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 Qu’est-ce vraiment que Matrix ?

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mikafi05

mikafi05

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MessageSujet: Qu’est-ce vraiment que Matrix ?   Qu’est-ce vraiment que Matrix ? I_icon_minitimeJeu 10 Fév 2011 - 9:40

Le texte qui suit est une sorte de synthèse personnelle au sujet de la trilogie Matrix.
[réalisé par les "frères" Andy et Larry (Laurence) Wachowski : Matrix | Matrix Reloaded | Matrix Revolutions]
Synthèse entre des idées personnelles et des idées glanées ici et là, au fil de discussions ou de lectures. Je ne veux donc pas donner l’impression de revendiquer l’originalité tout ce que vous allez lire dans les pages qui suivent, mais j’ai essayé de rassembler un maximum d’idées (qui me semblaient pertinentes) en un tout cohérent, afin de donner un certain éclairage sur cette œuvre très riche.

MATRIX
1) Introduction

Pour moi, Matrix c’est :

* un film qui pose une question politique (au sens large du terme)
* et qui renforce ce questionnement en faisant appel à de nombreux concepts philosophiques
* en illustrant ces concepts de façon extrêmement ludique
* le tout dans un cadre de science-fiction qui est une métaphore très acide de notre société.

Avec plein d’explosions.

Non mais je suis sérieux. Le film est politique dans le sens où il pose au spectateur la question :
Quelle attitude choisissez-vous d’adopter face au monde dans lequel vous vivez ?

En définitive, Matrix propose au spectateur deux alternatives, que Morpheus présente à Néo sous la forme de deux pilules ["Choisis la pilule bleue et tout s'arrête : après tu pourras faire de beaux rêves et penser ce que tu veux. Choisis la pilule rouge, tu restes au pays des merveilles, et on descend avec le lapin blanc au fond du gouffre. N'oublie pas : je ne t'offre que la vérité rien de plus."] : dans la Matrice ou contre la Matrice.
Qu’est-ce vraiment que Matrix ? Matrix
Ce choix binaire, dualiste, rencontre naturellement un écho très fort dans de nombreux domaines et de nombreuses doctrines : passif ou actif, réaliste ou idéaliste, collabo ou résistant, matériel ou spirituel, rationnel ou émotionnel, conservateur ou progressiste, Nord ou Sud, etc. En tant que choix de vie, on peut le formaliser le plus généralement possible en utilisant la terminologie de l’analyse institutionnelle : d’un côté, l’individu institué (qui vit au sein d’une institution déjà existante en essayant de la préserver de tout changement), et de l’autre, l’individu instituant (qui crée, modifie ou renverse une institution). Précisons que dans cette optique, le mot « institution » doit se comprendre au sens large, pouvant désigner aussi bien une civilisation qu’une association de pétanque, une école, une entreprise, une famille ou une prison ; autrement dit : tout groupe lié à un certain lieu par un certain nombre de règles et une certaine hiérarchie.

La grande question de Matrix porte donc sur la relation entre l’individu et le système dans lequel il vit :
L’individu au service du système ou le système au service de l’individu ?

Nous allons cependant voir que le pouvoir évocateur de Matrix est loin de rester aussi vague ou général.

2) Critique sociale

Passons en revue les caractéristiques de cet élément central, qui donne son titre à l’œuvre : la Matrice.

["Ce qu'il faut que tu comprenne, c'est que pour la plupart ils ne sont pas prêt à se laisser débrancher, bon nombre d'entre eux sont tellement inconscient et désespérément dépendant du système, qu'ils vont jusqu'à se battre pour le protéger !"]

La Matrice est un système inhumain (créé et géré par des machines) qui exploite l’individu comme une pile jetable, dans le seul but de continuer à fonctionner. Ce système utilise une réalité factice pour maintenir les individus sous contrôle en leur imposant un univers virtuel et des règles artificielles qui leur sont donnés comme des réalités impossibles à remettre en question. Ajoutons que ces individus sont complètement séparés les uns des autres (car « stockés » chacun dans une capsule distincte) et endormis dans une position et un milieu qui évoquent celui du fœtus humain. L’individu est totalement passif et ses besoins vitaux sont entièrement pris en charge de façon mécanique (par le biais de multiples cordons « ombilicaux » qui renvoient également à l’image du fœtus) et en introduisant une certaine forme de cannibalisme : ce sont les cadavres des individus ayant terminé leur vie dans la Matrice qui, liquéfiés, servent de nourriture aux individus « actifs ».

