L’irradiation des aliments se fait principalement par l’utilisation de rayons gamma (Cobalt 60, ou plus rarement Césium 137) ou par la projection d’électrons à une vitesse proche de celle de la lumière.
Cette technologie est utilisée pour :
a. détruire les micro-organismes et ainsi obtenir une meilleure conservation et la décontamination d’aliments
b. inhiber la germination
c. ralentir le mûrissement
L’irradiation des aliments vient s’ajouter à une longue liste de technologies destinées à la conservation des aliments : appertisation (stérilisation par la chaleur dans des contenants hermétiques), congélation, surgélation, pasteurisation et traitement UHT…. Ici, un rayonnement ionisant inférieur à 10 kGray (dose absorbée moyenne) est projeté sur les aliments afin d’éradiquer germes, champignons, œufs d’insectes et parasites. Néanmoins, cette dose ne permet pas d’éliminer toutes les bactéries, ni les toxines, ni les virus, ni le prion. Les aliments n’en sortent pas radioactifs, mais de nouvelles molécules éventuellement génotoxiques, cytotoxiques et cancérigènes sont générées. De plus, la toxicité de ces produits de radiolyse n’a été que très peu étudiée, au mépris du principe de précaution.
Les produits principalement concernés en France sont les épices, les plantes aromatiques, les oignons, les aux, les légumes et fruits secs, germes de céréales, gomme arabique, farine de riz, volaille, cuisses de grenouilles congelées, sang séché et plasma, crevettes, caséïne, caséïnates, ovalbumine…
La finalité de cette technologie est en fait de prolonger artificiellement la durée de conservation des denrées en vue de leur exportation des pays du Sud vers les pays occidentaux, gros consommateurs. Cette politique agro-industrielle, marquée par l’hygiénisme nord américain, entérine de fait le commerce d’une alimentation mondialisée et de plus en plus aseptisée. Mais les partisans des technologies de l’atome vont encore plus loin dans leur volonté de contrôler la nature et l’évolution. Pour répondre à la crise alimentaire, l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA), en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) propose de modifier le patrimoine génétique des cultures de produits alimentaires par la technique dite de « mutation incitée par irradiation ». Défendant ardemment depuis 50 ans les « bienfaits » de l’atome, l’AIEA s’est employée à bombarder des semences de riz, de blé…, par des radiations ou des toxiques chimiques, pour développer des variétés qui seraient plus résistantes aux aléas climatiques. Affirmant que cette technique est « propre et saine » (AIEA, agence Reuters, Vienne 02/12/2008) car les semences ne sont pas radioactives, et qu’en comparaison avec la technique de la transgénèse (les Organismes Génétiquement Modifiés), elles ne reçoivent pas de gène étranger, ces chercheurs modifient en fait de manière irréversible et totalement aléatoire le génome de l’espèce irradiée. Une telle variété irradiée de plante est donc, exactement comme un Organisme génétiquement modifié, une chimère génétique, dont les conséquences éventuelles sur la santé humaine (allergies, cancerogénèse, mutations du génome humain…) sont totalement inconnues.
Les mutations existent dans la nature : soumises à un stress climatique par exemple, les plantes adaptent leur génome, mutent ou expriment d’autres gènes qui étaient en sommeil. Dans le cas de l’irradiation, ces mutations sont provoquées au petit bonheur la chance, sur un intervalle de temps infiniment plus court, comme pour les OGM. Affirmer que « cette mutation induite ne fait qu’accélérer le processus naturel de modifications spontanées qui surviennent dans les plantes » (AIEA, agence Reuters, Vienne 02/12/2008) fait totalement abstraction du fait que nous savons dans la réalité que peu de choses sur ce processus naturel. En effet, pour prendre l’exemple du génome humain, seuls 2 % de notre patrimoine génétique sont codants pour la synthèse des protéines, alors que nous ne connaissons pas à ce jour le rôle des 98 autres %, constitués de séquences répétitives. La connaissance du génome n’en est qu’à ses balbutiements. Autant dire que nous jouons, une fois de plus, aux apprentis sorciers.
