Rappel du premier message :
C'est votre idéologie, pas les OGM, qui nuisent à ceux qui ont faim !
À quand remonte la dernière fois que vous n'aviez rien à manger ? Était-ce parce que vous suiviez un régime, étiez occupé, désargenté ou aviez fait un autre choix ? Si la raison était autre que le manque d'accès à la nourriture, votre situation a pu résulter d'un privilège.
Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), la faim dans le monde augmente, le nombre de personnes sous-alimentées passant de 777 millions en 2015 à 815 millions en 2016. De nombreux facteurs sont responsables de cette situation, mais les plus fréquemment cités sont le climat et les conditions météorologiques, avec la sécheresse en tête. Alors que des mesures ont été prises pour s'attaquer à un certain nombre de ces facteurs, l'insécurité alimentaire persiste, en particulier dans les communautés rurales qui dépendent fortement de l'agriculture pour survivre.
L'agriculture, en tant que principale source de subsistance pour les communautés rurales, est un secteur stratégique à exploiter pour lutter contre l'insécurité alimentaire. La complexité des défis posés au secteur, allant du changement climatique et du déclin de la fertilité des sols à de nouveaux ravageurs et maladies, appelle des solutions au-delà des interventions habituelles. Le progrès de la science et de la technologie offre de nouveaux outils qui élargissent les options technologiques pour lutter contre l'insécurité alimentaire. En Ouganda et dans la plupart des régions de l'Afrique subsaharienne, des cultures telles que le maïs – un élément important du panier alimentaire – sont menacées par la sécheresse et des ravageurs destructeurs tels que la légionnaire d'automne.
Pourtant, malgré les solutions disponibles et prometteuses, telles que le maïs génétiquement modifié (GM), des groupes s'activent pour empêcher cette technologie d'atteindre les agriculteurs. Jusqu'à récemment, le Parlement ougandais avait débattu pendant près d'une décennie avant d'adopter une loi qui permettrait aux agriculteurs et aux consommateurs d'avoir accès aux cultures et aux produits GM. Les militants anti-OGM se sont battus bec et ongles pour faire échouer cette loi, qui a été adoptée en octobre dernier. [Ma note : Le président Yoweri Museveni, pourtant favorable au génie génétique, a semble-t-il refusé de signer la loi]. Après avoir perdu cette bataille, les activistes sont de nouveau en train de se regrouper pour contester la loi devant les tribunaux, comme cela a été le cas dans d'autres pays, comme le Ghana et le Nigeria, où des lois similaires ont été approuvées.
Un groupe de militants sous la bannière de l'Alliance pour la Souveraineté Alimentaire en Afrique [Ma note : dont au moins certains membres bénéficient de confortables financements du monde « occidental », à commencer par Friends of the Earth Africa] s'est réuni en Ouganda du 13 au 15 décembre pour promouvoir la souveraineté alimentaire. Leur réunion semblait suggérer que les nouvelles interventions technologiques dans l'agriculture ne devraient pas prendre en considération les producteurs de nourriture, y compris les petits agriculteurs, les pêcheurs, les chasseurs et les cueilleurs. Ironiquement, malgré toutes les belles forêts de l'Ouganda susceptibles de fournir une ambiance environnementale à laquelle les organisateurs pouvaient s'identifier, ils ont choisi de se réunir dans un hôtel chic, avec beaucoup de collations servies pendant les pauses-thé et les déjeuners.
Les idéologies alimentaires conservatrices promues par des privilégiés bien nourris dans les pays pauvres et riches finissent par nuire à ceux qui ont le plus besoin de nourriture. Leurs débats élitistes autour de l'alimentation et de l'agriculture tendent à façonner les décisions politiques clés dans le monde en développement, laissant aux affamés un accès restreint ou inexistant aux technologies agricoles modernes. Ces idéologies régressives sont fondées sur une vision stéréotypée et statique de l'agriculture africaine et considèrent qu'il est « non africain » et « non naturel » d'adopter les technologies et les pratiques agricoles modernes. Pourtant, tout au long de l'histoire humaine, les humains ont toujours utilisé les meilleurs outils à leur disposition pour relever les défis agricoles. Les lances et les houes peuvent encore être utilisées par ceux qui le préfèrent, mais cela ne devrait pas signifier fermer la porte à de nouveaux outils qui peuvent être utiles dans un environnement en rapide évolution dans lequel les humains s'efforcent d'être en sécurité alimentaire.
À mesure que les humains progressent dans leur connaissance et leur compréhension du monde qui les entoure apparaissent également de nouveaux outils pour s'attaquer aux problèmes émergents. Le génie génétique d'aujourd'hui est notre lance actuelle, et il devrait être autorisé dans le panier d'options pour répondre aux défis de la sécurité alimentaire. Comme la plupart d'entre nous se préparent à célébrer les prochains jours festifs avec de grands repas somptueux [ma note : le texte original a été mis en ligne le 21 décembre 2017], nous devrions également utiliser ce temps pour vérifier notre statut de privilégiés alimentaires et déterminer si nous n'utilisons pas notre privilège d'une manière qui pourrait nuire aux affamés. Joyeuses fêtes !
http://seppi.over-blog.com/2018/02/c-est-votre-ideologie-pas-les-ogm-qui-nuisent-a-ceux-qui-ont-faim.html