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| Ingérence française au Cameroun : Pan dans les dents de la Françafrique arrogante!… (lettre ouverte) A LIRE !! | |
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orné
Messages : 5072 Date d'inscription : 11/06/2012 Age : 51 Localisation : UNIFIÉS CORPS, ÂME, MENTAL. LA TRINITÉ PARFAITE QUI REGARDE DANS LA MÊME DIRECTION, NE SE COMBAT PLUS MAIS RESTE SOLIDAIRE
| Sujet: Ingérence française au Cameroun : Pan dans les dents de la Françafrique arrogante!… (lettre ouverte) A LIRE !! Ven 2 Mai 2014 - 7:12 | |
| Ingérence française au Cameroun : Pan dans les dents de la Françafrique arrogante!… (lettre ouverte) A LIRE !!
Lettre ouverte à l’ambassadeur de France au Cameroun, Madame Christine Robichon
Armand Roger Biloa Mballe Madame,
L’objet de cette lettre est de vous demander de cesser de vous mêler des affaires intérieures du Cameroun.
Depuis votre arrivée au Cameroun en Décembre 2013, les Camerounais vous observent, suivent et scrutent vos faits et gestes et essaient de les mettre en perspective par rapport à la politique de votre pays au Cameroun. Votre activisme, en quelques cinq mois de séjour au Cameroun confirment les analyses que nous avons faites voici trois mois.
Vous êtes chargée d’une mission spécifique et spéciale dans notre pays. Vos multiples déplacements, à travers le territoire national, qui ne sont que de simples opérations de relations publiques, constituent le dernier fond de commerce d’un vieux logiciel diplomatique qu’utilise vos autorités pour masquer le rejet et le sentiment profondément anti-français que les Africains en général, et les Camerounais en particulier éprouvent vis-à-vis de l’Impérialisme de votre pays sur le Continent noir.
Mr Gain Bruno votre prédécesseur l’a utilisé durant son inutile séjour au Cameroun et cela n’a rien donné. Ce nouveau mode de coopération, reste la dernière trouvaille de la France dans ses relations avec les Etats africains. Et pour cause, elle n’a plus rien à leur offrir (si elle en eut avant). La France, contrairement aux faux airs de suffisance et à son arrogance habituelle, est embourbée dans une interminable crise multidimensionnelle aggravée il ya quelques mois par l’adoption de l’homosexualité comme nouveau mode de procréation et de renouvellement de sa population plus vieillissante que jamais.
Une France empêtrée, pataugeant dans d’inextricables et d’insolubles problèmes sociaux (chômage, pauvreté suicides…etc.), que vous continuez de miroiter aux Camerounais, comme un horizon incontournable en matière de développement et de progrès.
Vos sorties médiatiques et vos déclarations tantôt sur « les prisonniers politiques français » qui seraient détenus au Cameroun(alors qu’ils ne sont que de simples délinquants économiques et financiers et Camerounais au moment de leurs forfaits), tantôt sur le non respect des homosexuels sous les termes de Droits humains, tantôt sur la gouvernance et la corruption, cinq mois à peine après votre arrivée au Cameroun, ont fait tomber les masques. Le peuple camerounais sait déjà quel type de Diplomate vous êtes.
Madame, sachez que les relations diplomatiques et consulaires sont codifiées, encadrées et régies par les Conventions signées à Vienne respectivement en 1961 et en 1963. La France doit retenir une fois pour toutes que nous sommes en 2014 et non en février 1944, l’année où le général de Gaulle et son Ministre des colonies René Pleven, mettaient en place à Brazzaville (la triste et funeste Conférence Africaine Française de Brazzaville), l’architecture et les Instruments de la domination de la France en Afrique. C’était il ya 70 ans.
Vos déclarations à l’emporte-pièce dans certains medias camerounais, dont vous tentez d’orienter les lignes éditoriales en accordant de petits per diem au cours des stages de quelques jours et d’autres broutilles aux Directeurs de Publication n’aboutiront à rien. Sans prendre le parti du gouvernement camerounais, nous savons néanmoins que les agents de votre gouvernement ont remis de l’argent à certains medias locaux pour peindre négativement notre pays dans l’affaire Edzoa-Atangana.
Le peuple camerounais, en dépit des difficultés et des frustrations accumulées, n’ignore plus où se trouve son véritable ennemi. Arrêtez de parcourir les quartiers populaires de Douala à la recherche des mécontents comme vous le faites depuis votre arrivée au Cameroun. Vous recherchez une « étincelle sociale » pour allumer les troubles comme votre pays a pris coutume de le faire dans de nombreux pays africains (Côte d’Ivoire, Libye, Niger, Mali, RCA,…). Nos problèmes internes sont les nôtres.
Les Camerounais savent que leur « ennemi Central » c’est la France et ses réseaux. Une « Diplomatie de bruit », tel est votre créneau. C’est ce comportement inattendu d’un diplomate qui a exaspéré les Autorités béninoises et poussé le Président Yayi Boni en 2013 à expulser du Bénin l’Ambassadeur de France en lui donnant quelques jours pour quitter son Pays. Ayez l’intelligence ou au moins la décence d’éviter d’invoquer les « Relations Historiques » entre le Cameroun et la France car vos propos ravivent la douleur 400.000 morts camerounais, victimes du génocide commis par la France dans l’Ouest du pays et dans la Sanaga-Maritime.
