et je n’avais pas pu être secouru avant trois ou quatre heures. J’avais donc fait une réclamation auprès de l’Autorité du Port, et j’avais réclamé ce pass, et l’avais obtenu. Je suppose que ça m’a donné l’expérience de réclamer et de faire tout ça… tout ce que j’ai fait après.
Comme nous montions, il y a quelque chose dont on ne parle pas, et qui me brise le coeur. Ce sont les cris, que j’ai entendus, des gens coincés dans les ascenseurs. Et qu’on ne pouvait pas aider. Vous me demandez quel est mon pire cauchemar. Il y en a deux, et celui-ci est le plus fréquent. Chaque fois que je prends l’ascenseur, j’ai les cris de ces gens dans ma tête. Et ça vous brise le coeur. Vraiment. Ces gens n’avaient aucune chance.
Comme je montais, quelqu’un m’a dit : Il y a une personne en fauteuil roulant au 27e étage !
J’ai redescendu deux étages pour dire aux pompiers qu’il y avait quelqu’un en fauteuil roulant qui avait besoin d’aide. Je ne portais pas d’équipement sur mon dos, ni de combinaison, ni rien de tout ça ! Et je grimpais les escaliers tous les jours, j’étais donc en meilleure condition physique que les pompiers !
Parce que c’était ma routine, c’était mon travail ! Un pompier m’a expliqué qu’ils évacuaient les handicapés en dernier, car cela ralentissait le sauvetage du plus grand nombre. Quand nous sommes arrivés au 27e étage, les pompiers se sont effondrés, les uns après les autres. Ils ne pouvaient plus monter. Il leur était physiquement impossible de continuer. Ils ont jeté leur équipement, leur veste. Ils se sont jetés eux-mêmes sur le sol. J’ai été très choqué en voyant ça, je me suis dit : Il va falloir que j’y aille tout seul maintenant ! David Lim a dit : "Où est-ce qu’on peut trouver de l’eau ?" J’ai dit : "De l’autre côté, il y a un distributeur". Il a cassé le distributeur, on a pris des bouteilles d’eau, on les a mis dans des corbeilles à papier, on les a apportées aux pompiers…
J’ai appelé ma mère depuis un bureau. Ma mère était à Porto-Rico, et je voulais lui dire, au cas où elle entendrait les nouvelles, que j’allais bien. Elle a dit : "Mais qu’est-ce que tu fais là ?" Le monde entier savait, sauf nous, ce qui s’était passé ! Elle a dit : "Sors de là tout de suite !" Mais j’ai dit : "Je ne peux pas ! J’aide ces gens, ils ne connaissent pas le building. Mais ne t’inquiète pas !" Je lui ai dit : "Je vais à un autre endroit, mais pas là où il y a l’incendie". Mais mon intention était de monter à "Windows on the World", pour aider mes amis. C’était ce qui me motivait, et me donnait la force de monter. Parce que je connaissais les gens qui étaient coincés là-haut.
J’ai raccroché et j’ai eu un appel radio de mon chef :
Rodriguez, quitte le building tout de suite ! J’ai dit : "Je ne peux pas. J’aide les pompiers !" Il a dit : "Ce n’est pas ton boulot, sors de là !" J’ai coupé la radio et j’ai continué à monter, tout seul, à ouvrir les portes, à laisser sortir les gens jusqu’à ce que j’arrive au 33e étage.
À cet étage j’avais une armoire, tous les 16 étages j’avais une armoire avec des fournitures dedans. J’y suis allé prendre des masques contre la poussière pour les donner aux gens qui sortaient à cause de la fumée dans l’escalier. C’était une fumée âcre, qui vous prenait à la gorge.
J’en ai parlé au Pr. Jones, et à des experts, qui m’ont dit que ça ressemblait à du nitrate d’ammonium.
Moi je ne suis pas expert de ces choses-là.
En allant chercher ces masques, j’ai trouvé une femme assise sur le sol, tremblante, pieds nus, en position foetale. J’ai dit : "Qu’est-ce que vous faites ici ? Sortez !" Elle a dit : "Je ne sais pas quoi faire, ni où aller !" Elle était nouvelle, et ne savait pas où aller. Imaginez, le WTC organisait des exercices deux fois par an. Deux fois par an ! Avec une population de 50 000 employés ! Il aurait dû être obligatoire que tous ceux qui travaillaient là sachent où se trouvaient les issues de secours ! C’est une des lois que j’essaie de faire voter, que dans chaque building d’une certaine hauteur, il y ait des exercices obligatoires. Le mouvement de population est si important dans un tel complexe, que c’est un problème constant. Cette femme ne savait pas quoi faire. Je l’ai relevée, guidée vers l’escalier. J’ai dit aux gens qui descendaient : "Occupez-vous d’elle, s’il vous plaît". En retournant dans le couloir, j’ai entendu la chose la plus étrange. A l’étage au-dessus, le 34e, j’ai entendu qu’on déplaçait du matériel très lourd. Comme ces bennes en acier quand elles raclent le sol. Ça faisait ce bruit-là.