La FAO, associée à ce projet avec l’AIEA depuis la création de leur Division mixte en 1964, indique que son but est désintéressé et ne vise qu’à développer un commerce plus équitable, afin de venir en aide aux paysans les plus démunis pour leur permettre de vivre décemment (Agence Reuters : « La science nucléaire au service de la sécurité alimentaire : l’AIEA dit que les semences irradiées pourraient atténuer les effets de la crise alimentaire », Vienne, 2 décembre 2008).
Mais, en réalité, le droit de tous à la terre, à une alimentation suffisante et à la santé, ne passera-t-il pas plus simplement par un partage équitable des ressources et des richesses ?
Pour le Collectif Français contre l’Irradiation des Aliments
Thierry FOLLIARD (Naturopathe et ingénieur énergie-environnement)
Les entreprises d’irradiation des aliments, l’industrie agro-alimentaire et les autorités publiques de plusieurs pays répètent depuis près d’un demi-siècle que les personnes qui consomment des aliments irradiés n’ont rien à craindre. D’après eux, les aliments irradiés ne perdent ni leurs qualités nutritives, ni leur goût et sont parfaitement sains. D’après eux, la recherche démontre que les aliments irradiés sont sans danger pour la consommation humaine. Ils prétendent que les usines d’irradiation sont sûres. Et que l’irradiation n’a pas de conséquences économiques néfastes.
Voici 10 raisons qui montrent qu’ils se trompent.
1) Les études menées depuis les années 1950 ont révélé un grand nombre de problèmes de santé chez les animaux ayant consommé de la nourriture irradiée. Au nombre de ces affections on trouve : des morts prématurées, une forme rare de cancer, des animaux morts-nés et autres problèmes de reproduction, des mutations et autres problèmes génétiques, des dysfonctionnements d’organes, des malformations lors de la croissance et des carences en vitamines. (1), (2), (3), (4).
2) L’irradiation permet de cacher les mauvaises conditions d’hygiène de certains abattoirs et entreprises de conditionnement, qui entraînent la contamination de la viande par des éléments pathogènes. En effet, si l’irradiation peut tuer la plupart des bactéries, elle ne peut en aucun cas éliminer les traces d’excréments, d’urine, de pus et de vomis qui peuvent se retrouver sur la viande, qu’elle soit de bœuf, de porc, de poulet ou autres. (5), (6).
3) L’irradiation met en jeu différents types de rayonnements ionisants - des faisceaux d’électrons, des rayons gamma et des rayons X - qui bouleversent la composition chimique de la matière qu’ils traversent. De nombreux corps chimiques nouveaux, appelés « radicaux libres », sont produits par l’irradiation. Certains d’entre eux n’existent pas dans la nourriture à l’état naturel et la FDA (Agence américaine de l’alimentation et des médicaments) n’a pas effectué d’étude suffisante pour prouver leur innocuité. On vient de démontrer qu’un de ces éléments, nommé 2-ACBs, pouvait induire un processus de cancérisation et des altérations génétiques chez le rat, et pouvait occasionner des lésions génétiques et cellulaires, chez l’homme comme chez le rat. (7), (8), (9), 10).
4) L’irradiation détruit et altère, et de façon parfois très significative, les vitamines, les protéines, les acides gras essentiels et d’autres composants alimentaires. Le procédé peut détruire jusqu’à 80% de la vitamine A contenue dans les œufs et 48% du beta carotène contenu dans le jus d’orange. La FDA a néanmoins donné son accord pour l’irradiation de ces produits. (11), (12).
5) En donnant leur aval à l’irradiation des aliments, la Food and Drug Administration américaine et l’Organisation Mondiale pour la Santé ont toutes les deux omis de prendre en compte un grand nombre d’études montrant que les produits irradiés ne sont pas sans danger pour la consommation humaine. (13), (14).
6) Par le simple fait qu’elle prolonge la durée de vie des aliments et qu’elle utilise des installations centralisées, l’irradiation risque d’accélérer le processus de mondialisation et de concentration de la production, de la distribution et de la vente des produits alimentaires entre les mains de quelques multinationales. Cette tendance a d’ores et déjà pour conséquence la diminution radicale du nombre des exploitations au Nord comme au Sud, la mise en cause de la diversité de la production et le bouleversement des économies locales dans les nations en voie de développement.