Et même du point de vue des traités notre pays n’a jamais été une colonie française en tant que telle. C’est au travers de la Société des Nations (SDN) en 1919, puis de l’ONU en 1945 que votre pays, affaibli et ruiné par les guerres, est entré au Cameroun. Il y est donc par effraction, non par humanisme ou philanthropie, pour piller et exploiter ses richesses minières, naturelles et énergétiques. C’est cette politique de pillage , d’extermination et de massacres de nos Nationalistes que vos « Historiens coloniaux » ont étiqueté de maquisards qui vous rattrape aujourd’hui dans toutes les régions du Continent africain, notamment au Rwanda.
Madame l’Ambassadeur, en parcourant les deux plus grandes villes du Cameroun (Douala et Yaoundé), donc de la sous-région Afrique centrale, quel est le signe ou le symbole visible de la coopération entre « votre grande et puissante France » et le Cameroun ? Il n’y en a pas, faute de moyens. Cessez donc de chanter et de citer la coopération entre la France et le Cameroun comme un exemple. Déboucher ou curer les caniveaux de certaines rues à Yaoundé ou à Douala, boucher les nids de poules ou replâtrer les trottoirs d’une route à Garoua financés par des fonds prélevés sur nos devises déposées autoritairement dans le Compte d’Opération au Trésor français tient-il lieu de coopération ? Arrêtez ce cirque; il est de mauvais goût et même indigeste.
Depuis la destruction et l’occupation de la Côte d’Ivoire et l’assassinat du Président Kadhafi par Sarkozy et ses agents, « les Forces Profondes » à l’œuvre au sein de la Société Civile camerounaise ne demandent qu’une seule chose : la France et les Français doivent quitter l’Afrique. « French go home », telle est la lame de fond qui traverse les sociétés africaines. L’histoire moderne de notre pays a enregistré que l’Autoroute reliant les deux plus grandes métropoles de l’Afrique centrale (Douala et Yaoundé), sera l’œuvre de la Chine et non celle de la France. Un événement historique qui vient tourner les sombres pages des relations entre le Cameroun et la France. Le mépris et l’arrogance sur lesquels vous avez bâti « votre politique de coopération » en Afrique ont montré leurs limites. Dès lors, la confrontation entre les peuples africains et une France plus impériale que jamais, bien que décadente, paraît inévitable; l’on s’y prépare déjà. C’est la tâche que s’assigne notre génération.
Madame l’Ambassadeur, c’est l’occasion de vous rappeler que le 04 février 2014 vous vous êtes rendue à Douala dans la région du Littoral pour parler de « la gouvernance, des élections, de la corruption, de la démocratie et des fraudes de toutes sortes au Cameroun. Etes-vous qualifiée pour débattre de tels sujets dans notre pays ? Quand on sait que toute la classe politique française (toutes formations politiques confondues) est cernée et rongée par les affaires de corruption, de détournements de deniers publics et de mafia à grande échelle. Voilà dont une France où des Membres du gouvernement aux anciens Présidents de la République sont quotidiennement interpellés devant les tribunaux pour népotisme, emplois fictifs et qui prétend donner des leçons aux Africains. C’est le monde à l’envers.
Vous savez que sous d’autres cieux, les Chefs de Mission diplomatique, pour des raisons évidentes, se font très discrets dans leurs déplacements avec des véhicules banalisés. Mais au Cameroun comme en territoire conquis, vous vous baladez dans les quartiers populaires de Douala : New-Bell, Bali, Quartier Congo comme un Sous-préfet qui rend visite à ses Administrés. Retenez que le Cameroun n’est pas une Préfecture de la France et Douala non plus une Sous-préfecture. Vous vous permettez de pénétrer dans ces quartiers populaires, à bord de votre voiture arborant le fanion du drapeau français comme au bon vieux temps de la Coloniale. Arrêtez d’irriter et de provoquer le peuple camerounais.
Après votre rencontre avec les « religieux », puis avec les homosexuels, c’est sans doute le tour des motos taximen et dans un proche avenir vous irez à la rencontre des « prisonniers franco-camerounais détenus arbitrairement dans les geôles camerounaises » et dont la France estime être investie d’une mission universelle pour leur libération. Vous êtes à la recherche des foyers de mécontentement dans les quartiers populaires afin d’allumer et d’alimenter la contestation sociopolitique et de faire appel à vos « Humanitaires »qui arriveront avec des armes cachées dans des cartons de riz et de blé génétiquement modifié(OGM), secourir « les populations en danger ». C’est le scénario et le schéma classiques des foyers de tensions que votre pays a allumés à travers l’Afrique.
Si votre objectif ultime est de contrôler la transition au Cameroun pour installer au pouvoir un de vos agents, le peuple camerounais a un message pour votre gouvernement : vous échouerez, contrairement aux relatifs succès que vous avez obtenus dans d’autres pays. Le peuple camerounais est averti et éveillé.