On peut facilement voir dans cette description une critique acide de notre société. Le contexte de Matrix est fondamentalement subversif dans la mesure où il incite le spectateur à remettre en question le système dans lequel il vit, la culture qu’on lui impose, l’ordre établi, le système politique qui ne se soucie pas de lui, la société d’information qui le fait vivre dans un rêve, la société de consommation qui le fait régresser à l’état de fœtus, le système économique qui le traite comme du simple carburant et l’utilise comme un élément parfaitement remplaçable (voir la façon dont Néo est évacué de la Matrice lorsque la « machine-surveillante » s’aperçoit qu’il n’est plus à sa place), etc…

Dans « Kid’s Story » (l’un des neuf épisodes qui constituent Animatrix), c’est d’abord le système scolaire qui est montré comme étant du côté de la Matrice, puis les théories des psychologues qui tentent d’expliquer l’acte désespéré (et pourtant plein d’espoirs) de l’enfant : « Refus de la réalité », entendra-t-on notamment. C’est ainsi le concept même de « réalité » qui est mis en évidence comme une construction culturelle, artificielle.

Mais plus précisément — pour en revenir aux caractéristiques de la Matrice —, ce tableau est une description assez pertinente d’une société soumise au dogme du néo-libéralisme : les individus ne sont là que pour servir le « système » (les grandes entreprises ou même, plus simplement, l’économie en place), ils sont écartés autant que possible de toute vie politique, découragés et déresponsabilisés (notamment grâce aux médias), séparés les uns des autres et transformés en consommateurs passifs (consommateurs de biens autant que d’informations — information par ailleurs largement orientée, voire fabriquée) en lieu et place de citoyens. Et le mot d’ordre « liberté de marché — concurrence — chacun pour soi » débouche (symboliquement en tout cas) sur le cannibalisme déjà évoqué. Pas d’états d’âme, l’homme doit être un loup pour l’homme.

3) Critique politique

Une scène en particulier vient corroborer cette dernière comparaison. Le personnage-traître du premier film, Cypher, regrette d’avoir été réveillé de son rêve et souhaite retrouver définitivement la passivité confortable de la Matrice — en grappillant quelques avantages au passage. Lors d’un dîner incognito dans un grand restaurant (à l’intérieur de la Matrice), il en discute avec l’agent Smith et pose les conditions de sa collaboration contre la résistance humaine : « Je veux retourner dans la Matrice. Je ne veux me souvenir de rien. Et je veux y être quelqu’un de riche et célèbre… un acteur par exemple. » Ce à quoi l’agent répond : « Comme vous voudrez, M. Reagan. »

L’allusion à Ronald Reagan (qui fut acteur avant de devenir président) est bien trop appuyée pour être le fruit d’un simple hasard. Elle fait d’ailleurs généralement rire le spectateur. Il n’en demeure pas moins que, historiquement, Reagan est généralement considéré comme l’icône du conservatisme et du néo-libéralisme. Ce n’est donc pas un hasard si c’est lui, entre tous, qui souhaite la victoire de la Matrice. Une victoire dont il profiterait d’ailleurs grandement, quoique de façon illusoire (car virtuelle) et purement égoïste (car au détriment de l’espèce humaine, en entravant sa libération).

Dans Matrix Reloaded, un autre détail vient une fois encore consolider cette thèse. Lorsque Néo rencontre l’Architecte de la Matrice, celui-ci lui explique qu‘en mettant au point la Matrice, les machines se sont rendues compte que les humains ne parvenaient pas à vivre dans une simulation de monde parfait. Les machines (et l’Architecte) durent donc concevoir une nouvelle Matrice en tenant compte de toutes les « anomalies » de l’Histoire humaine et en les intégrant au monde virtuel de la Matrice, ceci afin que les humains s’y sentent à l’aise et acceptent d’y vivre. Accompagnant les propos de l’Architecte, une myriade d’écrans de télévision diffusent à ce moment des images historiques (documents d’actualité, etc.) illustrant les « anomalies » de l’Histoire humaine. Parmi ces images, on n’est pas surpris de voir surgir celle d’Adolf Hitler. Mais aussi celle de… Georges W. Bush (également ultra-conservateur et artisan zélé du néo-libéralisme).

4) Contestation

Matrix s’oppose à cette « réalité » et se charge de replacer l’humain au centre du monde, tandis que Matrix Reloaded le place face à ses responsabilités, par le biais de la thématique du choix et de la motivation.

Matrix propose donc une autre voie et nous dit en substance : « Ce monde n’est pas une fatalité ; vous avez le pouvoir de le changer, et vous en avez le devoir. Les règles qu’on vous a inculquées comme étant naturelles sont totalement artificielles. Vous pouvez les contourner et les retourner contre ce système. » Un propos subversif qui rejoint donc totalement la contestation grandissante des mouvements dits alter-mondialistes, opposés à une société soumise aux intérêts financiers d’une infime minorité.

