Sujet: Impunité des crimes en Colombie (Documentaire) Sam 17 Sep 2011 - 19:41
C'est un documentaire que j'ai vu hier soir sur Arte, et la banane que je venait de manger avec comme un gout de sang... Avec son étiquette verte et bleue et la marque "Banacol" 'product of Colombia ( achetée le matin même ). J'ai eu l'impression d'avoir acheté la mort d'un paysan colombien.
Quel rapport avec la Colombie et ses crimes? Sous pretexte d'anti guerilla,d'anti guerilleros, des centaines de groupes paramilitaires soutenus par le gouvernement et les militaires commettent des milliers de massacres ( + de 48 000 entre 2001 et 2005 ont été recensés): des paysans accusés d'être des guerilleros sont massacrés, ainsi que leurs femmes et leurs enfants. La vérité est ailleurs: celle du vol des terres pour que les lobbys puissent cultiver la banane, mais aussi trafiquer toutes sortes de drogues. Une parodie de procès a eu lieu, une femme menant une enquête d'investigation à été assassinée durant ce pseudo procès. Dans un pays grand comme la France l'Allemagne et l'Espagne réunis, il est facile de tuer, de liquider un village.
Pourquoi ? pour qui? Découvrez le dans ce documentaire... La vérité est ailleurs....La justice aussi...
En Colombie, les crimes contre l'humanité des milices paramilitaires devaient faire l'objet d'investigations pour "la paix et la justice". Un processus interrompu pour épargner les plus hauts intérêts. Enquête sur une effroyable violence d'État.
Les crimes contre l'humanité des milices paramilitaires colombiennes resteront-ils impunis ? Enquête.
Les milices paramilitaires d'extrême-droite de l'AUC (Autodéfenses unies de Colombie) ont torturé, assassiné et fait disparaître des dizaines de milliers de personnes depuis la fin des années 1990, en particulier dans le nord du pays, au nom de la lutte contre la guérilla des FARC. En juillet 2005, l'adoption de la loi 975 pour "la justice et la paix" organise leur démantèlement et installe une commission judiciaire chargée d'établir la vérité sur l'ampleur de ces crimes. Ceux qui acceptent, après avoir déposé les armes, d'avouer ce qu'ils ont fait, se voient promettre des peines qui n'excéderont pas huit ans de détention. Malgré une marge de manoeuvre étroite - seule une centaine de paramilitaires se présente devant la commission, sur les 32 000 démobilisés -, les audiences mettent peu à peu en cause une partie de l'élite économique et politique du pays, alliée au gouvernement Uribe. Le plus disert des inculpés, le commandant "H H", accuse l'oligarchie colombienne d'avoir dirigé cette vague de terreur afin de garantir sa suprématie, notamment sur les terres. Et en 2008, alors que le scandale prend de l'ampleur, et que les menaces se multiplient à l'encontre des témoins ou du personnel judiciaire, les chefs de l'AUC en détention sont extradés vers les États-Unis, où ils ne sont inculpés que de trafic de drogue, ce qui coupe court à toute révélation.
(Suisse, France, 2010, 85mn) ARTE / SSR Posteur YouTube ARTEplus7
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Sujet: Re: Impunité des crimes en Colombie (Documentaire) Sam 17 Sep 2011 - 19:52
Wouaw, un Docu que je vais regarder avec intérêt, merci beaucoup Nanette, et paf je le place dans mes Fav !
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Sujet: Re: Impunité des crimes en Colombie (Documentaire) Sam 17 Sep 2011 - 19:55
On peut se demander si l'histoire se répète inlassablement et sous l'oeil insensible des pays "développés".
Je vous parlait de mes bananes "Banacol", mais je me souviens tr_s bien qu'un des paysans citait "Chiquita". Mais ou Nanette veut elle en venir avec ses bananes....
Au Guatemala il y a quelques décénies....
Lisez plutôt et vous comprendrez très vite que Politique, Guerres, Interêts financiers importants ont tous la même origine, et surtout qu'ils font toujours couler autant de sang. A croire que l'Amérique du Sud est un vaste terrain de jeu très lucratif pour les psychopathes de ce monde:
(Source Wikipedia)
L'apogée de la compagnie et sa remise en question: United Fruit company En 1944, le peuple guatémaltèque renversa le dictateur Jorge Ubico et tint les premières élections démocratiques de son histoire. Les electeurs élisent le socialiste Juan Jose Arevalo Bermej en tant que président, qui fit adopter une nouvelle constitution, basée sur celle des États-Unis.
