En Grèce, les suicides, depuis la crise, se comptent par milliers. Mais celui qui vient d'avoir lieu ne passera pas inaperçu. Non seulement le désespéré était un célèbre collectionneur d'art d'Athènes, héritier d'une richissime famille d'armateurs. Mais surtout, il a décidé avant de se donner la mort avec un 22 long rifle, de détruire à l'aide d'une broyeuse des centaines de billets de banque pour une somme avoisinant les 500 000 euros ! Lorsque les secours ont pénétré dans son appartement, à côté d'une mare de sang, des milliers de morceaux de billets jonchaient en effet le sol.
Il s'agissait de coupures de 500, 100, 50 et 20 euros, mais aussi de dollars américains et livres sterling.
D'après le quotidien grec Protothema, qui a révélé l'information, l'homme de 55 ans se serait donné la mort mi-septembre, mais le suicide n'aurait été découvert que cette semaine, après que des voisins inquiets de ne plus voir le collectionneur ont alerté la police.
La destruction d'une telle somme fait polémique
La nouvelle du décès de ce quinquagénaire qui vivait dans le luxe et fréquentait les lieux branchés de la capitale grecque, suscite l'incompréhension parmi les proches de la victime. Personne ne pensait en effet le riche héritier capable de mettre fin à ses jours, même si ce dernier aurait évoqué à plusieurs reprises vouloir «tout quitter».
En 1984, le provocateur Serge Gainsbourg avait provoqué un tollé en brûlant un billet de 500 francs dans une émission de télé. Pas étonnant, donc que le choix de ce collectionneur d'art de détruire des centaines de milliers d'euros avant de mourir, alors même que les Grecs sont confrontés à une crise économique sans précédent, fasse polémique dans le pays. L'homme qui n'avait vraisemblablement pas d'héritier n'aurait-il pas pu faire don de sa richesse à une quelconque association plutôt que de détruire ostensiblement une somme si colossale ?
Le quinquagénaire faisait apparemment l’objet d’un contrôle fiscal. Mais il semblait de toute façon à l'abri de tout problème financier. Toujours selon le journal Protothema, il possédait une très grande propriété à Athènes et une autre sur l'île des Sporades. Il percevait par ailleurs des milliers d'euros de loyer tous les mois. Mais visiblement, ce dernier n'avait pour l'argent et la luxuriance plus que du dégoût.
Depuis la crise, la Grèce enregistre la plus forte augmentation du nombre de suicides de son histoire, rapportait le mois dernier le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, cité par Courrier International. En effet, d'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur l'année 2008, près de 300 Grecs s'étaient donnés la mort, ce qui représentait à l'époque le taux de suicide le plus faible d'Europe. Depuis le début de la crise, ce chiffre a plus que triplé. Plus de 2000 Grecs se seraient suicidés depuis 2010, d'après l'ONG Klimaka, dont le numéro d'urgence dédié aux suicides reçoit plus de 30 appels par jour. Et toutes les catégories sociales seraient touchées, même si la majorité des victimes sont des hommes de plus de 45 ans, que la crise a plongés dans le désespoir.
LeParisien.fr
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