Messages : 4426 Date d'inscription : 02/05/2009 Age : 39 Localisation : Partout
Sujet: Yémen, une guerre occultée. Ven 24 Juin 2011 - 16:14
Rappel du premier message :
Yémen, une guerre occultée.
La guerre secrète d'Obama
La crise économique pousse l’administration Obama à privilégier l’action militaire secrète plutôt que les guerres conventionnelles. Aussi a t-elle développé les « opérations militaires spéciales » à un niveau jamais atteint. Deux axes majeurs ont été choisis : les assassinats par drones, et la saturation des médias par des réseaux d’informateurs fantômes organisés dans les pays à déstabiliser.
Tandis que les raids aériens sur la Libye se montent actuellement à un total de 11.500 et que le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, demande aux alliés davantage de dépenses militaires et un plus grand engagement dans la guerre, la guerre se propage dans la région moyen-orientale et nord-africaine en des formes moins visibles mais non moins dangereuses, ouvrant continuellement de nouveaux fronts. La CIA —d’après un fonctionnaire de l’agence étasunienne cité par le New York Times— est en train de construire une base secrète au Moyen-Orient pour lancer des attaques au Yémen avec des drones armés. Ce sont des Predator/Reaper (déjà en action en Afghanistan, Pakistan et Libye), armés de 14 missiles Hellfire et télécommandés depuis une base au Nevada, à plus de 10 000 kilomètres de distance.
Depuis qu’il est entré en fonction, « le président Obama a drastiquement augmenté la campagne de bombardement de la CIA au Pakistan, en utilisant des drones armés », ceux-là même qui seront utilisés pour « étendre la guerre au Yémen ». L’administration les considère « comme l’arme préférée pour prendre en chasse et tuer des militants dans des pays où n’est pas praticable une grosse présence militaire américaine ».
Au Yémen, est actuellement en action le Commandement suprême conjoint pour les opérations spéciales (UsSoCom), assisté par la CIA et autorisé par le pouvoir exécutif de Sanaa. Mais, étant donnée la « fragilité de ce gouvernement autoritaire », l’administration Obama est préoccupée quant à un futur gouvernement qui ne serait pas en mesure, ou disposé, à soutenir les opérations étasunienes. De ce fait, elle a chargé la CIA de construire la base secrète dans une localité moyen-orientale non identifiée, de façon à entreprendre « des actions secrètes sans l’appui du gouvernement hôte ».
Ceci confirme que l’administration Obama est en train d’intensifier la guerre secrète dans toutes ses variantes. Comme le déclare officiellement l’Ussocom, elle comprend : action directe pour détruire des objectifs, éliminer ou capturer des ennemis ; guerre non-conventionnelle conduite par des forces externes, entraînées et organisées par l’Ussocom ; contre-insurrection pour aider des gouvernements alliés à réprimer une rébellion ; opération psychologique pour influencer l’opinion publique étrangère de façon à soutenir les actions militaires étasuniennes. Ces opérations sont menées en se fondant sur des technologies de plus en plus avancées.
Entre dans ce cadre la décision de l’administration Obama, rendue publique par le New York Times, de créer à échelle mondiale « des réseaux de l’ombre en matière d’Internet et de téléphonie mobile qui puissent être employés par les dissidents pour contourner la censure gouvernementale ». Le Pentagone et le Département d’État y ont jusqu’à présent investi au moins 50 millions de dollars. Ces réseaux sont réalisés au moyen de petites valises spéciales qui, une fois introduites dans un pays déterminé, permettent de communiquer avec l’étranger via des ordinateurs et téléphones portables, dans des modalités wireless et codées, évitant contrôles et interdits gouvernementaux.
La motivation officielle de Washington est de « défendre la liberté de parole et promouvoir la démocratie ».Les réseaux de l’ombre, fournis seulement aux groupes dissidents utiles à la stratégie étasunienne (en Syrie, Iran et quelques autres pays) et contrôlés par Washington, sont les plus adaptés à diffuser dans les media des informations fabriquées, pour des opérations psychologiques qui préparent l’opinion publique à de nouvelles guerres.
Le 25 décembre 2009 les autorités états-uniennes arrêtaient un Nigérian, Abdulmutallab, à bord du vol de la Northwest Airlines reliant Amsterdam à Detroit ; il était accusé d’avoir tenté de faire exploser l’avion avec une bombe qu’il avait dissimulée à l’embarquement. Les jours suivants, de nombreuses dépêches se succédaient sur CNN, dans le New York Times et dans d’autres medias selon lesquelles il était « soupçonné » d’avoir suivi un entraînement au Yémen pour cette mission terroriste. C’est ainsi que le monde a vu émerger une nouvelle cible de la Guerre contre le terrorisme états-unienne, un État isolé et démuni de la péninsule arabique : le Yémen. En observant de plus près le contexte d’apparition de cette supposée menace, l’agenda secret du Pentagone et des services secrets états-uniens pour le Yémen apparait plus clairement.
Le détroit de Bab el-Mandab, qui se partage entre le Yémen, l’Érythrée et Djibouti, vu de l’espace.
Depuis quelques mois, le monde assiste à l’intensification soutenue des opérations militaires états-uniennes au Yémen, un pays désespérément pauvre, voisin de l’Arabie Saoudite par sa frontière septentrionale, de la mer Rouge à l’ouest, et du golfe d’Aden au sud qui donne accès à la mer d’Arabie, bordant un autre pays désolé ayant également fait la une des médias récemment : la Somalie. Les preuves collectées portent à croire que le Pentagone et les services secrets états-uniens positionnent des unités militarisées autour de l’un des goulots d’étranglement stratégiques du trafic mondial de pétrole, Bab el-Mandab. Profitant des actes de piraterie en Somalie et des annonces faites à propos de la réémergence de la menace d’Al-Qaïda depuis le Yémen, les États-Unis visent à militariser l’une des voies d’acheminement de pétrole les plus vitales. Plus encore, les réserves de pétrole non-exploitées au Yémen et en Arabie Saoudite seraient les plus importantes au monde.
Le Nigérian âgé de 30 ans, accusé de la tentative d’attentat ratée, Abdulmutallab, aurait avoué que cette mission lui avait été confiée par Al-Qaïda pour la péninsule arabique (AQAP), basée au Yémen. Cette déclaration opportune permet de tourner l’attention de l’opinion publique sur le Yémen en le faisant apparaitre comme le nouveau centre névralgique de ce que l’on désigne comme l’organisation terroriste Al-Qaïda.
C’est précisément ce que soutient sur son blog Bruce Riedel (un ancien agent de la CIA durant trente ans, qui a conseillé le président Obama pour élaborer la politique du surge en Afghanistan) en évoquant les liens supposés entre le terroriste présumé et le Yémen : « La tentative de destruction du vol 253 de la Northwest Airlines entre Amsterdam et Détroit le jour de Noël démontre l’ambition grandissante de la branche d’Al-Qaïda au Yémen, qui, partie d’un programme d’action auparavant centré sur le Yémen, joue depuis un an un rôle dans le jihad islamique mondial. Le gouvernement affaibli du président yéménite Ali Abdallah Saleh, qui n’est jamais parvenu à contrôler entièrement le pays et qui fait à présent face à d’innombrables problèmes, aura besoin d’un fort soutien des États-Unis pour contrer l’AQAP. » [1]
Éléments introductifs à la géopolitique du Yémen
Avant de poursuivre notre propos au sujet de cet incident, il faut regarder de plus près la situation actuelle du Yémen. Plusieurs éléments s’avèrent déconcertants dès lors qu’ils sont mis en parallèle avec les annonces répétées de Washington quant à la résurgence de la menace d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique.
Dès le début de l’année 2009, les pièces se sont mises en mouvement sur l’échiquier yéménite. Tariq al-Fadhli, un ancien chef de guerre jihadiste, originaire du Sud-Yémen, brisait l’alliance qu’il avait passée quinze ans auparavant avec le gouvernement yéménite du président Ali Abdallah Saleh. Tariq al-Fadhli annonçait alors qu’il rejoignait la large coalition d’opposition réunie dans le Mouvement du Sud. À la fin des années 1980, Tariq al-Fadhli participait au mouvement des Moudjahidine en Afghanistan. Sa rupture avec le gouvernement de Saleh fut annoncée dans les médias yéménites et arabes en avril 2009. La prise de distance de Tariq al-Fadhli avec la dictature yéménite donna un nouveau souffle au Mouvement du Sud. Al-Fadhli est d’ailleurs devenu l’une des figures majeures de la coalition.
Le Yémen est un agrégat artificiel, créé après la dislocation de l’URSS en 1990, alors le principal soutien de la République démocratique populaire du Yémen (Sud-Yémen). L’unification de la République arabe du Yémen (Nord-Yémen) et du Sud-Yémen généra un optimisme rapidement étouffé par la courte guerre civile de 1994. Les factions de l’armée du Sud-Yémen avaient alors organisé une révolte dénonçant la corruption et le caractère oligarchique du pouvoir du président Ali Abdallah Saleh. Celui-ci dirige seul le pays depuis 1978, d’abord au titre de président de la République arabe du Yémen, puis en tant que président du Yémen unifié depuis 1990. La rébellion menée par l’armée du Sud-Yémen échoua après l’alliance du président Saleh avec Tariq al-Fadhli, avec d’autres leaders salafistes yéménites, partisans d’une interprétation conservatrice de l’Islam, et avec des jihadistes. Cette manœuvre fut exécutée pour peser face à l’héritage marxiste du Parti socialiste du Sud-Yémen.
Avant 1990, Washington et le Royaume d’Arabie Saoudite soutenaient et apportaient leur aide à Saleh dans sa politique d’islamisation ; ils faisaient alors le pari de contenir les ambitions communistes du Sud-Yémen [2]. Depuis lors, Saleh s’est appuyé sur les puissantes mouvances salafistes jihadistes pour affermir son pouvoir despotique. La rupture d’al-Fadhli avec le pouvoir et son ralliement au groupe d’opposition du sud aux côtés de ses anciens ennemis socialistes portèrent un sérieux revers au président Saleh.
Le 28 avril 2009, immédiatement après l’annonce du ralliement d’al-Fadhli à la coalition du Mouvement du Sud, les mouvements de protestation se sont intensifiés dans les provinces de Lahij, Ad Dali et Hadramaout. Des dizaines de milliers de personnes, exerçant dans le civil ou dans l’armée, s’estimant abandonnées, manifestèrent pour réclamer de meilleurs salaires et davantage de protection sociale. Ces manifestations ne cessent de se multiplier depuis 2006. Pour la première fois, al-Fadhli fit une apparition publique lors des manifestations d’avril 2009. Sa présence a transformé le mouvement socialiste du Sud-Yémen, alors moribond, en une puissante vague nationaliste. Elle a également poussé le président Saleh à l’action, et celui-ci, inquiet des conséquences possibles du mouvement dans toute la péninsule arabique, demanda l’aide de l’Arabie Saoudite et des autres États du Conseil de coopération du Golfe.
Dans le nord du Yémen, Saleh fait face à une rébellion chiite d’obédience zaydite menée par al-Houthi, ce qui complique encore un peu plus la situation de ce pays manqué, comme le qualifient certains. Le 11 septembre 2009, lors d’une interview pour Al-Jazeera, Saleh accusait le leader de l’opposition chiite d’Irak, Moqtada al-Sadr, ainsi que l’Iran, d’apporter leur soutien aux rebelles du Nord-Yémen appartenant à la mouvance chiite ralliée à al-Houthi. Le président Saleh déclarait : « Nous ne pouvons pas accuser l’administration officielle iranienne, mais des Iraniens nous ont confié qu’ils étaient préparés à établir une médiation. Ceci signifie que l’Iran a des contacts avec [les partisans d’al-Houthi], étant donné que les Iraniens veulent intervenir entre le gouvernement yéménite et ces rebelles. De même, Moqtada al-Sadr, depuis Nadjaf en Irak, demande à être choisi comme médiateur. Cela montre qu’ils sont tous en contact les uns avec les autres. » [3]
Les autorités yéménites ont annoncé la découverte de caches d’armes obtenues via l’Iran. De leur côté, les partisans d’al-Houthi affirment avoir mis la main sur des équipements de l’armée du Yémen portant la marque d’une fabrication en Arabie Saoudite ; ils donnent ainsi un fondement à l’accusation qu’ils prononcent contre le gouvernement de Sanaa (la capitale du Yémen et le siège de l’ambassade des États-Unis) d’être aux ordres de l’Arabie Saoudite. L’Iran a démenti la découverte d’armes iraniennes dans le Nord-Yémen, qualifiant d’infondées les accusations qui font de l’Iran un soutien aux rebelles. [4]
Que dire d’Al-Qaïda ?
Le portrait qui se dégage à présent du président Saleh est celui d’un dictateur aux abois, soutenu par les États-Unis, en perte fulgurante de pouvoir, après deux décennies de despotisme dans le Yémen unifié. L’économie du pays a connu une phase de ralentissement spectaculaire en 2008, lorsque le prix du pétrole s’est effondré. Près de 70% des richesses du Yémen proviennent de l’exploitation du pétrole. Le gouvernement central de Saleh est installé à Sanaa, dans le nord du pays, tandis que le pétrole se trouve dans le sud du Yémen. Pourtant, c’est bien Saleh qui contrôle les flux de capitaux issus du pétrole. Pour Saleh, l’amoindrissement des bénéfices provenant du pétrole a rendu inévitable la redite de l’option à laquelle il a l’habitude de céder : celle de corrompre les groupes d’opposition.
C’est dans ce contexte intérieur chaotique, qu’est intervenue, en janvier 2009, l’annonce, abondamment reprise sur des sites Internet soigneusement sélectionnés, selon laquelle Al-Qaïda, la supposée organisation terroriste créée par le Saoudien, autrefois entraîné par la CIA, Oussama ben Laden, aurait développé une branche importante au Yémen dédiée aux opérations en Arabie Saoudite et au Yémen.
Le 20 janvier 2009, Nasir al-Wahayshi, le chef d’Al-Qaïda au Yémen, annonçait, via les forums jihadistes en ligne, la formation d’un groupe unique à ses ordres pour la péninsule arabique. Selon al-Wahayshi, ce nouveau groupe, Al-Qaïda pour la péninsule arabique, serait composé des membres d’Al-Qaïda au Yémen, rejoints par ceux du réseau démantelé d’Al-Qaïda en Arabie Saoudite. Il est intéressant de constater que la presse a alors affirmé que le Saoudien Abu-Sayyaf al-Shihri, un ancien détenu de Guantanamo (n° 372) officierait en tant qu’adjoint d’al-Wahayshi.
Quelques jours plus tard, une vidéo était mise en ligne par al-Wahayshi, sous le titre alarmant : « Nous partons d’ici, et nous nous retrouverons à Al-Aqsa ». Al-Aqsa fait référence à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, que les Juifs nomment le Mont du Temple, le site où s’élevait le temple de Salomon, et que les Musulmans appellent Al-Haram Al-Sharif. Dans cette vidéo, des menaces sont d’abord formulées contre les dirigeants musulmans – dont le président du Yémen Saleh, la famille royale saoudienne et le président égyptien Moubarak. La vidéo affirme ensuite la volonté de l’organisation terroriste d’exporter le jihad du Yémen vers Israël afin de « libérer » les sites sacrés de l’Islam et la bande de Gaza, des opérations qui pourraient déclencher un troisième conflit mondial si certains sont assez fous pour aller jusque-là.
Outre les propos de l’ex-détenu de Guantanamo al-Shihri, la vidéo citent ceux d’Abu Hareth Muhammad al-Awfi, présenté comme un chef militaire, et qui aurait été le détenu n°333 à Guantanamo. Étant entendu que la torture échoue à récolter des confessions fiables, certains analystes ont envisagé que l’objectif réel des interrogatoires menés par la CIA et le Pentagone à Guantanamo depuis 2001 était d’utiliser des techniques brutales afin d’entraîner ou de recruter des cellules terroristes dormantes, activées sur ordre des services secrets états-uniens, une accusation aussi difficile à prouver qu’à réfuter. On ne peut que s’interroger sur la présence de ces deux anciens « hauts diplômés » de Guantanamo au sein de la nouvelle cellule d’AQAP.
En apparence, al-Fadhi et le Mouvement du Sud dont le soutien populaire s’est étendu, considèrent Al-Qaïda au Yémen comme infréquentable. Dans une interview, al-Fadhi déclarait : « J’entretiens des relations très proches avec tous les mouvements jihadistes du nord, du sud et d’ailleurs, mais pas avec Al-Qaïda. » [5] Cela n’a pas empêché le président Saleh d’affirmer que le Mouvement du Sud et Al-Qaïda ne faisait qu’un, une position commode pour s’assurer le soutien de Washington.
Selon des rapports des services secrets états-uniens, le sud du Yémen abriterait tout au plus 200 membres d’Al-Qaïda. [6]
En mai 2009, al-Fadhi s’est démarqué d’Al-Qaïda et affirmait dans la presse : « Il y a quinze ans, nous [le Sud-Yémen] avons été envahis et nous subissons une occupation immorale. Nous sommes donc attelés à servir notre cause et nous ne servons aucune autre cause sur la planète. Nous voulons notre indépendance et mettre un terme à cette occupation. » [7]. Le jour même, profitant de l’aubaine, Al Qaïda promouvait son action et affichait son soutien à la cause du Sud-Yémen.
Le 14 mai 2009, dans une bande sonore diffusée sur Internet, al-Wahayshi, le leader d’AQAP, exprimait sa sympathie envers le peuple des provinces méridionales dans sa tentative de défense contre « l’oppression » qu’il subit et déclarait : « Ce qui se passe dans les gouvernorats de Lahij, d’Ad Dali, d’Abyan, de Hadramaout et dans les autres provinces du sud est inacceptable. Nous devons soutenir et aider [les sud-yéménites]. » Il promettait également des représailles : « L’oppression que vous subissez ne saurait se passer de punition… le meurtre de Musulmans dans la rue constitue un crime grave et injustifié. » [8]
La prétendue émergence d’Al-Qaïda au Sud-Yémen, une base modeste dont on ne cesse pourtant pas de parler, sur les terres du Mouvement du Sud dans lequel certains observateurs voient un paravent au programme radical d’Al-Qaïda, est opportunément interprétée par le Pentagone comme un casus belli et sert de prétexte à l’intensification des opérations militaires de cette région stratégique.
En effet, après avoir déclaré que le conflit interne au Yémen était l’affaire du seul Yémen, le président Obama a ordonné des frappes aériennes sur le pays. Le Pentagone a déclaré que les attaques des 17 et 24 décembre avaient tué trois membres importants d’Al-Qaïda ; rien n’a cependant pu le prouver. À présent, le conte de Noël du terroriste de Détroit revivifie le programme de la Guerre contre le terrorisme au Yémen. Obama propose désormais un soutien militaire au gouvernement du président Saleh.
Les pirates somaliens de plus en plus actifs
En même temps que les titres de CNN égrainaient les nouvelles menaces terroristes venues du Yémen, sortaient comme d’un chapeau les annonces de l’intensification des attaques, devenues monnaie courante, de pirates somaliens sur la marine commerciale empruntant le golfe d’Aden et la mer d’Arabie depuis le sud du Yémen [9] ; une intensification faisant suite à une réduction des contrôles de patrouilles internationales.
Le 29 décembre 2009, la chaîne de télévision russe RIA Novosti rapportait que des pirates somaliens avaient capturé un cargo grec dans le golfe d’Aden au large de la Somalie. Plus tôt au cours de la même journée, un chimiquier britannique et les vingt-six membres de son équipage étaient également interceptés par des pirates dans le golfe d’Aden. Prouvant sa maitrise de l’utilisation des médias occidentaux, le chef des pirates, Mohamed Shakir, annonçait par téléphone au journal britannique le Times : « Nous avons intercepté un navire battant pavillon britannique dans le golfe d’Aden tard hier soir. » Un compte-rendu des services secrets états-uniens (cité par Stratfor) rapporte que le Times, propriété de Rupert Murdoch, soutien financier des néo-conservateurs, est parfois utilisé par les services secrets israéliens pour faire germer des histoires accommodantes.
Ces deux derniers événements portèrent le nombre des attaques et des détournements de navires à un niveau record. Pour l’année 2009, au 22 décembre, les attaques par des pirates somaliens dans le golfe d’Aden et au large de la côte orientale de la Somalie s’élevaient à 174, et concernaient 35 navires détournés et 587 personnes prises en otage ; cela représente la quasi-totalité des attaques de piraterie réussis dans le monde, selon le Centre de surveillance de la piraterie du Bureau maritime international. Une question se pose à présent : Auprès de qui les “pirates” somaliens obtiennent-ils les armes et la logistique leur permettant d’éviter les patrouilles internationales dépêchées par de nombreux États ?
Ainsi, le 3 janvier 2009, le président Saleh a reçu un appel téléphonique du président de la Somalie Sharif Sheik Ahmed ; ce dernier l’informait des derniers développements de la situation en Somalie. Sharif Ahmed, dont le propre pouvoir à Mogadiscio est si faible qu’il est parfois surnommé le président de l’aéroport de Mogadiscio, déclara à Saleh qu’il partagerait avec lui toutes les informations à sa disposition concernant les activités terroristes initiées en Somalie qui menaceraient la stabilité et la sécurité du Yémen et de la région.
Le goulot d’étranglement pétrolier et autres affaires pétrolières
L’importance stratégique de la région située entre le Yémen et la Somalie revêt ici une signification géopolitique particulière. C’est en effet là que se trouve le site de Bab el-Mandab, que le gouvernement états-unien classe parmi les sept principaux goulots d’étranglement stratégiques dans le domaine du transport pétrolier. L’Agence de l’information sur l’énergie (EIA) états-unienne précise que « la fermeture de Bab el-Mandab pourrait empêcher les tankers du Golfe Persique d’atteindre le Canal de Suez et le complexe d’oléoducs de Sumed, les déroutant par le sud de l’Afrique. Le détroit de Bab el-Mandab est un goulot d’étranglement entre la corne africaine et le Moyen-Orient, ainsi qu’un pont stratégique entre la Mer Méditerranée et l’Océan Indien. » [10]
Au carrefour du Yémen, de Djibouti et de l’Érythrée, Bab el-Mandab relie la Golfe d’Aden à la Mer d’Arabie. Le pétrole et les autres marchandises en provenance du Golfe Persique doivent franchir Bab el-Mandab avant d’entrer dans le Canal de Suez. En 2006, le Département de l’énergie à Washington rapportait qu’un volume d’environ 3,3 millions de barils de pétrole transitait chaque jour par cette étroite voie navigable vers l’Europe, les États-Unis et l’Asie. L’essentiel du pétrole, soit environ 2,1 millions de barils par jour, prend la direction du nord par Bab el-Mandab vers le complexe de Suez/Sumed qui débouche sur la Méditerranée.
Un prétexte pour une militarisation par les États-Unis et l’OTAN des eaux entourant Bab el-Mandab serait l’occasion pour Washington de prendre un nouvel nouvel avantage dans sa poursuite du contrôle des sept goulots d’étranglement pétrolier les plus essentiels dans le monde, ce qui représente une part importante de toute future stratégie états-unienne destinée à priver de leur approvisionnement en pétrole la Chine, l’Union européenne ou toute autre région ou pays s’opposant à la politique US. Sachant que des volumes importants de pétrole saoudien transitent par Bab el-Mandab, le contrôle militaire de ce point par les États-Unis servirait à dissuader l’Arabie Saoudite de contracter de futures ventes de pétrole avec la Chine, ou d’autres, dans une monnaie autre que le dollar, comme l’expliquait récemment Robert Fisk, le journaliste du quotidien britannique The Independent.
Données de la production pétrolière yéménite (en bleu, la production et en rouge, la consommation).
Les États-Unis seraient en outre en position de menacer le transport pétrolier chinois depuis Port-Soudan sur la Mer Rouge, juste au nord de Bab el-Mandab, un cordon d’approvisionnement vital pour les besoins énergétiques nationaux de la Chine.