Dès son arrivée au pouvoir, le nouveau président s'attaqua à la tâche de réduire les inégalités, dans un pays où 2,2% de la population, majoritairement des grands propriétaires terriens tels que la UFCO, possédait près de 70% des terres, pour la plupart inutilisées. Les élections de 1950 portèrent Jacobo Arbenz au pouvoir avec près de 65% des suffrages. Il devient officiellement président en 1951. En 1952, le Congrès guatémaltèque adopte le Décret 900, ou l'Acte de réforme agraire. Dès 1953, le gouvernement Arbenz utilise le nouveau code et décrète que 849 km2 de terre appartenant à la UFCO seront expropriés et redistribués à des paysans sans terre. En compensation, le gouvernement promet une indemnisation de 627 572 dollars en bons gouvernementaux, montant basé sur la valeur déclarée des terres, par la compagnie elle-même. Insatisfaite, la UFCO se plaint au gouvernement des États-Unis.
Le 20 avril 1954, John Foster Dulles, le secrétaire d'état américain envoie une note de protestation au gouvernement guatémaltèque déclarant injuste l'indemnisation proposée par ce dernier. Confronté au refus du Guatemala d'amender le décret, l'ambassadeur des États-Unis au Guatemala, John Emil Peurifoy, se rend devant le congrès américain et déclare que le Guatemala répand des « tentacules marxistes » en Amérique centrale. La pieuvre, l'un des symboles des trusts
Le 5 mai, 25 000 employés de la UFCO au Honduras, soit près de 15% de la main-d'œuvre du pays, déclarent la grève. Ils revendiquent une hausse de salaire de 72% et des conditions de travail acceptables. Une semaine plus tard, 11 000 employés de la Standard Fruit Company se joignent au mouvement, et sont bientôt suivis par de nombreux autres ouvriers et travailleurs du pays. Le 18 mai, la Standard Fruit Company accepte de hausser les salaires : trois jours plus tard, ses employés retournent au travail. Pendant ce temps, la grève s'étend et regroupe près de 100 000 employés de la UFCO. Près de deux mois plus tard, le 9 juillet, la compagnie accepte de hausser les salaires de 21% et de fournir des soins de santé à ses employés. Peu après, un ouragan frappe le Honduras et la compagnie met à pied près de 10 000 employés, prétextant la destruction de certains champs.
Le 18 juin de la même année, un coup d'État baptisé « Opération PBSUCCESS » est organisé au Guatemala par la CIA et certains gouvernements d'Amérique centrale. Carlos Castillo Armas s'auto-proclame président et est aussitôt reconnu par les États-Unis.
L'UFC comptait alors dans la compagnie2 :
John Foster Dulles, ex-secrétaire d'État des États-Unis, ancien avocat de la société. Allen Dulles, ex-directeur de la CIA, cadre dirigeant. Walter Bedell-Smith, ex-directeur de la CIA, cadre dirigeant.
En 1959, Fidel Castro, peu de temps après sa prise du pouvoir à Cuba, adopte à son tour une réforme agraire et autorise la redistribution des plantations de sucre de la UFCO. Ceci fut l'une des raisons du débarquement d'anticastristres entrainés et financés par la CIA dans la baie des Cochons3.
En 1969, Eli Black devient l'actionnaire principal de la UFCO en achetant 733 000 parts dans ce qui est la troisième plus importante transaction de l'histoire de Wall Street.
En 1970, la United Fruit Company et AMK-John Morrell convergent pour former la United Brands Company (UBC). En 1973, pour la première fois, la UBC se fait devancer par Dole au chapitre des ventes aux États-Unis.
Le 3 février 1975, Black se suicide en sautant de la fenêtre de son bureau de la tour Panama à New York. L'enquête qui suivra sa mort révèle un important scandale de corruption dans lequel Black et la UBC sont directement impliqués. En avril, United Brands est accusée d'avoir acheté le président du Honduras, Oswaldo López Arellano pour 1,25 million de dollars, avec la promesse d'une somme équivalente supplémentaire en échange d'une réduction des taxes d'exportation pour la compagnie. L'actif de l'entreprise est aussitôt gelé, tandis que l'armée hondurienne relève le président du Honduras de ses fonctions. Le changement de nom en « Chiquita Brands International ».
En 1989, l'entreprise change de nom pour la Chiquita Brands International Inc. (reprenant le nom de la mascotte de l'UFC), disant vouloir rassurer l'opinion des investisseurs et des consommateurs.
LISEZ BIEN: "En 1989, l'entreprise change de nom pour la Chiquita Brands International Inc.". United Fruit Company=Chiquita Brand Company.
En video de 3 min 05 à 6 min 21 ( quoique le reste permet aussi de comprendre la mafia gouvernementale de l'époque et son expansion mondiale en 2011).