La description de Zion (dernier bastion de l’humanité face aux machines, que l’on découvre dans Matrix Reloaded après en avoir entendu parler dans Matrix), est donc loin d’être anodine et évoque fortement ce fameux « village mondial » alternatif, communautaire et festif, fortement métissé (reflétant les proportions des populations de la planète), et par là-même égalitaire (dans la mesure où il évacue l’idée qu’une minorité occidentale domine et exploite le reste du monde).

Il est d’ailleurs intéressant de recenser les innombrables emprunts de Matrix (et plus encore de Matrix Reloaded) aux différentes cultures du monde. Toutes les grandes cultures semblent représentées d’une manière ou d’une autre dans ces films, mais une — et une seule — d’entre elles est indissociablement liée à la Matrice : la culture américaine. Principale illustration de cette idée : les « agents », forces de l’ordre de la Matrice, sont dépeints comme une sorte d’archétype de l’agent du FBI. Comment ne pas faire de parallèle avec les USA, gardiens auto-proclamés du « monde libre » et surtout de l’ordre capitaliste ? Et pourtant ce sont les « méchants » du film ! C’est sur eux qu’il faut tirer, c’est leur camp qu’il faut combattre !

La lutte contre l’agent Smith a une signification plus particulière. Dans Matrix, Smith est principalement perçu comme un agent parmi d’autres, rien de plus qu’un programme de contrôle de la Matrice. Cependant, bien qu’il ne dévie pas fondamentalement de ce rôle durant le film, il va progressivement se distinguer des autres agents. D’abord par son nom (les autres agents n’en ont pas, ou en tout cas nous l’ignorons), bien qu’on puisse supposer que ce nom soit avant tout une forme de plaisanterie de sa part (« Smith » étant l’exemple-type du nom de famille ordinaire dans le monde anglophone) en même temps qu’un symbole du caractère anonyme et impersonnel des agents, et par extension un symbole du caractère insaisissable du système de contrôle de la société, qui imprègne et peut s’exprimer par chaque individu relié à elle.

Mais aussi (et surtout), Smith se distingue de ses « collègues de travail » par sa grande implication émotionnelle dans la traque qu’il mène contre Morpheus et son groupe (tandis que les autres agents conservent une attitude neutre et impersonnelle quels que soient les événements auxquels ils font face). Cette caractéristique atteint probablement son sommet lors de l’interrogatoire de Morpheus, lorsque Smith demande à rester seul avec le prisonnier, coupe la communication qui le relie aux autres agents et à la Matrice (son oreillette), et s’adresse de façon très informelle à Morpheus.

Smith exprime alors une gamme d’émotions très primaires (colère, dégoût) et avoue ne plus supporter l’odeur des humains, qui imprègne selon lui la Matrice. Si l’on considère que l’odorat est, en terme d’évolution du règne animal, l’un des sens qui est apparu le plus tôt, autrement dit l’un des sens les plus primitifs et les plus intimement liés aux émotions, on comprend vite qu’il y a une grosse contradiction avec la nature sophistiquée qui est censée être celle de Smith, programme informatique perfectionné qui devrait être totalement indépendant des « caprices de la chair ». « Infecté » (son propre terme) par cette odeur, Smith ressent des émotions qu’il n’est pas censé ressentir et qu’il ne veut pas ressentir. Il veut « sortir de là » et c’est cette motivation qui le guide durant tout le film.

Smith est donc, pourrait-on dire, un bug du système, un important dysfonctionnement : un programme qui agit pour des motivations personnelles. À savoir : son propre confort.

Après avoir été détruit par Néo (à la fin de Matrix), Smith réapparaît, « libéré de la Matrice » nous dit-il (encore le symbole de l’oreillette, dont il est cette fois-ci définitivement débarrassé) et doté de la capacité de « parasiter » les éléments de celle-ci pour se dupliquer. Néo se retrouve donc confronté à un nombre toujours croissant d’agents identiques qui menacent de le submerger par le nombre, et la bande-annonce de Matrix Revolution laisse entrevoir une escalade dans ce sens. Il n’est pas difficile de voir là un combat contre l’uniformisation des individus de notre société, un combat contre le conformisme, ou encore contre la globalisation économique mondiale. Le fait que Smith ne soit plus inféodé à la Matrice évoque l’idée d’un marché dérèglementé, dans lequel le plus fort « phagocyte » les plus faibles sans autre forme de procès, sans contrôle. La diversité disparaît tandis que s’étend la domination du plus puissant (« Je veux tout » déclare Smith à Néo), qui ne vise qu’à assurer… son propre confort.

