Sécheresse: une cellule de veille pour éviter la coupure d'électricitéPARIS - Le gouvernement vient d'annoncer la création d'une cellule de veille sur l'approvisionnement en électricité, alors que la sécheresse a d'ores et déjà fait chuter la production des barrages hydrauliques et qu'elle menace celle des centrales nucléaires.
Cette cellule rassemble les administrations compétentes en matière d'énergie ainsi que RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, a indiqué le ministère de l'Energie dans un communiqué.
Elle rendra compte au gouvernement de l'évolution de l'équilibre offre-demande d'électricité et proposera les mesures nécessaires pour assurer la sécurité d'approvisionnement, a-t-il ajouté.
Le ministre Eric Besson réunira dans les prochains jours, l'ensemble des acteurs concernés pour faire un point complet de la situation.
Le ministère note en effet que la sécheresse en cours conduit à des débits inférieurs à la normale dans de nombreux cours d'eau, ce qui entraîne une diminution de la production hydroélectrique, et touche également les moyens nucléaires et thermiques qui sont refroidis par ces cours d'eau.
Alors que 47 départements sont concernés par des restrictions d'eau, la production des centrales hydrauliques a chuté de 29% en avril sur un an, tombant à son plus bas niveau depuis 1976 pour un mois d'avril, selon le dernier bilan mensuel de RTE.
En cumul depuis le 1er janvier, la production hydraulique est en baisse de 22,9% par rapport à 2010. Deuxième source d'électricité après le nucléaire, l'énergie hydraulique produit en temps normal environ 12% de l'électricité française.
Le problème est d'autant plus crucial que la consommation d'électricité a tendance à augmenter en été en raison du développement des systèmes de climatisation. Des pics de consommation sont alors observés vers 13H00 quand la chaleur est à son maximum.
RTE, qui est responsable de l'équilibre offre-demande d'électricité, doit publier dans les prochaines semaines son traditionnel bilan prévisionnel sur le passage de l'été.
Le gestionnaire de réseau sera particulièrement attentif au débit mais aussi à la température des cours d'eau. Pour leurs besoins en refroidissement, les centrales nucléaires pompent en effet de grandes quantités d'eau qu'elles rejettent plus chaude dans le cours des rivières.
En cas de températures trop élevées, les réacteurs peuvent donc se voir obliger, par la réglementation, de ralentir ou d'arrêter leur production afin de préserver la faune aquatique.
Des dispositions dérogatoires peuvent éventuellement être prises, lorsque cela est justifié, pour équilibrer l'offre et la demande d'électricité, précise toutefois le ministère.
En outre, en cas de pénurie, l'Hexagone peut importer de l'électricité produite dans les pays limitrophes de la France. Dans cette optique, l'arrêt des sept plus vieux réacteurs d'Allemagne à la suite de la catastrophe de Fukushima n'est pas une bonne nouvelle. L'Allemagne est en temps normal le premier fournisseur d'électricité de la France.
EDF se dit pour sa part vigilant et affirme se préparer à l'arrivée de l'été. La sécheresse que nous connaissons actuellement en France n'a aucune conséquence sur la sûreté des installations, ni sur la fourniture d'électricité de nos clients, a affirmé une porte-parole à l'AFP.
Le groupe assure avoir tiré les enseignements des canicules de 2003 et de 2006 dans le cadre d'un plan aléas climatiques.
EDF a ainsi limité au maximum le nombre d'arrêts pour maintenance dans ses 14 réacteurs (sur 58) situés en bord de mer, afin de préserver la capacité de production de ces centrales qui ne sont pas affectées par la sécheresse.
(©AFP / 27 mai 2011 12h21)
Source : http://bistrobarblog.blogspot.com/2011/05/secheresse-une-cellule-de-veille-pour.html
La centrale de Civaux gère l'eau au compte-gouttes La Vienne approchait hier du débit de crise. A la centrale, on pense fonctionner normalement jusqu'à fin mai. Après ? C'est une question de météo.
Patrick Vaillant, ici devant les bâtiments qui accueillent en sous-sol les quatre réservoirs d'eau qui pourraient être utilisés en cas extrême.
Vigilance. C'est le mot qui vient à la bouche de Patrick Vaillant, directeur environnement à la centrale nucléaire, quand on lui parle du niveau de la Vienne. Il faut dire qu'à Lussac-les-Châteaux hier, dernier endroit où on relève le débit de la Vienne avant la centrale, on affichait un petit 14,5 m 3 à la seconde. Sachant que le débit seuil d'alerte est calé à 13 m 3 /s au même endroit, on peut dire que la situation commence à se compliquer... « 2011 est pour le moment l'année la plus sèche depuis 1952. Les débits à 13 ou 14 m 3 /s, on les a en juillet-août d'habitude », constate le directeur.