Ce coup d'Etat au Guatemala pour rappel à fait des centaines de milliers de morts en 40 ans.... En quelques années il a fait presque 50 000 morts en Colombie....
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Sujet: Re: Impunité des crimes en Colombie (Documentaire) Sam 17 Sep 2011 - 20:26
Revenons à nos bananes en 2011.... Lien: http://www.slate.fr/story/41787/chiquita-papers
Les Chiquita Papers: comment une entreprise américaine a financé les paramilitaires colombiens Damien Spleeters, journaliste indépendant belge, s'est plongé dans les 6.000 pages du dossier. Chiquita, en finançant à la fois les guérillas et les paramilitaires colombiens, a contribué non seulement au narco-trafic mais aussi, et surtout, à la perpétuation de graves violations des droits humains. L'AUTEUR: Damien Spleeters Journaliste indépendant basé à Bruxelles.
«Entre 2002 et 2006, on enregistre près de 20.000 homicides par an en Colombie, la très grande majorité imputable à la violence sociopolitique. Les paramilitaires sont responsables de plus de 60% de ces assassinats, tandis que 25% sont attribuables aux guérillas. Ils sont aussi responsables de la grande majorité des 3,5 millions de déplacés par la guerre. Les paramilitaires sont ainsi les principaux artisans de la plus grave crise humanitaire de l’hémisphère, autant par la quantité que par la brutalité de leurs actions.» Philippe Dufort, Paramilitarisme et scandale de la parapolitique en Colombie, 2007.
Si vous avez lu Cent ans de solitude, du prix Nobel de littérature colombien Gabriel García Márquez, vous vous souvenez sans doute de l'épisode du massacre des bananeraies. Le 6 décembre 1928, les travailleurs en grève de la United Fruit Company se réunissent sur la place municipale de Ciénaga, dans le Magdalena colombien, pour exiger une réponse à leurs revendications syndicales. L'armée ouvre le feu sur la foule. Le chiffre de 3.000 morts est avancé.
Ça serait un euphémisme de dire que la United Fruit Company fait simplement son business en Amérique latine, puisque c'est à elle qu'on doit l'expression «république bananière».
En 1989, la société américaine se rachète un nom et une réputation et devient la Chiquita Brands International.
En Colombie, elle sera connue sous le nom de sa filiale Banadex jusqu'en juin 2004, date à laquelle Chiquita liquide Banadex mais continue d'être implantée dans le pays par l'intermédiaire de Banacol. Comme s'il suffisait de changer de nom pour changer d'identité.
De 1997 à 2004, Chiquita Brands International a financé, à hauteur de 1,7 million de dollars, les Autodéfenses paysannes de Córdoba et Urabá (ou Autodéfenses Unies de Colombie – AUC), un groupe paramilitaire colombien considérée comme une organisation terroriste depuis le 10 septembre 2001. C'est la première fois qu'une société américaine est inculpée pour avoir financé le terrorisme.
Tout en invoquant l'extorsion, Chiquita plaide coupable et collabore avec la justice américaine. En mars 2007, un arrangement est trouvé: Chiquita, qui a financé une organisation terroriste, s'en sortira avec une amende de 25 millions de dollars répartie en cinq paiements de 5 millions chacun. (La vente de Banadex rapportera plus du double à Chiquita. En échange du deal entre Chiquita et le Department of Justice, il n'y aura pas d'accusations criminelles, ce qui complique la perspective d'un procès en Colombie et l'extradition éventuelle des responsables.)
REUTERS/Alberto Lowe Au port d'Almirante, Panama, en 2002. REUTERS/Alberto Lowe
Peu après l'annonce du verdict, le correspondant du journal colombien El Tiempo écrivait depuis Washington que «l'ONU et les dirigeants communautaires de l'Urabá souhaitaient que cet argent aille à la Caisse nationale d'indemnisation des victimes, pour aider les personnes touchées par les crimes des paramilitaires». Les victimes étaient souvent les travailleurs mêmes des plantations.
Chiquita, en finançant à la fois les guérillas (Farc et ELN) et les paramilitaires colombiens, a contribué non seulement au narco-trafic mais aussi, et surtout, à la perpétuation de graves violations des droits humains: déplacements forcés, kidnappings, tortures et meurtres.
Bien que l'enquête du ministère de la Justice américain, dans l'accord conclu avec Chiquita en 2007, ait consacré le fait que cette dernière n'aurait retiré aucun bénéfice des paiements effectués aux paramilitaires colombiens (et aux guérillas avant 1997), le quiproquo semble assez clair.
