Sans prétention aucune, je me propose d’exposer un certains nombre de points-repères, et de définir avec vous des pistes de réflexion quant à notre rapport à l’information et la façon dont nous la recevons.
Les Français iraient chercher l’information sur les sites des grands médias classiques à 70 / 75% et seraient 20% à penser que la télévision offre une information stable. Mais seulement 10% se réfèrent à une information alternative.
La télévision demeure pourtant le principal média d’information. La « grand messe » du 20 heures arrivant largement en tête (64%). En fonction du degré d’études effectuées, ce pourcentage varie. Principale source d’information pour les Français n’ayant pas ou peu de diplômes (cap, bep) contre 17 % pour ceux ayant un diplôme de 2ème ou 3ème cycle universitaire.
Ces chiffres n’ont qu’une valeur indicative bien sûr. TF1, chaîne du groupe Bouygues arrive en tête, suivie par France2 et France3. Entre 1974 et 2010, la part réservée à la politique nationale, internationale et économique est passée de 45% à 22%. Dans le même temps, les faits divers ont fait un bond en avant de 40%. Cette évolution répondrait, aux dires des spécialistes de l’information, à une adaptation des rédactions à la demande des téléspectateurs. Explication un peu facile s’il en est, car aucune étude sérieuse n’a été réalisée sur le sujet. On en revient à l’histoire de la poule et de l’œuf. Je n’envisagerai donc pas ici le problème dans sa globalité, mais me cantonnerai à la façon dont l’international est traité par les médias et plus particulièrement, par la télévision.
Mon exposé sera divisé en trois parties. J’aborderai tout d’abord la part réservée à la politique internationale dans les journaux télévisés. Puis dans un deuxième temps, les sujets privilégiés par les rédactions et ceux qui ne sont traités que minoritairement et enfin nous réfléchirons sur l’angle d’approche généralement retenu pour évoquer certains sujets.
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Il s’agit pour nous de réfléchir à l’image qui nous est transmise de l’étranger par l’information télévisuelle et de se poser la question de son degré d’objectivité et de son orientation.
Avant toute chose, je tiens à apporter quelques précisions préalables de manière à ce que mon propos soit parfaitement compris de vous. Mon approche est avant tout celle d’un historien, certes très modeste, face à des événements qui feront demain ou qui font déjà, pour partie, l’Histoire. La démarche de l’historien est d’utiliser les données mises à sa disposition et de les analyser avec le plus d’objectivité possible. Il va de soi que ni vous ni moi ne sommes totalement neutres eu égard à notre éducation, au conditionnement et au formatage dont nous avons été l’objet, le plus souvent malgré nous. Mais j’essaye le plus honnêtement possible d’aborder ce sujet avec impartialité, sachant que nos perceptions sont déjà pleines d’a priori (exemple de la Guerre froide).
Cela étant dit, je tiens à préciser un dernier point. Le langage étant souvent source de malentendus, il faut définir les codes dès le départ. Quand j’évoquerai un Etat, il va de soi que je distingue les autorités politiques ou économiques des peuples eux-mêmes. Ces derniers n’étant qu’assez rarement concertés, y compris dans nos pays dits démocratiques. Aussi ferai-je l’effort d’utiliser les termes les plus appropriés, au moins aussi souvent que possible. Mais nul n’est parfait…
Ces précisions étant apportées, nous allons pouvoir commencer.
I ) L’International dans les journaux télévisés français
La part de l’international dans les journaux du 20 h de TF1 et France2 a considérablement diminué entre 1985 et aujourd’hui, passant de 23% à 8%, sauf pour des raisons conjoncturelles. TF1, première chaîne européenne a fermé la plupart de ses bureaux à l’étranger, à l’exception de Washington, Moscou, Jérusalem, Londres et Rome (aucun bureau dans les pays du Sud). France 2, pour des raisons d’audimat a suivi TF1 sur cette voie. Le résultat étant que le traitement de l’étranger a été ramené à sa plus simple expression. Parler de la fête de la bière à Munich rapporterait plus d’audience que de parler des choix politiques en matière économique du Gvt d’Angela Merkel. Arte dans son édition du soir évoque proportionnellement beaucoup plus l’international.