« On est en contact avec nos collègues de l'hydraulique chez EDF pour optimiser la ressource en eau. Ca veut dire qu'ils nous garantissent pour le moment, des débits minimaux en gérant les barrages. Et tant qu'on est à 14 m 3 /s on peut tourner normalement. »
Selon Patrick Vaillant, le fonctionnement à 100 % de la centrale de Civaux devrait pouvoir se prolonger jusqu'à la fin du mois de mai. Après ? « Je ne peux pas aller plus loin que ce que nous dit la météo ! Va-t-il pleuvoir ? Je n'en sais rien... »
Et si on venait à descendre sous le seuil des 13 m 3 /s ? « On commencerait par arrêter une tranche pour ralentir la production, ça nous ferait gagner 1 m 3 /s (l'équivalent de ce qui s'échappe d'une des deux cheminées). Mais si on passe sous le seuil d'alerte, nous ne sommes pas maître des décisions. Ce sont les Préfets de la Vienne et de la Haute-Vienne qui arbitrent les mesures à prendre »
Parmi les mesures envisageables justement, il y a bien sûr la baisse de régime. Voir l'arrêt total de l'activité de la centrale. « A l'arrêt, on a seulement besoin d'une petite quantité d'eau pour fonctionner. »
Une réserve d'eau avec le lac de Vassivière
Ensuite, il existe aussi une mesure de taille : l'utilisation de la réserve d'eau que constitue le lac de Vassivière et qui pourrait regonfler la Vienne. A trop en user, cela signifierait de mettre fin à la navigation touristique sur le lac... Et vraiment, en cas d'extrême sécheresse, s'il n'y avait plus d'eau du tout autour de la centrale, il y aurait la possibilité de puiser dans quatre réservoirs d'eau qui offrent 10 à 15 jours de refroidissement du site. « Mais il y a pas mal de solutions alternatives avant d'en arriver là. »
Et pour le moment, tout fonctionne normalement...
'' On est quasi-sûr qu'il faudra arrêter la centrale ''
Stéphane Lhomme est militant antinucléaire et suit l'activité de la centrale de Civaux de très près.
La centrale de Civaux est-elle en difficulté ?
« On est quasi-certain qu'il faudra l'arrêter et vite. Le débit de la Vienne est trop faible et même avec des orages, l'eau ne remontera que deux ou trois jours pour redescendre aussitôt. A la mi-mai, on est sur une situation identique à une fin de mois d'août. Et on a encore quatre mois à passer, à moins que l'été ne soit pourri... Et tout le monde sait qu'il n'y aurait jamais dû y avoir de centrale à cet endroit. C'était un caprice de René Monory alors que la rivière est très fragile et qu'elle a peu de débit. Le lac de Vassivière a été creusé pour aider à alimenter la Vienne mais on ne va pas le vider comme ça. »
Il existe des réservoirs d'eau à Civaux...
« Oui, et c'est déjà mieux que pour les quatre centrales de la Loire qui n'en ont pas. Mais il y a un risque réel de devoir l'arrêter malgré la présence des quatre réservoirs qui de toute façon, ne sont pas inépuisables. »
Quelles sont vos craintes ?
« On peut facilement arrêter une centrale en appuyant sur un bouton. Mais après, il faut des semaines pour refroidir le coeur du réacteur. Ce qui veut dire qu'il faut l'arrêter suffisamment tôt pour éviter une rupture de refroidissement et la fusion du coeur. Je ne voudrais pas que sous prétexte d'attendre une pluie potentielle, on prenne le moindre risque. Et en ce moment, on est pile à l'entrée du désert... »
le billet
Une petite pluie
Le climat qui régnait hier à la centrale de Civaux n'était pas franchement alarmiste. Le calme sous un soleil de plomb. Pourtant, le téléphone du directeur de l'environnement n'arrête pas de sonner. Les services de l'Etat, les services d'EDF... soucieux de discuter de ce bas débit qui fait souci, viennent régulièrement aux nouvelles.
Sans parler de ceux qui n'appellent pas. Les citoyens lambda qui craignent qu'on ne leur cache des choses, apeurés par le fantôme de la catastrophe de Fukushima.
En fait, pour rassurer tout le monde, il faudrait... qu'il pleuve. Pas un de ces gros orages qui fait gonfler la rivière pendant deux-trois jours avant de redescendre aussi sec. Pas besoin non plus que la pluie fine et longue tombe pile sur Civaux.
Plutôt sur le Limousin, pour grossir la Vienne juste avant d'arriver à la centrale.
En attendant cette pluie providentielle, à Civaux, on serre les dents.
En attendant...
la question
Que faire des eaux des effluents que la centrale ne peut plus rejeter, faute de débit suffisant ?
Pour que la centrale puisse rejeter les eaux des effluents, il faut que le débit de la rivière soit au minimum de 27 m 3 /s. « On ne les a plus aujourd'hui donc nous stockons ces eaux dans des réservoirs de stockage », indique-t-on à la centrale. En tout, il y a six réservoirs de 750 m 3 chacun. Généralement, ce stockage démarre en juin et se poursuit jusqu'en septembre-octobre. « Là, on a anticipé. Mais on a la capacité de tenir jusqu'en septembre ».
Source : http://www.lanouvellerepublique.fr/vienne/ACTUALITE/24-Heures/La-centrale-de-Civaux-gere-l-eau-au-compte-gouttes