Aux organes de presse locaux, nous disons qu’il est regrettable que les Directeurs de ces publications, jusqu’à ces jours refusent de comprendre le jeu macabre que la France joue dans notre Pays. En effet, comment comprendre que Mr Alain Njipou du Journal le Messager ait pu titrer le 05 février 2014 « Cameroun-Coopération : J.M Nintcheu montre les vrais visages du Cameroun à la France ». Les journaux camerounais devraient plutôt se poser la question suivante : d’où la France prend- t- elle les milliards qu’elle prétend déverser au Cameroun alors qu’elle-même se trouve au bord du gouffre économique et financier ? Pendant ce temps, les bouches du métro de Paris sont envahies par des Sans Domiciles Fixes (SDF) et qui sont nourris aux soupes populaires. Les Camerounais doivent le savoir.
En 15 avril dernier, vous vous êtes rendue au Siège social des homosexuels en Afrique centrale à Douala, et qui se fait appeler « Réseau de Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale(REDHAC) », où vous attendait Alice Nkom de sinistre image. Cette Mémé, qui est entrée dans les lugubres annales de notre pays comme une sataniste en rendra des comptes devant l’impitoyable tribunal de l’histoire. Quelques jours après, vous vous êtes retrouvée dans la partie nord du Cameroun. Si vous n’avez rien à faire dans votre Mission diplomatique, organisez des promenades dans cette immense propriété de plusieurs centaines d’hectares, que l’Administration coloniale française a arrachée aux autochtones de Yaoundé, pour en bâtir un véritable Etat en plein cœur de la Capitale camerounaise que vous appelez abusivement Ambassade. Le peuple camerounais le sait.
Aux Camerounais qui rêvent ou qui pensent que le salut leur viendra de la France, nous leur demandons de bien regarder et d’analyser la situation des Etats africains qui, au nom des droits de l’homme ont été déstabilisés par la France. Le sillage de la France en Afrique c’est du Sang, des Pillages, la désolation et la misère. Visitez la Côte d’Ivoire. Vous identifierez aisément des symboles encore fumants de « la coopération française en Afrique ». Même si les Camerounais, comme dans tous les pays du monde, ont des problèmes au plan interne, qu’ils évitent de faire appel à la Communauté dite« Internationale » dont la France s’est autoproclamée le porte-parole. Attention ! Les charognards et autres mercenaires sont à l’affût pour leurs intérêts exclusifs. Alors Vigilance.
Veuillez prendre en considération Madame, l’Expression et le profond Sentiment d’une Société camerounaise qui a décidé de se libérer du joug et l’encombrante tutelle d’une France toujours arrogante malgré son irréversible décadence.
Source : Recistance71
Cameroonvoice
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| Sujet: Re: Ingérence française au Cameroun : Pan dans les dents de la Françafrique arrogante!… (lettre ouverte) A LIRE !! Mar 23 Sep 2014 - 17:28 | |
| La France dans le piège centrafricain
A l’heure où notre pays a décidé d’intervenir en Irak, il existe d’autres théâtres d’opérations militaires françaises qui ont disparu des écrans radars médiatiques. C’est le cas notamment de la Centrafrique. Le pays n’est toujours pas stabilisée, les actes de brigandage viennent s’ajouter aux affrontements communautaires. Quant aux forces armées de maintien de la paix — notamment les troupes françaises — elles sont accusées de tous les maux.
Le 16 septembre dernier, après des cérémonies en grande pompe, la Centrafrique s’est réveillée avec une nouvelle force de maintien de la paix dans ses rues. Les soldats de la force africaine ont échangé leurs casques vert olive pour de beaux casques bleus de la force onusienne. La Minusca, 7 600 hommes envoyés notamment par le Pakistan, le Maroc et l’Indonésie, a pour mission de protéger les civils, organiser le désarmement, appuyer la transition et soutenir l’acheminement de l’aide humanitaire. Celle-ci peut compter sur le soutien sur place du contingent dirigé par l’Union européenne de l’EUFOR-RCA (750 hommes) et par les 2 000 soldats français de l’opération Sangaris (à ce jour aucune date de retrait n’a été annoncée).
Plus de 10 000 hommes s’attellent donc désormais au maintien de la paix en République Centrafricaine.
Il faut dire que l’accord de cessez-le-feu signé à Brazzaville, en République du Congo, par la présidente de transition, madame Catherine Samba-Panza, n’a pas encore porté ses fruits. D’ailleurs, ce cessez-le-feu est contesté par le général Joseph Zoundeko, chef d’état-major de la Séléka (l’ex-rébellion majoritairement musulmane qui a pris le pouvoir en mars 2013 et l’a abandonné début 2014 sous les pressions internationales).Certes, après les affrontements du 20 août dernier, dans le 3e arrondissement de la capitale, Bangui s’est considérablement apaisée. Les habitants des quartiers musulmans reviennent chez eux et le commerce a repris. Les étals du marché PK5, poumon économique de Bangui, sont de nouveaux remplis. Le camp de M’Poko, qui accueille des déplacés près de l’aéroport de Bangui, se vide progressivement. Il est passé de presque 100 000 personnes, au plus fort de la crise, à environ 20 000 âmes aujourd’hui. Pour les forces françaises et internationales, le rétablissement de la sécurité dans la capitale était une première étape nécessaire. Elles espèrent que le reste du pays suivra. Mais ce n’est pas encore gagné… Une Centrafrique coupée en deux
Aujourd’hui, la RCA est coupée en deux. Les anti-balaka (milices d’autodéfense majoritairement chrétiennes) tiennent l’Ouest du pays et les Séléka contrôlent le Centre-Est de la RCA du Nord au Sud. Une ligne de front s’est naturellement tracée entre les communes de Batangafo (au Nord) et Mobaye (au Sud). Cette ligne est régulièrement la scène d’affrontements entre les forces de maintien de la paix, anti-balaka et Séléka. Encore au mois d’août, plusieurs combats ont eu lieu entre la Sangaris et les divers belligérants à Bossangoa et Batangafo.Actuellement, une ville est au cœur des combats : Bambari. Cette cité comptait autrefois plus de 40 000 habitants. Elle est aujourd’hui désertée par les civils. Ils se sont réfugiés dans différents camps, autour d’églises telles que celle de la paroisse de Saint-Joseph ou dans la brousse. Coupée en deux, cette ville est le symbole même de la situation centrafricaine.