Que s’est-il passé? Le 7 avril 2011, grâce au Freedom of Information Act (FOIA), la National Security Archive publie près de 6.000 pages de documents remis à la justice par Chiquita. J'ai plongé le bras dans la merde jusqu'à l'épaule. Ça m'a pris deux mois pour remonter à la surface avec quelques perles et beaucoup de données. Oui, Chiquita a financé une organisation terroriste qui, dans sa lutte contre les guérillas, a commis plusieurs massacres en Colombie. Il y avait certainement intimidation –Chiquita opère dans une partie du pays où les services de sécurité peinent à assurer leur propre sécurité– et l'entreprise américaine réalise assez rapidement qu'il allait falloir passer des accords avec les guérillas (dans un premier temps) si elle voulait continuer ses affaires en Colombie. Tout commence dans les années 1990. Dès cette époque, selon les documents étudiés, l’entreprise verse de l’argent à l’armée colombienne, mais aussi, et en plus grande quantité, à la guérilla. En 1997, le vent tourne, les paramilitaires prennent le contrôle de la région. Ceux-ci, avec la collaboration active de l'armée ou son accord tacite, opèrent dans la région en toute impunité.
Chiquita commence alors à les financer, encouragée par l'armée colombienne, via d'importants paiements à l'ordre de groupes Convivir, une sorte de milice légalement constituée pour lutter contre la guérilla mais qui échappe rapidement au contrôle du gouvernement colombien. Pour Michael Evans, responsable du projet Colombie à la National Security Archive (l'institut qui publie les documents étudiés), c'est là qu'on entre en zone grise:
«Les Convivir sont considérés comme des groupes légaux par la plupart des gens. Ils en avaient entendu parler, ils savaient ce que c'était, qu'ils étaient des milices soutenues par le gouvernement. Il y avait au moins l'apparence qu'ils [Chiquita] donnaient l'argent à des choses licites. Bien sûr, Chiquita savait depuis le début que les paiements n'allaient pas aux Convivir mais que c'était simplement par ce biais que les paramilitaires voulaient être payés. Il y a comme une sorte d'ambiguité, mais c'est intentionnel. C'était l'idée. De cette manière, ils voulaient cacher le fait qu'ils finançaient, littéralement, des escadrons de la mort.»
Dans le «Justice and Peace Process» (processus de désarmement des paramilitaires), certains anciens responsables de groupes paramilitaires confessent ce genre de pratiques, où Chiquita serait loin d'être une exception.
Plusieurs procès suivent leur cours. Dans l'un d'entre eux, des milliers de Colombiens ont introduit une action en justice aux États-Unis contre Chiquita, affirmant qu'ils avaient été torturés ou que des membres de leur famille avaient été tués par les paramilitaires payés par Chiquita. Cette dernière avait tenté de mettre un terme au procès. Mais, le 3 juin 2011, le juge Kenneth Marra, en Floride, a autorisé sa poursuite.
Plongeons donc dans les Chiquita Papers…
La chronologie des Chiquita Papers • 1/ 1997-2004: les années AUC
Où l'on apprend que Chiquita versait de l'argent aux paramilitaires pour «assurer la sécurité» et où le nom d'Uribe est cité. Lire l'article
2/ 1991-1997: les années guérillas
Chiquita aurait versé, de 1991 à 2004, 794.394 dollars aux guérillas colombiennes. Lire l'article
3/ Le cas Otterloo
L'Otterloo est un bateau censé convoyer des balles en plastique pour le Panama, mais qui en réalité contenait 3.000 Kalachnikovs et de millions de munitions livrées aux paramilitaires colombiens. Lire l'article
4/ Michael Evans, l'homme qui a déterré les Chiquitas Papers
Interview de l'analyste responsable du projet Colombie au sein de la NSArchive. Ce «passionné de transparence et de responsabilisation gouvernementale» nous parle du projet Colombie au sein de la NSArchive, du Freedom of Information Act et de, tiens!... WikiLeaks. Lire l'article
Damien Spleeters
Invité Invité
Sujet: Re: Impunité des crimes en Colombie (Documentaire) Sam 17 Sep 2011 - 21:02
Nanette67 a écrit:
C'est un documentaire que j'ai vu hier soir sur Arte, et la banane que je venait de manger avec comme un gout de sang... Avec son étiquette verte et bleue et la marque "Banacol" 'product of Colombia ( achetée le matin même ). J'ai eu l'impression d'avoir acheté la mort d'un paysan colombien.
Quel rapport avec la Colombie et ses crimes?
Le chocolat noir a un goût de sang aussi, je lirai ce topic demain.
Après, si je prends la Kalach ...
Vaut mieux que j'aille dormir, j'ai envie de vomir ...
Cordialement
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Sujet: Re: Impunité des crimes en Colombie (Documentaire)