Le postulat de départ des rédactions étant que les téléspectateurs français vont déserter la chaîne si on leur offre des analyses politiques plus fouillées, car trop ardues à décrypter : le diktat de l’audimat est à l’oeuvre. Donc, il faut se mettre à la portée de ces Français moyens, plus sensibles au mariage d’une princesse du Gotha qu’aux mesures de la Commission européenne qui pourtant, auront un impact beaucoup plus important sur leur quotidien. D’autre part, toutes les régions de la planète ne sont pas traitées sur le même pied. Les grandes puissances se taillent la part du gâteau : Etats-Unis, Chine, Allemagne reviennent le plus souvent. Paradoxalement, l’Union européenne n’est pas souvent évoquée dans le cadre des décisions prises par cette dernière et engageant la France. Rares sont les personnalités de l’UE invitées sur les plateaux. On verra plus souvent des vedettes du Show-biz que M. Barroso ou M. Van Rompuy. Certaines parties du globe ne sont que très rarement évoquées, sauf cas particulier. Les pays du Sud, l’Amérique latine notamment, ne sont pas souvent l’objet de reportages intéressants. Juste quelques secondes pour annoncer une élection présidentielle tous les 4 ou 5 ans.. et encore. L’Afrique, rarement aussi, mais là, les liens historiques font que l’on ne peut pas totalement l’occulter. Il en est de même pour l’Asie : seuls le Japon et la Chine ont le privilège d’être évoqués, mais le plus souvent sous l’angle économique. Alors me direz-vous, il se passe tellement de choses en France que l’on ne peut pas parler du monde entier en 35 mn ! Oui c’est vrai. Et puis il existe des chaînes d’information spécialisées ! Oui c’est vrai aussi. Mais le problème n’est pas tant celui là. Les chaînes spécialisées si on les analyse de près sont dans le même sillage, c'est-à-dire une information en boucle sur les mêmes sujets et avec une répartition du temps similaire aux chaînes hertziennes. Les sujets franco-français ne sont pas pour autant développés et le plus souvent, la France est davantage présente pour ses faits divers que pour sa politique intérieure ou économique, exception faite des querelles entre partis ou internes aux partis. Donc, le problème se situe ailleurs. Traiter de l’international, c’est aborder aussi la position de la France face à ces pays. Les rapports entretenus par la France avec le reste de la planète sont souvent tributaires des intérêts qu’ils représentent pour nous et du degré d’interdépendance entre eux et nous.
Nous le voyons bien, l’étranger n’est pas la cible privilégiée dans nos journaux télévisés. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il est anecdotique, mais….
II ) Les thèmes privilégiés.
En matière de politique étrangère, plusieurs thèmes ressortent. Les Etats-Unis occupent une place privilégiée, et ce, sous différentes approches. Ensuite vient le Moyen-Orient, dont on peut comprendre l’intérêt. Puis l’Afrique assez loin derrière et enfin la Chine depuis quelques années. Autrement dit, selon votre puissance ou les intérêts que vous représentez pour nous, vous serez traités ou pas.. Cette réalité peut être évoquée à partir de quelques exemples significatifs. Il faut tout d’abord préciser que tout le monde n’a pas la même valeur, et que la notion d’égalité contenue dans la Charte des Nations Unies de juin 1945 et dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 demeure très relative dans les faits. Force est de constater que selon votre degré de richesse, votre couleur de peau, votre religion vous n’avez pas le même poids à l’échelle planétaire. Il va de soi que les journaux télévisés étant soumis à la dure loi de l’audimat, ils relaieront plus facilement une information concernant un Etatsunien blanc et disposant d’un niveau de vie élevé que celle concernant un Soudanais noir et mourant de faim. Cette réalité fut particulièrement flagrante avec les attentats du 11/9. On nous a demandé de faire 3 minutes de silence pour les victimes des Twin towers. Pourquoi pas ? En général, on fait une minute de silence. En revanche, même pas 30’ de silence n’ont été demandées pour les dizaines de milliers de Rwandais massacrés en 1994. Cela signifierait-il que la durée du « silence » serait proportionnelle à la valeur intrinsèque que nous représentons ? De même quand on commémore le débarquement en Normandie, on fait état du sacrifice, au demeurant réel, de tous ces « boys » venus délivrer la France, ce qui est une lecture très partisane et partiellement erronée de l’Histoire, mais rarement on rend hommage aux millions de jeunes Soviétiques qui ont donné leur vie pour repousser les troupes de la Wehrmacht, et qui ont eu le tort de naître en terre communiste. Les Etatsuniens ont donc droit à un traitement de faveur. Ce sont toujours les