Cette lutte de Néo contre Smith n’est donc pas qu’un épisode distrayant mais joue bel et bien un rôle important dans la métaphore du film. Elle est d’ailleurs présentée (dans la bande-annonce de Matrix Revolutions) comme un élément crucial du scénario et de la victoire des humains sur les machines. Tout ceci vient renforcer la vision de Zion comme symbole des mouvements alter-mondialistes.
5) Philosophie

Non content de délivrer un message politique virulent et contestataire, Matrix va plus loin et renforce ce message, ou plutôt le fonde, en faisant appel à de nombreux concepts et réflexions philosophiques. Le plus évident et le plus cité est le Mythe de la Caverne, de Platon, qui raconte en somme l’histoire d’un homme qui « se réveille », prend conscience de la nature illusoire du monde, contemple la Vérité et décide néanmoins de « redescendre » dans la caverne pour essayer de réveiller à leur tour ses compatriotes toujours « endormis ». Cette métaphore célèbre, qui incite au questionnement philosophique de façon générale (et donc, potentiellement du moins, à la contestation), structure Matrix de bout en bout. On peut établir un parallèle avec d’autres philosophies, par exemple celle de Bouddha qui, élevé dans un milieu privilégié mais coupé de la réalité, décide de le quitter pour aller à la rencontre du monde afin d’œuvrer à son amélioration.

Mais ce n’est pas là le seul aspect philosophique du film : de nombreux autres courants sont représentés, que ce soit du côté des machines ou du côté des humains. On peut citer par exemple l’agent Smith qui formule de façon à peine détournée l’argument de Leibniz concernant le « meilleur des mondes possibles » : l’univers de la Matrice semble imparfait car des gens y souffrent, et pourtant — nous dit-il — il s’agit là d’un équilibre aussi parfait que délicat, et l’on ne pourrait pas introduire d’amélioration dans ce monde sans causer encore plus de souffrances. (Cette idée n’est pas sans évoquer l’approche néo-libérale — encore, oui ! — de la démocratie, suivant laquelle le peuple n’est pas à même de juger ce qui est bon pour lui et doit être écarté du pouvoir, faute de quoi ce « grand animal désorienté » risque de causer plus de mal que de bien.)

On peut également citer Descartes, son doute méthodique et son malin génie (qui rejoint la remise en question du monde), le théorie solipsiste, Kant et sa réflexion sur la perception du monde (avec notamment l’amusante question « Comment les machines peuvent-elles savoir quel goût a le poulet ? »), Marx pour le côté politique et révolutionnaire, ou même Nietzsche et son « Übermensch » (Néo étant l’archétype de l’homme qui prend son destin en main, fait face au monde et s’élève en une figure emblématique, quasi-messianique).

Les allusions philosophiques de Matrix ne procèdent donc pas simplement d’une récréation intellectuelle abstraite et gratuite, mais elles servent réellement le propos du film. Et Matrix Reloaded poursuit selon ce principe en droite ligne. Si Matrix se préoccupait principalement de remettre le monde en question (et d’inciter à le faire), Matrix Reloaded remet Matrix lui-même en question ! Autrement dit, on passe de considérations ontologiques (le monde peut être remis en question) à des considérations éthiques (pourquoi faut-il remettre le monde en question ? Pour quelle raison et dans quel but ?). Ces interrogations sont sous-tendues et dramatisées par la thématique philosophique de l’inter-dépendance, de la liberté et du déterminisme (discussion avec le Conseiller de Zion, l’Oracle, le Mérovingien et l’Architecte). Encore le choix.
6) Yin et Yang

Le diptyque Matrix Reloaded / Revolutions (un film coupé en deux, plutôt que deux films qui se suivent) développe considérablement le contenu thématique de toute la trilogie, principalement par le biais d’une construction récurrente, binaire et symétrique. Un peu à la façon de la figure du Yin et du Yang, qui fait cohabiter les contraires, ces deux films se répondent, présentant des scènes qui s’éclairent mutuellement et des personnages qui sont autant de binômes semblant aborder chacun une thématique différente.

Le « couple » d’opposition le plus évident est constitué par l’Architecte et l’Oracle. Ces deux personnages sont opposés sur presque tous les points, à commencer par leur apparence (sexe, couleur de peau, habillement, façon de parler, environnement), mais aussi, et c’est plus important, par leur rôle et leur intention. On sait depuis le début (le premier film) que l’Oracle est du côté des humains ; Matrix Reloaded semble bouleverser cette donne en nous apprenant qu’elle n’est pas une humaine, mais un programme au même titre que les Agents. La présentation de l’Architecte (également de nature informatique), plus tard dans le film, vient rééquilibrer notre jugement : on devine vite une certaine « incompatibilité », en même temps qu’une certaine complémentarité, entre les deux personnages. Matrix Revolutions nous en apporte la confirmation : malgré son assurance, l’Architecte n’est ni omniscient, ni omnipotent, et son rôle consiste simplement à « rééquilibrer l’équation » de la Matrice. Le rôle de l’Oracle est de la « déséquilibrer ». La thématique abordée par ce « couple » apparaît alors clairement : changement, évolution contre immobilisme, préservation.