Au-delà de sa situation géopolique en tant que nœud central du transit pétrolier mondial, le Yémen est en outre doté de réserves de pétroles importantes. Les bassins de Masila et de Shabwa récèlent d’après les compagnies pétrolières internationales de potentielles « découvertes de premier choix » [11]. Le Français Total et plusieurs autres compagnies pétrolières internationales de moindre taille sont engagés dans le développement de la production pétrolière yéménite. Il est possible que les préoccupations récentes de Washington concernant le Yémen aillent bien au-delà d’une simple organisation Al-Qaïda de bric et de brac, dont l’existence même en tant qu’organisation terroriste globale a été mise en doute par de nombreux experts avisés de l’Islam.
Washington construit une base secrète pour attaquer Al-Qaïda au Yémen
Photo: La Presse Canadienne /AP/Hani Mohammed Des soldats yéménites patrouillent à Sanaa alors que les troupes gouvernementales luttent contre l'invasion d'Al-Qaïda dans le sud du Yémen.
Les États-Unis construisent une base aérienne secrète de la CIA dans la région du golfe Persique afin de lancer des attaques contre des terroristes advenant l'arrivée au pouvoir au Yémen d'une faction antiaméricaine, a appris l'Associated Press mardi.
Les attaques contre Al-Qaïda au Yémen sont menées par le Joint Special Operations Command, qui coordonne les unités spéciales des forces armées américaines. De son côté, la CIA fournit un appui en matière de renseignements.
En 2009, le Yémen a permis aux forces américaines de lancer des attaques limitées sur son territoire. Et récemment, le gouvernement yéménite a accepté que les États-Unis procèdent à des frappes de drones de plus grande envergure, et même à des attaques d'avions de combat contre des membres d'Al-Qaïda qui tentent de tirer avantage du soulèvement populaire pour essayer de prendre le pouvoir.
La nouvelle base de la CIA servira de soutien si Al-Qaïda ou tout autre groupe rebelle antiaméricain prend le pouvoir au Yémen, a expliqué un haut responsable américain.
Devant cette possibilité, la Maison-Blanche a déjà revu à la hausse le nombre d'agents de la CIA actifs au Yémen. Washington a également écourté, de deux ans à huit mois, l'échéancier de construction de la base secrète.
L'Associated Press ne révèle pas l'emplacement de la base à la demande de responsables américains. Ceux-ci ont accepté de fournir de l'information à condition que leur anonymat soit préservé, parce que certains détails des missions de l'armée et de la CIA au Yémen sont classifiés.
Cette base de la CIA en construction laisse penser que les États-Unis sont prêts à s'engager à long terme dans la région pour combattre Al-Qaïda, à l'image de la stratégie utilisée par Washington au Pakistan, où des drones de la CIA traquent des extrémistes avec l'approbation tacite du gouvernement pakistanais.
Selon les responsables américains, la construction de cette base indique également qu'il pourrait y avoir un changement dans le débat au sein de l'administration Obama pour décider si les unités spéciales américaines doivent continuer à diriger les attaques au Yémen.
La CIA n'a pas voulu confirmer la décision de la Maison-Blanche de faire construire cette base ou d'intensifier les opérations de l'agence de renseignement au Yémen.
Messages : 6833 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Lun 30 Jan 2017 - 1:49
Yémen, une guerre qui laisse indifférent en 1 Minute
La guerre fait rage depuis deux ans au Yémen. Officiellement, l’Arabie saoudite combat la rébellion armée des Houtis pour remettre en place le gouvernement officiel et contrer l’influence iranienne. Concrètement, la pétromonarchie bombarde avec acharnement le pays le plus pauvre de la région dont le président avait été éjecté par un mouvement populaire. Au Yémen, nos dirigeants sont complices de crimes de guerre.
Source: Investig'Action
nolife
Messages : 467 Date d'inscription : 12/08/2014 Age : 45 Localisation : FRANCE [yous_f]
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Mer 1 Fév 2017 - 16:49
Meurtre de masse:
Citation :
Yémen: première opération commando américaine contre Al-Qaïda sous Trump
Au moins 14 combattants présumés d'Al-Qaïda et un soldat américain ont été tués dimanche dans la première opération commando menée par les Etats-Unis au Yémen depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, selon l'armée américaine.
Ce raid d'envergure, lancé à l'aube à Yakla, dans le centre du Yémen, avec l'aide de drones et d'hélicoptères, a visé des repaires d'Al-Qaïda, selon un responsable yéménite s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.
Il a évoqué un bilan plus lourd que celui donné par les Américains, avec 41 membres présumés d'Al-Qaïda tués, dont des chefs, ainsi que huit femmes et huit enfants.
Dans un communiqué, Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa) a affirmé que près de 30 personnes, y compris des femmes et des enfants, avaient été tuées dans ce raid mené par quatre hélicoptères d'attaque Apache.
Selon Aqpa, "les soldats américains ont subi des pertes dans les combats" et "aucun membre d'Al-Qaïda n'a été tué".
Visiblement, ce raid surprise n'a pas été facile pour les Etats-Unis qui ont enregistré un tué et au moins quatre blessés, selon leur bilan.
D'après le CENTCOM (commandement américain en charge des opérations dans la région), un appareil militaire "a connu un atterrissage forcé et brutal non loin du lieu" du raid. Un soldat a été blessé dans cet atterrissage forcé, selon la Maison Blanche.
Des témoins ont évoqué un hélicoptère Apache qui s'est écrasé dans le secteur de Sahoul.
L'appareil n'a pu redécoller et a été "intentionnellement détruit", a affirmé le CENTCOM.
Un responsable américain de la Défense a précisé à l'AFP que les forces américaines n'avaient pas fait de prisonniers dans cette opération.
Selon un responsable yéménite, le raid américain a visé des repaires d'Al-Qaïda dans une école, une mosquée et un dispensaire.
Le chef local d'Al-Qaïda, identifié comme étant Abou Barzane et de nationalité étrangère, figure parmi les morts, a-t-il précisé.
Trois chefs tués
Trois chefs tribaux alliés à Al-Qaïda ont également trouvé la mort dans des attaques contre leurs maisons, ont rapporté des sources tribales et locales, précisant qu'il s'agissait des frères Abdelraouf et Soltan al-Zahab et de Saïf Alawai al-Jawfi.
Une fille de l'ancien prédicateur américano-yéménite Anwar al-Aulaqi, célèbre chef propagandiste d'Al-Qaïda mort au Yémen, figure parmi les enfants tués dimanche, a indiqué un membre de sa famille.
Anwar Al-Aulaqi avait été tué le 30 septembre 2011 par une attaque de drone américain. Son fils avait péri dans une attaque similaire deux semaines plus tard.
Al-Qaïda dispose de deux camps d'entraînement au moins à Yakla, une région montagneuse de la province de Baida difficile d'accès, selon des habitants.
Les Etats-Unis, les seuls dans la région à disposer de drones pouvant atteindre des cibles au Yémen, considèrent Aqpa comme la branche la plus dangereuse du réseau jihadiste.
Dimanche sanglant
Ils mènent régulièrement des frappes aériennes par drones contre Aqpa, mais les opérations au sol ou avec des hélicoptères d'attaque sont beaucoup plus rares.
Le président Donald Trump s'est félicité dans un communiqué "d'un raid réussi (...) qui a permis de récupérer d'importants renseignements pour aider à éviter des actes terroristes", déplorant toutefois la mort d'un soldat américain.
En décembre 2014, un otage américain, le photographe Luke Sommers, et un autre otage sud-africain étaient morts lors d'une opération commando ratée de l'armée américaine contre Al-Qaïda.
En mai 2016, un petit nombre de soldats américains des forces spéciales avaient débarqué dans le port de Moukalla dans le sud-est du pays, pour aider les forces spéciales émiraties à reprendre le contrôle de la ville contrôlée par Al-Qaïda.
Le réseau extrémiste est bien implanté au Yémen où il a profité ces dernières années de la guerre et du chaos qui sévissent dans ce pays pauvre de la Péninsule arabique.
Outre Al-Qaïda, le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué des attentats spectaculaires et meurtriers ces deux dernières années au Yémen.
Le principal conflit dans ce pays oppose les forces gouvernementales, soutenues depuis mars 2015 par une coalition arabe sous commandement saoudien, à des rebelles Houthis, qui contrôlent une partie du territoire dont la capitale Sanaa (nord) et qui sont alliés à des partisans de l'ex-président.
La journée a été particulièrement sanglante dimanche au Yémen: à quelque 300 kilomètres du lieu de l'opération contre Al-Qaïda, 90 rebelles et 19 soldats ont été tués dans des combats pour le contrôle de zones côtières sur la mer Rouge, selon des sources militaires et médicales.
Depuis mars 2015, plus de 7.400 personnes ont été tuées et près de 40.000 blessées dans la guerre, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
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nolife
Messages : 467 Date d'inscription : 12/08/2014 Age : 45 Localisation : FRANCE [yous_f]
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Mer 1 Fév 2017 - 21:35
Citation :
Nawar al-Awlaki, 8 ans, fille du défunt idéologue d’Al-Qaïda au Yémen, tuée dans la première opération commando de l’ère Trump
Pour sa première opération anti-terroriste au Yémen, préparée par son prédécesseur et ordonnée par ses soins sous les ors de la Maison Blanche, sa nouvelle tour d’ivoire, Donald Trump s’est mué en chef de guerre impitoyable dans la nuit de samedi 28 au dimanche 29 janvier, louant un « raid réussi » qui aura fourni « d’importants renseignements qui aideront les Etats-Unis à prévenir des actes terroristes contre les citoyens américains et dans le monde », tout en déplorant la mort d’un soldat d’élite, membre des Navy Seals.
Dans son exercice d’auto-congratulation teinté du cynisme d’Etat, le nouvel homme fort de Washington n’a pas eu le triomphe modeste. Il s’est targué du joli carton réalisé par les forces spéciales US sur 14 combattants d’Al-Qaïda mais en occultant soigneusement la mort de victimes innocentes, près de 30, dont plusieurs femmes et enfants yéménites.
Parmi ces civils du village reculé de la province d’Al-Baida, au centre du pays, qui ont été fauchés mortellement par les frappes américaines, le décès tragique d’une petite fille de 8 ans retient tout particulièrement l’attention : il s’agit de Nawar al-Awlaki, qui n’était autre que la fille du défunt Anwar al-Awlaki, un imam né en 1971 aux Etats-Unis, considéré comme l’idéologue en chef de la filière yéménite d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique et pressenti par la CIA pour succéder à Ben Laden, avant d’être tué par un drone, le 30 septembre 2011, non loin du hameau qui, dimanche dernier, a payé un lourd tribut à la première opération commando de l’ère Trump.
La petite Nawar al-Awlaki
Démentant la version officielle, Nasser al-Awlaki, l’ancien ministre de l’Agriculture du Yémen et grand-père inconsolable de la petite Nawar, a livré un tout autre récit des faits sur la chaîne NBC, bien moins glorieux que le haut fait d’armes dont s’est vanté celui qui préside désormais aux destinées de l’Amérique.
« Ma petite-fille séjournait dans ce village en compagnie de sa mère, depuis un certain temps, quand l'attaque est survenue brutalement. Elles se trouvaient à l’intérieur de leur maison. Une balle l'a atteinte au cou à 2h30 du matin. D'autres enfants dans la même maison ont été tués sur le coup », a relaté ce grand-père très éprouvé, en précisant que sa petite-fille a succombé à une hémorragie deux heures plus tard.
« Ils [les membres des Navy Seals] sont entrés dans une autre maison et ont tué tout le monde, y compris toutes les femmes. Puis, ils ont incendié la maison. Pour justifer cette incursion sanglante, on nous dit que l’une des femmes de la maisonnée était suspectée d’appartenir à Al-Qaïda. Tout ce que nous savons, et de manière certaine, c’est qu'elle était l'enseignante de ma petite-fille », a poursuivi Nasser al-Awlaki, en indiquant que la petite Nawar et sa mère, qui a survécu au raid meurtrier, avaient fui ensemble la capitale du Yemen, Sa’ana, où elles vivaient, afin d’échapper à de lourds et incessants bombardements.
Nawar al-Awlaki est le deuxième enfant de Anwar al-Awlaki à avoir péri sous les balles de l’armée américaine. En effet, deux semaines après l’assassinat de son père, le jeune Abdulrahman, 16 ans, avait été abattu à son tour. Pour les responsables américains de l'époque, droits dans leurs bottes, l’adolescent se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment…
Alors que Karen Greenberg, la directrice du centre de sécurité nationale à l’université de Fordham, met en garde contre l’exploitation par Al-Qaïda de la mort de la petite fille, évoquant une véritable « aubaine pour ses propagandistes », Al-Qaïda dans la péninsule arabique a publié un communiqué en ligne dans lequel il condamne le « massacre » que fut l’opération américaine, décrivant des troupes mitraillant les femmes et les enfants de « sang froid », tout en les accusant d'être dénuées de la moindre « valeur morale ».
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akasha
Messages : 6833 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Dim 12 Fév 2017 - 22:54
Ce sont les appétits et les fantasmes des puissances étrangères qui tuent les enfants yéménites
Par Moon of Alabama Mondialisation.ca, 12 février 2017 moonofalabamaorg 9 février 2017
Dix-mille, et bientôt des centaines de milliers de Yéménites vont mourir à cause du fanatisme, de la cupidité et des luttes bureaucratiques internes de puissances étrangères. Les Saoudiens wahhabites se battent au Yémen contre les chiites iraniens qui n’y sont pas. Au vu et au su de la CIA, ils nourrissent les forces locales d’al-Qaïda pour qu’elles leur obéissent. Les Émirats Arabes Unis veulent avoir de nouveaux ports au Yémen, ce qui contrarie les rêves saoudiens de pipelines. Le Pentagone se bat avec la CIA pour les budgets des opérations spéciales. Les conflits locaux mineurs entre les diverses tribus se transforment en guerre du fait de l’ingérence et du financement étrangers. Les campagnes de bombardement ont remplacé la médiation tribale.
La branche exécutive des Nations Unies est sous la pression de la coalition américano-saoudienne. Il ne lui est pas permis de faire un rapport sur les conséquences réelles de la guerre dévastatrice contre le Yémen. Cela donne lieu à des déclarations assez comiques.
Le 31 août 2016, la coordonnatrice des Nations Unies pour le Yémen, Jamie McGoldrick, a déclaré que 10 000 personnes étaient mortes à cause de la guerre contre le Yémen:
Jamie McGoldrick, la coordinatrice humanitaire de l’ONU qui se trouvait à Sanaa, la capitale, a déclaré que ce nouveau chiffre était basé sur des informations officielles provenant d’installations médicales au Yémen.
Le nombre pourrait encore augmenter, a dit McGoldrick, parce que certaines régions ne disposent pas d’installations médicales, et les gens sont souvent enterrés sans être officiellement répertoriés.
« Nous savons que les chiffres sont beaucoup plus élevés, mais nous ne pouvons pas vous dire de combien », a déclaré McGoldrick aux journalistes.
Le 17 janvier 2017, la coordonnatrice des Nations Unies pour le Yémen, Jamie McGoldrick a déclaré que 10 000 personnes étaient mortes à cause de la guerre contre le Yémen:
« Selon les estimations, plus de 10 000 personnes ont été tuées dans ce conflit et près de 40 000 personnes ont été blessées », a déclaré lundi la coordinatrice humanitaire de l’ONU pour le Yémen, Jamie McGoldrick, à des journalistes dans la capitale Sanaa.
Elle n’a pas fourni de décompte entre les civils et les combattants.
Le chiffre des Nations Unies n’a pas changé entre août 2016 et janvier 2017. Malgré les bombardements intenses et la famine dévastatrice, personne ne semble être mort pendant cette période. Ces chiffres n’ont bien sûr rien à voir avec la réalité. Le nombre réel de morts causés par la guerre au Yémen est au moins dix fois plus élevé. Les chiffres que l’envoyé des Nations Unies annonce sont politiques. Elle n’est pas autorisée à révéler les véritables chiffres.
Au milieu de l’année 2016, les Saoudiens ont fait pression sur le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, pour qu’il les retire d’une liste de pays qui maltraitent les enfants:
Les alliés musulmans de l’Arabie saoudite ont fait pression sur le chef de l’ONU, Ban Ki-moon, à propos d’une liste noire qui incluait la coalition dirigée par l’Arabie saoudite pour avoir tué des enfants au Yémen, selon des sources diplomatiques.
Un secrétaire général de l’ONU un tant soit peu courageux n’aurait pas cédé mais aurait au contraire fait honte publiquement aux Saoudiens et à leurs alliés chaque fois que possible. Mais pas Ban Ki-moon:
Le secrétaire général Ban Ki-moon a annoncé jeudi qu’il retirait temporairement la coalition saoudienne contre le Yémen d’une liste noire des États-Unis pour violation des droits de l’enfant, parce que les alliés des Saoudiens avaient menacé de cesser de financer de nombreux programmes des Etats-Unis.
Ban a déclaré qu’il devait prendre en compte « la réelle possibilité » que des millions d’autres enfants dans les territoires palestiniens, au Sud-Soudan, en Syrie, au Yémen et dans bien d’autres endroits « souffrent gravement » si les programmes des Nations-Unis perdaient leur financement.
Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont activement soutenu l’Arabie saoudite pour qu’elle ait gain de cause à l’ONU et au Conseil de sécurité de l’ONU.
Mais le fait que l’ONU ait cédé au chantage n’a sauvé aucun enfant. L’UNICEF, qui n’est pas trop dépendante du Secrétaire général, donne des chiffres beaucoup plus élevés (quoiqu’incomplets) qui se rapprochent de la vérité :
Le Yémen a reculé de 10 ans en termes de santé publique à cause de la guerre et de la crise économique. On estime à 63 000 le nombre d’enfants qui sont morts l’année dernière de causes évitables souvent liées à la malnutrition, a annoncé mardi le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
…
Tout ce qui a été gagné dans le domaine de la santé ces dix dernières années a été perdu » a-t-elle dit ; sur 1000 naissances vivantes 63 enfants meurent maintenant avant leur cinquième année, contre 53 enfants en 2014.
…
Releno a ensuite déclaré lors d’un point presse que le taux de malnutrition aiguë avait « triplé » entre 2014 et 2016 pour atteindre 460 000 enfants.
« Le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans a augmenté au point que nous estimons qu’en 2016, au moins 10 000 enfants de plus sont morts de maladies évitables », a-t-elle déclaré.
En termes de statistiques médicales, il s’agit d’une « mortalité excessive ». Ces décès n’auraient pas eu lieu sans la guerre menée contre le pays. Et il est peu probable que ces chiffres de l’UNICEF soient exhaustifs.
Le nord-ouest montagneux du Yémen est la zone centrale de résidence de la population chiite Zaidi à partir de laquelle la milice Houthi lutte contre les Saoudiens et leurs forces par procuration. Elle est désormais largement coupée des canaux de communication et d’approvisionnement. Les hôpitaux et les écoles de la région ont été fortement bombardés et la principale ville du nord, Sadah, a été complètement détruite par les attaques aériennes saoudiennes. Les Zaidi représentent environ 45% des 24 millions d’habitants du Yémen et les califes Zaidi ont gouverné le pays pendant plus de 1000 ans, jusqu’en 1962. Pour les fanatiques wahhabites saoudiens, les Zaidi ne sont pas de vrais musulmans et ils méritent de mourir.
Beaucoup d’habitants du nord-ouest ont fui vers la capitale du Yémen, Sanaa. Mais même là, la nourriture manque. Les enfants affamés parcourent les rues en mendiant de la nourriture.
Les Yéménites, et en particulier les Zaidi, ont toujours été indépendants d’esprit. Ils ne céderont pas à la pression saoudienne. Les Saoudiens ne peuvent pas les vaincre. Avec leurs alliés américains et britanniques, ils ont donc décidé de recourir au génocide. Ils coupent l’accès au pays, qui importe habituellement jusqu’à 90% de ses besoins alimentaires basiques. Les navires saoudiens patrouillent le long de la côte et les frontières terrestres sont pour la plupart sous contrôle saoudien. Seuls les passeurs et les quelques convois officiels de l’ONU apportent un certain soulagement. Mais cela est évidemment loin d’être suffisant. Les dix mille « décès en excès » sont la conséquence directe du blocus américano-saoudien.
Outre la guerre de religion contre les Zaidi, il y a un conflit de nature géopolitique au Yémen. Les Saoudiens accusent les Zaidi d’être des forces de procuration de l’Iran. Mais ils n’en n’ont aucune preuve. On n’a pas vu la moindre arme iranienne ni le plus petit conseiller iranien au Yémen. L’Iran avait averti les Houthi de ne pas tenter d’élargir leur zone d’influence. Les contacts entre les Houthi et l’Iran sont actuellement peu nombreux et superficiels. La marine des États-Unis a attrapé quelques contrebandiers qui allaient peut-être d’Iran en Somalie. Elle prétend que les quelques vieilles armes qu’ils transportaient étaient destinées au Yémen qui déborde déjà d’armes. Aucune preuve n’a été fournie à l’appui de cette affirmation. Le vrai combat géopolitique a lieu au sein de la coalition américano-saoudienne. Les Émirats Arabes Unis font partie de la coalition. Ils ont fourni des forces et engagé des mercenaires pour combattre les Houthi au Yémen. Mais ils s’intéressent principalement aux ports méridionaux d’Aden (conteneurs et cargaison générale) et de Mukalla (pétrole et gaz) et soutiennent un mouvement indépendantiste du sud. La société de gestion portuaire des EAU, DP World, a vu ses concessions exclusives pour les ports annulées lorsque les Houthi ont expulsé l’ancien gouvernement. Les Houthi ont d’abor pris le contrôle des ports, et ensuite Al-Qaida. Les EAU occupent maintenant les villes portuaires avec l’aide de mercenaires sud-yéménites et gèrent et contrôlent les ports à nouveau.
Les Saoudiens sont aussi intéressés par ces ports. Ils ont des projets de pipelines depuis leurs principaux champs pétroliers du nord vers Mukalla. Les pipelines permettraient aux exportations saoudiennes de pétrole de contourner la route maritime qui passe par le sensible détroit d’Ormuz. Mais pour cela, ils ont besoin d’un port sur la côte yéménite.
Les Saoudiens ont soutenu et se sont alliés avec des groupes salafistes radicaux au Yémen. L’une d’entre eux porte le le nom d’al-Qaïda, mais il n’est pas aussi proche de l’organisation mondiale d’al-Qaïda qu’il en a l’air. Les groupes al-Qaïda soutenus par les saoudiens, initialement engagés pour combattre les Houthi, ont « libéré » les ports du sud. On leur a ordonné de partir lorsque des forces appuyées par les EAU sont arrivées mais ils attaquent de temps en temps Aden qui est occupé par les EAU et, selon des sources yéménites, ils attaquent également Mukalla sous le nom d’ISIS ou d’Etat islamique.
Ce conflit ténébreux revient sur le devant de la scène parce que les forces spéciales des EAU ont pris part à un récent raid américain sur un présumé camp al-Qaïda au Yémen. Il a été confirmé que 25 civils, dont au moins 9 enfants, avaient été tués dans le raid. La principale cible des États-Unis, une soi-disant grosse légume d’al-Qaida, s’est échappée. Le gouvernement par procuration des Saoudiens au Yémen a protesté contre le raid. Il a interdit les opérations terrestres américaines dans le pays (qui ont recommencé par la suite). Son ambassadeur a expliqué qu’Al-Qaïda contribue à la lutte contre les Houthi et n’est pas un ennemi prioritaire. Il a répété à plusieurs reprises que les « plus hauts niveaux » du gouvernement américain en avaient été informés. Le raid au Yémen a été effectué par le Pentagone et non par la CIA. Les forces spéciales américaines étaient accompagnées par les forces des EAU. Après le raid, al-Qaïda au Yémen a repris trois villes du sud et menace à nouveau les villes portuaires contrôlées par les Émirats Arabes Unis.
Mes récents échanges avec des sources yéménites me permettent d’en déduire ce qui suit. Dans la guerre contre le Yémen, le Pentagone est principalement allié aux Emirats Arabes Unis et soutient ses plans pour le sud du Yémen. La CIA est principalement alliée aux Saoudiens, appuie leurs plans et approuve leur alliance avec Al-Qaïda. La cible principale du raid militaire américain a été prévenue par les Saoudiens et s’est échappée. La CIA a fourni les informations nécessaires.