Sur la rive Ouest, les anti-balaka. A l’Est, les Séléka. Entre les deux coulent les eaux troubles de la rivière Ouaka (10 corps suppliciés y auraient été retrouvés en juin) dont le vieux pont est contrôlé par la Sangaris.
Depuis trois semaines, à Bambari, la guerre intercommunautaire est même devenue intracommunautaire. Deux hauts gradés Séléka s’affrontent : le fameux chef de l’état-major de la Séléka, le général Zoundeko, d’une part et le général peuhl Jdarass d’autre part. D’après nos sources le général Zoundeko se serait même allié aux anti-balaka pour attaquer son « fraternel » adversaire Jdarass. Selon Lewis Mudge d’Human Rigth Watch, ces deux responsables Séléka « prétendent se battre pour des motifs politiques, mais il me semble plus certainement que ce soit pour contrôler les axes liés aux mines d’or ». En effet , la région de Ouaka compte plusieurs gisements d’or, notamment celui de Ndassima à seulement 67 km au Nord de Bambari. Les routes principales de la région passent par la cité. Contrôler ces axes, c’est contrôler la circulation des marchandises. Assorti d’un petit droit d’octroi, c’est une manne financière non négligeable pour des groupes armés et pour leurs chefs respectifs… Insécurité partout ?
Pour l’heure, les anti-balaka comme les Séléka continuent d’être responsables d’un grand nombre d’exactions. Les milices tuent, pillent, violent et, désormais, contraignent les civils au travail forcé dans ces mines. En février, le long de la même route, les anti-balaka ont massacré 72 hommes et garçons à Guen (au Sud-Ouest de la RCA) et les Séléka ont tué 19 personnes dans un autre village. Même si les forces de maintien de la paix sont présentent dans les villes, elles ne parviennent pas à instaurer une paix durable dans les zones rurales. D’autant qu’en marge des combats, de nombreux groupes profitent du chaos pour s’adonner à des activités illicites telles que le racket ou le vol en prétendant appartenir à une milice. Le phénomène des coupeurs de route, par exemple, ces pilleurs de la route habillé en kaki ne fait que grandir.
Le chef anti-balaka Patrick Edouard Ngaïssona a même reconnu qu’il lui est impossible de reconnaître « qui est un vrai et qui est un faux anti-balaka ».
Jerome Delay/AP/SIPA
A cette situation déjà terrible et complexe s’ajoutent des rumeurs d’exactions des troupes chargées du maintien de la paix sur place. Dans un rapport daté du 15 septembre 2014, Human Rights Watch constate que des soldats de l’Union africaine provenant de République démocratique du Congo ont été mis en cause dans la disparition et l’exécution possible d’une dizaine de civils à Boali et de tortures ayant entrainé la mort de deux chefs anti-balaka à Bossangoa.
Lewis Mudge de l’ONG explique avoir lui-même assisté à des passages à tabac de civils par des soldats camerounais de la force africaine de la Misca. Ces soldats-là sont également accusés de violences sexuelles, selon des propos recueillis par RFI : « La nuit, les hommes de la Misca entrent dans les huttes pour avoir les filles. Elles sont obligées d’accepter : elles n’ont pas les moyens de subsister. » D’après Human Rights Watch, quelques cas auraient en effet été rapportés mais il n’existe aucun décompte précis à l’heure actuelle.