Un autre couple relativement explicite est constitué par Néo et Smith. On a vu que Smith, après sa « mort » à la fin de Matrix, revient avec la faculté de parasiter les éléments de la Matrice et d’en faire ses propres doubles, en un processus d’uniformisation exponentielle. Dans Matrix Revolutions, la tendance atteint son apogée, et à la fin du film, Smith a contaminé toute la Matrice et totalement échappé au contrôle des machines. Il se révèle le seul véritable ennemi, à la fois de Néo, des humains et des machines, le seul avec qui la négociation ne soit pas possible. Son obsession est de vaincre Néo, symbole de la résistance humaine, et de le parasiter à son tour pour le transformer en autre lui-même. A ce stade, on peut déjà avancer une signification de cette opposition de personnages : Smith refuse la différence et rêve d’une uniformisation absolue des individus, allant jusqu’à détruire l’autre dans son identité même, pour le remplacer par lui-même ; Néo, à la fois en tant que défenseur de Zion et en tant qu’adversaire de Smith, se pose donc naturellement comme défenseur de la diversité et du respect de l’autre (l’autre, en tant que personne différente de moi-même). En bref, diversité contre uniformité, cohabitation contre intolérance.

Cette thématique trouve naturellement son prolongement en impliquant plusieurs autres personnages : par exemple dans la relation amoureuse qui unit Néo et Trinity, tandis que de son côté, Smith reste seul avec lui-même. Ou encore, on peut relever qu’il est parfaitement logique que Smith en vienne à « absorber » l’Oracle, dans la mesure où l’uniformisation est totalement contradictoire avec le changement, l’évolution. On peut même ajouter que c’est lorsqu’il atteint finalement son but (l’uniformisation absolue) que Smith se condamne lui-même : l’uniformité, c’est la stérilité, la mort. Et il n’est pas étonnant qu’en disparaissant, Smith laisse derrière lui la dépouille de l’Oracle.

Mais on peut également se référer au dialogue de Néo et Smith (qui est presque un monologue de ce dernier) à la fin du combat qui les oppose. Il est alors question de motivation : Smith ne comprend pas les raisons que Néo a de se battre, énumérant toutes les réponses possibles et les démontant aussitôt en exposant leur absurdité. Ce faisant il révèle sa nature de programme informatique, donc déterministe et déterminé, rationaliste à l’extrême et incapable de créativité. La simple réponse de Néo (« parce que j’ai choisi »), prend le contre-pied de cette approche : si l’univers est absurde, il appartient à l’homme (et à lui seul) de donner un sens à sa propre existence, en se dégageant d’une approche mécaniste et déterministe qui vide toute action de son sens. On peut donc synthétiser le combat de Néo et Smith en : liberté contre déterminisme, ou encore intuition contre raison.

C’est d’ailleurs ce même axe qui est développé par le couple « Morpheus/Mérovingien ». Le discours de ce dernier, se référant constamment à la notion de causalité (cause et effet), se place implicitement d’un point de vue déterminé, soit en aval de la cause, du côté de l’effet. Toutes nos actions sont le fruit de quelque chose qui les a précédées, nous dit le Mérovingien, et il n’est pas possible de se soustraire à ce mécanisme implacable. La connaissance des causes permet donc de prédire les effets, le futur est la conséquence du présent qui est la conséquence du passé. Autrement dit, le futur est déjà écrit, et le présent est impuissant. La vision de Morpheus se situe à l’exact opposé de cette approche, soit en amont du processus. Guidé par l’Oracle et par la Prophétie, Morpheus se révèle finalement bien moins naïf qu’on pourrait le penser au début. Ainsi déclare-t-il à Néo que les propos de l’Oracle ne sont pas forcément « vrais », mais plutôt « utiles », dans la mesure où ils guident l’humanité vers un futur qui n’est pas encore connu, et qui s’écrit dans le présent. Le futur est à créer. « L’Oracle t’a dit uniquement ce que tu avais besoin d’entendre ». Ce sont donc les croyances présentes qui permettent de changer le futur. Ainsi la pensée du Mérovingien, soumise à la tyrannie du culte aveugle de la « vérité », est-elle bloquée par l’approche de Morpheus, qui fait passer le sens avant la vérité, les effets de nos croyances avant leur causes. L’aval avant l’amont.