Une opposition similaire entre la CIA qui soutient les Djihadistes comme Al-Qaïda, et le Pentagone qui doit les combattre s’est produite en Syrie. La CIA a fourni des armes, payées par les Saoudiens, à divers groupes islamistes militants dont le Pentagone sait qu’il aura ensuite à les combattre. Le Pentagone a tenté de saboter ces opérations de la CIA.
C’est un conflit entre le Titre 10 du Budget des Etats-Unis (le Pentagone) et le Titre 50 du Budget des Etats-Unis (les Services de renseignement / CIA) qui dure depuis des années. Les responsabilités et les pouvoirs que recouvrent ces titres font l’objet d’éternelles discussions (pdf). La CIA est-elle à la tête des opérations spéciales ou est-ce le Pentagone? Qui pourra se glorifier des victoires et qui sera blâmé pour les pertes?
Les enfants yéménites qui meurent de faim sont les malheureuses victimes de ces luttes grotesques. Les luttes de pouvoir de la bureaucratie Etasunienne et les insupportables querelles des cheiks arabes à propos des routes de transport dans le Golfe décident de leur sort.
Hier, les rédacteurs du New York Times, un fois de plus shootés à l’idéologie des puissants, ont révélé au monde entier l’ampleur de leur aveuglement :
Au moins, c’est le désir de promouvoir la liberté et la démocratie qui a conduit les présidents américains à prendre des mesures militaires…
Ce mensonge sera sûrement d’un grand réconfort pour les parents des enfants tués dans le raid des forces spéciales au Yémen qui a été planifié et ordonné par deux présidents américains. Il nourrira certainement les millions d’enfants affamés et les dizaines de milliers qui meurent au Yémen à cause du manque de nourriture. La liberté et la démocratie seront appréciées à leur juste valeur par ceux qui meurent sous les bombes américaines larguées par des avions américains conduits par des pilotes saoudiens formés aux États-Unis avec l’aide des services de renseignements des États-Unis. La nouvelle administration des États-Unis prévoit de doubler ce soutien.
Comme c’est souvent le cas dans de tels conflits, les habitants ne sont que des pions dans des parties jouées par des pays étrangers. Si les puissances étrangères n’intervenaient pas, les conflits locaux seraient résolus en quelques semaines et les pays pourraient se rétablir. Ce serait, bien sûr, la meilleure solution pour tout le monde. À la fin de la guerre de 30 ans en Europe, le principe de non-ingérence a été inscrit dans le droit international. Mais cette sagesse, fruit de tant de sang versé et de désolation, a été perdue. Comment la retrouver?
Moon of Alabama
Article original en anglais :Its Foreign Greed And Delusion That Kills Yemeni Children Traduction : Dominique Muselet
akasha
Messages : 6833 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Dim 2 Avr 2017 - 7:10
Bonjour mes frères & sœurs Voici une guerre qui n'intéresse toujours pas les médias car les Etats Ubis y sont impliquée, et non les russes (sic). La Russie un grand pays qui fut évincé du siège des droit de l'homme au profit de l'Arabie Saoudite ou on décapite pend des gens et lapide des femmes pour peau de balle. Ou les femmes sont considérée inférieur à l'homme, ne peuvent même pas conduire. Et c'est ce pays qui siège au conseil des droits de l'homme ? On vis dans un monde injuste ou les valeurs sont inversées. De plus se pays massacre un autre, celui des yéménites de façon immorale car ils ne représentent aucun danger pour les saoudiens ou qui que se soit d'autre. Le pire c'est que les médias ne dénonce pas cette guerre honteuse et couvrent les exactions de ses derniers... Akasha.
La responsabilité des Etats-Unis dans la famine au Yémen, par Kathy Kelly
Source : Kathy Kelly, 23-03-2017
Cette semaine, au bureau de Voices for Creative Nonviolence de Chicago, ma collègue Sabia Rigby a à préparer son intervention dans un lycée local. Elle doit aller, avec un jeune ami réfugié d’Irak, y parler de la crise des réfugiés provoquée par la guerre. Sabia revient de Kaboul où elle a participé à la collecte d’informations sur les efforts des Jeunes Volontaires de la Paix afghans pour apporter de la chaleur, de la nourriture et de l’éducation aux familles qui ont fui la guerre afghane et vivent maintenant dans des camps de fortune.
L’année dernière, Sabia avait rendu visite aux réfugiés de la « Jungle de Calais », qui avaient fui le Moyen-Orient et plusieurs pays africains pour aller en Grande-Bretagne. Empêchés de traverser la Manche, une foule de gens ont été contraints de se regrouper dans ce camp de réfugiés de Calais, en France, d’où les autorités françaises ont fini par les évacuer malgré la solidarité qui régnait entre eux, avant de brûler complètement leur campement.
Pour sa conférence au lycée, Sabia a préparé un document qui montre où les réfugiés sont les mieux accueillis dans le monde. Un détail l’a étonnée.
En 2016, les Américains ont accueilli 84 995 réfugiés, mais, la même année, le Yémen, le pays le plus pauvre du monde arabe, a accueilli 117 000 nouveaux réfugiés et migrants et il abrite couramment plus de 255 000 réfugiés de Somalie. Le Yémen commence à souffrir de la pire crise humanitaire au monde. Qui plus est, le pays est régulièrement ciblé par des attaques aériennes saoudiennes et américaines.
En organisant, au même moment, une semaine de jeûne et d’action en relation avec la tragédie qui frappe le Yémen, nous avons été stupéfaits de découvrir que le Yémen était aussi une voie d’évasion pour les Somaliens qui fuyaient la Corne de l’Afrique pour échapper à la guerre et qui se retrouvaient piégés dans un pays où un autre conflit meurtrier provoquait une famine épouvantable.
Après des années de soutien américain au dictateur Ali Adullah Saleh, la guerre civile dévaste le Yémen depuis 2014. Son voisin, l’Arabie saoudite, lui-même un des plus cruelles dictatures de la région et un solide allié américain, est devenu nerveux en 2015, et avec le soutien de neuf pays alliés, les Saoudiens se sont mis à opérer d’incessantes frappes aériennes punitives au Yémen, et ils lui ont également imposé un blocage qui a mis fin à l’approvisionnement en nourriture et en fournitures via un port important. Tout cela a été rendu possible par l’arrivée massive d’armements en provenance des États-Unis, pays qui a également mené des frappes aériennes indépendantes, en tuant des dizaines de civils, y compris des femmes et des enfants.
Comment ce petit pays appauvri, harcelé par des attaques aériennes et terrestres incessantes, proche de l’effondrement économique et au bord de la famine, pourrait-il absorber des milliers et des milliers de migrants désespérés ?
Le Yémen importe 90% de sa nourriture. En raison du blocus, les prix des denrées alimentaires et des carburants augmentent et la pénurie atteint un niveau de crise.
L’UNICEF estime que plus de 460 000 enfants au Yémen souffrent de malnutrition sévère et que 3,3 millions d’enfants et de femmes qui attendent un bébé ou qui allaitent souffrent de malnutrition aiguë. Plus de 10 000 personnes ont été tuées, dont 1 564 enfants, et des millions de personnes ont été déplacées, mais pire encore, on voit se profiler une famine qui emportera tout sur son passage. Iona Craig, dans un article publié par IRIN, a récemment écrit :
Un groupe de plus de 120 familles dont le nombre augmente rapidement avec les nouvelles arrivées, se blottit sous les arbres secs de cette vaste zone de broussailles grises. ils ont marché deux jours pour arriver dans ce camp, au sud-ouest de la ville de Taiz, pour échapper à la dernière vague de conflit sur la côte de la mer Rouge du Yémen.
Mais à l’arrivée, les dizaines de femmes et d’enfants n’ont rien trouvé. Aucun soutien des organismes d’aide humanitaire. Pas de nourriture. Pas d’eau. Pas d’abri. Les personnes âgées parlent de manger les arbres pour survivre, tandis que les enfants demandent de l’eau aux agriculteurs locaux. Une mère berce dans ses bras un bébé souffrant clairement de malnutrition.
Maintenant on entend dire que, le 16 mars, quarante-deux Somaliens ont été tués par des frappes aériennes soutenues alors qu’ils montaient dans un bateau pour essayer de fuir le Yémen.
« Je me suis couché au fond du bateau » a déclaré Ibrahim Ali Zeyad, un Somalien qui a survécu à l’attaque. « Les gens tombaient à ma gauche et à ma droite. Tout le monde hurlait : « Nous sommes somaliens ! Nous sommes somaliens ! »
Mais la fusillade a continué pendant au moins une demi-heure à mon avis.
L’attaque contre le Yémen empêche à la fois les Yéménites et les Somaliens en fuite d’échapper à la pire des quatre crises qui se développent actuellement et qui, toutes ensembles, aboutiront à la pire crise humanitaire de l’histoire des Nations Unies selon l'ONU. Depuis la publication de cet article, personne n’a revendiqué cette frappe, mais les survivants disent qu’ils ont été attaqués par un hélicoptère de combat. Le bateau transportait 140 personnes et il se dirigeait vers le nord, au large des côtes du Yémen.
Pendant ce temps, les fabricants d’armes américains, dont General Dynamics, Raytheon et Lockheed Martin, profitent massivement des ventes d’armes à l’Arabie saoudite. En décembre 2017, Medea Benjamin a écrit : « Malgré la nature répressive du régime saoudien, les gouvernements américains ont non seulement soutenu les Saoudiens sur le plan diplomatique, mais aussi au plan militaire. Sous l’administration Obama cela s’est traduit par des ventes massives d’armes, à hauteur de 115 milliards de dollars ».
La situation est critique et tous les États membres de l’ONU doivent exiger la fin du blocus et des attaques aériennes, le silence des armes et le règlement négocié de la guerre au Yémen. Les deux pays les plus nuisibles, les États-Unis et l’Arabie saoudite, doivent abandonner leurs manœuvres cyniques contre des rivaux comme l’Iran, devant l’énorme, l’indicible, coût en vie humaines que cela signifie pour le Yémen.
Les citoyens américains doivent exiger un changement de la politique américaine, responsable de la tragédie mortelle que vivent les peuples qui se trouvent au Yémen.
Choisissant résolument la voie de l’opposition aux politiques américaines sur le Yémen, les citoyens américains doivent exiger des élus qu’ils stoppent toutes les attaques de drones et toutes les « opérations spéciales » de l’armée au Yémen, qu’ils mettent fin à toutes les ventes d’armes américaines et à l’aide militaire à l’Arabie saoudite, et qu’ils indemnisent ceux qui ont subi des pertes causées par les attaques américaines.
Notre groupe de militants a longtemps fonctionné sous le nom de « Voix dans le désert » menant campagne contre la guerre économique contre l’Irak, une guerre via l’imposition de sanctions économiques qui ont directement contribué à la mort de plus de 500 000 enfants. Perdus dans une culture d’irréalité hostile et de silence insupportable concernant la guerre économique, nous avons ingénument essayé d’éveiller les consciences au sort des réfugiés qui tentaient de survivre. Nous n’avons pas réussi à faire lever les brutales sanctions économiques contre l’Irak et nous dû affronter la dure réalité de l’insensibilité et de l’inconséquence des décideurs américains.
Nous devons regarder la réalité en face et affirmer notre solidarité avec la plus grande partie des peuples de ce monde. A une époque où nos frères humains fuient désespérément partout dans le monde, à l’intérieur de leur propre pays, ou au-delà de leurs frontières, nous devons avoir à cœur de nous informer continuellement sur les conséquences que les actions de notre nation américaine ont sur les pauvres du monde. Nous devons faire en sorte d’être assez nombreux pour que nos voix soient entendues lorsqu’elles s’élèvent en faveur des habitants du Yémen.
Kathy KELLY
KATHY KELLY co-coordonne Voices for Creative Nonviolence et a travaillé en étroite collaboration avec les Jeunes Volontaires de la Paix afghans. Elle est l’auteur de Other Lands Have Dreams. On peut la joindre à : Kathy@vcnv.org
Traduction : Aliocha Kazoff
Source : Kathy Kelly, 23-03-2017
Vu sur Les Crises
A quoi sert le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies ?
La Russie n’a plus été élue au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève en raison de son soutien au gouvernement d’Assad. Par contre, c’est justement l’Arabie Saoudite, un pays où les droits de l’homme semblent n’avoir aucune importance, qui y a été admise avec d’autres pays. Actuellement les informations sur les événements de la guerre au Yémen sont pratiquement inexistantes. Selon le ministère yéménite de l’Agriculture, la coalition saoudite soutenue par le gouvernement des Etats-Unis, bombarde des fermes, des animaux, les infrastructures d’eau, des stocks alimentaires, des marchés et des transports alimentaires. L’article 14 de la Convention de Genève, que l’Arabie Saoudite a également signée, définit ces actions comme des crimes de guerre car cela conduit à la famine de la population civile. Martha Mundy, professeur de longue date à la London School of Economics, tire la conclusion suivante : « Les Saoudiens détruisent de manière ciblée les infrastructures agricoles pour détruire la société civile. » Le Conseil des droits de l’homme s’occupe-t-il vraiment des droits de l’homme ? Les droits de l’homme ne peuvent pas être la raison pour laquelle précisément la Russie ne peut plus faire partie de ce conseil, puisqu’elle a simplement répondu à la demande de l’Etat syrien pour l’aider contre l’Etat Islamique, ce qui, d’après le Charte des Nations Unies, est tout à fait légal.
Sources / Liens : www.infosperber.ch/Politik/Jemen-Neben-den-Schlagzeilen-Krieg-der-verbrannten-Erde
Messages : 6833 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Lun 10 Avr 2017 - 19:32
Pourquoi l’Arabie Saoudite n’a-t-elle pas eu de sanction jusqu’à aujourd’hui ?
Depuis mars 2015 le Yémen est bombardé par l’Arabie Saoudite et cela va à l’encontre de toutes les règles du droit international. Les médias occidentaux ont ignoré le fait que toute l’infrastructure de ce pays a été complètement détruite. Plusieurs fois des hôpitaux ont été bombardés de manière ciblée, le système médical est au bord de l’effondrement. Des centaines de milliers de personnes sont sous-alimentées, dont au moins 462 000 enfants. Toutes les 10 minutes il y a un enfant yéménite qui meurt. « L’état de santé des enfants dans les pays les plus pauvres du Moyen-Orient n’a jamais été aussi catastrophique que maintenant » a affirmé Meritxell Relaño, représentante de l’UNICEF au Yémen. Pourquoi n’y a-t-il aucun politicien de l’ouest qui dénonce ce désastre humanitaire ? Pourquoi n’y a-t-il pas encore de sanctions contre l’Arabie Saoudite, qui est l’agresseur principal de cette guerre d’attaque ??
Sources / Liens : www.gegenfrage.com/un-im-jemen-stirbt-alle-zehn-minuten-ein-kind/
Messages : 5072 Date d'inscription : 11/06/2012 Age : 51 Localisation : UNIFIÉS CORPS, ÂME, MENTAL. LA TRINITÉ PARFAITE QUI REGARDE DANS LA MÊME DIRECTION, NE SE COMBAT PLUS MAIS RESTE SOLIDAIRE
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Lun 7 Aoû 2017 - 9:03
Les raids saoudiens pulvérisent le patrimoine du Yémen
La guerre contre le Yémen est une guerre occultée : plus de 4 mille morts, un million de personnes déplacées en interne, 21 millions de personnes sans accès constant à l’eau et la nourriture. À la dévastation subie par la population civile s’en ajoute une autre : celle des immenses richesses archéologiques et architecturales d’un pays qui a été le berceau de la civilisation arabe et islamique. Sanaa, Marib, Aden : des villes dont chaque coin raconte l’histoire du monde arabe et sa rencontre avec les peuples d’Asie et d’Afrique, sont en ruines. “Paradis”: c’est cela que signifie en arabe le nom d’Aden, la ville portuaire du sud, cible des violents raids de la coalition anti-Houthi menés par l’Arabie saoudite.
Riyad fait ce que l’Isis fait à Palmyre. Un patrimoine unique, produit de la rencontre de cultures et de peuples divers, est en grand danger. 43 le nombre de sites déjà endommagés ou détruits.”
Ce que l’État islamique est en train de faire en Irak et en Syrie, effaçant Palmyre et Nimrud, Riyad est en train de le faire au Yémen, dans le silence du monde. Nous en avons parlé avec Lamya Khalidi, archéologue états-unienne d’origine palestinienne au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France. Lamya a vécu au Yémen pendant huit ans et le suit depuis 2001. Aujourd’hui elle surveille les dommages causés par le conflit en cours.
Après plus de cinq mois de guerre, est-il possible de faire un bilan des sites détruits ou endommagés, estimer les pertes pour le patrimoine yéménite?
Il est difficile de donner des chiffres exacts, même les autorités locales ne sont en mesure de se déplacer sur le terrain pour documenter les dommages. À l’heure actuelle, cependant, le bilan est terrible. Le dernier rapport du Ministère de l’Intérieur remonte au 19 juillet et comprend 43 sites (mosquées, sites archéologiques et lieux touristiques). Je crois que ce nombre a augmenté de façon spectaculaire au cours des deux derniers mois en raison de la violence des bombardements. Il est impossible d’estimer le nombre d’objets endommagés ou détruits. Nous pouvons le faire dans le cas du Musée de Dhamar, pulvérisé dans un raid aérien : nous connaissions avant le nombre d’objets qui y sont stockés, nul besoin d’autres estimations, tout est perdu. Et n’oublions pas que les raids, le chaos et la pauvreté facilitent le pillage de sites et musées. Ensuite, il y a des sites qui ont été bombardés à plusieurs reprises, comme l’ancien barrage de Marib ou les sites de Baraqish et Sirwah, datant du premier millénaire avant JC.
Parmi les sites les plus connus, symboles de l’impact de la destruction d’un patrimoine mondial, dès lors lesquels sont-ils perdus à jamais?
Compte tenu de l’ampleur de la destruction, nous devons diviser les dommages à des patrimoines tangibles en cinq catégories : les villes ; les monuments comme des mosquées, des citadelles, des forts ; les sites archéologiques ; les repères archéologiques ; et les musées.
Le musée de Dhamar est un exemple significatif de l’ampleur de la perte. Le musée abritait des dizaines de milliers de repères, dont le catalogue avait requis la collaborations de nombreux archéologues yéménites et étrangers. Il se trouvait dans un site archéologique, fouillé avant la construction du musée. Il a été pulvérisé en une seconde, je ne peux pas comprendre comment personne ne puisse réagir. Si le Musée national égyptien au Caire aurait été bombardé, le monde se mobiliserait, choqué et dégoûté. Lorsque le musée à Mossoul a été vandalisé, les vidéos ont fait le tour du monde et la réaction des gens a été très dure. Ici nous parlons de musées nationaux, des institutions nationales qui protègent des trésors inestimables.
Les sites archéologiques sont nombreux, beaucoup ont été frappés au début de la guerre par la coalition saoudite puis bombardés de nouveau, malgré les efforts de l’UNESCO et des archéologues pour protéger un patrimoine mondial. Ceux-ci incluent le barrage de Marib, toujours ciblé, il est un exploit du génie architectural du premier millénaire avant JC quand le Yémen était gouverné par la dynastie des Sabéens. Une autre ville de la même époque, Baraqish, restaurée par une équipe italienne, a été frappée il y a quelques jours: le temple de Nakrah complètement restructuré par les Italiens, le temple de Athtar, les murs de la ville et aussi la maison utilisée par l’équipe, sont réduits à néant.
Si nous parlons des villes, classées sites de l’UNESCO pour leur architecture étonnante, unique, la liste est longue: il est difficile de trouver au Yémen un village qui n’ait pas sa particularité. L’acte de vandalisme le plus évident sont les raids contre les vieilles villes de Sana’a et Shibam, les deux patrimoine mondial. Moins connues sont Zabid, Wadi Dhahr et Saada, sur la liste d’admission à l’UNESCO.
Et puis il y a les monuments, les mosquées et les citadelles, les tombeaux sacrés, détruits par les raids aériens ou vandalisés par des groupes comme Al-Qaïda et Isis, qui y voient des formes d’idolâtrie. Ce n’est pas quelque chose de nouveau au Yémen : depuis que j’y travaille, depuis 15 ans, les miliciens wahhabites arrivent souvent de l’Arabie saoudite pour détruire le patrimoine du Yémen. Mais ces mosquées et tombeaux font partie d’une identité très riche et ancienne, qui tisse l’Islam religieux et celui culturel.
Beaucoup ne savent pas combien le patrimoine yéménite soit étendu, de son universalité. C’est un pays avec une culture qui est une mosaïque d’éléments, depuis l’Asie du sud-ouest, depuis l’Afrique de l’Est, du Moyen-Orient. C’est un incroyable mélange de peuples, de sons, de goûts, d’esthétique, d’architecture qui se sont rejoints naturellement, d’une très belle manière, sur le fond de l’un des paysages les plus variés dans le monde. Maintenant, tout ceci est en danger.
Pensez-vous que, dans l’avenir, il sera possible de récupérer une partie de cet héritage? Ou bien s’agit-il de dommages irréparables?
La principale tragédie ce sont les victimes civiles et la profondeur des dégâts aux infrastructures et aux habitations. Lorsque la crise sera finie, la récupération de ce patrimoine ne sera pas une priorité. Dans tous les cas, on pourra récupérer seulement ce qui existe encore. Ce qui a été détruit, est perdu à jamais, est irremplaçable. Les bombardements continus contre certains sites et la démolition complète des autres laissent peu d’espoir. Ce que l’Isis est en train de faire en Syrie et en Irak contre les patrimoines locaux est exactement la même chose que ce que Riyad fait au Yémen.
Y a-t-il des organisations internationales qui tentent de faire pression sur les Saoudiens pour protéger ce patrimoine?
Ce qui se passe au Yémen se passe dans le silence les plus absolu du monde. Il n’y a même pas une bonne couverture médiatique. Pendant ce temps, les gens sont terrifiés, les raids sont si violents et frappent lourdement des zones peuplées, des familles entières ne savent où aller ou quoi faire. Ceci est la preuve que la coalition bombarde sans discernement, sans se soucier des vies humaines, du patrimoine ou du droit international. Les témoignages d’amis et de collègues restés au Yémen me rappellent l’attaque israélienne sur Gaza l’été dernier.
Dans le cas du patrimoine historique, les raids sont aveugles mais aussi très précis. Certains sites sont au milieu du désert, comme le barrage de Marib. Vous pouvez la frapper seulement à condition d’avoir les coordonnées précises. Et puis vous le refaites, pendant des semaines : c’est clairement une destruction délibérée parce que ce site-là ne menace personne. Il n’y a pas de routes en proximité ou des villages autour. L’UNESCO a livré à l’Arabie saoudite une liste de sites protégés, mais Riyad est indifférente. La pression qui est faite sur les Saoudiens est nulle : les tentatives de protection ne sont pas proportionnelles à l’ampleur de la destruction. L’UNESCO cherche à faire sa part, mais il n’a pas d’influence. Personne ne l’écoute.
Dans un éditorial dans le New York Times, vous avez parlé de “vandalisme saoudien”. Quel est le but de Riyad quand elle détruit les symboles d’un pays avec une histoire millénaire ? Imposer son récit, son autorité?
Je ne sais pas quel est l’objectif, mais je peux dire qu’il s’agit d’une destruction calculée : je connais ces sites, où ils se trouvent, ceux qui sont habités et ceux qui ne le sont pas, et je sais qu’il n’est pas facile de les frapper, sauf si on le veut. De l’autre côté nous avons des villes comme Sana’a et Shibam, sites de l’UNESCO, clairement très peuplés : il est clair qu’ils sont bondés de civils et qu’ils abritent un patrimoine important. Les Saoudiens, qui ont en main une liste d’interdiction de vol (no-fly), ne répondent pas aux questions de pourquoi ils sont en train d’accomplir une telle destruction. Je ne pense pas qu’ils le feront jusqu’à quand leurs alliés, les Etats-Unis et l’Europe, leur enverront un équipement de haute précision qui provoque des destructions de masse. Personne ne les accuse de crimes contre l’humanité. C’est du pur vandalisme, exactement ce que fait l’Isis en Syrie.