La France accusée de tous les maux Aujourd’hui, ce n’est plus la seule Misca qui est pointée du doigt. La France aussi a droit à son lot d’accusations. Il est reproché à la force Sangaris de faire preuve de partialité dans les opérations de désarmement par les anti-balaka et les Séléka. Ces derniers, très bien armés selon Lewis Mudge « ont des Kalachnikovs, des armes automatiques de type AA-52, des mitrailleuses 50 mm et des grenades » et ils refusent de déposer les armes. Les anti-balakas sont tout aussi difficiles à désarmer malgré un équipement plus rudimentaire : quelques kalachnikovs, de vieux fusils de chasse mais surtout beaucoup de machettes.Pacôme Pabandjii, reporter centrafricain travaillant pour l’AFP (et récemment nommé pour le prix Rory peck) explique que les rumeurs vont bon train : « Certains accusent les forces françaises de jouer aux pompiers pyromanes. Des musulmans et des non-musulmans qui ont subi des désarmements, m’ont expliqué que les forces françaises, quand elle voient deux armes, en prennent unes et en laissent une autre ». Plus grave, celui-ci ajoute que « certains groupes anti-balaka et Séléka affirment avoir reçu des armes des mains des forces françaises ». Mais Pacôme Pabandji coupe court expliquant n’avoir lui-même jamais vu de tels comportements. Pierre Bayle, porte-parole du ministère de la Défense, lui, nie même formellement : « Si l’on mettait ne serait-ce qu’un doigt dans ce jeu-là on se ferait manger le bras. Les militaires français refuseraient de faire ce genre de choses. Je n’y crois pas une seconde, c’est totalement invraisemblable. »
François Hollande, Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian à Bangui en février 2014 – Sia Kambou/AP/SIPA Le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l’état-major des armées défend tout autant ses troupes. Selon lui, s’il y a des manifestations hostiles à la France, c’est que les forces françaises, très présentes sur le terrain, ont le don de gêner certains groupes armés et d’empêcher les trafics. Beaucoup des manifestations sont en effet encouragées pour ne pas dire organisées par des groupes armés comme la Séléka en mai dernier à Bambari. Le but est clair : ralentir les opérations de désarmement.L’observateur d’Human Right Watch, lui, affirme néanmoins qu’aux premiers moments de l’intervention militaire à Bangui « les soldats de Sangaris ont d’abord désarmés les Séléka, du coup les anti-balaka en ont profité pour tuer beaucoup de gens, piller et détruire les quartiers musulmans » : « Ils étaient comme fous et les soldats français étaient complètement débordés. Ils ont essayé d’interdire la circulation des armes, mais les quartiers non-musulmans, beaucoup plus nombreux, étaient incontrôlables ».Pour le Colonel Gilles Jaron, la réponse à de telles accusations est simple : « Si la France ne s’était pas engagée en Centrafrique en décembre qui sait ce qui se serait passé. L’engagement de la France a évité un génocide ». Et face aux critiques sur les opérations de désarmement, il poursuit, tout autant sans détour : « La France ne s’est jamais engagée à désarmer tout le pays, ni à régler définitivement les problèmes en RCA. Elle s’est engagée pour créer les conditions de l’engagement de la communauté internationale et naturellement faire baisser le niveau des tensions auxquelles était soumise la population civile ».A la lumière de l’histoire nationale du pays, pacifier la Centrafrique apparaît aujourd’hui, il est vrai, bien utopique. En 54 années d’indépendance, cinq chefs d’Etat ont été successivement renversés, parfois avec l’aide de l’ancienne puissance coloniale. Le pays a subi plusieurs crises et une dizaine d’interventions internationales de pacification. A tout cela s’ajoute la menace d’un autre protagoniste : l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony dans le Sud-Est de la RCA, un groupe rebelle sanguinaire né en Ouganda à la fin des années 1980 et comptant dans ses rangs des enfants soldats.
Et comme une critique ne vient jamais seule, la France est aussi accusée d’être à l’origine de la crise centrafricaine actuelle car en 2012, face à la monté de la Séléka, le président centrafricain Bozizé avait demandé son aide de la France. François Hollande lui avait alors répondu :
« Si nous sommes présents, ce n’est pas pour protéger un régime, c’est pour protéger nos ressortissants et nos intérêts et en aucune façon pour intervenir dans les affaires intérieures d’un pays, en l’occurrence la Centrafrique ».
Trois mois plus tard, la Séléka s’emparait du pouvoir et un an plus tard la France finissait par envoyer, sous mandat de l’Onu, la force Sangaris.
L’ex-président centrafricain a sa propre explication au « retard à l’allumage » français. Lors d’un discours prononcé en décembre 2013, lui dont la fiabilité est loin d’être à toute épreuve, déclarait :
« Avant de donner le pétrole aux Chinois, j’ai rencontré Total à Paris et leur ai dit de prendre le pétrole, rien. Alors j’ai donné le pétrole aux Chinois et c’est devenu un problème ».
Finalement, Pierre Bayle résume assez bien le paradoxe des accusations portées contre la France.
« D’un côté, on nous reproche d’être toujours présents, puis quand nous n’intervenons pas, de ne pas l’être ».
Bref, accusée de tous les maux, la France ne pouvait qu’avoir tout faux. C’est le principe même d’un piège que de n’offrir aucune échappatoire…
Marianne.net |
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| Sujet: Re: Ingérence française au Cameroun : Pan dans les dents de la Françafrique arrogante!… (lettre ouverte) A LIRE !! Lun 12 Jan 2015 - 9:28 | |
| Bonjour, Je pense qu'il va être intéressant de ressortir toutes les merdes de l'état français. pour que l'on comprenne bien qui crée les cause et qui les nourrit, et qui les provoquent. L'article fait suite à celui déjà poster sur le sujet consacré à Michel Collon.
Le « Dossier noir » de l’armée française en Afrique Raphaël Granvaud 3 décembre 2014 Que fait l’armée française en Afrique ? (1) , c’est le titre du dernier “ Dossier noir ” de l’association Survie paru aux éditions Agone. Un dossier on ne peut plus actuel. Rencontre avec son auteur, Raphaël Granvaud, qui revient sur certaines questions abordées dans ce dossier.