J’ai eu peur pour la première fois depuis le début de ces événements. Car cet étage était vide, j’étais certain qu’il était vide. Il n’y avait pas de murs, pas de plafonds, pas de câbles… Il n’y avait rien. Cet étage avait été complètement vidé plus de huit mois auparavant. Donc il ne devait y avoir personne là-dedans !
Et d’entendre ces bruits m’a vraiment effrayé. Au point que j’ai évité cet étage. C’est le seul étage dont je n’ai pas ouvert la porte. J’ai continué à monter, jusqu’au 39e étage, par l’escalier opposé (il y avait 3 escaliers : A, B et C). David Lim m’a rejoint avec deux pompiers. On discutait sur ce que nous allions faire quand on a entendu BOUM ! L’impact sur l’autre tour.
Ce fut si violent, et notre building a oscillé si fortement que nous avons failli perdre pied.
Et aussitôt après, nous avons entendu : BOUM BOUM BOUM BOUM BOUM !
Et la radio disait : "Nous avons perdu le 65 !" Ça voulait dire que le 65e étage venait de s’effondrer,
ainsi que les suivants, jusqu’au 44e étage. Le hall intermédiaire. Cinq étages au-dessus. J’ai crié : "Nous devons monter !" David Lim a dit : "Rodriguez vous en avez fait assez, vous n’êtes pas payé pour ça !"
J’ai dit : "Quoi ? Je monte !"
Il a dit : "Non, vous restez ici ! Vous êtes un civil, sous ma responsabilité !"
J’ai dit : "Désolé. Je ne donne la clé à personne. Je monte !"
Il a dit : "Je préfère que vous m’aidiez à porter la personne en fauteuil roulant, au 27e étage".
J’ai dit : "David, je descends avec vous pour vous aider, mais je remonte aussitôt après !"
Je suis donc descendu au 27e étage. J’ai crié aux pompiers : J’ai l’ordre d’évacuer la personne en fauteuil roulant ! La personne était déjà sur une civière, attachée. J’ai empoigné la civière avec trois hommes et nous avons commencé à descendre. Tandis qu’on descendait, c’était comme dans "La Tour infernale ". Il y avait des débris enflammés qui tombaient du plafond, des murs. Et on entendait les néons des escaliers se briser, les uns après les autres, à cause de l’oscillation du building, à l’unisson : clash clash clash clash…
Et nous n’avions plus de visibilité pour descendre. L’éclairage de secours ne fonctionnait qu’à certains étages.
Et pour sortir du building, nous n’en avions pas. Bien qu’ils aient soutenu le contraire, lors du fameux procès contre Motorola, à cause des radios qui ne marchaient pas. Et nous sommes enfin parvenus au rez-de-chaussée. Et en arrivant dans le hall, qu’est-ce que je vois ? Les ascenseurs étaient ouverts comme ceci, de bas en haut. Les portes en aluminium. Indiquant que quelque chose de puissant s’était produit au sous-sol.
Pas besoin d’être un génie pour comprendre que quelque chose n’allait pas !
Un des pompiers m’a dit : "Allez chercher une ambulance !" L’autre Tour était tombée pendant que nous descendions. Je me souviens avoir dit à la personne sur la civière : ne vous inquiétez pas, après, on ira boire une bière ! Je ne bois pas. Mais je voulais l’encourager à tenir bon. Et j’essayais moi-même de digérer ce qui venait de se passer. Comme on me demandait d’aller chercher une ambulance, j’ai réalisé que toute la partie à ma gauche était détruite. Il y avait de la poussière partout, les caméras de sécurité pendaient par leurs fils.
Le magnifique marbre de l’entrée était complètement démoli. Réduit en miettes. Il ne restait plus que les plots de ciment à l’endroit où il y avait le marbre. Je suis sorti du building, sur West Side Highway, l’entrée principale. Là, j’ai vu que toutes les vitres étaient brisées en morceaux, il n’y avait plus une seule vitre intacte. Plus de portes coulissantes non plus. J’étais face à l’entrée et j’ai entendu : "Ne regardez pas derrière vous !"