Traduction de l’italien au français par le Blog Mediapart Source : NenaNews
akasha
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Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Lun 14 Aoû 2017 - 3:05
La guerre au Yémen n’est-elle devenue rien d’autre qu’un spectacle sportif?
Shireen Al-Adeimi (@ shireen818) est née à Aden, dans le sud du Yémen. Elle prépare actuellement un doctorat à la Harvard Graduate School of Education. Le texte ci-dessous est un Twit qu’elle a publié le 11 août 2017.
Mon Twit est peut-être un peu long, mais j’espère que vous prendrez quelques minutes pour le lire.
La guerre contre le Yémen fait rage, pourtant, le sort des Yéménites ne reçoit TOUJOURS PAS l’attention qu’il mérite de la part des médias et des politiciens. Quand ce qui se passe au Yémen n’est pas totalement ignoré, les faits sont déformés ou minimisés parce que les gens ont peur de regarder en face les conséquences de la participation active de leurs pays à la destruction du Yémen. Alors que les riches Etats arabes bombardent le Yémen avec des armes sophistiquées (achetées à l’occident) et embauchent des mercenaires pour leurs troupes au sol, beaucoup de gens et d’organes (par exemple, l’ONU) ont peur de s’opposer aux Saoudiens parce qu’ils ont besoin de leur argent ou parce qu’ils sont eux-mêmes impliqués dans le conflit et / ou en profitent (par exemple, les Etats-Unis et l’Angleterre). Alors, l’ONU exprime ses « inquiétudes » et le Royaume-Uni son désir de « trouver une solution politique », tout en se remplissant les poches du prix du sang des Yéménites. Et, même si les citoyens soient souvent inconscients des crimes de leurs gouvernements, beaucoup connaissent le hashtag #Yemen et pourtant ne font rien.
Le Yémen est-il devenu un spectacle sportif? Depuis deux ans et demi, les corps émaciés des enfants yéménites ou leurs cadavres envahissent nos écrans. Certains versent des larmes, d’autres font un don, d’autres encore accusent les responsables politiques, mais la plupart des gens préfèrent regarder ailleurs. Est-ce de l’impuissance ou de l’indifférence? Je ne sais pas. Sommes-nous « loin des yeux, loin du cœur »? Je ne sais pas. Quelqu’un m’a dit, une fois, que les enfants yéménites n’étaient pas assez « photogéniques » pour susciter de l’empathie. Est-ce du racisme, de la discrimination? Je ne sais pas. Ou bien, les portefeuilles yéménites ne sont pas assez bien remplis pour acheter ou exiger l’attention, la condamnation et l’action du reste du monde? Je ne sais pas non plus.
Ce que je sais, c’est que le monde nous regarde. Il regarde nos enfants mourir de maladies guérissables comme le choléra parce qu’ils n’ont pas accès à de l’eau potable. Il regarde nos enfants mourir de faim au milieu d’immenses richesses mondiales parce que leurs parents n’ont pas les moyens d’acheter le peu de nourriture encore disponible. Il regarde nos concitoyens, enfants, femmes et hommes, se faire tuer par les raids aériens des Saoudiens soutenus par les États-Unis, sur leurs maisons, leurs écoles et leurs hôpitaux. Lorsque les gens sont invités à interpeller les élus (ne serait-ce qu’en signant une pétition comme: Save Yemen), très peu le font. Et lorsque nous demandons seulement que nos articles soient diffusés plus largement, on nous envoie promener (on m’a répondu qu’il n’y a que quelques dizaines de personnes qui s’intéressaient au Yémen).
Moi et les autres Yéménites, nous pensons bien sûr à nos familles, mais nous nous préoccupons aussi des millions de personnes qui manquent des choses les plus élémentaires : la sécurité, un toit, de la nourriture et de l’eau. Je me sens totalement et complètement impuissante. Je me bats pour faire diffuser des articles parlant des enfants yéménites qui meurent sans que personne ne vienne à leur secours. Je pleure, au plus profond de mon âme, pour une nation qui souffre en silence et dont le combat donne un exemple de ce qui signifie vraiment la foi et la résistance. Je pleure les enfants dont les petits corps ont abandonné le combat de la survie pendant les quelques minutes que vous avez passées à lire ce twit. Et je prie pour le Yémen.
Shireen Al-Adeimi |Août 12, 2017 Moon of Alabama
Article original: Has The War In Yemen Become A Spectator Sport?
Articles antérieurs de Moon of Alabama sur le Yémen:
Ce sont les appétits et les fantasmes des puissances étrangères qui tuent les petits yéménites On ne voit pas la fin de la guerre au Yémen |
akasha
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Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Ven 25 Aoû 2017 - 5:13
Yémen : cessons de fermer les yeux sur les 500 000 cas de choléra !
Le Yémen est aujourd’hui le théâtre de la pire crise humanitaire au monde. Depuis deux ans, le pays est ravagé par la guerre, et depuis quatre mois une épidémie de choléra s’est propagée dans tout le pays décimant une population déjà fragilisée.
La guerre que l’on vous cache
Pour mieux comprendre, revenons sur l’origine et la nature de la guerre particulièrement meurtrière et dévastatrice qui frappe encore aujourd’hui le Yémen, et dont on parle pas ou très peu.
Lancée en mars 2015 par une coalition de dix États, la guerre contre le Yémen est d’une telle brutalité qu’elle a fait une dizaine de milliers de morts et plus de 2 millions de déplacés. C’est une guerre illégale, qui n’a pas l’approbation de l’ONU et qui ne respecte aucun des principes du droit de la guerre (les bombardements ciblent les hôpitaux, les écoles, etc. les enfants en sont les premières victimes). Cette guerre menée par la coalition saoudienne est une attaque contre l’ethnie et le groupe religieux implanté au Yémen depuis le VIIIe siècle, les Zaydites, mais également contre l’héritage millénaire du Yémen. Ne se contentant pas du massacre d’êtres humains, les Saoudiens s’en prennent à la mémoire de ce peuple, détruisant délibérément son patrimoine culturel et historique particulièrement..
Des actes de guerre avec l’intention de détruire, dans sa totalité ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux.
...c’est la définition que donnent les Nations unies au mot « génocide ».
Mais la brutalité des Saoudiens n’est pas une surprise, ce qui choque davantage, c’est le soutien éhonté apporté par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France à l’Arabie saoudite, avec la complicité des principaux médias qui ne rapportent pas les faits. Au-delà du déshonneur que ce soutien porte aux populations de ces pays, il constitue un crime de guerre, un crime contre l’humanité.
Avec le désastre de la guerre, vient celui de la famine qui concerne à ce jour près de 19 millions de personnes, soit les deux tiers de la population yéménite. Plus de sept millions d’enfants et d’adultes sont déjà victimes de sous-alimentation.
Un demi-million de cas de choléra
Une situation catastrophique qui ne fait qu’empirer depuis la rapide propagation du choléra dans tout le pays avec une population déjà très fragilisée.
Alors qu’au mois de juin l’OMS parlait de 100 000 cas suspectés de choléra, voilà que deux mois plus tard, l'organisation déplore que « le nombre total de cas présumés de choléra a franchi le cap des 500 000 » et « 5000 personnes [sont] infectées chaque jour dans tout le pays. »
Oui, vous avez bien lu : « un demi-million » de yéménites sont touchés par le choléra...
Selon l’OMS, si rien n’est fait maintenant pour arrêter « la détérioration des conditions d’hygiène et d’assainissement et des perturbations que subit l’approvisionnement en eau dans le pays, des millions de Yéménites sont menacés de mort. »
Alors que le taux de survie au choléra est de plus de 99% pour les personnes qui ont accès aux services sanitaires, aujourd’hui c’est près de 15 millions de personnes n’ont pas accès aux services de santé les plus rudimentaires :
Le système de santé est en train de s’effondrer et ne parvient pas à répondre aux besoins : plus de la moitié de l’ensemble des établissements de santé ont dû fermer car ils ont été endommagés ou détruits ou parce qu’ils manquent de fonds. Les pénuries de médicaments et de fournitures demeurent un problème courant et 30 000 agents de santé essentiels n’ont pas reçu leur salaire depuis presque un an.
Mettre fin à la guerre géopolitique, changer de paradigme
Le laisser-faire complice de l’occident n’a que trop duré... D’abord, il faut arrêter la guerre. L’OMS, elle-même exhorte les différentes autorités nationales, régionales, et mondiales à « trouver une solution politique à ce conflit ».
La solution à la guerre se trouve dans le changement de paradigme lancé par la Chine et les BRICS et auquel participe aujourd’hui un nombre croissant de pays. Il s’agit de la nouvelle route de la soie inspirée de la stratégie politique, plusieurs fois millénaire, de la civilisation chinoise et d’autres civilisations. La sagesse de cette politique consiste à garantir la paix des nations par une politique économique de co-développement entre nations.
Le Yémen, sur le champ bataille et sous les frappes des bombardements, a déjà courageusement préparer avec les BRICS la reprise en main et la reconstruction du pays de l’après guerre. Dans la vidéo ci-après, Fouad Al-Ghaffari, le président de l’Office consultatif pour la coordination avec les BRICS au Yémen, rapporte, dans une conférence en 2016, les efforts et les réalisations accomplis pour l’intégration du Yémen dans la dynamique globale de la Nouvelle Route de la soie chinoise et des BRICS.
Source : S&P
akasha
Messages : 6833 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Mar 5 Sep 2017 - 23:26
Un million d’enfants sur le point de mourir du choléra. Qui va bouger le petit doigt ?**
Depuis 2015, l’Arabie saoudite bombarde le pays le plus pauvre de la péninsule arabique. L’objectif avancé de Ryad est de mâter la rébellion houthiste, perçue comme une percée de l’influence iranienne. D’après l’UNICEF, un enfant meurt toutes les dix minutes au Yémen. Pour Jijay Prashad, ces morts ne sont pas des tragédies, ce sont des crimes dont l’Occident est complice. (IGA)
Jeudi dernier (27 juillet 2017), le président de l’UNICEF, Anthony Lake, est arrivé à Amman, en Jordanie après avoir observé les ravages de la guerre insoutenable au Yémen. « Arrêtez la guerre », a dit Lake. C’était un message clair. Aucune ambiguïté. « Nous tous » a-t-il dit « devrions sentir une immense pitié, même l’agonie, pour tous ces enfants et d’autres qui souffrent, et ils devraient sentir de la colère, et de la colère pour notre génération apeurée par l’ irresponsabilité des gouvernements et d’autres qui permettent à ces événements de se produire. »
Le message de Lake est sorti sans trouver d’écho. Tout comme la voix de tous ceux qui ont essayé de lancer un débat sur les atrocités commises au Yémen. La nuit dernière (1er août), l’association caritative Save the children (Sauvez les Enfants) a tiré l’alarme une fois de plus. Dans un bref rapport, Save the Children a dit que plus d’un million d’enfants qui souffrent d’une malnutrition aiguë vivent dans des zones du pays touchées par le choléra.
« Après 2 ans de conflits armés, » a dit Tamer Kirolos, le directeur de Save the Children au Yémen, « les enfants sont coincés dans un cycle brutal de faim et de maladie. Et c’est simplement inacceptable ». L’équipe de Kirolos, dans la plus dure des zones touchées, a trouvé « un scénario horrible de bébés et de jeunes enfants qui sont non seulement mal nourris, mais aussi infectés par le choléra. » Le mélange est mortel. Ce qui est devant nous est apocalyptique : la mort en masse d’enfants provenant de la faim et de la maladie combinées.
En juin, l’UNICEF a rapporté qu’un enfant yéménite meure toutes les 10 minutes. Ces morts ne sont pas des tragédies. Ce sont des crimes.
La guerre au Yémen, poursuivie par l’Arabie saoudite et ses alliés est soutenue avec l’armement venant de l’Occident. Elle a détruit les sources de nourriture du pays, les infrastructures d’eau et les infrastructures sanitaires. En janvier 2016, un avion saoudien a bombardé une entreprise de désalinisation de l’eau au nord de Al-Mocha. Ce bombardement, de quelques minutes, a laissé le million de résidents de la ville Yéménite de Taiz sans eau. L’eau courante n’est plus une option pour la plupart des Yéménites. Ils comptent sur les citernes d’eau ; l’eau est devenue plus chère tout comme le pétrole dont le prix a explosé. Le mois dernier (juin), Gabriel Sánchez de Médecin sans frontières (MSF) au Yémen a dit dans un quartier, « notre équipe voit une situation sanitaire extrêmement déplorable et des accès insuffisants pour nettoyer l’eau potable. » L’absence d’eau potable a aidé à répandre l’épidémie de choléra qui s’est développée en mars.
Les groupes d’aide, de l’ONU et d’autres organisations, comme des groupes de citoyens à travers le Yémen ont essayé de remédier à la crise, mais l’amplitude de ce désastre engendré par l’homme est énorme. 4 enfants sur 5 au Yémen ont besoin d’aide humanitaire. Aucune agence de sauvetage ne peut résoudre cette crise si la guerre continue – en particulier si l’infrastructure fragile continue à être bombardée et si la réparation de cette infrastructure continue à être empêchée. L’Arabie saoudite a bloqué ce pays et a bombardé son principal port. Cela n’a pas seulement gêné le travail des groupes caritatifs. Cela implique aussi un plus grand besoin de matériel de réparation qui ne peut atteindre le Yémen. Le pays est en train d’être isolé dans la désolation.
Mardi (1er août), le directeur de l’Agence de Développement de l’ONU au Yémen (PNUD) Auke Lootsma a dit que 60 % de la population du Yémen ne sait pas d’où leur prochain repas va provenir. Lootsma, qui habite à Sanaa (Yémen), a parlé aux reporters via une vidéo-conférence. Save the Children a dit qu’un million d’enfants sont sur le point de mourir à cause du choléra. Lootsma a annoncé près du double des chiffres. « Nous nous attendons à ce que l’épidémie de choléra continue et cause des ravages malgré les efforts des agences de l’ONU » a-t-il dit. Plus de 90 % de la nourriture du Yémen est importée. Avec une combinaison du blocage de l’Arabie saoudite, des réserves d’échanges avec l’étranger laminées et la pauvreté qui règne dans le pays, la nourriture est inaccessible pour les familles. Le Yémen, Lootsma a dit froidement, « est comme un bus se dirigeant vers le bord de la falaise. »
Des histoires terribles nous proviennent du bord de ce précipice, en particulier cette famille yéménite désespérée qui a commencé à vendre ses enfants pour de la nourriture. Quand le coordinateur des aides d’urgence de l’ONU, Stephen O’Brien, est venu informer le Conseil de Sécurité de l’ONU en mai, il a déclaré: « Les familles sont en train de marier leurs jeunes filles de manière folle pour avoir quelqu’un d’autre qui prend soin d’elles, et ils utilisent souvent la dot pour payer les nécessités. » De telles tactiques de survie, dans le dos des enfants, vont avoir un impact à long terme sur la société yéménite. Cette guerre mène les gens à une grande barbarie.
Les objectifs de la guerre menée par l’Arabie saoudite ne pourront jamais être atteints au Yémen. C’est maintenant clair. Ils ne peuvent pas bombarder le pays jusqu’à la soumission et ils n’ont pas les forces sur le terrain pour entrer au Yémen et battre les différents groupes de rebelles qui les défient. Une tentative pour obtenir que l’armée pakistanaise intervienne aux frontières du pays a échoué en 2015 quand le parlement pakistanais a adopté une position neutre dans le conflit. En mars de cette année-là, les Pakistanais ont envoyé une brigade pour sécuriser les frontières du sud de l’Arabie saoudite. Cela montre que l’Arabie saoudite, de loin la mieux équipée en pouvoir militaire dans ce conflit, a maintenant peur que la guerre se déplace vers le nord, sur son propre territoire. Les rebelles yéménites ont tiré des missiles de type Scud qui ont filé sur l’Arabie saoudite et en même temps sur des bateaux saoudiens et émiratis qui entraient dans les eaux territoriales du Yémen. Ces attaques montrent que la défaite de la résistance du Yémen à l’Arabie saoudite n’est pas encore jouée.
Pendant ce temps, dans la région des Hadhramawt au Yémen, Al-Qaeda dans la Péninsule Arabique (AQPA) continue à gagner de l’argent. En février, le Groupe de Crise internationale a communiqué un rapport qui dit que l’AQPA « est plus fort que jamais. » L’AQPA et ses alliés sont devenus indispensables pour la guerre que l’Arabie saoudite mène dans les airs. Elle fournit d’importantes troupes au sol à Aden et à d’autres endroits. Les unités de combat tel que Humat Al-Qidah et les Brigades Al-Hassam sont bien soutenues par les Émirats Arabes Unis et l’Arabie saoudite pour protéger Aden. Ils sont les bénéficiaires directs de cette guerre. Le Groupe de Crise suggère que l’AQPA « se développe dans un environnement d’État en déclin, de sectarisme gonflant , d’ alliances s’inversant, d’une absence de sécurité et d’un développement de la guerre économique. Inverser cette tendance demande de mettre un terme au conflit qui engendre tout cela. Le risque que l’Etat s’effondre est important ». 1,2 million de fonctionnaires yéménites n’ont pas été payés depuis septembre 2016.
Pendant ce temps, l’Occident continue de vendre des armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats, offrant ses ventes d’armes comme un moyen de sanctifier la guerre. Avec ces ventes, l’Occident est totalement complice de la guerre menée par l’Arabie saoudite.
La complicité de l’Occident est également engagée dans la manière avec laquelle l’Arabie saoudite accole cette guerre obscène à sa paranoïa de l’Iran. L’Arabie saoudite se défend en disant que le groupe rebelle Houthi au Yémen est un mandataire de l’Iran et que la mainmise des Houtis sur le Yémen ne peut être permise. C’est le pitch de cette guerre. Ce dont on a besoin toutefois, ce n’est pas d’une guerre pour détruire le Yémen, mais l’ouverture d’un sérieux processus entre l’Arabie saoudite et l’Iran pour parler de leur vaste désaccord.
A Istanbul, pendant un meeting d’urgence de la Coordination de l’Organisation Islamique sur les actions d’Israël à Jérusalem, les ministres étrangers d’Arabie saoudite et d’Iran se sont serré la main et ont parlé pendant quelques minutes. Adel Al-Jubeir (Arabie saoudite) et Javad Zarif (Iran) ont présenté plus tard des mots chaleureux à propos de leur meeting. Ce sont de petits gestes. Ils ont besoin d’être amplifiés. Les tensions entre l’Arabie saoudite et l’Iran ne répandent pas seulement la guerre au Yémen, mais aussi la guerre en Syrie. Il va y avoir très certainement un enjeu important en octobre quand Donald Trump, le président des États-Unis, devra renouveler sa certification sur la négociation nucléaire avec l’Iran. Si les États-Unis se lancent dans la guerre contre l’Iran, cela sera en partie en raison de la pression saoudienne pour aller dans cette direction.
Comment éviter l’atrocité qui se déroule actuellement au Yémen ? La guerre doit s’arrêter. C’est maintenant une position de consensus parmi la communauté humanitaire. Les armes vendues par l’Occident doivent être stoppées. La pression pour un grand traité entre l’Arabie saoudite et l’Iran doit augmenter. Les vies de 1 million à 2 millions d’enfants yéménites sont en jeu.
Vijay Prashad est professeur d’études internationales au Trinity College à Hartford, dans le Connecticut. Il est l’auteur de 18 livres, incluant Arab Spring, Libyan Winter (AK Press, 2012), The Poorer Nations: A Possible History of the Global South (Verso, 2013) et The Death of a Nation and the Future of the Arab Revolution (University of California Press, 2016). Cet article a été rédigé grâce aux auteurs et aux contributeurs du site AlterNet.
Source originale: Alternet Traduit de l’anglais par N.D. pour Investig’Action
Source: Investig’Action
akasha
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Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Jeu 14 Sep 2017 - 5:47
Comment la France participe à la guerre contre le Yémen
Du 11 au 15 septembre se tient à Genève la Conférence des États parties au traité sur le commerce des armes. Troisième plus gros vendeur d’armement au monde, la France est l’un des fournisseurs privilégiés de l’Arabie Saoudite et de ses alliés. Selon des informations inédites de l’Observatoire des armements livrées à Orient XXI, le gouvernement français serait passé par un contrat destiné au Liban pour préparer la guerre au Yémen et accélérer ses livraisons d’armes au plus fort du conflit.
Depuis plus de deux ans, une guerre menée par les plus riches pays du Proche-Orient — voire du monde — contre le plus pauvre se poursuit, dans une large indifférence politique et médiatique. Le 26 mars 2015, l’Arabie Saoudite suivie de dix pays lance une opération militaire aérienne au Yémen contre les houthistes. Les partisans d’Abdel Malek Al-Houthi avaient poussé à la démission le président de la transition Abd Rabbo Mansour Hadi en s’alliant avec leur ancien opposant, Ali Abdallah Saleh. Au début de l’offensive, les houthistes occupent militairement la capitale Sanaa et la principale ville du sud, Aden. Sollicités par Hadi, les Saoudiens et leurs soutiens prétendent vouloir le rétablir et contrer l’influence iranienne. Le Conseil de sécurité de l’ONU donne son aval et la France, le Royaume-Uni et les États-Unis fournissent les armements1.
Les États-Unis et le Royaume-Uni sont régulièrement accusés de complicité de crimes de guerre en raison de leurs livraisons d’armes à l’Arabie Saoudite, à la tête de cette coalition arabe regroupant dix armées. Mais la France échappe aux condamnations, bien qu’ayant une longue tradition de partenariat avec le royaume saoudien et plusieurs de ses alliés. À partir de la fin des années 2000, Paris veut se tourner davantage vers les pays du Golfe pour booster ses exportations d’armement. Les autorités ouvrent une base militaire à Abou Dhabi où se déroulent des démonstrations de matériel, et vont jusqu’à compromettre l’indépendance politique du pays pour vendre des armements. En 2016, environ 50 % des prises de commande enregistrées par la France concernaient les pays du Proche-Orient2. La monarchie saoudienne est son premier client : elle lui a acheté près de 9 milliards d’armes entre 2010 et 2016, ce qui représente environ 15 à 20 % des exportations d’armes françaises chaque année. Cet armement s’adapte facilement aux conditions du Yémen : il a été construit en fonction des besoins des pays du Proche-Orient, qui regroupe à la fois clients riches et pays en guerre ou en instabilité chronique. D’après des informations inédites de l’Observatoire des armements, la France et l’Arabie Saoudite auraient détourné un contrat destiné au Liban pour préparer la guerre au Yémen.
]Un marché juteux[/b
Les bombardements de la coalition — dont des « bavures » qui s’apparentent à des crimes de guerre sur lesquels l’Arabie Saoudite a réussi à empêcher l’ONU d’enquêter jusqu’à présent — auraient tué 10 000 civils d’après les données relayées depuis janvier 2017, le bilan exact est en fait inconnu. L’ONU et plusieurs ONG parlent d’épidémie de famine, de choléra, et de milliers de blessés et déplacés. Une « catastrophe entièrement causée par l’homme », rappelle le dernier rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU . À cela s’ajoutent la destruction partielle de la vieille ville de Sanaa, patrimoine mondial de l’humanité, et l’expansion d’Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) : « AQPA est plus puissant que jamais. Alors que l’organisation de l’État islamique (OEI) fait les gros titres […], Al-Qaida est le modèle de réussite ». Il a notamment « su exploiter une économie de guerre florissante », écrit April Longley Alley. L’Arabie Saoudite a inondé le Yémen de fusils d’assaut Steyr AUG ; une partie d’entre eux a atterri entre les mains d’AQPA, dont se réclamait un des tueurs de Charlie Hebdo, ce qui pose la question du détournement des armes par des groupes terroristes.
Le Traité sur le commerce des armes (TCA) ratifié par la France le 2 avril 2014 interdit pourtant les exportations d’armes pouvant servir à des violations du droit international humanitaire. Or, non seulement la France n’a pas stoppé ses ventes d’armes aux belligérants en mars 2015 mais elle les a accentuées : Rafale au Qatar et à l’Égypte, porte-hélicoptères Mistral et frégate Fremm à l’Égypte, blindés légers Renault Sherpa light et hélicoptères Caracal à Koweït. Créancière de certains de ces pays, l’Arabie Saoudite a la capacité de les entraîner dans une guerre, et l’armement vendu à ses alliés peut lui être prêté ou servir ses objectifs militaires.