L’instant présent existe-t-il ? Obsédé par le vrai, le Mérovingien a fini par prendre un tel recul qu’il a quitté le monde du présent et de l’action, le réduisant à un maillon dérisoire et impuissant dans la chaîne de la causalité, condamné à contempler un passé hors de portée qui détermine un futur déjà irréversible. Morpheus, obsédé par le bien plus que par le vrai, règle ses actions en fonction de leurs conséquences (et non de leur causes) et demeure bien ancré au présent ; un présent qui écrit le futur dans un mouvement en renouveau perpétuel.

Autre couple d’opposition, le sénateur Hamman et le général Locke, tous deux au cœur des processus de décision de Zion, défendent chacun une façon de résoudre un conflit. Lorsque le sénateur autorise Morpheus à repartir, à bord d’un vaisseau, pour retrouver l’Oracle, le général s’oppose (en vain) à cette décision en faisant valoir qu’il a besoin du plus grand nombre de vaisseaux possibles pour défendre la cité, face à l’attaque imminente des machines. Ce à quoi le sénateur répond : « Je crois que notre survie dépend de plus que du nombre de nos vaisseaux ». Cet échange, qui peut passer inaperçu dans le contexte de Reloaded, prend tout son sens lorsqu’on sait comment se termine Revolutions. Il est alors clair que ce vaisseau a quitté la ville en tant que négociateur au lieu d’y rester en tant que guerrier (approche dénuée de chance de succès, face à des machines supérieures en nombre et en force).

Trinity, quant à elle, s’oppose à Perséphone sur la question amoureuse. Perséphone, la sensualité à fleur de peau, exige un baiser de la part de Néo en échange d’une information qu’elle possède. Elle espère ainsi retrouve les sensations qu’elle a perdu, et qu’elle éprouvait longtemps auparavant pour son mari, le Mérovingien. On voit donc deux aspects par lesquels elle s’oppose à Trinity (et à la relation de cette dernière avec Néo) : l’amour limité à son aspect sensuel, et l’amour comme monnaie d’échange, l’amour intéressé, égoïste. D’une certaine manière, on peut rapprocher Perséphone du Mérovingien, dans la mesure où elle semble également entièrement tournée vers le passé, qu’elle chercher à préserver ou à faire revivre. Trinity, de son côté, est entièrement tournée vers l’avenir et toutes les potentialités de sa relation avec Néo.

Cette opposition « passé/avenir » est peut-être, du reste, le point commun à tous les couples que je viens d’évoquer.
7) Contre-culture

On ne peut pas terminer sans évoquer un autre aspect essentiel de Matrix/Reloaded : ses innombrables emprunts à la culture populaire, qu’il digère et intègre en un ensemble riche et cohérent. Les allusions, clins d’œil ou emprunts aux films de science-fiction et à l’animation japonaise sont pléthore, mais Matrix/Reloaded lorgne également du côté du film noir, des super-héros, du film d’action (façon Hong-Kong) et même du western ! La musique n’est pas oubliée, et le choix de la bande son se révèle tout aussi contestataire que le reste (avec notamment la participation du groupe « Rage Against The Machine », dont le nom prend une dimension particulière dans le contexte de Matrix).

Ces influences, parfaitement assimilées et revendiquées, ne sont pas gratuites et établissent clairement que la culture populaire (culture de masse, contre-culture, sous-culture… quelle que soit l’appellation qu’on lui donne) possède aujourd’hui une assise solide et un réel pouvoir contestataire capable de toucher une très large partie de la population. Ce n’est pas nouveau mais cela mérite d’être répété.

Le terme de « contre-culture » revêt donc pleinement son sens de culture contestataire (« culture contre »). N’est-ce vraiment qu’un hasard si dans « le monde réel » de Matrix, les humains survivent en se cachant dans les égouts (qui sont tout ce qui reste de la civilisation humaine, apprend-on), tandis que Zion est situé dans les profondeurs de la Terre ? Ces caractéristiques systématiquement souterraines de la résistance humaine semblent nous renvoyer constamment à la notion d’ »underground », terme fréquemment employé pour évoquer la culture alternative… Un « underground » que les machines doivent conquérir pour vaincre définitivement l’humanité. Et un « underground » que Matrix Reloaded nous fait découvrir notamment au travers d’une énorme fête mêlant musique, danse et plaisir charnel, autrement dit : pures sensations — par opposition à la « pure raison » (le monde mécanique, rationnel, virtuel et policé) de la Matrice.