La police avait bouclé le secteur, jusqu’au Financial Center, un bloc et demi plus loin. Ils me disaient de ne pas regarder derrière moi. Que faites-vous quand on vous demande ça ? Je me suis retourné et j’ai regardé ! Et (…) j’ai vu les corps des gens qui avaient sauté du building. J’ai vu comment ils s’étaient écrasés sur le sol, à cause de l’impact. Et la femme du 33e étage que j’avais aidée…je l’ai trouvée coupée en deux, à cause du verre qui était tombé du sommet, et l’avait coupée en deux, comme une guillotine.
Et j’ai dit : "Mon Dieu, mais que se passe-t-il ?" Et j’ai entendu "Courez ! Courez !" J’ai regardé à gauche,
et j’ai vu que l’hôtel Marriot avait pratiquement disparu ! Il y avait des corps partout. J’ai dit : "Mon Dieu, aidez-moi !" Et j’ai vu ce camion de pompiers devant le building, je me suis glissé dessous, et aussitôt le building a commencé à s’effondrer.
Et on a entendu BOUM BOUM BOUM ! Et le camion s’est enfoncé.
À ce moment-là, tout ce que je me suis dit, c’est : ne laissez pas ma mère voir mon corps en morceaux ! Faites qu’elle reconnaisse mon corps… s’il vous plaît !" Je ne voulais pas que ma mère voie ce que j’avais vu.
Il y a eu un silence, et ce nuage de poussière est arrivé. Et alors je me suis dit que je n’allais pas mourir écrasé, mais que j’allais être asphyxié ! Parce que vous ne pouviez plus respirer. Vous sentiez vos poumons se dilater, se contracter.
Je me suis dit que ça allait être une mort lente. Et je ne pensais qu’à cette pauvre femme, coupée en deux. La chose la plus effroyable que je n’aie jamais vue. Et à ce moment je me suis dit : "Je vais mourir, ça y est !" Beaucoup d’entre vous savent que j’ai été magicien pendant 30 ans. J’ai pratiqué les tours d’évasion, avec la camisole, tout ça. Et une des choses que l’on apprend, c’est de tenir longtemps ! C’est exactement ce que j’ai fait : j’ai essayé de contrôler ma respiration, ma concentration… et de rester calme. Mais je m’attendais à mourir.
Par chance, CNN et Globalvision du Brésil étaient de l’autre côté de la rue, et ils filmaient la scène. Cet homme est le dernier à être sorti ! C’est comme ça qu’ils m’ont secouru. J’ai été retiré des décombres. Ils m’ont pris pour un pompier parce que j’avais une veste avec "Safety 11" écrit dessus, qui ressemblait à une tenue de pompier.
Je suis resté dans le périmètre, j’ai continué à rechercher des gens. Je me souviens être retourné au camion, voire s’il n’y avait personne d’autre. J’ai été retiré du camion juste à temps, car les pneus ont explosé quand ils l’ont tiré. J’ai donc été sauvé juste à temps ! Je suis allé vers le pont qui reliait la Tour Nord et le World Financial Center, et qui s’est effondré sur les camions de pompiers. Là, j’ai vu une paire de bottes, je les ai tirées…et je suis resté avec les bottes dans les mains.À l’intérieur il y avait les jambes d’un pompier.
J’ai hurlé, et les pompiers sont venus secourir…le corps, car c’était tout ce qu’il restait.
Je suis resté des heures sur les lieux, ne sortant que pour aller chercher de l’eau. Et c’est là que les journalistes me sont tombés dessus et ont fait ces reportages qui ont été diffusés dans le monde entier. Ils m’ont interviewé, et j’ai parlé des explosions que j’avais entendues de la personne en fauteuil roulant… Toute l’histoire. Les jours suivants je n’ai pas dormi. On m’appelait du monde entier. En permanence ! Car la femme de Globalvision, du Brésil, avait envoyé son article avec mon numéro de téléphone dedans ! On m’appelait de Montevideo, d’Argentine, du Koweït. Du monde entier ! Je me disais : "Qui est-ce qui va payer la note ?" Par la suite les familles et moi nous nous sommes organisés, j’ai créé l’Association des Victimes Hispaniques, car les hispaniques ne bénéficiaient pas des fonds de compensation de façon équitable.