« La France a octroyé pour un peu plus de 16 milliards d’euros de licences pour la seule Arabie Saoudite en 2015 et livré à ce pays pour 900 millions d’euros d’équipements militaires la même année […]. À aucun moment, le gouvernement n’a indiqué ces deux dernières années qu’il avait refusé, révoqué ou suspendu des autorisations d’exportation », commente Amnesty International.
[b]L’Arabie Saoudite, un client choyé
La facilité avec laquelle les sociétés d’armement françaises s’adaptent aux demandes saoudiennes est le reflet des liens étroits et anciens entre les deux pays. S’il est extrêmement difficile d’avoir des informations précises sur ce sujet très opaque, des sources indiquent que :
- dès le déclenchement de la guerre au Yémen, l’armée française « a effectué des vols de reconnaissance au-dessus des positions houthies pour le compte du client saoudien et continue à former ses pilotes de chasse », selon MS&T Magazine ;
- la France a également transféré des nacelles Thalès Damocles XF de désignation de cible et de guidage de bombes, que les forces saoudiennes placent sous leurs avions de chasse – ce qui n’empêche pas les « bavures » ;
i - trois mois après le début du conflit, un avion ravitailleur Airbus 330-200 MRTT a été livré à l’Arabie Saoudite. C’est le dernier d’une flotte de six ; en avril 2017, deux de ces avions étaient déployés au Yémen. Indispensables à la guerre en cours, ils ravitaillent en vol les F-15 saoudiens en carburant ;
- des canons Caesar 155 mm de l’entreprise française Nexter, des hélicoptères de transport Cougar du groupe européen EADS et des drones de renseignement militaire SDTI de l’entreprise française Sagem ont été transférés durant le conflit ;
- en 2016, la France a livré 276 blindés légers indique son propre rapport rendu en juillet 2017 au secrétariat du TCA. Ce lot serait composé en grande partie de blindés légers Renault Sherpa light et Vab Mark 3 du groupe Renault Trucks Defense originellement destinés au Liban. Dès février 2016, face à l’échec des campagnes de bombardements, la coalition s’appuie sur des milices locales équipées de véhicules légers émiratis Nimr pour tenter de déloger les forces houthies3. L’arrivée des blindés légers français, qui se faufilent sans difficulté dans les rues étroites des villes arabes, s’inscrit pleinement dans cette stratégie de contre-insurrection déployée au sol. Et les Sherpa light sont équipés de capteurs de dernière génération offrant une protection contre les engins explosifs improvisés posés par les forces houthies ;
- de plus, la coalition fait également usage de petits patrouilleurs, en soutien aux navires de guerre, pour assurer le blocus du pays. Si l’entreprise française Couach bloque à quai deux patrouilleurs rapides à destination du Yémen en raison de l’embargo, elle débute ses livraisons d’intercepteurs rapides à l’Arabie Saoudite dès août 2016, publie Mer et Marine. Selon Ouest-France, 39 nouveaux exemplaires de ce type de bateaux sont destinés à Riyad. En décembre 2016, le contrat était en cours de finalisation ;
- pour assurer le blocus qui affame la population, la coalition utilise des Corvettes Baynunah livrées aux Émirats arabes unis, notent Nadav Pollak et Michael Knights dans « Gulf Coalition Operations in Yemen (Part 3) : Maritime and Aerial Blockade »4. Quand la flotte du royaume est entrée en maintenance en mars 2016, la marine française l’a remplacée pour assurer la continuité du blocus, expliquait alors La Lettre de l’Océan indien. L’artillerie et la marine des forces de la coalition sont par ailleurs munies de systèmes électroniques de navigation vendus par Safran, autre groupe d’armement français. Des instruments notamment essentiels à la logistique des tirs ;
- enfin, 745 fusils de précision ont été livrés à Riyad en 2015 et 500 en 2016 selon les rapports au Parlement sur les exportations d’armes de 2016 et 2017.
Des armes pour le Liban qui filent au Yémen
Certains de ces armements étaient initialement destinés à l’armée libanaised. Conclu fin 2014 entre Paris et Riyad pour un montant de trois milliards d’euros, l’accord Donas (Don Arabie Saoudite) prévoyait en effet la livraison aux Forces armées libanaises (FAL) d’équipements militaires français achetés par l’Arabie Saoudite, la facture de 2,2 milliards d’euros était à la charge du royaume. Motif avancé pour ce transfert : la lutte contre l’organisation de l’État islamique (OEI) et la guerre en Syrie. La facture de 2,2 milliards d’euros était à la charge de l’Arabie Saoudite. Ce contrat sur lequel travaillaient les industriels depuis 2011 a donné lieu à une première livraison en avril 2015 mais a été remis en cause peu après, sur fond de conflit avec l’entreprise française intermédiaire ODAS. Six mois après l’officialisation du contrat, l’Arabie Saoudite déclenche l’offensive contre le Yémen. Des industriels de l’armement contactés par l’Observatoire des armements s’interrogent : le contrat Donas a-t-il été ficelé en prévision de cette guerre ? Pour que leur matériel s’adapte aux conditions définies par les pays destinataires, les sociétés d’armement doivent respecter les accords de l’OTAN. « Dès 2015, nous avons engagé les tests de matériel prévus pour Donas. Or à notre surprise, il fallait adapter le matériel aux conditions5 qui ne correspondent pas à celles du Liban. Dès lors, nous avons compris. Nous travaillions sur du matériel ayant vocation à servir au Yémen », confie un industriel sous couvert d’anonymat. D’après ce dernier, en avril 2017, « 80 % du parc destiné à Beyrouth aurait fait l’objet d’une commande ferme de l’Arabie Saoudite à destination de ses propres forces et 95 % était déjà déployé sur le terrain, en test ou définitivement ». Selon la presse généraliste française, le contrat aurait été renommé Saudi-French Military Contract (SFMC) en 2015 et destiné à la seule Arabie Saoudite, en revanche, selon la presse de renseignement, il existerait toujours. En semant le trouble sur le contrat Donas, la livraison ou non d’armements et leur utilisateur final, la France dilue ses responsabilités et détourne l’attention des problématiques liées à l’utilisation de ces armes.
La France a également équipé les autres belligérants, l’Égypte, le Qatar, les Émirats Arabes Unis et le Koweït. Parmi le matériel utilisé au Yémen, des chars Leclerc émiratis – des hauts gradés français se sont vantés sur LCI de la performance inédite du atériel français dans ce conflit — et des Mirage 2000 émiratis et qataris6, dont la France continue d’assurer la maintenance, la mise à niveau et l’approvisionnement en obus7. Ces avions de chasse sont destinés aux bombardements, les forces émiraties se déclarant insatisfaites de leurs capacités d’emport en munitions, note Air & Cosmos.
Par ailleurs, en vendant des armements tels que les Mirage, chars Leclerc ou Rafale, la France s’engage à assurer une maintenance qui peut durer de quinze à vingt-cinq ans. Elle est donc liée pendant cette période à la politique de l’Etat-client.
Pendant la guerre les affaires continuent
Un an après le début de ce conflit voulu par le jeune prince de 31 ans Mohammed Ben Salman (fils du roi Salman) en quête de légitimité après avoir été nommé ministre de la défense, son échec était déjà visible. La ligne de front n’a guère évolué, des poches de résistance se sont créées, la coalition y répond par une stratégie de contre-insurrection en s’appuyant sur des milices locales équipées de véhicules émiratis Nimr, alors que l’économie et les citoyens saoudiens pâtissent eux aussi de cette guerre.
Au même moment, les rapports d’Amnesty International, et de Human Rights Watch dénoncent « les crimes de guerre » de la coalition. En février 2016, suite aux pressions du réseau européen contre le commerce des armes (Enaat) dont l’Observatoire des armements est membre et de l’ONG britannique Saferworld, le Parlement européen vote une résolution demandant un embargo de l’Union européenne sur les ventes d’armes à l’Arabie Saoudite. Malgré des pressions du gouvernement de Manuel Valls, les députés socialistes se rallient au texte. Mais la France ne revoit pas sa politique et le 4 mars 2016, François Hollande décore même secrètement de la Légion d’honneur le prince héritier Mohammed Ben Nayef.
Le soutien militaire de la France aux opérations saoudiennes est donc militaire, logistique et politique, ce qui explique le silence de sa diplomatie. Sa responsabilité dans la complicité des crimes commis au Yémen n’est toujours pas posée. Les parlementaires français restent impassibles. Aucune commission d’enquête parlementaire n’est en place alors qu’ONG et associations appellent l’État français à stopper immédiatement toute transaction avec les belligérants du conflit et à effectuer un contrôle parlementaire des ventes d’armes.
Le 16 décembre 2015, soit neuf mois après le début de l’offensive, des industriels de l’armement y prenant part se félicitaient des ventes record lors d’un colloque à la Sorbonne sur « les industries de défense face aux enjeux internationaux ». Pascale Sourisse, directrice générale en charge du développement international du Groupe Thalès, dont le premier client était le ministère de la défense français, se réjouissait de la vigueur d’un marché « pas du tout en train de rétrécir » et d’« une année exceptionnelle ». Même satisfaction pendant le salon international de la défense et de la sécurité Eurosatory de 2016 organisé à Paris, durant lequel Emmanuel Macron a d’ailleurs visité le stand Thalès. Étienne de Durand, délégué pour la politique et la prospective de défense à la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère de la défense a commenté ironiquement à la Sorbonne : « Vendre des armes, ce n’est pas comme vendre des chaussures ». Surtout quand on sait qu’à l’occasion d’une rencontre avec une dizaine de journalistes français à l’ambassade de l’Arabie Saoudite le 22 mars dernier à laquelle Orient XXI était convié, des généraux et représentants du royaume ont laissé entendre qu’ils n’avaient pas la moindre idée de l’issue de cette guerre ni de la stratégie à suivre pour sortir de cet enlisement. Contacté par Orient XXI, le ministère des affaires étrangères français n’a pas répondu aux questions.
Warda Mohamed, Tony Fortin
1Sur le Yémen, lire les travaux de Laurent Bonnefoy, dont « Deux ans de destruction et d’impasse au Yémen », Orient XXI, 27 mars 2017.
2Calcul à partir des chiffres du rapport au Parlement sur les exportations d’armes françaises (2017).
3Michael Knights, Alexandre Mello, « Gulf Coalition Targeting AQAP in Yemen », The Washington Institute, 10 mai 2016.
4The Washington Institute, 25 mars 2016.
5Le Yémen possède une géographie de « courant d’air, de couloir venteux » qui détermine l’action du sel et du sable sur les composants électroniques autrement que la géographie du Liban « fermée, polluée et restreinte ».
6« Qatar joins Saudi-led bombing campaign of Houthi targets in Yemen », Dohanews.co, 26 mars 2015 et « Les Émirats arabes unis ont perdu un Mirage 2000-9D au Yémen », opex360.com, 14 mars 2016.
7Lieutenant Mathieu, « 503e RT : Le PCR1 arme la mission TITAN », Défense Sud-Est.
Photo: Chars Leclerc français vendus aux Émirats arabes unis et utilisés dans l’offensive terrestre au Yémen. leclerc.fr
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Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Dim 8 Oct 2017 - 3:45
Yémen : Ryad menace de représailles les pays soutenant un projet d’enquête internationale, par AFP
Source : TSA Algérie, 26-09-2017
L’Arabie saoudite menace de représailles économiques les pays qui soutiendraient le projet d’enquête internationale sur le conflit au Yémen présenté devant la Commission des droits de l’Homme de l’ONU, dans une lettre dont l’AFP a pris connaissance mardi.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, le Jordanien Zeid Ra’ad Al Hussein, a appelé à plusieurs reprises à la création d’une commission d’enquête internationale sur les violations des droits de l’Homme au Yémen, où l’Arabie saoudite intervient militairement contre les rebelles houthis avec ses alliés du Golfe depuis le printemps 2015.
Un projet de résolution néerlando-canadien, présenté lors de la session de la Commission qui s’achève vendredi, prévoit la création d’une enquête sous l’égide de l’ONU.
“L’adoption du projet de résolution présenté par les Pays-Bas et le Canada devant la Commission des droits de l’Homme pourrait affecter de façon négative les relations bilatérales économiques avec l’Arabie saoudite”, prévient le royaume saoudien dans cette lettre.
Ryad, qui “n’acceptera pas” une telle résolution, appelle de son côté à soutenir l’enquête menée par son allié yéménite, qui selon les Nations unies manque de crédibilité.
Pour John Fisher, directeur à Genève de l’ONG Human Rights Watch, la menace saoudienne est “honteuse”.
“Il est scandaleux que l’Arabie saoudite cherche à utiliser les menaces de sanctions économiques et politiques pour intimider les pays et les inciter à ne pas soutenir une enquête internationale qui pourrait mettre un terme aux violations” des droits de l’Homme, a-t-il déclaré à l’AFP.
“Les forces de la coalition (emmenée par Ryad) ont bombardé des hôpitaux, des marchés, des maisons, des cérémonies funéraires. Il est temps que la communauté internationale dise +ça suffit+”, a-t-il ajouté.
Sollicitée par l’AFP, la mission saoudienne à l’ONU à Genève n’était pas disponible dans l’immédiat.
La guerre au Yémen oppose des forces pro-gouvernementales, soutenues par l’Arabie saoudite et ses alliés arabes et regroupées dans le Sud, à l’alliance entre Houthis et l’ancien président Ali Abdallah Saleh, qui contrôlent la capitale et le nord du Yémen depuis septembre 2014.
Plus de 8 500 personnes ont été tuées et près de 49 000 autres blessées depuis le début du conflit, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Plus de 17 millions de Yéménites sont confrontés à des pénuries alimentaires et une épidémie de choléra a fait plus de 2 100 morts depuis avril.
akasha
Messages : 6833 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Dim 22 Oct 2017 - 22:40
Reportage au colloque sur le Yémen au Parlement européen
Ce mercredi à Bruxelles, au sein du Parlement de l’UE s’est tenu un important colloque sur la situation au Yémen.
Au cours de ce colloque réuni sous l’égide de la députée européenne Patricia Lalonde, ce qui est à son honneur, deux autres députées européennes, le député honoraire de l’Assemblée Nationale française Jacques Myard et d’éminents experts ont souligné la situation tragique de la population bombardée journellement par les frappes séoudiennes qui détruisent toutes les infrastructures vitales, sans aucune réaction de la communauté internationale, notamment de l’UE qui se trouve ainsi complice des crimes contre l’humanité qui y sont perpétrés.
Ce colloque devrait avoir un impact car il s’est tenu dans le temple de l’UE sous l’égide et avec la participation de membres de l’organisation qui ont réclamé au minimum une levée de l’embargo sur les produits humanitaires et une négociation pour mettre un terme à l’agression séoudienne.
Si les députées ont tenu un discours équilibré sur les responsabilités du conflit pour en rechercher une solution négociée, tout en dénonçant courageusement les tragiques conséquences de la guerre menée par la coalition dirigée par l’Arabie Séoudite, Jacques Myard et la plupart des experts ont accusé clairement l’Arabie Séoudite d’être la seule responsable des souffrances qu’endure le peuple yéménite, retraçant les origines du conflit et les ambitions stratégiques du gouvernement séoudien en place à Riyad depuis 2016.
Chargé par le Président de l’Académie de Géopolitique de Paris de conclure le colloque (modification du programme ci-après), j’ai rappelé les origines lointaines des rivalités séoudo-yémenites, le Yémen étant le berceau culturel et civilisationnel de l’arabisme bien avant la création de l’Arabie Séoudite et même de l’islam, précisé que Riyad ne pouvait perpétrer cette agression qu’avec le soutien de Washington et des capitales européennes qui lui fournissent en outre les armes pour tuer les Yémenites, qu’il ne s’agissait pas d’une guerre de religion entre chiites et sunnites mais d’un affrontement entre l’Iran et l’Arabie pour des rivalités stratégiques et économiques sur les tracés des lignes d’approvisionnement en énergies, l’Iran ne fournissant d’ailleurs aucune aide militaire aux Houthis sunnites-zaïdites, bien qu’il leur soit favorable, mais l’embargo maritime et aérien l’empêchant même d’y acheminer une aide humanitaire.
J’ai rappelé que la résolution 2216 du Conseil de Sécurité des Nations Unies du 16 avril 2015 était venue malheureusement légitimer l’intervention de l’Arabie Séoudite au Yémen, sous le chapitre 7, trois semaines après le début de son intervention , avec l’exception notable de la Russie.
Ce colloque devrait soulever une émotion à Bruxelles car tous les intervenants ont souhaité une modification de la politique de l’UE vis-à-vis de ce conflit, modification qui pourrait permettre d’envisager une négociation pour y mettre un terme et soulager la malheureuse population civile dont les souffrances ont été décrites pas plusieurs intervenants, et tenter de préserver le patrimoine culturel qui n’a pas encore été détruit.
Les trois députées européennes qui sont intervenues sont à féliciter et remercier pour leur énergie à défendre une cause humanitaire mondiale, tout particulièrement Patricia Lalonde qui a patronné cet évènement important.
Alain Corvez
Intégralité des interventions du colloque et des échanges avec la salle
Source: Cercledesvolontaires
orné
Messages : 5072 Date d'inscription : 11/06/2012 Age : 51 Localisation : UNIFIÉS CORPS, ÂME, MENTAL. LA TRINITÉ PARFAITE QUI REGARDE DANS LA MÊME DIRECTION, NE SE COMBAT PLUS MAIS RESTE SOLIDAIRE
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Mar 28 Nov 2017 - 15:09
La guerre des États-Unis au Yémen
Washington dissimule derrière les Saoudiens le fait qu’il dirige la guerre au Yémen
En octobre 2016, deux journalistes de Reuters ont publié un article exclusif sous le titre « As Saudis bombed Yemen, U.S. worried about legal blowback ». (Lorsque les Saoudiens ont bombardé le Yémen, les États-Unis se sont souciés des répercussions légales). 1.
Les journalistes, Warren Strobel et Jonathan Landay, révélaient que des experts juridiques au Département d’État américain avaient averti la Maison Blanche que les États-Unis pourraient être accusés de crimes de guerre en lien avec la campagne de bombardements de l’Armée de l’air saoudienne au Yémen.
Jusqu’à présent, la campagne de bombardements a fait des dizaines de milliers de morts, encore plus de blessés et privé d’abri plus de 10% de la population yéménite. Jointe à des blocus navals et aériens, l’agression a créé des conditions proches de la famine pour environ 25% à 40% de la population et a contribué à une épidémie de choléra frappant des centaines de milliers de personnes.
Selon Strobel et Landay, « des responsables du Département d’État (…) manifestaient en privé leur scepticisme à l’égard de la capacité de l’armée saoudienne de cibler les militants houthis sans tuer des civils et détruire des ‘infrastructures importantes’ » 2.
Les responsables ont reconnu que les frappes aériennes étaient aveugles (un crime de guerre), mais ont dit que la nature sans discernement des bombardements était due à l’inexpérience des pilotes saoudiens et à la difficulté de distinguer les combattants ennemis ne portant pas d’uniforme de la population civile.
Tout de même, dans la mesure où les bombardements sont aveugles, quel qu’en soit le motif, cela constitue un crime de guerre.
Le second point soulevé par les juristes du Département d’État est que les États-Unis sont des cobelligérants dans la guerre.
L’article de Reuters n’a pas révélé la véritable dimension de l’implication des États-Unis mais a reconnu que Washington fournit les bombes que les pilotes saoudiens déversent sur le Yémen et que l’Armée de l’air américain ravitaille les bombardiers saoudiens en vol.
En d’autres termes, les États-Unis jouent un rôle en facilitant la campagne de bombardements aveugles.
C’était une grande préoccupation de l’équipe juridique du Département d’État.
Le juristes ont souligné que si les bombardements indiscriminés sont l’œuvre des pilotes saoudiens, la responsabilité de crime de guerre pourrait aussi être imputée aux États-Unis par le biais d’un instrument juridique que Washington avait aidé à créer ; d’où la peur du retour de bâton légal.
L’instrument juridique a été créé par la Cour spéciale des Nations unies sur la Sierra Leone, que les États-Unis ont soutenue sinon suscitée. La Cour avait statué que le président du Liberia Charles Taylor était coupable de crimes de guerre commis dans la guerre civile en Sierra Leone, même si Taylor n’y était pas lorsque les crimes ont été commis. De plus, Taylor lui-même n’avait pas de lien direct avec les crimes. Ceci, tout le monde l’a reconnu.
Mais cela, a déclaré le tribunal, n’avait pas d’importance. Ce qui comptait était que Taylor avait fourni « aide concrète, soutien moral et encouragement » aux gens de Sierra Leone qui avaient commis les crimes de guerre. Par conséquent, avait jugé le tribunal, Taylor était également coupable de crimes de guerre. 3.
Les États-Unis ont utilisé le même instrument juridique pour inculper les détenus d’al-Qaïda à Guantánamo Bay pour le crime du 9/11, même si les détenus en question n’étaient pas directement impliqués dans ces attaques. Il suffisait qu’ils aient fourni soutien moral et encouragement à ceux qui les avaient commises. 4.
Cet instrument, qui a bien servi à Washington pour enfermer les gens qu’il n’aimait pas, se révèle maintenant problématique, et la raison en est que les États-Unis fournissent aide pratique, soutien moral et encouragement aux Saoudiens dans une campagne de bombardements aveugles (donc un crime de guerre). Le personnel de l’armée américaine et les fonctionnaires officiels prêtent par conséquent le flanc à des accusations de crimes de guerre selon un principe juridique que Washington a aidé à instaurer.
Pire, Washington offre aux Saoudiens bien plus que seulement des encouragements et du soutien moral. Il fournit également un soutien diplomatique à son allié arabe, ainsi que les bombes qui sont déversées sur les Yéménites, et les avions qui larguent les bombes. En plus, il forme les pilotes qui font voler les avions de combat qui larguent les bombes.
Et ce n’est pas tout. Les États-Unis font également voler leurs propres drones et leurs avions de reconnaissance au-dessus du Yémen pour collecter des renseignements afin de sélectionner les cibles sur lesquelles les pilotes saoudiens largueront les bombes. 5. Ils fournissent aussi des navires de guerre pour imposer un blocus naval. Et, de manière significative, ils gèrent un centre d’opérations pour coordonner la campagne de bombardements avec les satellites américains qui y participent, dont l’Égypte, le Bahreïn, le Koweït, le Qatar et la Jordanie – les royaumes, émirats, sultanats et dictatures militaires qui composent les alliés arabes des États-Unis, tous anti-démocratiques.
Autrement dit, non seulement les États-Unis fournissent encouragement et soutien moral aux Saoudiens, mais ils dirigent de fait la guerre contre le Yémen. En langage militaire, les États-Unis ont le commandement et le contrôle. La seule chose qu’ils ne font pas est de fournir les pilotes qui larguent les bombes.
Voici ce qu’a rapporté le Wall Street Journal : « un porte-parole du Pentagone a dit que les États-Unis avaient des forces spéciales sur le terrain et fournissaient renseignements aériens, surveillance et reconnaissance, planification opérationnelle [c’est moi qui souligne], interdiction maritime, sécurité, soutien médical et ravitaillement en vol ». 6. Selon le journal, les planificateurs de la guerre au Pentagone dirigent un centre d’opérations commun où les cibles sont choisies pour que les pilotes saoudiens y larguent leurs bombes. 7.
Lorsqu’on dirige un centre d’opérations, on dirige la guerre.
Donc il y a deux aspects importants de la guerre : tout d’abord, les bombardements sont aveugles et par conséquent un crime de guerre – et Washington le sait. Ensuite, les États-Unis sont impliqués dans la guerre à un degré rarement, sinon jamais, admis et reconnu.
En fait, la guerre contre le Yémen est presque universellement décrite comme une guerre menée par les Saoudiens. C’est une description erronée. C’est une guerre menée par les États-Unis.