Dans notre monde, à sa manière, Matrix joue donc précisément le rôle des héros qu’il met en scène : il essaye de nous réveiller. Et le fait que Matrix Reloaded, malgré son budget colossal et malgré son immense popularité, persiste dans une voie aussi « politiquement incorrecte » mérite d’être relevé. À une échelle pareille, le fait est trop rare pour être ignoré
.Qu’est-ce vraiment que Matrix ? Matrix_spirale

source : http://blog.nous-les-dieux.org

et aussi....

Matrix – Analyse de la Substance Pensante ! *

La Trilogie Matrix a été adapté au cinéma à Partir d’écrits, de livres. Ces écrits, ont été conçus à la base, pour diffuser au plus grand Nombre un message. Ce message est de l’ordre de l’initiation. Or comme toute quête du bonheur est initiatique : Avec un début et une Fin (Alpha et Oméga) agissant sur les Trois Plans (Corps, Âme, Esprit), d’où la trilogie. Et si possible, avec une fin la meilleure possible. :-)

Ce qui nous intéresse ici dans ce Film c’est le Premier « Matrix » et le dernier de la série : « Matrix Révolution » ! Le second « Matrix Reloead » étant le pont, la transition, faisant la jonction « Compréhension » entre le premier et le dernier.

La Véritable Initiation, quelques soit la Tradition, passe inévitablement par l’Oral dans une relation de Maître à Disciple (Relation Mr Anderson/Néo, l’élève et de Morphéus le Maître). La quête est toujours parsemée d’épreuves avec inévitablement une prise de risque découlant d’un premier choix entraînant d’autres choix ! La Recherche de la Vérité passe donc obligatoirement par le choix de : continuer à dormir ou devenir Conscient de la Vérité ? (Pilule bleue ou pilule Rouge ?)

Mr Anderson (pas encore Néo), dans la Matrice représente Madame et Monsieur tout le monde confronté à la réalité de notre Système actuel. Être ou Avoir, dormir ou devenir Conscient, Vivre Libre ou Vivre enchaîné, ne pas avoir la foi ou avoir la foi… ? Être un individu à part entière ou un esclave ? C’est ce choix primordial qui est proposé à Néo tout au long de sa quête. Continuer à subir sans comprendre, ou mettre fin au mensonge par la prise de conscience de la Vérité. (Que tu es un esclave néo !)

La Liberté découlant du Choix et des prises de Risques face à une injustice Globale qui est la Matrice. Un monde artificiel ou chacun est responsable. Sauf que personne ne sait qu’il est lui-même responsable. À moins de l’expérimenter par soi-même (Objectif de l’initiation), la descente dans ses profondeurs, la caverne. (Symbolisé dans le premier film par le processus de renaissance dans la ville des machines !)

Une fois que Mr Anderson est devenu Néo (L’initié), il est confronté à l’extérieur par son double, son miroir, l’agent Smith qui cherche par tous les moyens à le convertir, l’annihiler en lui-même. Bug du programme (De la Vie) afin de lui permettre de comprendre par ce duel, opposition. Que face à la Matrice l’objectif final, le dénouement dépend de lui, sauf qu’il ne le sait pas encore. Puisque toujours confronté à d’autres choix… Confrontations diverses dont rencontres avec l’architecte (Esprit pensant Mental de la Matrice), mais aidé par l’Oracle… (Esprit pensant Vivant de la Matrice), Le menant tout doucement au choix Ultime… Celui de demander la paix (équilibre) au Responsable des Machines, dans la ville des machines… Et quel est l’accord qui est conclu entre eux deux ? Empêcher « le Bug » Smith, de continuer à se dupliquer risquant de mettre en péril la Matrice elle-même. C’est en luttant et en combattant pour la liberté, pour la paix qu’au final ; même si l’agent Smith a presque réussi à convertir Néo. La matrice envoi une impulsion de Lumière à travers Néo afin de remédier définitivement au « Bug Smith ». Ce Bug n’est rien d’autre que la partie de nous-même qui refuse l’évidence de la Vie (Pensée Mentale/artificielle contre Pensée Vivante Universelle). En cherchant à contrôler ce qu’il croit être la Vie. La Vie n’est pas du domaine du Mental, mais du domaine de l’Essence. C’est pour ça que durant le combat final l’agent Smith se surprend à dire des paroles qu’il ne comprend pas. Il parle spontanément par évidence, mais son « mental/âme » ne peut pas le comprendre (Puisque toujours Duelle). La Matrice n’a donc pas d’autre choix que de reconnaître « par intérêt » sa Partie de lumière (En Néo) afin de transmettre l’impulsion lumineuse d’elle-même nécessaire à sa propre auto-libération. (Du fait du Danger que représente l’agent Smith pour sa propre survie !)