Je me suis donc rendu au Congrès avec un groupe de familles, pour demander qu’une Commission soit créée pour enquêter sur le 11/9. Souvenez-vous, le Président disait : nous n’avons pas besoin d’une enquête ! Nous connaissons les coupables ! Mais ce n’était pas la chose à dire aux familles, car nous avons poussé très fort, et nous l’avons eu ! Nous voulions qu’un membre des familles fasse partie de la Commission. Mais cela nous a été refusé. Nous n’avons jamais eu ce droit. Nous avons donc créé le Comité de Campagne des Familles.
Nous avons posé 167 questions à la Commission.
27 d’entre elles ont reçu une réponse. Que sont devenues les autres ? J’ai été l’une des dernières personnes à témoigner. Mais j’ai dû témoigner à huis clos. Tout le monde a témoigné devant les caméras de télévision !
Vous vous souvenez de ces auditions. J’ai témoigné. Et jusque-là je pensais qu’ils allaient faire ce qu’il fallait. Jusqu’au rapport final. Quand le rapport final est arrivé…Quelle surprise !
Mon témoignage n’y était pas, même s’ils m’ont bien dorloté.
22 personnes étaient prêtes à témoigner : des pompiers, des victimes, des survivants…Ces personnes partageaient mon expérience. Elles n’ont jamais été appelées.
Ceci est un… [témoignage]
Nous faisions du nettoyage au sous-sol de la Tour Nord du WTC. Nous avons entendu comme une bombe…
et les lumières se sont éteintes. Aux issues de secours, il y a eu cette boule de feu qui est descendue et nous a projetés au sol. L’air chaud nous a frappés, et la pièce était pleine de fumée. À ce moment, je croyais que c’était une bombe. J’ai dit "Chino, sortons d’ici !" Il a dit qu’il ne pouvait pas marcher, qu’il était blessé.
Et puis il y a eu une explosion, de l’air chaud… et j’ai été brûlé à la tête. C’était José Sanchez.
Il était prêt à témoigner. Il était au sous-sol. Il n’a jamais été appelé. Chino, ou quel que soit son nom, n’a jamais été appelé non plus. Felipe David a survécu. Il est resté 13 semaines dans le coma. Il a été interviewé à la télé nationale, et son histoire a fait le tour du monde… mais en espagnol !
En espagnol, notre histoire est parfaite. En anglais, elle a toujours été coupée !
Salvatore Giambanco a survécu. Son histoire n’a jamais été racontée, bien qu’il ait été interviewé par une télé nationale.
David Lim…Voilà pourquoi nous faisons cela. Nous devons la vérité aux victimes, aux survivants, à ceux dont le 11/9 a bouleversé la vie. Je fais cela parce que j’ai perdu 200 amis le 11/9.
200 personnes qui n’ont pas la possibilité de réclamer la vérité. Ils ne peuvent se faire entendre. Et moi je suis vivant grâce à un miracle. On m’a envoyé au Governing Institute, pour y apprendre à occuper des fonctions politiques. Quand j’ai commencé à poser des questions, ils ont tous regardé ailleurs ! Ils voulaient que je joue leur jeu.La motivation, la disponibilité, l’enthousiasme.
La seule chose qui m’intéresse, c’est la vérité.
On m’a tout offert, comme ils disent. J’avais un show télévisé sur PBS, à New York. Ils m’ont proposé des livres, des films. J’ai dit "Laissez tomber !" Je ne veux pas d’argent. J’étais SDF, et j’ai levé pour 122 millions de dollars de fonds ! Ne me croyez pas sur parole, allez sur internet, faites vos propres recherches. Vous verrez par vous-mêmes. J’ai lancé des appels sur le service public, pour lever des fonds pour la communauté. Je n’ai jamais reçu un centime. Je me suis retrouvé à vivre sous un pont. Ne vous laissez pas abuser par l’image. C’est le costume que je portais hier ! La seule chose qui a changé, c’est la cravate ! Je fais ceci grâce à des donations. Je parcours le monde. Nous avons besoin de connaître la vérité.
Osez poser les vraies questions, pour provoquer un changement. Nous avons besoin d’activisme, d’engagement. Nous avons besoin que VOUS demandiez des comptes à ceux qui sont au pouvoir ! Ils ont des objectifs. Ils ont utilisé notre tragédie pour mener leur "guerre mondiale contre le terrorisme" qui n’est qu’une tromperie. Le monde entier en sait plus que nous sur le 11/9 ! S’il vous plaît, étudiez les faits. Et que Dieu vous bénisse.