La guerre est conforme au but immédiat des États-Unis dans les mondes arabe et musulman – éliminer toute opposition militante organisée à la domination américaine du Moyen-Orient. C’est un but qui explique l’opposition de Washington à des entités aussi diverses que le gouvernement syrien de Bachar al-Assad, la République islamique d’Iran, le Hezbollah et le Hamas, et al-Qaïda. Alors que ces États et ces organisations ont différents projets, ceux-ci se recoupent sur un aspect : tous s’opposent à la domination par les États-Unis sur les mondes arabe et musulman.
Il y a deux organisations qui s’opposent militairement à la domination étasunienne du Yémen en particulier, et plus largement du monde musulman : al-Qaïda dans la péninsule Arabique et les Houthis. Toutes deux sont islamistes. Toutes deux s’opposent implacablement à l’ingérence américaine et israélienne dans le monde musulman. Et toutes deux sont engagées dans la libération du Yémen de la domination américaine. Mais elles ont des approches différentes.
Al-Qaïda dirige ses attaques contre ceux qu’elle appelle ses ennemis lointains et proches. L’ennemi lointain est les États-Unis, le centre d’un empire que Zbigniew Brzezinski, une figure majeure de la politique étrangère américaine, avait appelé une hégémonie d’un nouveau type avec une portée et une échelle mondiale sans précédent – en d’autres termes, le plus vaste empire dans l’histoire de l’humanité.
L’ennemi proche, en revanche, selon l’idéologie d’al-Qaïda, comprend les éléments qui composent l’Empire américain – les gouvernements locaux subordonnés aux États-Unis et soumis aux commandements de Washington (le Yémen sous le précédent gouvernement, l’Arabie saoudite, Bahreïn, l’Égypte, etc.).
Al-Qaïda mène des campagnes à la fois contre ses ennemis lointains et proches, c’est-à-dire contre des cibles occidentales sur le sol occidental et contre les gouvernements locaux qui collaborent avec les États-Unis ou agissent comme leurs agents.
Les Houthis, en revanche, se calquent sur le Hezbollah et le Hamas. Ils se concentrent sur ce qu’al-Qaïda appelle l’ennemi proche, c’est-à-dire les gouvernements locaux qui sont des extensions du pouvoir mondial des États-Unis. Le Hezbollah se concentre sur l’ingérence occidentale au Liban, le Hamas sur l’occupation israélienne de la Palestine et les Houthis sur les lieutenants occidentaux au Yémen, mais ils ne cherchent pas à frapper des cibles occidentales sur le sol occidental comme le fait al-Qaïda.
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Avant que les Houthis ne prennent le contrôle du gouvernement, Washington menait une guerre au Yémen contre al-Qaïda dans la péninsule Arabique.
Washington avait déployé des forces spéciales et la CIA pour faire face à une branche d’al-Qaïda au Yémen, qui avait organisé l’attentat contre Charlie Hebdo à Paris en 2015 et une tentative de faire exploser un avion de ligne à Detroit à Noël 2009.
Mais ces attaques d’al-Qaïda n’étaient que le symptôme du fait que les États-Unis mènent une guerre. Ils disent qu’ils font la guerre contre le terrorisme, mais en fait, ils font la guerre aux forces qui s’opposent à la domination américaine du monde musulman.
Que certaines de ces forces utilisent parfois des méthodes terroristes, et qu’elles s’engagent dans des politiques violentes est moins important pour Washington que le fait qu’elles soient contre la domination et l’influence des États-Unis.
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Les États-Unis étaient préparés à mener unilatéralement une guerre contre al-Qaïda au Yémen, sans la coopération de l’ancien gouvernement de ce pays.
Le contre-amiral John Kirby, un porte-parole du Pentagone, a dit : « C’est certain, un partenaire volontaire au Yémen (…) rend les missions beaucoup plus efficaces. Mais nous avons aussi prouvé notre capacité de poursuivre des terroristes en divers endroits. Nous (…) conservons ce droit. » 8.
C’était vraiment une déclaration extraordinaire, parce que Kirby reconnaissait en paroles ce qui était déjà évident dans les faits : que les États-Unis ne reconnaissent la souveraineté d’aucun pays. Ils se donnent le droit d’intervenir partout, militairement ou autrement, que le gouvernement de ce pays accepte l’intervention ou non.
L’exemple le plus frappant de Washington s’arrogeant le droit d’intervenir unilatéralement dans n’importe quel pays pour poursuivre ses objectifs de politique étrangère est l’invasion américaine de la Syrie, pratiquée malgré l’opposition du gouvernement syrien, et sans le moindre respect du droit international qui interdit de telles violations du principe de la souveraineté nationale.
Peu après les attentats du 11 septembre, la CIA a persuadé le président du Yémen d’alors, Ali Abdullah Saleh, d’autoriser l’armée américaine à conduire des opérations au Yémen contre des cibles d’al-Qaïda. Saleh était réticent à renoncer à la souveraineté du Yémen, mais il a cru que s’il refusait la demande américaine, Washington envahirait le pays (comme il se réservait le droit de le faire). Par conséquent, sous la contrainte, Saleh a accepté de permettre à la CIA de faire voler des drones Predator armés de missiles Hellfire au-dessus de son pays et d’autoriser l’entrée des forces spéciales de l’armée américaine au Yémen. 9. En d’autres termes, il a accepté l’occupation de son pays par les États-Unis.
Au début de 2011, lorsque la guerre contre al-Qaïda dans la péninsule Arabique était en cours, une révolte massive contre le gouvernement Saleh a éclaté, qui faisait partie de ce qu’on a appelé le Printemps arabe. Elle a impliqué des dizaines de milliers de Yéménites participant à des sit-ins qui duraient des semaines.
Washington a soutenu Saleh tout au long de ces troubles, tout en demandant en même temps que le président syrien Bachar al-Assad s’en aille, affirmant (faussement) que lui, Assad, avait perdu le soutien de sa population. En revanche, Saleh, bien qu’il n’ait aucun soutien populaire (ou très peu), a bénéficié de l’appui américain – et il l’a obtenu parce que, contrairement à Assad, il était disposé à céder la souveraineté de son pays aux États-Unis.
Après des mois de troubles au Yémen, Washington est arrivé à la conclusion que la poursuite du règne de Saleh n’était plus viable. Il était devenu beaucoup trop impopulaire et il y avait des risques qu’ils soit renversé par la révolte populaire. Celui qui a pris sa place pourrait ne pas être aussi docile.
Donc des réunions ont été organisées avec des chefs de l’opposition pour faire en sorte que les opérations américaines continuent. Finalement, un plan a été accepté dans lequel Saleh s’en irait en faveur de son vice-président. 10. Hadi s’est avéré n’être pas plus populaire que Saleh, bien qu’il se soit révélé exactement aussi populaire auprès de Washington que l’était son prédécesseur. Les hauts responsables américains ont soutenu Hadi parce qu’il laissait au Pentagone les mains libres au Yémen.11.
Les Yéménites, en revanche, n’aimaient pas Hadi – et ils ne l’aimaient pas pour de nombreuses raison, notamment parce qu’il était perçu, avec raison, comme une marionnette des États-Unis.
En septembre 2014, les Houthis, qui avaient lancé une insurrection dix ans plus tôt, se sont emparés de la capitale, revendiquant un plus grand partage du pouvoir. En février 2015, ils avaient pris le contrôle du gouvernement. Peu après, Hadi s’enfuit en Arabie saoudite.
Que voulaient les Houthis ?
L’objectif auto-proclamé des Houthis – leur projet politique – est de nettoyer le pays des dirigeants corrompus au service de puissances étrangères. Ils sont contre l’ingérence des États-Unis et d’Israël dans les affaires du Yémen. Un porte-parole houthi a dit : « Nous sommes simplement opposés à l’ingérence de ces gouvernements. » 12.
En 2015, Newsweek a rapporté que « fondamentalement, ce que les Houthis disent être la volonté des Yéménites, c’est : la responsabilité du gouvernement, la fin de la corruption, des services publics réguliers, des prix du pétrole équitables, des occasions d’emploi pour les Yéménites ordinaires et la fin de l’influence occidentale ». 13. Newsweek a aussi rapporté que « de nombreux Yéménites pensent que les Houthis ont raison de rejeter l’influence occidentale et son mode de décision » 14.
Donc quelle était la situation pour les États-Unis, en février 2015, avec le gouvernement Hadi impopulaire chassé et les Houthis engagés pour l’indépendance du Yémen, prenant le contrôle du gouvernement ?
La situation était bien pire qu’elle ne l’avait été lorsque Washington avait commencé sa guerre contre al-Qaïda au Yémen. Au lieu d’un seul groupe s’opposant militairement à la domination étasunienne du Yémen, il y en avait maintenant deux, et le contrôle du gouvernement avait échappé aux mains de la marionnette de Washington. Dans un effort pour renverser une situation allant se détériorant, Washington a poussé à une guerre contre les Houthis, en superposant une nouvelle guerre à celle existant contre al-Qaïda dans la péninsule Arabique.
Mais l’administration étasunienne n’était pas autorisée légalement à mener une guerre contre un groupe dont le mandat était interne au Yémen et qui n’était pas impliqué dans les attaques du 9/11. Le Congrès étasunien avait accordé au président une autorisation illimitée à « utiliser toute la force nécessaire et adéquate contre les pays, organisations et personnes dont il estime qu’ils ont planifié, autorisé, commis ou aidé les attaques terroristes qui se sont produites le 11 septembre 2011, ou ont hébergé ces organisations ou ces personnes ». 15. Cela comprenait al-Qaïda dans la péninsule Arabique, mais pas les Houthis.
Si les États-Unis devaient entrer légalement en guerre contre les Houthis, ils devraient rechercher et obtenir l’autorisation du Congrès. Et les chances de la Maison Blanche d’obtenir le consentement du Congrès pour une telle guerre était proche de zéro. Donc Washington a préparé un mensonge. Il a mis les Saoudiens en avant et a dit que c’était eux qui menaient la guerre contre les Houthis.
Pour donner au mensonge un semblant de crédibilité, on a dit aux Saoudiens de voir les Houthis comme une menace. Les Houthis étaient censés être des proxys de l’Iran, un pays que les Saoudiens considèrent comme leur principal rival au Moyen-Orient.
Mais c’était absurde. En avril 2015, le Conseil de sécurité nationale a déclaré : « Nous estimons toujours que l’Iran n’exerce pas de commandement et de contrôle sur les Houthis au Yémen », ajoutant : « Il est faux de considérer les Houthis comme une force proxy pour l’Iran. » 16.
Les États-Unis ont lancé la guerre contre les Houthis pour deux raisons : premièrement, parce que les Houthis sont une force militaire organisée contre l’ingérence étasunienne au Yémen. Et deuxièmement, parce que les Houthis avaient chassé un gouvernement dont la soumission aux États-Unis avait été utile à Washington pour poursuivre une campagne visant à éliminer une autre force militaire contre l’ingérence américaine dans le monde musulman, à savoir al-Qaïda. Le but de la guerre est de chasser les résistants Houthis souverainistes et de ramener la marionnette malléable qu’est Hadi.
Donc les États-Unis ont organisé une guerre en utilisant les pilotes saoudiens comme fer de lance, exactement de la même manière qu’ils poursuivent une guerre contre ISIS en Irak et en Syrie en utilisant les Kurdes comme fer de lance. Dans les deux cas, les États-Unis assurent le contrôle et le commandement tandis qu’en Syrie et en Irak les Kurdes fournissent les bottes sur le terrain et, au Yémen, les Saoudiens procurent les pilotes dans le ciel. Mais la guerre contre les Houthis n’est pas plus une guerre menée par les Saoudiens que la guerre des États-Unis contre ISIS n’est une guerre menée par les Kurdes. Les dirigeants américains n’envoient pas de botte sur le terrain ni de pilote dans le ciel s’ils peuvent avoir quelqu’un qui combat pour eux.
En 1949 déjà, la journaliste américaine Marguerite Higgins remarquait comment « un investissement intelligent et intensif d’hommes et d’officiers américains aguerris pouvait être utilisé pour entraîner des forces locales à tirer pour vous ». 17.
Plus récemment, en 2015, The Wall Street Journal rapportait que les « forces d’intervention spéciales de l’Amérique ont débarqué dans 81 pays, la plupart d’entre elles entraînant des commandos locaux à combattre pour que les troupes américaines n’aient pas à le faire ». 18.
Il y a un grand nombre d’avantages pour les États-Unis à utiliser des forces locales pour combattre de manière à ce qu’ils n’aient pas à le faire. Premièrement, des économies. Cela coûte moins cher au Trésor américain d’avoir des pilotes saoudiens pour larguer des bombes sur les Houthis que d’avoir des pilotes américains pour faire la même chose. Ensuite, le contrôle de l’opinion publique. Il ne faut pas obtenir son consentement à une nouvelle guerre américaine. Enfin, cela évite certaines obligations juridiques, comme la nécessité d’obtenir une autorisation légale pour la guerre.
Du point de vue de l’État américain, mener une guerre depuis les coulisses et laisser les forces locales assumer le fardeau d’être le fer de lance est plus simple, plus rentable, moins problématique légalement et rend les questions du consentement du public plus faciles à gérer.
Une autre raison pour laquelle nous devrions croire que la guerre contre le Yémen est une guerre menée par les États-Unis et non par les Saoudiens est que la stratégie de sécurité nationale américaine insiste sur le leadership étasunien. Il est inconcevable que les États-Unis cèdent à un pays satellite la direction d’une campagne militaire dans laquelle ils sont engagés.
Les prises de position sur le leadership américain abondent dans les déclarations des politiciens, chefs militaires et commentateurs étasuniens. « Nous dirigeons le monde », a déclaré l’ancienne ambassadrice américaine aux Nations unies, Samantha Power. 19 « La question n’est jamais de savoir si l’Amérique devrait diriger, mais comment nous dirigeons », affirmait la Stratégie de sécurité nationale d’Obama. 20. Barbara Stephenson, la présidente de l’American Foreign Service Association, décrit les États-Unis comme ayant un « rôle de leadership mondial ». 21. Dans son second discours d’investiture, Bill Clinton a décrit les États-Unis comme chargés d’une mission spéciale, celle de diriger le monde. 22. John McCain a récemment dit que les États-Unis avaient « l’obligation » de diriger. 23.
Est-ce qu’un pays avec une telle fixation sur le leadership accepterait volontiers un rôle de soutien de second rang dans une campagne militaire, dans un pays où il avait déjà lancé une guerre et consacré des années à la mener ? Si la réponse n’est pas évidente, la réalité que les planificateurs de guerre américains préparent la planification des opérations de la guerre devrait dissiper tous les doutes sur qui occupe vraiment le siège du conducteur.
C’est une guerre menée par les États-Unis pour l’empire, contre une force militaire organisée qui insiste sur la souveraineté du Yémen ; qui insiste sur l’autodétermination : et qui par conséquent rejette le leadership américain (un euphémisme pour le despotisme et la dictature des États-Unis).
Si nous sommes attachés à la démocratie, nous devrions soutenir ceux qui combattent le despotisme des empires ; nous devrions soutenir ceux qui insistent sur l’égalité de tous les peuples en matière d’autodétermination. Nous devrions soutenir ceux qui trouvent répugnant que les États-Unis revendiquent leur droit à intervenir dans les affaires de tout pays, indépendamment du fait que le peuple de ce pays soit d’accord avec l’intervention ou non.
Le combat des Yéménites pour organiser leurs propres affaires, à leur propre manière, dans leurs propres intérêts, par leurs propres efforts, libérés de l’ingérence des empires et de leurs proxies locaux, est un combat qui nous concerne tous.
La lutte pour mettre fin à la guerre contre le Yémen, et la lutte plus importante pour mettre fin à l’empire, au despotisme, à la dictature des États-Unis n’est pas seulement une lutte pour la paix, mais une lutte pour la démocratie – et une lutte pour les valeurs de liberté (par rapport au despotisme) et d’égalité (de tous les peuples à décider de leurs propres affaires) héritées des Lumières.
Stephen Gowans
Source Wat(s Left/ RI
Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone
Photo: Le vieux Sanaa comme vous ne le verrez jamais plus
Messages : 6833 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Jeu 14 Déc 2017 - 1:34
[Vidéos] Saudi is now preparing a genocide in Yemen / L'Arabie saoudite prépare maintenant un génocide au Yémen (TeleSUR)
..La crise humanitaire au Yémen est due à la destruction par l'Arabie saoudite des infrastructures yéménites par les bombardements incessants et est exacerbée par le blocus de la coalition saoudienne (soutenue par l'Occident, NdT). Les organisations humanitaires ont désespérément besoin non seulement de nourriture mais aussi de carburant pour distribuer leur aide. La semaine dernière, huit dirigeants des Nations unies ont appelé l'Arabie saoudite à lever complètement le blocus, seul moyen d'éviter un effondrement total et une tragédie humanitaire massive qui pourrait coûter la vie à des millions de personnes.
La situation est devenue si grave que le président Trump a récemment demandé à ses alliés saoudiens de mettre fin au blocus. Cependant, si les Saoudiens ne réagissent pas assez rapidement et efficacement à ces plaidoyers, une famine de masse est inévitable. Même si une telle crise est évitée, l'épidémie de choléra de masse et l'intervention bâclée ont déjà laissé un point noir inévitable sur la réputation de la Maison des Saoud... (Traduction SLT)
Source : Le blog Sam la Toucge
akasha
Messages : 6833 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Mar 26 Déc 2017 - 0:43
Bonsoir mes frères et sœurs En ses périodes de fête, il est de bon ton de ne pas oublié tout ses laisser pour compte qui souffrent de guerres illégales, dont je rappelle que la France y est impliquée. Voici une vidéo en guise de synthèse ou de préambule pour ceux qui prendrait le sujet en cour de route. Akasha.
Comprendre le conflit au Yémen en 5 minutes
Le conflit au Yémen oppose depuis plusieurs mois les rebelles houthistes aux partisans du président en fuite, Abd Rabo Mansour Hadi. Dans ce contexte, les bombardements aériens conduits par l’Arabie saoudite et ses alliés, les enjeux religieux entre chiisme et sunnisme et la présence importante d’Al-Qaida enveniment chaque jour davantage une situation particulièrement complexe. Voici quelques clés pour mieux comprendre le conflit yéménite.
COMPRENDRE LE CONFLIT AU YEMEN EN 10MIN
Le Yémen connaît une guerre civile sur son territoire depuis 2014. Les origines de ce conflit sont complexes et lointaines. Et l’ingérence d'autres acteurs de la région vient compliquer la situation. -----
akasha
Messages : 6833 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Lun 29 Jan 2018 - 23:28
ARD : on nous trompe systématiquement à propos de la guerre au Yémen
Volker Bräutigam, l’ancien rédacteur du journal télévisé ARD, et Friedhelm Klinkhammer, l’ancien directeur de la chaîne de Radiodiffusion de l’Allemagne du Nord, ont déposé une plainte de programme contre le journal télévisé d’ARD. Leur reproche : la tromperie systématique concernant la guerre au Yémen. Ils critiquent le fait que le journal télévisé appelle le conflit « guerre civile » en le minimisant et qu’il passe sous silence le fait que l'Arabie saoudite, qui est soutenue par les Etats-Unis et l’Angleterre et qui est responsable déjà d’une dizaine de milliers de morts, bombarde presque quotidiennement des cibles comme des écoles, des hôpitaux, des réseaux d’alimentation en eau et en électricité. Ce journalisme d’actualité télévisée néglige également des informations précises et actuelles au sujet des arrière-plans, des intérêts et des participants à cette guerre : « Dans les « informations » du journal télévisé, il n’est jamais mentionné qu’il s’agit d’intérêts géostratégiques dans le Golfe Persique et dans la Mer d’Arabie [...]. »
Sources / Liens : https://deutsch.rt.com/inland/51254-programmbeschwerde-gegen-ard-tagesschau-systematische
>>>KLAtv<<<
Max Keiser : « Les USA essaient de sauver le pétrodollar au moyen de guerres »
>>>KLAtv<<<
akasha
Messages : 6833 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Jeu 8 Fév 2018 - 22:50
Bonsoir mes frères & sœurs Comme je l'ai montré et démontré plus d'une fois, la France se rend complice de conflits illégaux et d’intérêt néocolonialiste. On l'a vu dernièrement en Syrie en brisant l'embargo sur la vente d'arme en Syrie pour livrer des groupes terroristes comme Al Nosra. Et se rend aussi coupable d'une guerre illégale au Yémen. La France se rend coupable de crimes pour des intérêts commerciaux et de leur lien inamovible avec les saoudiens. Akasha.
Mirages 2000, chars Leclerc, canons Caesar : la France et ses entreprises, fournisseurs officiels de la guerre au Yémen
Depuis mars 2015, une coalition d’États arabes emmenés par l’Arabie Saoudite conduit une campagne militaire particulièrement meurtrière au Yémen. Les combats s’enlisent, marqués par de potentiels crimes de guerre et par une catastrophe humanitaire sans précédent. Tandis que plusieurs États ont décidé d’arrêter de fournir des armes aux belligérants, la France, « patrie des droits de l’homme » semble indifférente à la controverse, se réjouit même de ses ventes d’armes « record » et de leurs performances en matière de destruction.
es industriels français de la défense sont fiers des performances de leur matériel. Rien de tel qu’une campagne militaire meurtrière pour en démontrer les qualités ! « Pour ce qui est des chars Leclerc, je vous confirme que leur implication au Yémen a fortement impressionné les militaires de la région », se réjouissait, il y a un an, Stéphane Mayer, PDG du groupe Nexter qui fabrique ces blindés, devant la commission de la Défense de l’Assemblée nationale. Depuis le printemps 2015, 70 à 80 chars Leclerc ont été déployés par l’armée émiratie, alliée de l’Arabie Saoudite, sur le champ de bataille yéménite afin de combattre la rébellion des Houthis.
Même satisfaction chez Dassault, qui fournit des Mirages 2000-9 à cette même armée des Émirats Arabes Unis, et vient de signer un contrat de modernisation de leur flotte : « L’excellence de l’avion et le succès du programme ont été démontrés avec brio par la grande disponibilité du Mirage 2000-9 et la qualité de sa participation à des opérations menées en coalition internationale », annonce fièrement un communiqué du groupe français. Les opérations en question ? Les frappes aériennes de la coalition arabe au Yémen dont certaines, selon l’ONU et des organisations non-gouvernementales, pourraient constituer des crimes de guerre.
« Horreur permanente », selon l’Onu
Quelle est aujourd’hui la situation du Yémen, vitrine de ce savoir-faire français ? Après plus de 30 000 bombardements et un blocus qui entrave l’accès humanitaire, le bilan de cette guerre lointaine est d’au moins 10 000 morts et près de 3 millions de déplacés. L’Unicef estime qu’un enfant y meurt toutes les dix minutes, qu’1,8 million d’entre-eux souffrent de malnutrition aigüe, et que près de 400 000 enfants yéménites sont atteints de malnutrition sévère et luttent pour survivre. Sans parler de l’épidémie de choléra, un désastre dans un pays dont le système de santé est exsangue et où les organisations humanitaires sont elles aussi victimes des bombardements. Plusieurs hôpitaux de Médecins sans frontières (MSF) ont ainsi été visés.
Le Yémen traverse peut-être actuellement « la pire crise humanitaire depuis la fin de la Seconde guerre mondiale », alertent les Nations-unies, dont plusieurs responsables qualifient la guerre d’« absurde et futile », tandis que le haut-commissaire aux droits de l’homme de l’Onu, Zeid Ra’ad Zeid Al-Hussein, parle d’« horreur permanente ». Le 21 décembre 2017, alors que l’un des pays les plus pauvres du monde subit des bombardements depuis mille jours, plusieurs ONG lancent la campagne [i« Yemen can’t Wait »][/i] : le Yémen ne peut pas attendre. Une situation si dramatique que certains pays commencent à trouver gênant de continuer à fournir des armes aux belligérants qui s’acharnent.
Un mouvement de désengagement ignoré par la France
Dès mars 2016, le parlement hollandais vote ainsi une résolution interdisant l’exportation d’armes vers l’Arabie Saoudite, en lien avec son intervention au Yémen. Le 19 janvier dernier, c’est l’Allemagne qui annonce l’arrêt immédiat des ventes d’armes à toutes les parties du conflit au Yémen. Une décision favorisée par les sociaux-démocrates du SPD, dans le cadre des négociations pour former une nouvelle coalition gouvernementale.