La troisième partie de votre livre s’intitule “la réhabilitation du colonial”, j’ai ressenti un vrai malaise à sa lecture. Je ne savais pas que l’armée française, du moins les forces spéciales opérant en Afrique, étaient travaillées à ce point par la nostalgie du colonialisme. Je me demande s’il ne faut pas voir dans la forte implication militaire française en Afrique, au-delà des enjeux économiques et géopolitiques, une manifestation de puissance. Comme si la France n’avait toujours pas digéré les indépendances africaines, comme si elle ne pouvait renoncer à être une “plus grande France” (formule qui désignait l’empire français)…Les hommes politiques le revendiquent très clairement, qu’il s’agisse de Mitterrand, de Chirac ou de Sarkozy, on retrouve toujours dans leurs discours l’idée que “la France doit garder son rang dans le monde”. On sent bien que c’est l’argument qui légitime le maintien de cette présence militaire en Afrique. Bien sûr cette présence offre de nombreux avantages : elle conditionne, dans une large mesure, la possibilité d’entretenir des situations de monopole économique dans certains pays et de surveiller des ressources stratégiques. D’ailleurs certains régimes africains comme ceux du Tchad ou de la Centrafrique ne tiennent que par la force des armes, que par le soutien de l’armée française. Depuis les indépendances, le prétexte majeur du maintien de la présence militaire française c’est de défendre les pays africains, avec lesquels on a passé des accords militaires, contre des agressions extérieures. Dans les faits, il n’y a quasiment jamais eu d’agressions extérieures, l’armée française n’a servi qu’à gérer les problèmes internes à des régimes confrontés à des rébellions armées ou à des mouvements populaires. Le plus souvent, les armées des Etats africains postcoloniaux se comportent vis-à-vis de leurs propres populations comme des armées d’occupation. Leurs forces armées sont conçues avant tout pour répondre au péril de l’ “ennemi intérieur” et non à celui d’une agression extérieure. Vos analyses montrent clairement la responsabilité de la France dans cet état de choses. Absolument, ça faisait partie du kit théorique doctrinal qui a été inculqué aux officiers africains formés dans les écoles militaires françaises. Il faut rappeler qu’au moment des indépendances, les armées africaines sont créées de toute pièce : elles constituent alors une sorte de prolongement de l’armée coloniale française. Les armées africaines sont des filiales de l’armée française, elles sont structurées sur le même modèle, formées à partir de la même idéologie : la doctrine militaire de la “guerre révolutionnaire”, de la “contre-insurrection” qui veut que le rôle principal de l’armée soit le “contrôle de la population”. Mais pour les armées africaines, il ne s’agit pas du contrôle d’une population étrangère comme dans le cas de l’armée française en Algérie. La mission des militaires africains est de contrôler leurs propres populations, mais avec les mêmes méthodes que l’armée française a employées dans ses guerres coloniales. C’est ce qui s’est passé au Cameroun, au moment de l’indépendance, dans la guerre sanglante menée contre les maquis de l’UPC (Union des Populations du Cameroun). Dans le cas du Rwanda, le chercheur Gabriel Périès a retrouvé des mémoires d’officiers rwandais, formés en France dans les années 80-90, dans lesquels on retrouve cette obsession de lutter contre l’ennemi intérieur, de mettre en œuvre des tactiques contre-insurrectionnelles. Menée à son terme, la logique du “ contrôle de la population ” conduit au génocide… En dressant la généalogie de la guerre contre-insurrectionnelle, votre livre souligne les continuités et similitudes qui existent entre guerres coloniales d’Indochine et d’Algérie et guerres postcoloniales du Cameroun (une guerre occultée) et du Rwanda.
Je n’ai fait que rapporter des travaux qui existent sur le sujet. Officiellement, depuis la fin de la guerre d’Algérie, ces théories contre-insurrectionnelles sont remisées et des méthodes comme la torture ou la guerre psychologique proscrites. Dans les faits, il y a eu une première vague d’exportation des tactiques anti-subversives françaises à destination des dictatures sud-américaines : des gens comme le général Aussaresse (connu pour ses révélations sur l’usage systématique de la torture en Algérie) ont pu ainsi continuer à transmettre leur “ savoir-faire ”… Puis ce savoir-faire anti-insurrectionnel a été recyclé en Afrique francophone pour gérer les indépendances et la période post-indépendance. Moi, ce que j’ai essayé de montrer, c’est que cette tradition de la “guerre révolutionnaire” se poursuit aujourd’hui, de façon plus subtile. Quand on lit les publications militaires contemporaines, on retrouve des références à des gens comme Trinquier (théoricien principal de la “guerre contre-insurrectionnelle”), mais aussi des références aux techniques de conquête coloniale de Liautey ou de Gallieni (guerres coloniales de “pacification” fin 19ème – début 20ème siècle) ; des stratèges qui reviennent au goût du jour quand il s’agit de penser des situations de conflit comme celles de l’Afghanistan ou de la Côte d’ivoire. Sur le plan des savoir-faire et des discours, l’armée française entretient donc un rapport intime avec son histoire coloniale. Y a-t-il une spécificité de l’armée française de ce point de vue là ? Les militaires français considèrent qu’il y a une tradition culturelle française plus forte que celle des anglo-saxons sur le plan du contact avec les populations. L’armée française prétend détenir un vrai savoir-faire lui permettant de mieux se faire accepter en tant qu’armée d’occupation. C’est la question du “contrôle