L'Europe n'est pas parvenue à élaborer une réglementation sur les « nouveaux aliments ». Malgré la volonté du Parlement européen, la viande ou le lait issus du clonage, ou les aliments utilisant des nano-ingrédients, peuvent être vendus sans étiquetage particulier.Sans le savoir, on mange régulièrement de la viande issue du clonage. Malgré
la volonté des députés d’informer les consommateurs sur l’origine de
cette alimentation, le Conseil européen a refusé d’imposer un étiquetage
des produits dérivés du clonage.
Les députés européens entendaient interdire l'utilisation d'animaux
clonés, et de leurs descendants, dans l'alimentation. Au pire, ils
réclamaient un étiquetage particulier des aliments concernés. Mais après
quatre ans de négociations, faute de position commune, le vide réglementaire
subsistera : les aliments issus du clonage ne se distingueront pas des autres.
Mais le Parlement Européen, Commission européenne et Conseil européen
n'ont pas réussi à s'entendre sur la question du clonage animal, au terme
d'une conciliation aussi tendue que vaine. "Nous voulions que le citoyen sache
quelle viande il mange tandis que d'autres ont préféré ne pas fâcher les
Américains. Ce status quo est clairement une défaite pour le consommateur",
déclare Marc Tarabella, député européen, en charge de la protection des
consommateurs.
Le Parlement exigeait une traçabilité très poussée pour informer les
consommateurs de toute trace de viande issue de bêtes clonées en remontant à
plusieurs générations. La Commission avait accepté la plupart des
amendements, cependant le Conseil européen a fait capoter le dossier. Il n'y
aura donc pas de texte sur ce sujet précis du clonage, et ce sont les textes
précédents qui datent de 1997, et ne font pas mention du clonage qui
continueront de s'appliquer.
Les députés s'inquiètent toutefois des implications éthiques et des
conséquences possibles de la réduction de la diversité génétique des
animaux d'élevage, « notamment en termes de résistance face à l'émergence
d'une maladie ». C'est aussi une question de bien-être animal,
expliquent-ils, « puisqu'une proportion élevée d'animaux clonés souffrent
de maladies ou de malformations, ou meurent prématurément. »
Dans ce débat, ce sont, avant tout, des considérations commerciales qui ont
dicté la position des gouvernements et de la Commission.
Chaque année sont importées entre 300.000 et 500.000 tonnes de viande bovine
destinées à la consommation. La majeur partie de ces viandes proviennent des
Etats-Unis et d'Argentine, pays qui, eux, ont autorisé le clonage à des fins
commerciales, mais n'ont aucun système de traçabilité!" s'offusque Marc
Tarabella. "Le Conseil aurait dû privilégier la protection du consommateur
européen plutôt que de tout faire pour éviter de fâcher les Américains qui
n'auraient sûrement pas accueilli cette obligation de traçabilité avec le
sourire".
En effet, l'étiquetage exigé par le Parlement européen aurait obligé
l'UE à bloquer les importations. Au risque de nous entraîner dans une guerre
commerciale totale. Une situation "impossible à défendre devant l'OMC et qui
aurait pour conséquence des mesures de rétorsion", précise le communiqué du
Conseil.
Marc Tarabella, en charge de la protection du consommateur, estime que ne pas
avertir le consommateur, c’est lui mentir : "Alors que nous nous battons pour
plus de traçabilité des aliments, on lui refuse une réelle transparence sur
ce qu’il mange. C'est scandaleux! " .