7) L’irradiation peut aggraver les problèmes auxquels sont confrontées les petites exploitations agricoles, en facilitant l’importation de produits alimentaires bon marché. Des installations d’irradiation ont été construites dans de nombreux pays exportateurs de fruits, de légumes et de viande, parmi lesquels l’Argentine, l’Australie, le Brésil, le Chili, le Mexique et la Nouvelle-Zélande. Le Brésil, qui est déjà un gros exportateur de viande, est aujourd’hui présenté comme le producteur de fruits n°1 mondial.
8) L’irradiation peut modifier le goût, l’odeur et la consistance de la nourriture, en la rendant parfois peu appétissante. La viande de porc peut devenir rouge et la viande de bœuf peut prendre une odeur de chien mouillé. De même, il arrive que les fruits et les légumes deviennent spongieux. (15), (16), (17).
9) Les installations d’irradiation peuvent polluer l’air et présenter des risques pour les employés et l’environnement. Les installations utilisant des accélérateurs linéaires libèrent de l’ozone qui provoque un brouillard. Un grand nombre d’accidents et d’infractions dans les installations d’irradiation dans le monde entier ont entraîné des blessures et même des décès. En 1988, après plus de 30 infractions (dont des déchets radioactifs mis à la poubelle) relevées par l’autorité de sûreté nucléaire américaine (Nuclear Regulatory Commission), le président d’une entreprise d’irradiation du New Jersey, a été inculpé pour un grand nombre de délits, et en particulier pour avoir trompé la NRC. Le président, qui menaçait de licencier les employés refusant de mentir aux inspecteurs de l’autorité de sûreté, s’est vu infliger 2 ans de prison. (18).
10) Dans un proche avenir, il est possible que certaines installations d’irradiation utilisent le césium 137, un déchet hautement radioactif provenant de la fabrication d’armement nucléaire. Ce matériau est dangereux et instable. En 1988, une fuite de césium 137, près d’Atlanta, a entraîné des opérations de décontamination qui ont coûté 40 millions de dollars aux contribuables. (10).
Le saviez-vous ?
En France, la commercialisation de nombreux produits irradiés est autorisée : oignon, ail, échalote, légumes et fruits secs, flocons et germes de céréales pour produits laitiers, farine de riz, gomme arabique, volaille, cuisses de grenouilles congelées, sang séché et plasma, crevettes, ovalbumine, caséine et caséinates (additifs alimentaires). Les produits irradiés doivent porter la mention « traité par ionisation » ou « traité par rayonnement ionisant ». Malgré des risques sanitaires et des conséquences écologiques et socio-économiques liées à l’usage de cette technologie, les contrôles sont quasi-inexistants et des produits sont vendus en France sans être autorisés ou sans l’étiquetage prévu. En réalité, nul ne connaît la quantité exacte de denrées alimentaires irradiées en France dans l’Union européenne, ni le volume des aliments irradiés effectivement commercialisés. Si les quantités globales sont probablement encore relativement faibles, on peut craindre une forte croissance des quantités de produits irradiés non autorisés ou non étiquetés avec la multiplication des installations d’irradiation dans des pays exportateurs comme la Chine, l’Inde, le Mexique, etc.
Comme d’autres technologies utilisées dans la chaîne alimentaire, présentées comme des bienfaits pour les consommateurs et les populations, le traitement des aliments par rayonnements ionisants n’est pas sans risques, loin s’en faut.
Au-delà des risques sanitaires liés aux produits irradiés (qualité nutritionnelle, risques de cancérogénèse et mutagénèse) et à la technologie (fonctionnement des installations d’irradiation, transport de matières nucléaires), l’irradiation des aliments s’inscrit dans une logique d’homogénéisation des marchandises et de mise en concurrence généralisée des producteurs sur la planète, avec des conséquences sociales et environnementales : délocalisation des productions, concentration des entreprises, explosion des transports, extension des monocultures, etc.
La question de l’irradiation des aliments illustre parfaitement les logiques à l’œuvre dans notre économie libérale mondialisée.
http://www.irradiation-aliments.org/IMG/pdf/docinfocriiradirradiat.pdf
http://www.formascience.com/Pages/Ionisation_des_aliments.pdf
source : www.irradiation-aliments.org/ -