des populations”. Pour les militaires français, il ne faut pas faire comme les Américains qui arrivent, militairement par la force, et qui ensuite se barricadent. L’armée française se flatte d’être capable d’agir de manière psychologique, en menant des opérations “civilo-militaires” pour faire accepter auprès des populations civiles la présence des militaires. Toujours avec cette idée, qui remonte à l’Indochine, qu’on va pouvoir séparer dans la population le bon grain de l’ivraie, et couper les rébellions de leurs bases populaires. L’armée française a-t-elle recours à des savoirs de type ethnologique dans son approche des populations des pays occupés ? Quand on gratte un peu, on retombe toujours sur une espèce de prêt à penser, directement issu de la période coloniale. Les forces spéciales françaises sont sensées, en plus d’un savoir-faire proprement militaire, posséder un savoir culturel, ethnologique qui les rendrait plus à même d’opérer dans certaines zones géographiques du monde, en particulier en Afrique. Ces savoirs “culturalistes” reposent sur des conceptions complètement dépassées d’un point de vue universitaire. Quand on lit des interventions d’officiers dans des colloques, on trouve des choses absolument ahurissantes comme : “la présence de l’armée française est nécessaire parce que les Africains ont du mal à se projeter dans l’avenir”. Les mêmes clichés éculés qui émaillaient le discours de Dakar de Sarkozy : ce vieux fond colonial qui prétend être une connaissance permettant une intervention sur des populations. Revenons sur le cas du Cameroun, le premier pays africain, en 1960, à accéder à l’indépendance (le 1er janvier). Du milieu des années 50 au début des années 70, il s’est produit une véritable guerre dans ce pays : des dizaines de milliers de morts, plus de 100 000 selon certaines sources. Cette guerre menée contre l’UPC par un régime à la solde de la France relève-t-elle, elle aussi, de la guerre “anti-insurrectionnelle” ? Le chercheur Gabriel Périès a montré récemment comment les dispositifs mis en place en Algérie ont été décalqués au Cameroun à la même époque (2). Le quadrillage des territoires, la torture à grande échelle, la déportation des populations, la politique de la terre brûlée, tout ce qui se faisait en Algérie a été repris tel quel au Cameroun. Il faut signaler sur le sujet l’excellent documentaire “Autopsie d’une indépendance” (3) dans lequel on peut entendre Mesmer déclarer à propos des bombardements des villages au napalm que “ce n’est pas important”. Ce sont des choses qui, ces dernières années, commencent à remonter à la surface. Cela remet donc complètement en question le mythe d’une “décolonisation douce”…
La “ décolonisation en douceur ” reste la version officielle si l’on se réfère aux programmes scolaires en histoire au collège ou au lycée. Un des enjeux de l’étude de la décolonisation c’est de montrer qu’il y a eu, d’un côté, une décolonisation violente, celle de l’Algérie et, de l’autre, une décolonisation qualifiée de pacifique, de “douce”. Les cas du Cameroun et de Madagascar suffisent à montrer que c’est un mythe complet : le mythe des indépendances en douceur préparées par Deferre et de Gaulle après la conférence de Brazzaville en 46. Dans les faits, tout ce qui a été concédé par la France l’a été contre le gré de la métropole, souvent après des tentatives désespérées de reprise en main violentes. Cela s’est accompagné d’un processus d’élimination des mouvements indépendantistes et de leurs leaders, mais aussi de la promotion d’hommes politiques à la dévotion des intérêts français. Dans l’après-guerre, il y a eu une émergence de mouvements indépendantistes, autonomistes, progressistes, révolutionnaires, un vent d’espoir irrésistible : il y avait des idéologies variées qui mobilisaient les populations, et ces mouvements ont été étouffés, brisés, parfois, comme dans le cas du Cameroun, complètement éradiqués. Il y a donc eu une longue période où les populations africaines ont été orphelines d’un certain nombre de mouvements et de leaders. Ça commence à renaître maintenant avec les mouvements sociaux africains et les contre-sommets où la question de la domination néocoloniale est au centre des préoccupations de la société civile ; qu’il s’agisse de la présence française ou de systèmes plus mondialisés comme la dette et les politiques imposées par le FMI et la Banque Mondiale. Revenons à l’armée française. Dans votre livre vous mentionnez un “détail” qui fait froid dans le dos : les troupes de marine sont toujours surnommées la “Coloniale”… Les questions de tradition et d’identité sont des questions extrêmement fortes, en particulier dans les forces spéciales, dans cette composante de l’armée française issue de l’armée coloniale. Les troupes de marine sont extrêmement fières de leur passé colonial, elles en revendiquent l’esprit et les méthodes. Les prises d’armes comme les éditoriaux de leur revue L’Ancre d’or continuent à se clôturer sur ces mots “ Et, au nom de Dieu, vive la Coloniale ! ” Et j’imagine qu’on retrouve souvent ces troupes de marine dans les opérations françaises menées en terre africaine. Elles composent en effet la majeure partie des forces spéciales auxquelles on fait appel lors des opérations sensibles : des opérations “coups de poing”, des opérations à forte teneur en renseignement. On les retrouve également dans les opérations européennes (EUFOR). Lors de la première d’entre elles, en République Démocratique du Congo, en 2003, la France s’était flattée d’avoir inculqué un certain nombre de méthodes à des forces militaires européennes, en particulier aux forces spéciales suédoises. Depuis on se demande quelles méthodes puisque parmi