Face au risque que les armes soient utilisées contre des civils, la Norvège, la Belgique et le Canada gèlent également des exportations vers les Émirats Arabes Unis ou vers l’Arabie saoudite. En Finlande, tous les candidats à la présidentielle de février 2018 se sont engagés à arrêter les ventes d’armes aux émiratis, après que des images aient prouvé leur utilisation dans la guerre au Yémen. Quand les gouvernements ne bougent pas, c’est la société civile qui prend le relai : des plaintes sont en cours au Royaume-Uni, en Wallonie et au Canada contre des contrats d’exportation militaires dans la région.
La France, impassible, semble épargnée par ce mouvement. « À ce jour, nous n’avons pas d’information sur le fait que la France aurait revu sa position sur les exportations d’armes », déplore Aymeric Elluin, chargé de plaidoyer « armes et justice internationale » pour Amnesty France. Aucune vente d’arme à l’étranger ne peut pourtant avoir lieu sans l’autorisation du gouvernement. La France est par ailleurs signataire d’un Traité sur le commerce des armes (TCA), et a adopté une Position commune de l’Union européenne (UE) sur les exportations de matériel militaire. Ces règlementation interdiraient a priori tout transfert d’armes vers les parties du conflit yéménite, compte tenu des graves violations du droit humanitaire qui y sont constatées.
Plus d’un milliard d’euros d’équipement pour les saoudiens
Pire : depuis le second semestre de l’année 2014, la France a accordé pas moins de 1989 licences d’exportation de matériel militaire aux différents pays engagés dans la coalition menée par Riyad ! Depuis 2007, l’Arabie Saoudite, le Qatar et l’Égypte sont les trois principaux clients de la France après l’Inde. Sur la seule année 2016, plus d’un milliard d’euros d’équipement militaire a été livré à l’Arabie Saoudite [1].
Dès lors, il n’est pas étonnant de retrouver des armes françaises sur le champ de bataille yéménite : des corvettes Baynunah du constructeur français CMN (Constructions mécaniques de Normandie) pour assurer le blocus, des canons Caesar pour pilonner le Yémen depuis sa frontière… Pour l’Observatoire des armements, la coalition profite ainsi d’un matériel français « dernier cri ».
L’exécutif français ne dit (presque) jamais non
C’est le Premier ministre après avis de la Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG), qui décide ou non d’autoriser les ventes d’armes à l’étranger. Avec des représentants des ministères de la Défense, de l’Économie et des Affaires étrangères, la CIEEMG est un organe purement exécutif : le Parlement ou la société civile en sont exclus.
De surcroît, son fonctionnement est opaque : il ne prévoit aucune transparence sur les motivations des décisions, ni sur leur conformité aux traités internationaux. Seul élément d’information officiel : le Rapport annuel sur les ventes d’armes du pays, transmis au Parlement. Il indique par exemple qu’en 2016, alors que Manuel Valls puis Bernard Cazeneuve occupaient Matignon, seules 48 demandes de licences d’exportation de matériel militaire ont été rejetées sur la base de la Position commune de l’UE. Tandis que 4454 licences étaient accordées. Soit un taux d’approbation de près de 99 %…
Des bénéfices pour les entreprises et les pays acheteurs
Pourquoi un tel enthousiasme des politiques à approuver des exportations d’armes vers d’autres pays, quels qu’ils soient ? Le système militaro-industriel français s’est construit sur la dépendance aux exportations : les entreprises d’armement ont besoin de vendre pour être rentables. Et elles peuvent compter sur l’État pour les soutenir.
Cette rentabilité est en effet largement subventionnée, que ce soit par des avances financières, des garanties publiques à l’exportation, ou l’emploi des fonctionnaires de la Direction générale de l’armement et des attachés de défense pour promouvoir les armes françaises à l’étranger. Sans compter l’engagement des ressources de l’armée française, amenée à participer aux salons d’armement, aux démonstrations de matériel, et à former les personnels étrangers : des dépenses qui s’élèvent à des dizaines de millions d’euros par an, pour booster les ventes des industriels.
Pour gagner des contrats, les fabricants d’armes concèdent des compensations ou « offsets » à l’État acheteur, c’est-à-dire des réinvestissements dans l’économie locale et des transferts de technologies. Dans le cas du contrat sur l’achat de Rafales, l’Inde a obtenu un niveau de compensation de 50 %, ce qui signifie que plus de 3 milliards d’euros seront investis dans l’économie indienne sur les 7,87 milliards du contrat. Une aubaine pour l’économie et les emplois… dans le pays acheteur. « Le contrat des sous marins en Australie va probablement créer plus d’emplois en Australie qu’en France », confirme Aymeric Elluin, d’Amnesty France.
La prolifération, « effet boomerang » de la stratégie française
Outre la délocalisation des emplois, les concessions octroyées aux pays clients, et notamment les transferts de technologies, leur permettent à terme de créer leur propre industrie militaire. Ainsi, grâce au savoir-faire acquis avec la production des hélicoptères d’Aérospatial (aujourd’hui Airbus) dans les années 80, la Chine fabrique désormais ses propres hélicoptères militaires, qu’elle exporte au Cambodge, au Pakistan, en Namibie ou encore en Zambie. En mai 2017, l’Arabie Saoudite annonçait la création de sa propre entreprise d’armements, la Saudi Arabian Military Industries (SAMI).
Les exportations d’armes de la France contribuent donc à la prolifération des capacités de production dans le monde, y compris chez des concurrents et peut-être même à destination d’adversaires potentiels ou d’États peu scrupuleux. Pas de quoi refroidir le gouvernement, qui continue à faire la promotion des industriels français de la Défense, du Qatar à la Turquie, sans faire beaucoup de cas de ses engagements en matière de droits humains. Le Yémen est sans doute loin d’être le seul terrain où des civils sont ou seront victimes des technologies françaises.
Un contrôle démocratique plus que jamais nécessaire
Certains écrits commencent à questionner cette stratégie de la course aux exportations. L’industrie de la défense française serait de plus en plus dépendante des exportations [2]. Par ricochet, le budget de l’État peut aussi être affecté. Ainsi, l’équilibre financier de la Loi de programmation militaire 2014-2019 était-il lié à la vente des Rafales de Dassault à l’étranger, puisqu’en cas d’échec, le gouvernement s’était engagé à couvrir les surcoûts de production de l’avionneur. Pour préserver les finances publiques, il faut vendre à tout prix. Y compris à l’Égypte, malgré la décision de l’Union européenne de suspendre les ventes d’armes au régime dictatorial du maréchal al-Sissi.
Pourtant, ces contrats qui se chiffrent en milliards d’euros restent largement présentées comme des succès commerciaux, et la France comme une « championne des exportations » qui « talonne la Russie ». « En France, il n’y a pas de culture de contestation ou de débat sur la question des exportations d’armes, comme en Grande Bretagne, en Allemagne ou en Belgique, relève Aymeric Elluin. C’est consubstantiel à la cinquième République. »
Alors qu’au Royaume-Uni, il existe une Commission parlementaire dédiée au contrôle des exportations d’armes, le débat en France se limite essentiellement à quelques questions écrites et un rapport annuel qui est transmis aux députés sans plus de discussions. « Il faudrait qu’il y ait des contre-rapports, des questions sur l’utilisation des armes à l’étranger, des garanties contre les violations des droits humains : c’est un enjeu pour les générations futures », conclut Aymeric Elluin. D’ici là, le Yémen attendra.
Notes:
[1] Source : Rapport aux parlementaires sur les ventes d’armes 2017.
[2] L’industrie de défense française était en 2012 dépendante des exportations à hauteur de 20% de son chiffre d’affaires. Récemment, le PDG de la Direction des constructions navales (aujourd’hui Naval group) indiquait que son entreprise était dépendante à 50 % des exportations. Voir Lucie Béraud-Sudreau, « La politique française de soutien aux exportations d’armement : raisons et limites d’un succès », Institut français des relations internationales, juin 2017.
SOURCE: L’observatoire des multinationales
akasha
Messages : 6833 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Mer 28 Fév 2018 - 3:13
Bonsoir mes frères & sœurs Pendant que les médias racontent n'importe quoi sur la Syrie et se rendent encore complice des terroristes, ils oublient de dénoncer les bombardements illégaux et meurtriers eux, au Yémen... Et Macron se rend toujours complice en y impliquant la France. Akasha.
L'Iran critique les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France pour le massacre de femmes et d'enfants yéménites
TEHERAN (FNA) - Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Qassemi, a condamné les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France pour l'escalade de la guerre au Yémen par leurs livraisons d'armes et leur soutien à la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, affirmant que les trois Etats membres du Conseil de sécurité des Nations unies sont responsables des souffrances et des massacres de femmes et d'enfants au Yémen.
Qassemi a fustigé les Etats-Unis et la Grande-Bretagne pour leur rôle peu constructif au sein du Conseil de sécurité de l'ONU au cours des trois dernières années et leurs tentatives de légitimer les agresseurs dans la guerre du Yémen, soulignant la nécessité de mettre fin à l'agression dirigée par les Saoudiens contre le pays arabe pauvre.
"Tous ceux qui jouent un rôle destructeur en vendant des armes modernes, en élargissant les arsenaux des pays agressifs et en intensifiant la crise et l'instabilité dans la région ont la responsabilité de défendre et de protéger les femmes et les enfants yéménites sans défense qui font face à une crise humanitaire provoquée par la guerre dévastatrice et les sanctions imposées à ce pays", a-t-il souligné.
Qassemi a également évoqué l'échec des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France dans leurs tentatives de condamner l'Iran pour fourniture présumée de missiles au Yémen lors de la réunion de lundi du Conseil de sécurité des Nations unies, et a déclaré qu'ils devraient rendre compte des crimes commis contre le peuple opprimé du Yémen en tant que principaux partisans des agresseurs et fournisseurs d'armes meurtrières.
Ses remarques sont intervenues après que la Russie eut opposé son veto à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies fondée sur un rapport de l'ONU condamnant l'Iran pour ce qu'il a qualifié de violation d'un embargo sur les armes.
Soutenue par les États-Unis et la France, la résolution rédigée par la Grande-Bretagne a été soutenue par 11 voix pour ce lundi, avant que la Russie n'utilise son droit de veto et que d'autres États membres ne s'abstiennent de voter.
Les États-Unis ont demandé à plusieurs reprises l'imposition d'un nouvel embargo à l'Iran, affirmant qu'ils envoyaient des missiles fabriqués par l'Iran au Yémen.
Ils ont également affirmé que ces missiles ont été utilisés pour lancer une attaque contre l'Arabie saoudite voisine - qui, avec plusieurs pays arabes sunnites, a lancé une guerre contre son voisin pauvre depuis 2015.
Dans des remarques pertinentes plus tôt aujourd'hui, l'ambassadeur iranien à Londres Hamid Baeidinejad a souligné que Washington a connu un échec total lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies de lundi, qui devait condamner l'Iran pour la fourniture présumée de missiles au Yémen, ajoutant que même les États occidentaux n'ont pas pleinement soutenu les États-Unis.
"Dans la résolution sur le Yémen, les Etats-Unis n'ont pas du tout prêté attention au Yémen et ont poursuivi trois objectifs : de déclarer l'Iran comme un État qui a violé les sanctions contre le Yémen, de lier la résolution du Yémen et la mise en œuvre de la résolution 2231 sur les questions relatives aux missiles et d'inscrire la question des missiles (pouvoirs) iraniens à l'ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations unies, et enfin, de préparer le terrain pour l'imposition de nouvelles sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies contre l'Iran en introduisant l'Iran en tant que contrevenant", a écrit Baeidinejad.
Il a noté que les Etats-Unis n'avaient même pas le plein appui des pays occidentaux. Le texte a donc subi de nombreux changements et ses condamnations se sont transformées en préoccupations, a-t-il ajouté.
"Mais ces changements ne répondaient pas tellement aux préoccupations de la Russie et, par conséquent, la résolution a fait l'objet d'un veto et les Etats-Unis et Nikki Haley (l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'ONU), en personne, ont dû faire face à un fiasco complet", a déclaré Baeidinejad.
Au moins 15 700 personnes ont été tuées depuis le début de la campagne militaire de l'Arabie saoudite contre le Yémen en 2015. Une grande partie de l'infrastructure du pays, y compris les hôpitaux, les écoles et les usines, a été réduite en ruines à cause de la guerre.
La guerre saoudienne a également déclenché une épidémie mortelle de choléra au Yémen.
Selon le dernier décompte de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la flambée de choléra a tué 2 167 personnes depuis la fin avril 2017 et est soupçonnée d'avoir infecté 841 906 personnes.
>>>Source<<<
Malgré « des preuves accablantes de crimes de guerre », la France continue de vendre des armes
par Anne-Sophie Simpere 27 février 2018
« Qui pouvait imaginer la survenance de ce conflit au Yémen ? » se justifie la ministre des Armées, Florence Parly, quand un journaliste la questionne sur les ventes d’armes de la France aux participants au conflit au Yémen, en particulier l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis. Sa ligne de défense semble suggérer que Paris n’a approuvé les exportations militaires vers ces pays qu’avant le conflit. Sans pouvoir se douter qu’en 2017, le Yémen serait devenu l’une des pires crises humanitaires au monde, terrain de potentielles violations graves du droit international. L’affirmation de la ministre de la Défense résiste mal à une vérification des faits. Une ONG demande d’ailleurs aujourd’hui une enquête parlementaire.
« La France a continué à exporter des équipements militaires même après le début du conflit », pointe Hélène Legeay, membre de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat). La campagne militaire de la coalition menée par l’Arabie Saoudite au Yémen a commencé en mars 2015. Dès aoùt 2015, Amnesty international exposait des cas de victimes civiles des frappes de la coalitions, ainsi que des violations commises dans le cadre de la bataille d’Aden - ville où des chars Leclerc vendus par la France aux Émirats ont été déployés. En octobre 2015, difficile de douter du risque d’abus : Amnesty appelle alors à suspendre les transferts d’armes à la coalition en raison des « preuves accablantes de crimes de guerre » qui lui étaient imputables.
Des blindés de combat et des systèmes d’artillerie livrés en 2016 aux Saoudiens
Ces informations sont-elles de nature à troubler le gouvernement – socialiste – de l’époque, dont l’autorisation est nécessaire pour exporter des armes françaises ? A lire les rapports envoyés par la France à l’Union européenne (UE) ou au secrétariat du Traité sur le commerce des armes, l’indifférence règne à l’Élysée et Matignon. Ni les livraisons d’armes, ni les accords d’exportation n’ont été suspendus depuis le début du conflit yéménite.
Ainsi, selon les informations fournies à l’Union européenne, dans la catégorie « Bombes, torpilles, roquettes, missiles, autres dispositifs et charges explosifs et équipement et accessoires connexes, spécialement conçus pour l’usage militaire », la France a approuvé 14 licences d’exportations vers l’Arabie Saoudite en 2016, pour une valeur de 3,7 milliards d’euros. Au total cette année là, 215 licences d’exportation vers l’Arabie Saoudite sont autorisées et 189 pour les Émirats. Quant au rapport remis au secrétariat du Traité sur le commerce des armes, il nous apprend que, toujours en 2016, 276 véhicules blindés de combat sont livrés par la France aux Saoudiens, ainsi que des systèmes d’artillerie de gros calibres.
Vers une commission d’enquête parlementaire ?
« Nous interpellons la France sur ce qui a été approuvé ou livré depuis le début du conflit », explique Hélène Legeay « Le risque existait, et la France est censé avoir pris des engagements pour ne pas fournir d’armes dans ce cas-là ». L’Acat vient ainsi de lancer une campagne d’interpellation pour demander la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur ces ventes d’armes.
« C’est le seul moyen d’avoir des détails sur les licences qui ont été accordées, car le système est trop opaque aujourd’hui : on ne nous donne que des montants agrégés, sans précision sur le type de matériel livré, les entreprises impliquées... ». Une enquête permettrait de déterminer précisément quelles armes françaises ont été utilisées sur le terrain yéménite, à quel moment celles-ci ont été vendues, et si elles ont servi à commettre des crimes de guerre.
Entre forum humanitaire et salons de l’armement : l’ambiguïté française
Pour l’Acat, la France ne peut plus se permettre de multiplier les discours sur une résolution pacifique du conflit tout en continuant à fournir des armes aux belligérants. Illustration d’actualité de cette posture ambigüe : cette semaine, une délégation française sera présente au forum humanitaire organisé par l’Arabie Saoudite, avec pour mandat de demander un cessez-le-feu et un accès humanitaire sans entrave au Yémen, selon une source diplomatique. Dans le même temps se tient à Riyad un salon de l’armement, une « opportunité pour le secteur industriel de répondre aux besoins actuels et futurs des forces armées » [1]. On y aperçoit des stands des entreprises françaises Thalès ou Naval Group. Les deux sociétés présentent également leurs drones lors d’un salon organisé à Abu Dhabi [2] où l’on retrouve également Nexter, qui fabrique notamment les chars Leclerc. Concilier les exigences humanitaires avec ce genre d’opportunités d’affaire pourrait s’avérer compliqué.
Anne-Sophie Simpere
Source : BastaMag
akasha
Messages : 6833 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Jeu 8 Mar 2018 - 22:57
[Vidéo] Jeremy Corbyn accuse l'armée britannique de "diriger la guerre" menée par l'Arabie Saoudite au Yémen (The Independent)
Article originel : Jeremy Corbyn accuses UK military of 'directing war' by Saudi Arabia in Yemen
Par Robert Merrick The Independent
Traduction SLT
La Première ministre est critiquée pour "collusion dans ce que les Nations Unies disent être la preuve de crimes de guerre", dans des affrontements féroces à la Chambre des Communes.
Jeremy Corbyn a affirmé que la Grande-Bretagne "dirige la guerre" menée par l'Arabie Saoudite au Yémen, alors qu'il affrontait Theresa May avant sa rencontre controversée avec le prince héritier du pays.
La Première ministre a été accusée de "collusion dans ce que les Nations Unies déclare être la preuve de crimes de guerre", au sujet des liens étroits de la Grande-Bretagne avec le royaume riche en pétrole.
Le leader travailliste l'a exhortée à profiter de la réunion - le début d'une visite d'État de trois jours - pour "arrêter les livraisons d'armes et exiger un cessez-le-feu immédiat au Yémen".
"Une catastrophe humanitaire se produit actuellement au Yémen. Des millions de personnes sont affamées, 600 000 enfants souffrent du choléra à cause de la campagne de bombardement menée par les Saoudiens et du blocus ", a-t-il déclaré.
"L'Allemagne a suspendu les ventes d'armes à l'Arabie Saoudite, mais les ventes d'armes britanniques ont fortement augmenté et les conseillers militaires britanniques dirigent la guerre."
Malgré les railleries des conservateurs, M. Corbyn a ajouté :"Il n'est pas juste que le gouvernement [de May] soit complice de ce que les Nations Unies qualifient de preuves de crimes de guerre".
Mais Mme May s'est résolument engagée à défendre cette relation qui, grâce au renseignement, "a sauvé la vie de centaines de personnes dans ce pays".
L'action saoudienne au Yémen était à la demande d'un gouvernement légitime, soutenu par le Conseil de sécurité de l'ONU et "en tant que tel, nous l'appuyons", a-t-elle déclaré.
Et elle a ajouté : "Lorsqu'il y a des allégations selon lesquelles des activités qui ne sont pas conformes au droit international humanitaire ont eu lieu, ils enquêtent là-dessus et en tirent les leçons".
Après les questions du Premier ministre, la déclaration de M. Corbyn sur les conseillers militaires britanniques a été rejetée par Alistair Burt, un ministre des Affaires étrangères, qui a déclaré : "Il est tout simplement faux de dire qu'ils dirigent la guerre au Yémen".
"Ils ont donné des conseils sur la façon de cibler, pour s'assurer que les civils ne soient pas touchés."
A la chambre des Communes, le Premier ministre a déclaré qu'elle avait exhorté les Saoudiens à mettre fin à leurs blocus portuaires au Yémen lors d'une visite dans le royaume en décembre, après quoi ils "ont fait exactement cela ".
"Cela justifie l'engagement que nous avons avec l'Arabie Saoudite, pour pouvoir nous asseoir avec eux", a-t-elle soutenu.
Le voyage de Mohammed bin Salman devrait être dominé par des manifestations sur le rôle du pays dans le conflit sanglant au Yémen, où il dirige une coalition de forces contre les rebelles houthi dans une guerre civile de trois ans.
Il y a également une énorme controverse sur ce que M. Corbyn a appelé "les atteintes choquantes aux droits de l'homme en Arabie saoudite, avec des arrestations et des exécutions aveugles généralisées".
Le prince se verra dérouler le tapis rouge, y compris un déjeuner avec la reine au palais de Buckingham et un dîner avec le prince de Galles et le duc de Cambridge, ainsi que des entretiens avec des ministres de haut rang et des responsables de la sécurité nationale.
M. Corbyn a également accusé le gouvernement de supprimer un rapport soupçonnant que les Saoudiens financent l'extrémisme en Grande-Bretagne et a demandé à savoir quand il serait publié.
Mais le Premier ministre a déclaré que l'étude avait établi que, "contrairement à ce que l'on pourrait croire", la plupart des extrémistes britanniques étaient soutenus "par des sources nationales et non pas étrangères".
Les députés de haut rang qui étaient des conseillers privés avaient été autorisés à lire le rapport, a-t-elle fait remarquer, bien que certaines parties n'aient pas été publiées.
Source : Blog Sam La Touch
Le silence dans le PAF continue mais la couverture de ce terrible conflit mené par la coalition saoudienne avec le soutien de la France, des USA, d'Israël et de la Grande-Bretagne se poursuit sur SLT et cela depuis le début du conflit en mars 2015 !
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Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Dim 11 Mar 2018 - 1:16
Yémen : Effet meurtrier des armes à sous-munitions
Témoignages de villageois au Yémen sur l’impact meurtrier et dévastateur de roquettes à sous-munitions, lors d’attaques menées selon toute probabilité par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite. Communiqué en anglais http://www.hrw.org/news/2015/08/26/ye...
akasha
Messages : 6833 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Ven 16 Mar 2018 - 2:29
[Vidéo] Le JT de France 2 évoque la terrible crise humanitaire au Yémen et les bombardements saoudiens
Enfin ! France Télévisions, après n'avoir que très peu couvert le sujet dans ses JTs, a évoqué ce soir au JT de France 2 du 15.03.18, la terrible crise humanitaire qui sévit au Yémen après plus de 3 ans de guerre.
Ce sont des images rares. Une équipe de France 2 est parvenue à entrer au Yémen. En guerre depuis trois ans, ce pays de la pointe de la péninsule d'Arabie est, selon l'ONU, "le théâtre de la pire crise humanitaire actuelle". Un enfant y meurt toutes les dix minutes. Il a fallu un an à cette équipe de France 2 pour obtenir l'autorisation de se rendre à Aden, une ville livrée aux milices. "Tout à l'air calme, et soudain tout peut dégénérer très vite", témoigne un chauffeur. Pour saisir l'ampleur de la catastrophe, il faut se rendre dans le plus grand hôpital de la ville. Dans les chambres, des dizaines d'enfants au bord de la mort, frappés par la varicelle ou la rougeole. Et des parents impuissants. Dans un camp en périphérie de la ville, les mêmes scènes se répètent. Les habitants n'ont pas vu un médecin depuis plus de trois mois. "Notre vie, c'est souffrir", se lamente un père de famille qui n'a qu'un buisson d'épine pour maison.
L'interview de l'expert, Etienne Leenhardt, après le documentaire évoque en direct la responsabilité de la "communauté internationale" de par la fourniture massive d'armes aux Saoudiens. Sont cités notamment la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis mais pas Israël pourtant sérieusement impliquée dans cette guerre saoudo-atlantiste. On notera également que l'expert sur le plateau de France 2 évoque la responsabilité en premier lieu de l'Arabie saoudite et en second lieu de l'Iran qui "arme plus discrètement les belligérants". Cette dernière assertion reste à confirmer car certains considèrent qu'elle n'est pas sérieusement étayée. D'ailleurs, on notera la prudence de l'expert à l'antenne.
