L‘utilisation de l’argent colloïdal en médecine fait débat depuis déjà plusieurs dizaines d’années. Certain le considère comme le remède miracle qui nous soignera du cancer, des infection bactérienne et des contaminations virales. Tandis que d’autres l’accusent d’être toxique et réfutent formellement son efficacité. Alors que penser de cette mystérieuse solution miracle ?
Qu’est ce que l’argent colloïdal ?
Hésiode dans sa Théogonie (VIII° s. av. J.-C.) raconte la succession des diverses races apparues sur la terre. Les cinq races énumérées s’ordonnent selon une échelle de valeur représentée par des métaux commençant par l’or et l’argent. Le fer, en dernière position, était réservé à l’Humanité. Ainsi l’Alchimie reconnaît sept métaux (correspondant aux 7 planètes alors connues) dont deux sont dit parfaits : l’Or et l’Argent. L’Argent dominé par la Lune ☽ est un métal blanc et précieux, il est noté Ag selon les conventions modernes.
Colloïdale désigne la dispersion homogène de particules de dimensions entre 2 et 2000 nanomètres dans une suspension. On parle donc de nanoparticules, même si elles ne sont pas spécifiquement considérées en tant que telles. On parlera toujours de « suspensions » pour un colloïde et non de « solution ».
L’argent colloïdal est donc tout simplement une suspension de nanoparticules d’argent dans de l’eau distillée.
Un peu d’histoire…
Pourtant simple dans leur définition l’utilisation de l’argent et de l’argent colloïdal dans l’arsenal thérapeutique fait peur aujourd’hui. Cependant son usage en médecine n’est pas nouveau…
Hippocrate lui-même, « le père de la médecine », préconise dans son « Corpus Hippocraticus » l’utilisation de la fleur d’argent (poudre d’argent) sur les blessures pour une meilleure cicatrisation.
De nombreux exemple nous montre que l’utilisation de l’argent était très courante en médecine traditionnelle pour le soin des plaies, des brûlures des infections… En Macédoine, par exemple, on appliquait une plaque d’argent pour favoriser la cicatrisation des plaies, les médecins arabes du moyen âge utilisaient l’argent pour réduire les palpitation ou la rétention hydrique. Mais Pline l’ancien, Avicenne, Gerber et Paracelse décrivent eux aussi les effets positifs de l’argent sur la santé.
Cette utilisation se normalise et c’est au XVIIIe siècle que l’utilisation de l’argent en médecine prend son essor. On l’utilise couramment dans le traitement pour soigner la plupart des affections cutanées. Au XIXe siècle on recenserait plus de 60 préparations pharmaceutiques qui comportent de l’argent.
Le tournant
Après 1930, ce remède est de moins en moins utilisé. En effet,suite à l’augmention du coût de fabrication de la suspension d’argent colloïdal, elle devient invendable. La journée de soin atteint alors la somme de 225$.
Mais le plus grand boulversement se produit dans les années 40 avec l’arrivé sur le marché des antibiotiques. La découverte que Fleming a fait par hasard change les habitudes thérapeutiques des médecins et l’argent colloidal tombe en totale désuétude.
Pourtant, dans les années 70, le docteur Becker de la Syracuse University de New York décrit l’effet spectaculaire de l’argent colloïdal sur les infections incurables notamment le SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méticilline). Au lieu d’ovations, il ne reçu que l’anonymat. Pire encore, pour des raisons obscures, le financement de son étude lui est retiré et il est contraint d’arrêter ses recherches.
D’autres médecins se lancent dans l’étude des effets de l’argent sur de multiples bactéries et virus. Les recherches du professeur Earl Henderson montrent, par exemple, que le protéinate d’argent biotique serait un inhibiteur de la rénine et de VIH-1. Le professeur, lors de sa présentation de son étude, explique que ces résultats sont très prometteurs et exprime l’importance de la poursuite des recherches.
Des laboratoires de recherches publient, eux aussi, des comptes rendus sur l’action incroyable de l’argent sur plus de 650 agents pathogènes. Parmis ces laboratoire on trouve par exemple : UCLA Medical Laboratories en 1988, l’University de Philadelphie en 1995, l’Unité de Biochimie des Laboratoires Upjohn en 1991 . (pour plus d’information sur ces multiples recherches voir annexe).
Malgré ces recherches très prometteuses la FDA (food and drug administration) interdit en 1999 l’usage de l’argent colloïdal. Pourtant si l’on s’interesse de plus près à toutes ces publications on découvre que beaucoup d’effets ont été mis en évidence contre non seulement les bactéries résistantes aux antibiotiques à large spectre mais aussi dans la régénération cellulaire dans le cas de cancer, de fracture osseuse, et même contre certaine forme du virus HIV évoqué précédemment. Mais toutes ces études sont jugées non recevables et incertaines par les autorités pharmaceutiques qui réinvestissent très peu dans ce domaine de recherche.
Mais la FDA va finir par accepté la mise sur le marché d’argent colloïdal aux USA. Cependant, la FDA interdit aux fabricants de ce colloïde d’inscrire sur l’étiquette qu’elle aide à lutter contre l’infection contrairement à l’EPA (United States Environmental Protection Agency) qui lui reconnait ces propriétés.
Cette différence d’opinion traduit bien l’état actuel de controverse quand à l’utilisation de ce remède. En France, on ne peut pas acheter d’argent colloïdal dans nos pharmacies et la HAS (haute autorité de santé) ne reconnait pas les effets de ce colloïde sur les infections ou sur la santé de manière générale.