riches, les puissants et les vainqueurs qui écrivent l’Histoire, ne l’oublions jamais. Toutes les souffrances n’ont pas le même poids. Nous sommes loin de la DUDH. Les EU peuvent faire ce qu’ils veulent, personne ne viendra leur demander des comptes. Les massacres de Cambodgiens et de Laotiens au milieu des années 70 ont été dénoncés parce que perpétrés par les communistes, alors que les massacres de Cambodgiens dus à l’opération « Phoenix » menée par la CIA quelques années plus tôt, sont plus rarement mis en avant. Mais les Etatsuniens ont aussi leur part de responsabilité dans ce génocide. Plus d’un million de jeunes soldats et surtout de civils vietnamiens, sont morts dans des conditions atroces pour ne pas dire inhumaines. Pourquoi n’a-t-on par requis le tribunal international de La Haye ? Nixon et Kyssinger n’auraient-ils pas mérité un procès ? Le chef d’accusation de « crimes contre l’humanité n’aurait-il pas dû être évoqué ? Mais c’est ça l’impunité du plus fort. La situation n’a guère changé aujourd’hui. Les Etats-Unis, soutenus par leurs alliés israéliens, britanniques et français, peuvent décider d’abattre un tyran sous des prétextes fallacieux et tous les médias officiels relaient cette « vérité » qui devient la thèse officielle. L’attaque de la Libye est un exemple patent de cette politique. Les journaux du 20h nous ont présentés une situation affreuse. Un monstre sanguinaire massacrant son propre peuple et la bénédiction de BHL faisant le reste. Mais que savons-nous exactement ? Que Kadhafi était un dictateur ? Oui mais ça durait depuis 40 ans et il avait eu les honneurs et les ors de la République 3 ans avant son assassinat. Qu’il était provocateur et mégalomane ? Oui ça aussi nous le savions. En revanche, à aucun moment on ne nous a parlé de la politique pratiquée par Kadhafi. Les Libyens étaient le peuple possédant le niveau de vie le plus élevé de toute l’Afrique (supérieur à celui des Russes), que les soins, l’éducation, le gaz, l’essence étaient gratuits ou très peu chers. Bien sûr ça ne fait pas tout et les libertés individuelles n’étaient pas vraiment respectées. Mais sommes-nous sûrs que les Libyens continueront d’avoir ces avantages maintenant que les multinationales vont venir s’installer en Libye ? Qui profitera le plus de la mort de Kadhafi ? De tout cela, il n’a jamais été question dans les journaux télévisés : depuis la mort de Kadhafi, la Libye n’a quasiment plus été abordée aux journaux de 20 H et le Conseil National de Transition (CNT), adoubé promptement par les autorités occidentales reste une vague entité pour la grande majorité des Français. Quant aux raisons profondes de l’intervention de l’OTAN en Libye, on se gardera bien d’en parler : les peuples n’ont pas à connaître les coulisses de la politique car on ne sait jamais. Notre information est donc le plus souvent mensongère, tronquée et nous sommes victimes d’une manipulation éhontée à laquelle nous participons involontairement. Et aujourd’hui, c’est au tour de la Syrie de subir les foudres de Washington et de l’axe Paris-Londres-Tel Aviv. Le « nouveau monstre sanguinaire » c’est maintenant Bachar Al Assad. Le procédé est le même. Le média mensonge qui consiste à dissimuler la vérité et à présenter les choses à l’avantage des Occidentaux, en se gardant bien de faire un rappel historique pour comprendre les enjeux de la question syrienne. Ainsi infiltre t-on dans les esprits une haine de ces gens, ce qui, le cas échéant, facilitera l’appel au patriotisme le jour venu et donc à la guerre, au pire des cas. Ca rappelle étrangement les pratiques d’avant 1914 !!! Les Etats-Unis veulent conforter leur domination sur le monde et créer un grand Moyen Orient sur lequel ils auraient une mainmise totale grâce à leurs appuis saoudien, qatari, yéménite et bien sûr israélien, pièce maîtresse de la zone. Ils se sont donc débarrassés de S. Hussein, de Kadhafi, et leur but c’est maintenant l’Iran. En revanche, pas un mot des régimes réactionnaires et liberticides de nos amis le roi d’Arabie saoudite, l’Emir du Qatar et l’autorité yéménite. Si le plan réussit, les EU auront la main sur les 2/3 du pétrole mondial qui continuera d’être vendu en dollars, et pourront contrôler la route de l’Océan indien vers la Chine, principal rival avec la Russie (d’ailleurs qui s’opposent aux résolutions prises contre la Syrie ?). A méditer !! Toutes ces analyses sont-elles effectuées dans les journaux télévisés ? Non certainement pas. On préfère consacrer 60% du journal à des choses futiles qui n’auront aucun impact sur la formation démocratique des citoyens et pourraient susciter le débat, et présenter les peuples arabes comme des gens attardés et incapables de se moderniser à l’instar de l’Occident. Moins le peuple en sait, mieux c’est.