Face à l’absurdité de la Non-Conscience, (Obscurité, dualité, Violence, ténèbre…), c’est la CONSCIENCE en mouvement (Fusion des opposés – Yin/Yang) qui triomphe toujours au final pour maintenir la Vie dans un Juste équilibre. (D’une façon ou d’une autre !)

La Vie ne peut pas lutter contre elle-même puisqu’elle est ! C’est nous-mêmes qui luttons pour devenir quelqu’un dans la Vie (En attendant… Nous ne sommes pas !). C’est en sachant cela, que malgré tous les sacrifices et toutes les injustices endurés, l’humanité un jour Triomphera.
Il faut donc PLUS de Néo… :-)

* Ce Texte est une Reproduction du Billet sur le Site lespacearcenciel.com
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Markosamo

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MessageSujet: Re: Qu’est-ce vraiment que Matrix ?   Qu’est-ce vraiment que Matrix ? I_icon_minitimeJeu 10 Fév 2011 - 10:25

je n'ai pas encore lu ce joli pavé, mais ce que je dirais déjà, c'est que Matrix, c'est la "Maya".Les frères Wachowsky ont manifestement lu la cosmogonie hindoue, la Baghavad-Gita ou les Upanishads, ainsi que les nombreux maîtres différends qui ont parcouru ce pays, et dont les américains sont très passionnés depuis le début du siècle

ainsi la "Maya" c'est le jeu de l'illusion dans lequel nous sommes.Nous sommes tous des âmes en incarnation qui choisissons des rôles très différends pour des raisons multiples.Le premier problème étant que nous oublions d'où nous sommes venu et que nous croyons au 1er degré à ce jeu virtuel.
Celui qui s'en rend compte prend ce jeu pour ce qu'il est, et commence à se créer une destinée consciente (le héros) .Il est alors repéré par les âmes qui jouent un rôle négatif, celui de maintenir l'illusion "réelle" coûte que coûte, qui voient dans le héros une remise en question de leur dogme.Les âmes "négatives" cultivant l'adoration sans réserve et par tous les moyens de la "Maya"

les héros à divers degrés : Pythagore, Platon,Socrate, Alexandre, Jésus, Bouddha, Hildegarde Von bingen, Saint-François, Ibn arabi, Mahomet,Tierno Bokar, Confucius, Bach, Beethoven, Einstein, Tesla, De vinci, Michelange, Ramakrishna, Yogananda, Ramana Maharshi, Sri Aurobindo, Ghandi, El Morya, Mandela, Roosevelt, Churchill,Jean XXIII, Luther King, De Gaulle, Sadate, Arafat, Gorbatchev, Dickens,Shakespeare...plus de nombreux anonymes et esotéristes, la grandeur n'étant pas synonyme de célébrité

les "maîtres de la Maya"/Le gouvernement mondial/Les hommes en noir :

JP Morgan, Rockefeller, Kissinger, Bilderberg, FMI, Banque Mondiale, Ratzinger, Opus Dei, mafias...plus de nombreux anonymes, ceux au-devant de la scène ne possédant pas le réel pouvoir, car c'est celui qui conseille dans l'ombre qui commande.

brièvement, pourquoi ces êtres ont décidé de jouer ces rôles du NWO ? parce que ce sont celle qui ont le plus la nostalgie de leur origine lumineuse, et qu'elles ont peur de la vie dans la matière.Ils sont donc devenu spécialistes des sentiments inférieurs (peur, colère, angoisse, crise d'ego...) et n'ont eu de cesse de se raccrocher aux forces matérialistes(=les gouvernements) faisant partie de la nature, pour les dévier afin d'y occupper tout les postes, tel des gamin s'accrochant aux jupes de maman, refusant d'aller jouer dans la grande forêt.

"Les premiers seront les derniers et inversément" : les êtres expérimentant difficilement l'amour sans avoir le pouvoir évoluent, et sont donc plus proches de la libération que les êtres du NWO, spécialistes intellectuels mais totalement infirmes dans les choses du coeur.
Etant donné que, impermanence oblige, dans le monde qui vient, le coeur sera prédominant, ils ont peur de tout perdre et abattent leur dernières cartouches, nous renvoyant notre karma, c'est-à-dire la somme de nos complicités à l'élaboration de cette "Maya", à charge aux "héros" de sublimer cela.
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Ced

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MessageSujet: Re: Qu’est-ce vraiment que Matrix ?   Qu’est-ce vraiment que Matrix ? I_icon_minitimeVen 25 Fév 2011 - 14:26

Merci très intéressant ! Very Happy
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MessageSujet: Re: Qu’est-ce vraiment que Matrix ?   Qu’est-ce vraiment que Matrix ? I_icon_minitime

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