Le renouveau
A l’heure d’internet, ce remède dit révolutionnaire se fait connaitre. En Angleterre, le docteur Robert Strohal professeur associé en dermatologie à l’Hôpital Académique Fédérale à Feldkirch s’est connaitre pour son utilisation de pansements à l’argent pour les malades atteint du SARM. La BBC le cite en disant :
« J’ai été choqué par les résultats. Je ne m’attendais pas ce que cela soit efficace … le pansement empêche l’infection de s’échapper, ce qui signifie que des infirmières et des médecins qui entrent en contact avec le patient ne peuvent être contaminés et le transmettre à d’autres patients … Cela pourrait avoir un effet immense si cette technique est adoptée comme pratique courante dans des pays comme le Royaume-Uni et États-Unis où le SARM est un réel problème. »
Des pyjamas et draps spéciaux pour ses malades du SARM ont aussi été mis à l’épreuve et ont prouvés leur efficacité outre-manche. Aujourd’hui l’utilisation de l’argent comme bactéricide se répand comme une trainer de poudre dans tous les domaines :
· de nombreuses marques de pansements utilisent un revêtement à l’argent comme dispositif antibactérien.
· dans le textile on incorpore l’argent dans la fibre du tissu pour limité le développement de bactéries en son sein.
· les constructeurs d’ordinateur Samsung ont recouvert le clavier d’un de leur nouveau PC portable d’une fine couche d’argent sensé limité la prolifération des bactérie sur cette surface réputée comme contaminée.
· les cuillères pour bébé en plastiques incorporent de l’argent.
· un déodorant nivéa utilise comme principe actif anti odeur l’argent qui élimine les bactéries responsable de la mauvaise odeur de transpiration.
· on utilise de plus en plus des solutions à l’argent pour la désinfection des sols en milieux hospitalier en Angleterre
Même la NASA et plus de 50% des avions de ligne utilisent l’argent comme système de purification de l’eau.
Danger ?
La principale attaque que font les autorités de santé et pharmaceutiques à l’encontre du colloïde d’argent dans la médecine est l’effet toxique de l’argent sur la santé humaine. En effet, l’absorption régulières de sels d’argent par la peau ou les muqueuses entraine une maladie chez l’homme : l’argyrie. Cette maladie a pour principaux symptômes une peau bleue gris, une dyspnée, des palpitations et des œdèmes.
Paul Karason est atteint d'argyrisme depuis 2007.
L’exemple de Paul Karason ou de Stan Jones reviennent souvent comme preuve du danger de l’argent colloïdal. En effet, Paul Karason a consommé et utilisé comme baume pour le visage une très grande quantité de solution d’argent ionique qu’il fabriquait lui-même, et ce pendant 14 ans. Stan Jones continue de promouvoir l’usage de l’argent colloïdal comme remède familial et ce malgré son auto-médication excessive qui lui a laissée une couleur de peau si médiatisée.
La confusion entre l’argent colloïdal et la solution ionique d’argent est donc ici en cause. Les sels qui se forment dans la solution sont très dangereux et responsables du développement de l’argyrie. Ces sels sont stockés irrémédiablement dans les tissus et, lors d’une exposition au UV, donnent à la peau une couleur bleue. Or la solution d’argent colloïdal n’est pas composée de sels mais de nanoparticules d’argent.
Cet exemple nous met en garde contre plusieurs dangers :
- la non consultation d’un médecin avant la prise d’un médicament (tout naturel soit-il)
- l’usage abusif du terme d’argent colloïdal pour désigner des solution ionique d’argent pouvant contenir des sels d’argent
- le non respect des doses recommandées
En effet, l’EPA détermine la dose de référence (DRf) de l’argent. Il s’agit de la dose seule qu’un adulte sain de 70 Kg peut consommer quotidiennement sans risque. Cette dose est de 1.05mg. Or une solution d’argent colloïdal est à une concentration de 10ppm (= 10mg/L). Cette DRf correspond donc à une consommation de 7 cuillères à soupe d’argent colloïdal par jour pendant 70 ans.
L’EPA donne aussi des renseignements sur la dose létale de l’argent et celle-ci correspond à 1.324g d’argent soit 132.4L de solution d’argent colloïdal. Il ne me semble donc pas plausible qu’un homme développe l’argyrie ou mette en danger sa santé en consommant raisonnablement ce colloïde d’argent.
Que penser ?
En 2008, selon les producteurs, environ 500 t/an de nano-argent (ou nanoargent, « nano-silver » pour les anglophones) auraient été produits sous forme d’ions argent, de particules d’argent protéinées (silver proteins) ou de colloïdes. 1/5ème de la production est utilisé comme biocide ou bactéricide. Des évaluations estiment qu’en 2015, il pourrait en être produit 1 000 à 5 000 tonnes/an, ce qui correspondrait à 1/3 de l’actuelle production mondiale d’argent.
Personnellement, je me trouve face à un dilemme quand à la conclusion de cet article. Lors de mes recherches je suis tombée sur de nombreux sites qui recensent un nombres incroyables de témoignages sur l’efficacité redoutable de l’argent colloïdal. Cependant internet n’est pas réputé pour être un modèle de fiabilité scientifique. Mais mis à part les sites de ventes d’argent colloïdal quel serait l’intérêt des internautes à mentir ?
De plus, les différentes autorités de santé du monde ne sont pas du même avis. Pendant que les USA réglemente son utilisation la France l’interdit catégoriquement. Dans le but de pouvoir éclaircir ce mystère nous testons l’argent colloïdal actuellement. Nous publierons bien sûr les résultats, et nous pourrons alors mieux nous positionner sur l’efficacité de ce remède d’antan.