Des archéologues ont découvert, sur le site de l'ancienne cité grecque d'Argilos, les restes d'un bâtiment rassemblant plusieurs artisans et vendeurs, vieux de 2.700 ans. Une trouvaille pour le moins exceptionnel.
Une prouesse pour le monde de l'archéologie. Des scientifiques viennent de retrouver, en Grèce, les restes de ce qui ressemblerait de nos jours à un centre commercial. Particulièrement bien conservé, le bâtiment a été découvert au nord du pays sur le site de l'ancienne cité d'Argilos et aurait été bâti là il y a plus de 2.700 ans.
L'architecture particulière du lieu a été dévoilée en juin dernier. Selon les premières analyses, les chercheurs ont déjà réussi à identifier plusieurs magasins individuels : une boulangerie, un vendeur d'huile d'olive et probablement un stand qui vendait du maquillage et des remèdes.
Typiquement grec Dans la Grèce Antique, le portique, espace public ouvert, prenait la forme d'une structure longue abritant plusieurs échoppes et séparant les squares publics de la ville. Les portiques étaient assez classiques durant la période hellénique, entre le IIIème et le Ier siècle avant Jésus-Christ. Les archéologues ont d'ailleurs retrouvé les vestiges de plusieurs exemples. En revanche, trouver des restes de portiques datant des siècles précédents est extrêmement rare.
Par conséquent, le portique d'Argilos est le plus vieux jamais retrouvé en Grèce et, surtout, il est totalement unique. "Nous n'avions jamais imaginé que des restes aussi historiques étaient enfouis ici. C'est très excitant et nous allons encore découvrir plein de choses", explique Jacques Perreault, professeur au Centre des Études Classiques de l'Université de Montréal, repris par MailOnline. Les restes du portique ont été découverts dans le quartier commercial de la ville, situé, à l'époque, à moins de 50 m du port.
Long d'au moins 40 mètres, l'espace est composé de sept pièces, dont cinq ont été retrouvées. Chacune d'entre elle mesurait environ 5 mètres de large sur 7,5 mètres de long et étaient entourée d'un mur de 2,5 mètres de haut. "Chaque pièce était un magasin et ils étaient collés les uns aux autres, pratiquement comme dans nos centres commerciaux actuels", détaille le professeur Perreault.
Une architecture peu uniforme Pour le moment, les salles exposées constituent uniquement l'aile ouest du bâtiment. Les archéologues doivent encore explorer l'autre partie de la structure. "Nous espérons arriver jusqu'à l'aile est d'ici l'année prochaine. Nous devrions découvrir d'autres échoppes pour nous éclairer sur la vie quotidienne de cette cité prospère", s'enthousiasme le professeur Perreault. Et, c'est là que réside la particularité de ce portique : il n'est pas architecturalement uniforme. Mais, puisque Argilos était une ville très prospère, les experts ont toujours estimé que le portique avait été commandé et construit par la ville.
Or, si cela avait été le cas, l'architecture aurait été uniforme car supervisée par un architecte. Les pierres auraient été de la même taille et les pièces identiques. Mais ce n'est pas le cas ici, c'est même le contraire. Les techniques de construction et les pierres utilisées sont différentes, suggérant que plusieurs maçons ont travaillé sur les pièces. "Cela indique que les propriétaires des magasins étaient sûrement responsables de la construction des salles. Le portique était probablement une initiative privée plutôt qu'une demande de la ville", ajoute le scientifique, spécialiste de la Grèce Antique entre le 7ème et le 6ème siècle.
Argilos, la prospèreArgilos est la première colonie grecque établie sur les rives du Strymon. À son apogée, vers le 5ème siècle avant notre ère, Argilos était alors l'une des cités les plus riches de la région.
La raison ? L'embouchure du Strymon, située à moins de trois kilomètres de la cité possédait de nombreuses mines d'or et d'argent. Avec ses ports et les mines proches, Argilos était alors un point stratégique pour le commerce des métaux précieux. Néanmoins, dès le milieu du 5ème siècle avant notre ère, la cité a rapidement décliné lorsque les Athéniens ont érigé la cité d'Amphipolis, juste à l'embouchure du Strymon.
En 357 avant J.-C., le roi Philip II conquiert la région et déporte les habitants d'Argilos vers Amphipolis, capitale de la Macédoine. Désertée, la cité d'Argiles s'est alors retrouvée comme pétrifiée dans le temps, ce qui explique le conservation exceptionnelle des bâtiments. Depuis 1992, le professeur Perreault, aidé par le docteur Zisis Bonias, archéologue grec, se sont chargés du site d'Argilos, pour en découvrir les secrets.
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