ces forces suédoises, certains militaires s’étaient plaints auprès de leur hiérarchie d’avoir eu à subir la vision d’actes de torture pratiqués par des militaires français sur des congolais. Ça a fait beaucoup de bruit en Suède, beaucoup moins en France… Est-ce qu’il y a un contrôle du Parlement français sur les opérations militaires menées en Afrique ? Théoriquement, depuis la modification constitutionnelle opérée à l’été 2008, il y a un droit de regard du parlement sur les opérations extérieures, mais un droit extrêmement limité. Les députés ont le droit d’être informé d’une opération extérieure dans les 3 jours après son déclenchement, ils restent donc mis devant le fait accompli. Le parlement ne possède un pouvoir de contrôle que sur les opérations lourdes de plus de 4 mois (qui ne représentent qu’une petite partie des opérations militaires) dont il peut refuser le renouvellement. Il n’y a aucun contrôle par contre sur les opérations secret-défense spéciales et les opérations clandestines de la DGSE. Le Tchad et la République Centrafricaine (RCA) représentent certainement aujourd’hui l’exemple le plus caricatural de l’ingérence militaire française dans certaines régions d’Afrique. Vous consacrez d’ailleurs une place importante dans votre livre à ces deux terrains d’intervention. En 2006, en RCA, la France a monté une opération du même type que Kolwezi (sauvetage du régime de Mobutu grâce à l’intervention des parachutistes français) : l’armée française a largué des parachutistes pour reconquérir Birao, dans l’ignorance totale de la population française mais aussi des parlementaires. Cette opération a sauvé le régime du président centrafricain Bozizé. Ce type d’opération reste aujourd’hui tout à fait possible. Plus récemment, lors de la dernière offensive sérieuse des rebelles sur la capitale tchadienne, il y a eu une intervention officielle de l’armée française sous prétexte de sécuriser ses ressortissants. Cette opération a permis de sécuriser l’aéroport d’où ont pu décoller les mercenaires d’Idriss Deby… D’après le journal La Croix, la “sécurisation” de l’aéroport de N’Djamena s’est accompagnée aussi d’une intervention militaire des forces spéciales françaises qui ont pris directement part aux combats contre les rebelles : une opération clandestine qui n’est toujours pas reconnue par les autorités françaises… Dans son dernier rapport sur la Centrafrique, Human Rights Watch est très critique par rapport aux dernières interventions de l’armée française en RCA. Dans le rapport qu’elle a publié en 2007, l’ONG a pointé un certain nombre de choses : elle a détaillé la politique de terre brûlée menée par l’armée centrafricaine à l’égard des populations du Nord, des populations accusées de soutenir les mouvements rebelles. Là aussi, on retrouve les techniques coloniales françaises : il s’agit de terroriser les populations afin de priver de leur soutien les mouvements rebelles. Les exactions les plus graves ont été commises dans le sillage direct des interventions militaires françaises. Après la reprise de Birao par l’armée française, cette ville a été ravagée par les forces centrafricaines. A l’époque, dans les journaux, les militaires français ont fait peser la responsabilité des destructions sur les rebelles. On sait depuis qu’il s’agissait d’une tentative de dissimulation qui relève de la complicité de crime de guerre. Il y a également dans le rapport de HRW des photos qui interrogent : on voit des officiers français à proximité directe de l’OCRB (Office Central de Répression du Banditisme), une sorte de milice qui se livre à des exécutions sommaires. Vu la nature de ses interventions en Afrique, la France est-elle vraiment en mesure de commémorer le cinquantenaire des “indépendances” africaines ? On sent qu’il y a un gros malaise au niveau de la commémoration de ce cinquantenaire. Ce malaise n’est pas étranger au fait que toutes les interventions orales de Nicolas Sarkozy [ et François Hollande] sur la question de l’Afrique affirment une volonté de rupture avec les pratiques de ses prédécesseurs. Mais en dehors des discours, de rupture on n’en voit pas : c’est toujours le règne des pressions diverses, des émissaires occultes, des accords secrets, des opérations clandestines. On va avoir en guise de célébration des choses assez caricaturales : un défilé du 14 juillet où, sous couvert de rendre hommage aux tirailleurs africains, on va inviter des armées comme celles du Cameroun ou du Congo connues pour leurs exactions envers les populations. La véritable décolonisation et la célébration de cette décolonisation restent à faire… Source : Survie Notes1. Que fait l’armée française en Afrique ? Editions Agone, oct. 2009. 2. cf. Une guerre noire, enquête sur les origines du génocide rwandais (1959-1994), Gabriel Périès et David Servenay, Editions La Découverte, 2007. 3. Cameroun, Autopsie d’une indépendance, réalisation Gaëlle Le Roy et Valérie Osouf, durée 52′, production : France 5 / Program 33, 2007. Quelques références :En Centrafrique, stratégie française et enjeux régionaux http://www.monde-diplomatique.fr/20... État d’anarchie (rapport Human Rights Watch sur la RCA) Rébellions et exactions contre la population civile http://www.hrw.org/fr/reports/2007/... Cameroun : retour sur une décolonisation sanglante http://www.afriscope.fr/spip.php?ar... Où est le “centre” de l’Afrique ? http://www.africultures.com/php/ind... Marchés militaires et économie de la prédation, des pays du lac Tchad et du Soudan occidental au Golfe de Guinée. http://www.africultures.com/php/ind... Cinquante ans de décolonisation africaine http://www.africultures.com/php/ind... |
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