Lire : - Comment les fausses histoires d'armement des Houthis par l'Iran ont été utilisées pour justifier la guerre au Yémen par les Etats-Unis et l'Arabie saoudite (Truth Out) - Reuters parle d’une « nouvelle route de l’Iran vers le Yémen » mais il n’arrive pas à la trouver sur sa carte (Moon of Alabama)
Par contre le reportage n'évoque pas les crimes de guerre de la coalition saoudienne soutenue par l'Occident.
Lire la suite : - Le JT de France 2 évoque les livraisons d'armes françaises à l'Arabie saoudite qui bombarde le Yémen mais minimise les livraisons aux rebelles djihadistes en Syrie - Les Etats-Unis sont complices du carnage au Yémen (New York Times) - Silence dans le PAF ! Crimes de guerre au Yémen : la France complice ! - http://le-blog-sam-la-touch.over-blog.com/2018/03/les-5-plus-gros-vendeurs-d-armes-selon-sipri.html - Selon The Intercept et The Hill, la coalition saoudo-franco-israélo-US combat les rebelles Houthi au côté d'Al Qaïda au Yémen
Source : SLT
akasha
Messages : 6833 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Mer 13 Juin 2018 - 23:48
Guerre au Yémen : la France appelée par les ONG à cesser son double jeu
Riyad et ses alliés ont attaqué le 13 juin le port d'Hodeida, au Yémen, par lequel arrive la nourriture destinée à la population. Des ONG enjoignent Paris à annuler une conférence co-organisé avec l'Arabie saoudite et à faire pression sur celle-ci. Le même jour, une quinzaine d'organisations humanitaires, dont la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), ont écrit une lettre au président français pour l'exhorter à faire pression sur les Saoudiens et les Emirats, membres de la coalition arabe impliquée dans la guerre au Yémen, au sujet de la situation dramatique de la population de ce pays.
Pour ces organisations, il est « inconcevable de maintenir » la conférence humanitaire sur le Yémen prévue le 27 juin à Paris et co-organisée avec l'Arabie saoudite, alors même que le royaume wahhabite et ses alliés mènent une attaque sur le port d'Hodeida.
Yémen: Une quinzaine d'ONG ont adressé ce matin une lettre à E. Macron l'exhortant de reporter sa conférence humanitaire du 27 juin co-parrainée par l'Arabie saoudite qui avec les Emirats ont lancé ce matin également une offensive contre le port de Hodeida. pic.twitter.com/8L4ExTJfPw
Qualifiant d'un côté la situation au Yémen de «drame humain» et signant de l'autre main des contrats d'armement juteux avec l'Arabie saoudite, la France joue, pour nombre de commentateurs, un double jeu dans cette guerre aux conséquences humaines tragiques.
Dans un rapport de mars 2018,, Amnesty International avait mis en cause les livraisons d'armes françaises à l'Arabie saoudite, à l'origine, selon elle, de graves violations des droits de l'Homme dans le cadre de ce conflit. Selon un rapport parlementaire de 2017 sur les exportations d'armement de la France, le royaume wahhabite était entre 2007 et 2016 le second client des fabricants d'armes français.
L'attaque nouvelle de la coalition menée par l'Arabie saoudite sur Hodeida vient aggraver la crise humanitaire extrême dans laquelle le pays en guerre est plongé. Ce port, indispensable à la sécurité alimentaire du Yémen, a été sous blocus de la coalition pendant plusieurs mois pour, officiellement, empêcher les rebelles houthis d'importer des armes. Sous la pression internationale, l'Arabie saoudite avait levé le blocus, mais renforcé les inspections de navires, ce qui ralentissait le fonctionnement du port. A tel point que des aliments pourrissaient avant même d'atteindre la terre ferme.
Le 25 mai, l'ONU exhortait la coalition dirigée par l'Arabie saoudite à accélérer les importations de nourriture et de carburant, avertissant que 10 millions de Yéménites supplémentaires pourraient être menacés de famine avant la fin de l'année. Des exigences auxquelles ne se sont pas pliés les Saoudiens et leurs alliés.
La pire crise humanitaire au monde
Depuis 2015, un conflit fait rage entre d'une part le gouvernement yéménite, soutenu par la coalition de Riyad, armée et soutenue, notamment, par les Etats-Unis et la Royaume-Uni, et d'autre part des combattants rebelles houthis, proches de l'Iran. La coalition est intervenue militairement au Yémen en 2015 pour restaurer le gouvernement qui avait été chassé de la capitale Sanaa par les rebelles. Les bombardements saoudiens ont fait près de 10 000 morts et plus de 55 000 blessés, selon l'Organisation mondiale de la santé. Plus de 2 200 autres personnes sont mortes du choléra. Ces derniers mois, les Houthis ont intensifié les tirs de missiles contre l'Arabie saoudite qui accuse Téhéran, son grand rival régional, de leur fournir ce type d'équipement. L'Iran reconnaît soutenir politiquement les Houthis mais nie tout appui militaire.
Sans craindre les contradictions, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a rappelé le 11 juin que l'aide internationale au Yémen devait continuer à passer par le port de Hodeida, mais il n'a pas mis en garde les Emiratis et les Saoudiens contre une éventuelle offensive sur la ville, alors que l'offensive était imminente. Martin Griffiths, le médiateur de l'ONU pour le Yémen, menait pour sa part début juin d'« intenses négociations » avec les Houthis, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis afin d'« éviter une confrontation militaire à Hodeida ».
Selon les Nations unies, la situation qui a cours actuellement au Yémen est la pire crise humanitaire au monde. Quelque 8,4 millions de personnes sont à court de nourriture et risquent de mourir de faim. Entre la guerre et les épidémies, le Yémen est l'un des pays les plus pauvres du monde et l'ONU affirme que plus de 22 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire sur une population d'environ 25 millions d'habitants.
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akasha
Messages : 6833 Date d'inscription : 12/05/2013 Age : 39
Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Mar 10 Juil 2018 - 0:21
Ingérence française au Yémen : Honte et manipulation ! Par Richard Labévière
Chacun de souvient de l’une des photos les plus célèbres de la guerre du Vietnam : ce 8 juin 1972 – dans le village de Trang-Bang – une effroyable bavure est commise par l’aviation sud-vietnamienne, qui combat les forces communistes du Nord aux côtés des Etats-Unis. Mal renseignés, les bombardiers Skyraider se trompent de cible et larguent des bombes au napalm sur un temple qui abrite non pas des Viêt-Congs, mais leurs propres soldats et de nombreux civils.
Kim Phuc – neuf ans – figure parmi les victimes de cette erreur tragique. Alertés par le passage préalable d’un avion de reconnaissance, « Phuc » (c’est son prénom qui signifie « bonheur ») et sa famille voient s’abattre sur eux les bombes incendiaires. Le déluge de napalm – pouvant atteindre les 1 200 degrés Celsius – inflige à la fillette de terribles brûlures. Ses vêtements soufflés, Phuc s’extirpe des flammes, laisse derrière elle ses parents et se retrouve à fuir sur la route 1 de Trang Bang.
À quelques centaines de mètres, le photographe Nick Ut a assisté à toute la scène. Avec un groupe de reporters, il voit des civils surgir de la fumée. Parmi eux, il photographie la grand-mère de Kim Phuc portant dans ses bras le corps inerte d’un petit garçon. Lorsque la fillette parvient à sa hauteur, Nick Ut tire de son sac un quatrième et dernier appareil encore chargé, un Leica M3. Il immortalise la détresse de la petite fille qui répète sans cesse les mêmes mots : « trop chaud ! Trop chaud ! »
« On les massacrait avant de les soigner… », paradoxe des guerres occidentales modernes que Francis Ford Coppola fait dire au capitaine Willard, son héros d’Apocalypse Now, palme d’or au Festival de Cannes en 1979.
Toute proportion gardée, c’est un peu ce que la France éternelle fait au Yémen et s’apprête à faire à la fin du mois à Paris. L’initiative a été annoncée le 10 avril lors d’une visite en France du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane : l’organisation – à Paris – d’un « sommet humanitaire » rassemblant les donateurs susceptibles de se mobiliser au service… du Yémen, les deux co-organisateurs (la France et l’Arabie saoudite), chacun dans sa catégorie étant des co-bélligérants directement impliqués dans cette guerre particulièrement meurtrière, occultée par la propagande quotidienne déversée sur la guerre civilo-globale de Syrie : Bachar al-Assad est un boucher sanguinaire, Mohammed ben Salmane et son homologue émirien étant de joyeux humanistes réformateurs. Défense de sourire !
On croyait être définitivement sorti des inepties néo-coloniales de Bernard Kouchner. Erreur, profonde erreur ! Comme en Syrie, les pays occidentaux aident et arment les jihadistes engagés au Yémen (recrutés par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis/EAU), sous prétexte d’aide humanitaire et de lutte contre « l’impérialisme iranien ». Nouvelle défense de sourire !
Bref, le 27 juin prochain à Paris, autant dire que cette conférence « humanitaire » risque de tourner au ridicule, comme un congrès de sapeurs-pompiers avec pyromanes comme invités d’honneur, comme un sommet de diabétiques enfermés dans une pâtisserie…
GUERRE CLANDESTINE
Et pourtant, les bombardements de la coalition saoudienne s’apparentent à des crimes de guerre selon les propres critères des Nations unies. Cela dit, Riyad est parvenu – jusqu’à maintenant – à empêcher l’ONU d’enquêter sur les quelques 15 000 civils tués depuis janvier 2017, tout bilan officiel restant impossible à établir. L’ONU et plusieurs ONGs évoquent des épidémies de famine, de choléra, ainsi que des milliers de blessés et déplacés. Une « catastrophe entièrement causée par l’homme », souligne le dernier rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCR) de l’ONU. À cela s’ajoutent la destruction partielle de la vieille ville de Sanaa, patrimoine mondial de l’humanité et l’expansion de la Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA) : « AQPA est plus puissant que jamais. Alors que la destruction de l’organisation « État islamique » fait les gros titres (…), la Qaïda reste un modèle de réussite ». L’organisation a notamment « su exploiter une économie de guerre florissante », écrit la chercheuse d’International Crisis Group April Longley Alley. L’Arabie saoudite a inondé le Yémen de fusils d’assaut Steyr-AUG, une partie d’entre eux a atterri entre les mains d’AQPA !
« La France a octroyé pour un peu plus de 16 milliards d’euros de licences pour la seule Arabie saoudite en 2015 et livré à ce pays pour 900 millions d’euros d’équipements militaires la même année (…) À aucun moment, le gouvernement n’a indiqué ces deux dernières années qu’il avait refusé, révoqué ou suspendu des autorisations d’exportation », commente pour sa part Amnesty International.
Depuis plus de deux ans, une guerre menée par les plus riches pays du Proche-Orient – voire du monde – contre le plus pauvre se poursuit, dans une large indifférence politique et médiatique. Le 26 mars 2015, l’Arabie saoudite – suivie de dix pays sunnites – lance une opération militaire aérienne au Yémen contre les Houthis du Nord. Les partisans d’Abdel Malek Al-Houthi avaient forcé la démission le président de la transition Abd Rabbo Mansour Hadi en s’alliant avec leur ancien opposant, Ali Abdallah Saleh. Au début de l’offensive, les Houthis occupent militairement la capitale Sanaa et la principale ville du sud, Aden. Sollicités par Hadi, les Saoudiens et leurs alliés prétendent vouloir le rétablir et contrer l’« avancée iranienne ». Le Conseil de sécurité de l’ONU donne son aval et la France, le Royaume-Uni et les États-Unis fournissent les fusils !
« DIPLOMATIE ECONOMIQUE »
Dès son arrivée à l’Elysée, Nicolas Sarkozy a commencé à mettre en œuvre l’une de ses promesses de campagne : rééquilibrer la politique étrangère de la France au Proche-Orient en faveur d’Israël. L’un des corollaires de cette volonté signifiait d’appuyer le rapprochement des monarchies du Golfe avec Tel-Aviv. Ainsi, l’Elysée s’emploiera à faire du Qatar l’un de ses premiers partenaires dans la région : le petit émirat paiera la libération des infirmières bulgares pour que Cécilia vienne faire un show « humanitaire » à Tripoli (Libye). Ensuite, il paiera aussi le divorce de la même Cécilia avec le président de la République française qui exonèrera – en retour – le Qatar de toute espèce de fiscalité sur ses transactions immobilières en France.
En juillet 2007, à la suite d’une demande émirienne, Nicolas Sarkozy s’engage à développer une présence militaire permanente dans ce pays. Elle est annoncée en janvier 2008, lors d’une tournée dans le Golfe du président de la République. La base française d’Abou Dhabi est officiellement inaugurée le 26 mai 2009 dans l’espoir de voir les Emiriens acheter le Rafale français. La promesse de vente tournera court, mais François Hollande ne reviendra ni sur l’existence de la base émirienne, ni sur les privilèges fiscaux accordés au petit Qatar. Au contraire, il accentuera le trait avec la fameuse « diplomatie économique » portée par son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.
Avec Emmanuel Macron, la politique étrangère néo-conservatrice de la France va se poursuivre et s’accentuer : soutien inconditionnel à Israël et aux monarchies pétrolières sunnites avec lesquelles les affaires vont s’intensifier. Selon les meilleures sources, on peut relever que :
dès le déclenchement de la guerre au Yémen, l’armée française « a effectué des vols de reconnaissance au-dessus des positions houthis pour le compte du client saoudien et continué à former ses pilotes de chasse »; la France a également transféré des nacelles Thalès Damocles XF de désignation de cible et de guidage de bombes, que les forces saoudiennes placent sous leurs avions de chasse – ce qui n’empêche pas les « bavures » ; trois mois après le début du conflit, un avion ravitailleur Airbus 330-200 MRTT a été livré à l’Arabie saoudite. C’est le dernier d’une flotte de six. En avril 2017, deux de ces avions étaient déployés au Yémen. Indispensables à la guerre en cours, ils ravitaillent en vol les F-15 saoudiens ; des canons Caesar 155 mm de l’entreprise française Nexter, des hélicoptères de transport Cougar du groupe EADS et des drones de renseignement militaire SDTI de l’entreprise française SAGEM sont livrés à la coalition saoudienne ; en 2016, la France a livré 276 blindés légers indique son propre rapport de juillet 2017 au secrétariat du TCA. Ce lot est composé de blindés légers Renault Sherpa light et Vab Mark 3 du groupe Renault Trucks Defense, originellement destinés au Liban. Dès février 2016, face à l’échec des campagnes de bombardements, la coalition s’appuie sur des milices locales équipées de véhicules légers émiratis Nimr pour tenter de déloger les forces houthis. L’arrivée des blindés légers français, qui se faufilent sans difficulté dans les rues étroites des villes arabes, s’inscrit pleinement dans cette stratégie de contre-insurrection déployée au sol. Et les Sherpa light sont équipés de capteurs de dernière génération offrant une protection contre les engins explosifs improvisés ; la coalition fait également usage de petits patrouilleurs, en soutien aux navires de guerre, pour assurer le blocus du Yémen. Si l’entreprise française Couach bloque à quai deux patrouilleurs rapides à destination du Yémen en raison de l’embargo, elle débute ses livraisons d’intercepteurs rapides à l’Arabie saoudite dès août 2016 ; 39 nouveaux exemplaires de ce type d’unités sont destinés à Riyad ; pour assurer le blocus qui affame la population, la coalition utilise des Corvettes Baynunah livrées aux EAU. L’artillerie et les marines de la coalition sont, par ailleurs munies de systèmes électroniques de navigation vendus par SAFRAN, des équipements essentiels à la logistique des tirs ; enfin, 745 fusils de précision ont été livrés à Riyad en 2015 et 500 en 2016 selon les rapports au Parlement sur les exportations d’armes de 2016 et 2017.
Dernièrement, plusieurs parlementaires français – accompagnés de l’ambassadeur de France à Riyad et de son épouse – sont allés se féliciter bruyamment, dans la province de Mareb contrôlées par les Saoudiens, de l’excellence des efforts humanitaires de leurs hôtes… Fallait oser, mais c’est fait ! Et le pompon, c’est bien-sûr, la dernière affaire du déminage du port d’Hodeïda ! Le 15 juin, Le Figaro affirme : « alors que les forces progouvernementales ont annoncé s’être emparées vendredi de l’aéroport d’al-Hodeïda, la France entend s’impliquer dans le déminage du port, la véritable cible de la bataille lancée il y a trois jours par les troupes yéménites, appuyées par les EAU et l’Arabie saoudite, pour chasser les rebelles houthis pro-iraniens de cette ville stratégique sur la mer Rouge. Mais comme l’engagement français dans cette guerre oubliée est source de contestation, le ministère des Armées avance sur des œufs… » On ne saurait mieux dire !
UNE FUITE LACANIENNE
Le 13 juin, le Quai d’Orsay a indiqué que le président Emmanuel Macron, après s’être entretenu avec Mohammed ben Zayed, prince héritier d’Abou Dhabi, avait « évoqué la situation politique et militaire au Yémen, et notamment à Hodeïda » et « appelé les parties prenantes à la retenue et à la protection des populations civiles. » « La France rappelle que seule une solution politique négociée, y compris à Hodeïda, permettra de mettre fin de manière durable à la guerre au Yémen et d’arrêter la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans ce pays », a souligné le porte-parole du Quai.
Mais sous cette langue d’acajou, il s’agit de bien autre chose ! Un responsable émirien a déclaré à l’agence de presse Reuters, que la France aurait « accepté d’apporter une assistance en matière de déminage dans le cadre de l’opération militaire lancée par la coalition sunnite pour reprendre le port d’Hodeïda. » Et d’ajouter : « Les États-Unis ont rejeté pour leur part la requête d’Abou Dhabi qui leur demandait des moyens de renseignement, de surveillance aérienne, de reconnaissance et de déminage ».
Quelques heures plus tard, le ministère des Armées a confirmé qu’une telle opération était dans les tuyaux. « Il n’y a pas d’action militaire française aujourd’hui dans la région de Hodeïda, et la France ne fait pas partie de la coalition qui est engagée sur ce théâtre », a-t-il commencé par préciser. Toutefois, Le Figaro affirmait que des membres des forces spéciales françaises étaient déjà présents au Yémen, aux côtés des troupes émiriennes.
Ainsi, « deux sources militaires contactées par Le Figaro révèlent également que des forces spéciales françaises sont présentes aux côtés des Émiriens au Yémen », affirme le journaliste Georges Malbrunot dans l’édition datée du 16 juin 2018. La ministre de la Défense Florence Parly dément aussitôt et elle a raison. Les soldats français présents dans le port d’Hodeïda ne font pas partie des Forces spéciales françaises, mais sont des plongeurs-démineurs du Service-action de la DGSE (nos services extérieurs), dédiés aux opérations clandestines. Par conséquent, circulez, y’ rien à voir et c’est bien normal ! La dissociation entre Forces spéciales destinées aux opérations extérieures publiques et le Service-Action, spécialisé dans des actions clandestines – devant restées classifiées « confidentiel » ou « très confidentiel » – demeure l’apanage légitime de n’importe quelle démocratie. La carabistouille est ailleurs et révélatrice d’un nouveau dysfonctionnement de la communication présidentielle !
Depuis plusieurs mois, Saoudiens et Emiriens se plaignaient auprès de leurs interlocuteurs français, leur tenant à peu près ce langage : « on vous achète quantités de matériels et d’armements alors que vous ne nous apportez pas le moindre soutien politique public et ça commence à bien faire ! » Les communicants de l’Elysée ont alors imaginé le montage d’une fuite émirienne à Reuters qui serait reprise par notre cher Georges national du Figaro. En effet, celui-ci n’aurait jamais exploiter une telle information sans obtenir le feu vert, sinon l’encouragement de ses sources du ministère de la Défense !
En France, les anciens otages ont un statut tout à fait particulier. Non seulement immédiatement érigés au statut d’expert multifonctions, ils doivent se souvenir quotidiennement comment ils ont retrouvé la liberté. En l’occurrence, la libération de Georges et de son collègue Christian Chesnot a coûté plusieurs millions d’euros environ sept) prélevés dans les fonds spéciaux de la DGSE, c’est-à-dire de l’argent public et cela mérite bien quelques renvois d’ascenseurs…
Par conséquent, l’information de l’engagement yéménite des armées françaises aux côtés de la coalition saoudo-émirienne est bien sortie, même si toute la vérité n’est pas dite. Héroïne lacanienne, Florence Parly dit toujours, toujours la vérité, mais pas toute… parce que les mots y manquent ! Et c’est même par cette impossibilité qu’elle participe au réel !
Et le psychanalyste Jacques Lacan aurait certainement ajouté que le réel, c’est quand on se cogne… Quoi qu’il en soit, la France et ses armées sont – aujourd’hui – engagées au Yémen, aux côtés des EAU et de l’Arabie saoudite (deux grandes démocraties bien connues), en train de massacrer l’un des pays les plus pauvres de la terre. Un jour, ces gens auront des comptes à rendre, les responsables français qui ont pris la responsabilité d’engager notre pays aussi !
Autrement dit, et excusez notre familiarité Monsieur le président de la République : « au Yémen Manu, t’es nul, complètement nul ! Arrête de déconner… » Bonne lecture néanmoins et à la semaine prochaine.
Richard Labévière 25 juin 2018
akasha
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Sujet: Re: Yémen, une guerre occultée. Lun 16 Juil 2018 - 23:32
Yémen: un rapport d’Amnesty accuse les Emirats arabes unis de «crimes de guerre»
Des enfants déplacés de la province de Saada se tiennent avec leur mère devant un abri temporaire, à Sanaa, le 3 juillet 2018. REUTERS/Khaled Abdullah
Actes de torture, mauvais traitements, violences sexuelles dans des prisons au Yémen : c’est ce que dénonce Amnesty International dans un nouveau rapport. Le document révèle que de nombreux hommes ont été victimes de disparitions forcées, après avoir été arrêtés de manière arbitraire et détenus par les forces émiriennes et yéménites qui agissent en dehors de l’autorité de leur propre gouvernement.
Amnesty International estime dans un rapport publié ce jeudi 12 juillet que ces « violations flagrantes » des droits de l’Homme peuvent être « assimilées à des crimes de guerre ». Elles comprennent notamment «des disparitions forcées, des tortures et autres mauvais traitements ».
L’ONG a appelé « les partenaires des Emirats dans le domaine du contre-terrorisme, dont les États-Unis, » à « prendre position contre les tortures présumées, y compris en enquêtant sur le rôle de personnel américain dans les abus liés à ces détentions au Yémen et en refusant d'utiliser des informations obtenues probablement sous la torture ou les mauvais traitements ».
Pour l'ONG, la lutte contre le terrorisme peut être un prétexte pour arrêter des oppposants
Les Émirats arabes unis, eux, ont démenti avec force diriger ou encadrer des prisons secrètes dans le sud du Yémen.
Si l'objectif déclaré de leur implication est de combattre le terrorisme, Amnesty International avance que cela peut aussi fournir un prétexte pour arrêter des opposants, comme le souligne Rawya Rageh de l’organisation de défense des droits de l'homme. L’ONG indique avoir enquêté entre mars 2016 et mai 2018 sur les cas de 51 hommes arrêtés et détenus dans le sud du Yémen. Amnesty affirme que « 19 de ces hommes sont portés disparus ».
Citation :
Dans la plupart des cas, ces arrestations sont menées sous couvert d’opérations de lutte contre le terrorisme. Ce que nous avons mis au jour dans notre enquête, c’est que très souvent, ces arrestations sont arbitraires. Les gens sont détenus pendant de longues périodes sans qu’aucune charge ne leur soit signifiée. Nous avons aussi relevé des arrestations de personnes critiques de la coalition et notamment des journalistes, des militants, mais aussi des combattants et des volontaires qui au départ ont aidé la coalition à combattre les forces Houthis, mais qui sont aujourd’hui perçus comme une menace potentielle par les Émirats arabes unis et leurs alliés dans le sud du Yémen. Nous avons pu parler à d’anciens détenus qui ont dépeint un tableau très sombre, avec des violences, des agressions, des pratiques terrifiantes de tortures, des simulacres de noyade, des décharges électriques, des violences sexuelles, des viols, des obligations de se mettre tout nu et de subir des fouilles rectales.