Quant à l’Afrique, elle est perçue de manière assez caricaturale. Elle est évoquée dans une vision globale, un peu comme si l’Afrique était un tout indifférencié. L’Afrique, ce sont les Noirs tous plus ou moins assimilés et des clichés qui n’ont rien à envier à ceux de la fin du XIX ème siècle. Bien sûr, il faut distinguer les pays francophones des pays anglophones. Ensuite il y a principalement deux angles d’approche dans les journaux télévisés.
Le premier qui présente l’Afrique comme le continent le plus pauvre, qui n’arrive pas à se développer et à s’intégrer à la mondialisation ambiante (alors qu’il est celui dont le sous-sol est le plus riche et alimente le moteur même de cette mondialisation). Un peu comme si l’ « Africain n’avait pas pris le train de l’Histoire » pour reprendre les propos scandaleux de notre président. La famine en Somalie l’an passé, était toujours évoquée dans son aspect factuel, jamais dans sa dimension causale et donc, géopolitique. Cette misère récurrente serait indissociable des pandémies dont l’Afrique serait victime, pour des raisons d’insalubrité ou de pratiques sexuelles à haut risque. Mais jamais on ne dit que les contraintes imposées par le FMI et la logique libérale (opposée à l’interventionnisme étatique) ont anéanti les progrès réalisés par certains pays d’Afrique.
Le second est la mauvaise gouvernance des dirigeants africains, le plus souvent présentés comme des dictateurs sanguinaires maltraitant leurs concitoyens, corrompus au dernier stade, possédant des comptes bancaires en Suisse et des châteaux en France. Ces dernières années, les élections présidentielles furent l’occasion de faire la démonstration de l’incompétence des dirigeants africains et de l’immaturité des peuples de l’Afrique, un peu comme si le bon sauvage de l’époque coloniale sommeillait encore en chacun d’eux…Mais ce que l’on ne dit pas, c’est que ces situations n’existent que parce qu’elles arrangent les pays riches et surtout les multinationales qui peuvent ainsi exploiter, voire piller l’Afrique en toute impunité. Il n’est que de voir le Nigeria et l’Angola, pays pétroliers dont le niveau de vie des populations est parmi les plus bas du continent. Mais de tout cela il n’est que rarement question dans les journaux télévisés et il ne faut pas trop compter sur l’enseignement pour compenser cette méconnaissance proverbiale. L’école de Jules Ferry n’aura été au final, qu’une large tribune de propagande pour la politique républicaine.
Voilà trop rapidement brossés les différents modes d’approche de ce qui se passe dans le monde. Je n’ai évidemment pas parlé des catastrophes naturelles qui en général nous rappellent violemment que nous ne sommes pas les seuls sur terre, et que certaines régions du monde connaissent des situations dramatiques sans commune mesure avec nos problèmes métaphysiques de grands privilégiés que nous sommes. Je ne dis évidemment pas cela pour que nous nous culpabilisions, mais seulement pour montrer l’abîme qui existe entre notre réalité au quotidien et celle d’autres populations bien moins favorisées matériellement, bien qu’elles aient connu la colonisation bienfaitrice et civilisatrice de l’Europe.
Enfin dans une dernière partie, je traiterai des émissions proposées sur les chaînes publiques en rapports avec l’information. TF1 et M6 s’étant spécialisées dans le divertissement de masse, je parlerai plus volontiers de France 2, 3, 5 et Arte.
III) Une autre vision de l’international ?
A côté des journaux télévisés, il existe plusieurs émissions à vocation journalistique et informative. En particulier sur les chaînes publiques et sur Arte. Elles abordent généralement des sujets d’actualité allant de l’économie mondiale à la situation sociale de la France ou de ses voisins. La vie internationale et les enjeux géopolitiques sont régulièrement évoqués mais avec une teneur plus ou moins profonde. Celle qui arrive largement en tête par la qualité de ses informations est la chaîne Arte. L’émission « Le dessous des cartes » atteint un niveau très honorable et permet en dix minutes de présenter un sujet complexe et incite le téléspectateur à approfondir grâce à une recommandation bibliographique. La plupart des intervenants sont le plus souvent des personnes autorisées et faisant preuve d’une relative impartialité. Il est donc presque toujours enrichissant de regarder cette chaîne qui est à peu près la seule à nous permettre d’appréhender le monde sous des angles originaux et fournis sur le plan didactique.
France 5 peut aussi offrir quelques reportages de qualité, mais aussi quelques émissions dites d’actualité assez convenues. L’une des plus connues est « c’est dans l’air » animée par Yves Calvi du lundi au vendredi de 17h45 à 18h50. Cette émission quotidienne se veut proche de l’actualité et chaque jour un thème nouveau est abordé. Le domaine international est abordé en moyenne 1/9. Les thèmes retenus sont le plus souvent en phase directe avec l’actualité des derniers jours. Un thème revient cependant assez fréquemment, c’est le Moyen-Orient. A l’actif de cette émission, on reconnaîtra que le caractère quotidien rend ardue la tâche de trouver des invités spécialistes de la question, de filmer quelques documentaires le plus souvent dans la journée. Cependant, on observe très vite que les invités sont souvent les mêmes. Par conséquent le point de vue manque souvent de contradicteurs et l’analyse qui nous est livrée correspond souvent au « politiquement correct ». Ces mêmes invités sont, pour partie au moins, ceux que nous retrouverons sur les plateaux du journal de 20h ou dans d’autres émissions thématiques. Il y a donc une « squattérisation » de la télé par une série de « spécialistes » de tel ou tel sujet, souvent présentés comme professeur dans telle université ou économiste x ou y. Plus rarement on ne donne la totalité de leur pedigree, à savoir dans quelles banques ou entreprises ils sévissent aussi (surtout les économistes). Dans le contexte de la crise internationale que nous traversons, quelques noms reviennent souvent, A. Minc, E. Cohen, D. Cohen, M. Tourati, JH Lorenzi, J . Attali, P. Dessertine et quelques autres qui finissent par déverser une vérité qui devient exacte à force de la matraquer. En revanche, certains économistes ne sont jamais invités, certains journalistes grands reporters non plus et si nous n’allons pas chercher une information alternative, il y a de fortes chances pour que notre réception soit biaisée. Et à l’arrivée, le citoyen lambda éprouve un mal fou à essayer de se faire une opinion propre sur un thème donné. Sans revenir aux attentats du 11/9, les deux pays largement couverts par l’information ces 15 derniers mois ont été la Libye et la Syrie. L’image que les médias occidentaux grand public nous ont donnée est plutôt noire et diabolisée. Kadhafi était le démon en personne qui tirait sur son peuple et Bachar Al Assad, semble lui avoir emboîté le pas, dans la droite ligne du grand frère irakien, Saddam Hussein. Très peu de journaux tv ou d’émissions tv ne présentent une vision objective de ces hommes et de leur politique nationale. Leur action se résume à des massacres de leurs peuples, des bombardements sauvages et des millions cachés en Suisse ou dans quelque autre paradis fiscal pendant que les peuples crèvent de faim. La vérité est sûrement plus nuancée.
Quant à la crise des « subprimes », née aux EU, et ses conséquences internationales, peu en parlent vraiment. Tout revient à la dette et aux mesures d’austérité auxquelles les peuples vont devoir se soumettre pour rembourser une dette difficilement imaginable pour le commun des mortels (près de 16000 milliards de $ pour les EU et 1700 milliards d’euro pour la France) et dont on sait que les seuls intérêts prennent déjà nos économies à la gorge. Nous ne pourrons jamais rembourser ces dettes, mais la menace justifie la récession et l’austérité. A force de se l’entendre rabâcher par tous nos brillants spécialistes, on va bien finir par l’intégrer comme une vérité dogmatique. Nos Etats ont trop emprunté à des banques privées, mais pour quoi faire grand Dieu ? Pas pour améliorer la situation économique et sociale des Etats ou pour investir dans des secteurs clés, susceptibles de faire re- démarrer la croissance. Non non ! il faut emprunter pour pouvoir payer les intérêts de la dette et peut-être les salaires de nos fonctionnaires. Mais que se passera-t-il l’année prochaine ? Recommencerons-nous ??? Et ce jusqu’à quand ? Jusqu’à ce que les ténors de Bruxelles viennent nous dire ce que nous devons faire, foulant au pied les derniers vestiges d’une souveraineté citoyenne déjà bien bafouée !!
http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/geopolitique-et-medias-en-france-147736